La maire de Paris, Anne Hidalgo, ne se représente pas en 2026, et commet toutes les erreurs qui vont permettre à Rachida Dati de prendre la mairie.
La première erreur est d’adouber un dauphin qui n’était pas celui prévu de longue date. La logique aurait voulu que ce soit Emmanuel Grégoire, premier adjoint, qui soit désigné. Il se prépare depuis longtemps, et était vu par tous, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, comme l’héritier naturel. Mais les questions d’ego en ont décidé autrement, comme souvent en politique, et Anne Hidalgo décide, au dernier moment, de propulser un autre élu, Remi Féraud. Les deux dauphins sont de force et de qualité égale, ce qui risque d’entrainer une guerre de succession fratricide au sein du PS parisien, l’ancien dauphin ayant déjà annoncé qu’il y allait, et entend bien être adoubé par un vote des militants. Le suicide politique parfait.
Anne Hidalgo aurait pu éviter ce désastre, en tranchant dans le vif. Elle démissionne, et met en poste, en cours de mandat, le candidat de son choix. Cela tue le match en interne, car c’est difficile, pour les militants, de désavouer le maire en poste. C’est du passage en force de la part d’Hidalgo, mais c’est assez efficace. Elle a choisi de rester jusqu’au bout, autre erreur, une succession bien préparée se faisant par un passage de témoin en cours de mandat. Cela ne garantit pas la réélection de celui qui prend le poste en cours de mandat, mais ça lui donne les moyens d’acquérir une notoriété, dont Rémi Féraud, comme Emmanuel Grégoire, manquent cruellement.
La troisième erreur est une faute d’analyse politique. Anne Hidalgo exclut explicitement les insoumis de la future coalition de gauche aux municipales, tout en demandant aux écologistes et aux communistes de rallier le candidat PS dès le premier tour. Les communistes, qui n’ont pas les moyens de faire un liste autonome, répondront sans doute à cet appel. En revanche, pour les écologistes, c’est une autre histoire. Ce n’est sans doute pas par hasard que Yannick Jadot a été parachuté sénateur de Paris en 2023, ni pour lui assurer une retraite dorée. Je pense, au contraire, que c’est une stratégie pour partir, en autonome aux municipales, au premier tour, avec une tête de liste crédible. Vu les rapports de force à gauche, à Paris, c’est un pari qui peut être gagnant. Dans plusieurs gros arrondissements de gauche, si on a une liste PS-PC, une autre LFI et une troisième écologiste, je ne sais pas laquelle arrive en tête au soir du premier tour. Ce n’est pas certain que ça soit celle du PS.
De l’autre coté, la droite est en pleine recomposition, depuis que Rachida Dati est devenue ministre de la Culture. La macronie, qui n’était déjà pas bien vaillante à Paris, n’a personne à proposer, et Horizons ira sans trop de mal se vendre pour quelques places d’adjoints, la différence idéologique avec Dati n’étant pas plus épaisse qu’une feuille de papier à cigarette. Le reste de LR se fera acheter de la même manière, et ceux qui ne voudront pas se rallier (bon gré, mal gré) ne seront pas en mesure de faire des scores leur permettant de se maintenir, à part dans quelques arrondissements de toute manière acquis à la droite, quoi qu’il arrive. On peut compter sur le caractère bien trempé de Rachida Dati pour que tout le monde soit bien aligné et que la machine électorale fonctionne. Son seul souci est judiciaire, avec un probable procès pour corruption et donc un risque d’inéligibilité.
5 réponses sur « Hidalgo offre Paris sur un plateau à Dati »
Je ne vois pas dans quel univers être ministre de Macron ferait gagner des voix pour des municipales à Paris, donc je ne crois pas du tout aux chances de Dati.
Hidalgo manque effectivement sa succession, d’autant qu’avec Simonet sortie du Conseil de Paris, l’alliance avec LFI n’était plus si impossible que ça.
Les écologistes ont une vraie carte à jouer à Paris (déjà qu’ils devraient récupérer la mairie de Lille sans trop de problèmes). Peut-être que Jadot est la personnalité qui leur manquait.
Le fait d’être ministre de Macron puis de Barnier permet à Dati de fusionner, sans trop de mal, LR et macronie. Il y aura un peu de perte en ligne, mais ce sera marginal. En soit, ce n’est pas suffisant, et c’est la division de la gauche, en trois blocs qui ne s’entendent pas, qui offre une chance réelle. On gagne autant sur sa propre force que sur la faiblesse et de la division de son adversaire.
Merci pour cet article.
Même si ce sont ceux que je commente le mois, j’apprécie beaucoup vos articles sur la politique des nouvelles technologies (PI, GAFAM…), qui semble votre domaine d’expertise, et vos articles relatifs au microcosme parisien que je connais très mal.
Tout à fait. Il ne faut cependant pas omettre de faire sa part aux impondérables propres à toute campagne, et d’anticiper l’imprévisible.
Hidalgo est fidèle à elle même, cela étonnera personne.
Mais je crains que la droite parisienne le soit aussi et se saborde encore par pure médiocrité, comme elle réussi à le faire depuis 20 ans. Avec un Bournazel, plus probablement un Attal, ou le dernier guignol séparatiste dont j’ai oublié le nom.