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Le Monde glisse dans le populisme ?

Un article du Monde, présenté comme une « enquête » prétend épingler le gouverneur de la Banque de France pour ses frais de déplacement. Cet article est d’une indigence crasse, et mériterait d’être dépublié, tellement il est indigne.

Le gouverneur de la Banque de France a donc passé 36 nuits en déplacement sur l’année, ce qui est pas mal, avec trois déplacements lointains (Tokyo, Bangalore, New York). C’est un rythme assez soutenu, preuve qu’il travaille et ne ménage pas sa peine. Au total, on a 50 000 euros de frais sur l’année, ce qui est plutôt correct, vu le niveau d’activité. On se demande déjà pourquoi une « enquête » serait nécessaire.

Surtout que les « révélations » qui prétendent dévoiler un « scandale » de gaspillage d’argent public (alors même que les salariés seraient contraints à des restrictions) montrent en fait une bonne gestion. Une moyenne de 300 euros la nuit d’hôtel, c’est franchement très raisonnable. On ne va quand même pas loger le gouverneur de la Banque de France dans un Formule 1. Les règles globales de l’institution sont respectées, et il est amusant de noter que « l’enquête » ne pointe qu’un seul dépassement, au plafond pour une chambre d’hôtel en France : 273 euros pour un chambre à Marseille, alors que le plafond est à 200 euros. Une veille de match de la coupe du monde de Rugby, on peut comprendre qu’il n’y ait pas trop le choix, et qu’il faille faire avec ce qu’on trouve.

Pour les transports, pareil. Le principal lieu de déplacement, c’est Francfort, où se trouve la banque centrale européenne. Totalement logique. Le gouverneur de la banque de France y va en train, et ça parait assez légitime qu’il soit en première classe. L’essentiel du coût de ses billets d’avion vient des long courriers. Pour ceux qui ont déjà fait des longs voyages, 6000 euros pour un aller-retour à Tokyo, ça n’a rien d’excessif. Et là encore, qu’il soit en classe affaires n’a rien d’illégitime.

En résumé, il n’y a rien à gratter et le droit de réponse du gouverneur de la Banque de France n’en est que plus cruel.

Que le Monde ait pu publier un tel article montre bien la dégradation de la qualité de ce journal. N’est pas Médiapart qui veut, et on a une fois de plus l’illustration de la fable du corbeau qui se prenait pour l’aigle. Il serait temps que les journalistes et dirigeants de presse se posent des questions, et comprennent que de tels loupés journalistiques et déontologiques sont catastrophiques. Le populisme est de plus en plus répandu, avec une tendance lourde à vilipender les élites. Rajouter des pièces dans la machine, de la part d’un journal qui se prétend de référence, c’est assez déprimant pour ceux qui espèrent encore que la qualité de l »information soit un pilier de la démocratie libérale.

19 réponses sur « Le Monde glisse dans le populisme ? »

J’exprime mon désaccord: j’ai croisé quelques célébrités sur des vols Air France vers Los Angeles et New York, elles voyageaient en classe économique. Le comportement du gouverneur est tellement ancien monde, celui de Fillon, alors qu’il réclame toujours plus d’austérité pour le contribuable qui le paye, et qui règle ses notes de frais.

Je suis en profond désaccord avec vous. Quand on a des responsabilités, et donc du boulot à faire (y compris dans l’avion) la classe Affaires, c’est un minimum. Vos célébrités devaient juste dormir, et n’avaient pas une intervention de haut niveau à préparer…

Ah mince vous l’avez lu aussi… Un billet furieux était couru d’avance.
Ces derniers temps quand on vous lit tout n’est que brandons populistes qu’une étincelle provenant forcément d’irresponsables journalistes (ou humoriste) viendrait enflammer.
Les frais de déplacement de François Villeroy de Galhau sont un peu exagérés, notamment pour 3 déplacements en avion, mais ma foi, cet homme a tant de qualités qu’on peut passer une éponge indulgente.
Tout comme on lui passe un management problématique au sein de l’établissement qu’il dirige.

Le management de la Banque de France est une chose très différente, qui pourrait peut-être mériter un papier (encore que, c’est quand un fromage magnifique, qui a offert jusque récemment des avantages incommensurables et injustifiés à son personnel). Là, on a une gestion des déplacements et des notes de frais qui est plutôt exemplaire. Anne Hidalgo a cramé, en un déplacement, ce que Villeroy a dépensé en un an !
Malheureusement, dans ce pays, on crache à tour de bras sur les dirigeants (les élus et d’autres) exigeants qu’ils soient au SMIC, si ce n’est bénévoles. C’est une ambiance profondément malsaine, qui ne peut que mener le pays dans le mur.

« On crache à tour de bras sur les dirigeants » mais vous employez les termes et méthodes de ceux que vous voulez critiquer ou me trompe-je ?
Croyez vous que les dirigeants soient exempts de rendre des comptes ?
Que le comportement d’un Carlos Tavares qui se fait attribuer une rémunération indécente n’interroge pas ?
Que des lois sont votés ciblant d’abord les modestes, remise en cause des droits des salariés, des chômeurs, des bénéficiaires des minima sociaux, des malades sans jamais remettre en cause les privilèges d’une « élite » économique et financière au motif qu’il faut en priorité préserver l’intérêt des entreprises qui créent de la richesse.
Franchement soyons sérieux.

Authueil a raison de critiquer celles et ceux qui mettent tout dans le même sac pour alimenter un discours populiste ambiant délétère. Comme si un dépassement de 73 euros pour une veille de coupe du monde de rugby avait quelque chose à voir avec la rémunération du dirigeant d’un groupe automobile, ou comme si le gouverneur de la Banque de France dictait la législation sociale française. Mélangeons tout, gueulons, n’essayons surtout pas de discuter de faits précis, et nous apporterons indiscutablement une contribution extrêmement constructive à la vie démocratique de notre pays. Soyons sérieux oui.

Le Monde a ajouté un encart d’excuses à l’article.

A nos lecteurs

Après la publication de cet article, le 17 mai, Le Monde a reçu de François Villeroy de Galhau un droit de réponse circonstancié, publié ci-dessous dès le lendemain. La lecture de ce texte et la réaction de nombreux lecteurs ont incité la direction de la rédaction à réexaminer en détail les éléments d’information qui ont conduit à la réalisation de cet article. Il est apparu, à la lumière de ces discussions éditoriales, que les dépenses mentionnées ne justifiaient pas, en elles-mêmes, un article construit sous cet angle. C’est donc par erreur que cet article a été publié. Après réflexion, Le Monde a néanmoins choisi de retitrer, mais de ne pas dépublier cet article, déjà largement lu et commenté : cela conduirait à faire disparaître le droit de réponse, qui offre nombre d’explications aux questions soulevées. Nous présentons nos excuses à nos lectrices et nos lecteurs, ainsi qu’à M. Villeroy de Galhau, pour cette erreur de publication.

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/05/17/hotels-de-luxe-et-vols-en-classe-affaires-les-notes-de-frais-du-gouverneur-de-la-banque-de-france-en-question_6233758_4355770.html

Mais cela touche aussi le simple citoyen.. il n’y a pas longtemps un reportage a insinué que le salarié (et mes collègues) que je suis percevait dans mon humble institution des salaires mirobolants totalement injustifiés (on a parlait de plus de 3000 euro mensuel) J’en suis loin même si j’aurais bien aimé que cela soit vrai. Et notre grille de salaire commence à peine supérieure au smic pour une première année.. grille sans augmentation automatique… Pour un directeur général je ne sais pas 🙂

Le management de la BdF est très probablement à l’origine de cet article du Monde. Les agences régionales sont devenues largement inutiles avec la disparition des paiements en espèce. C’est sûrement douloureux pour les agents, mais la rationalisation est nécessaire, car derrière la BdF c’est l’argent du contribuable. Il n’y a pas de licenciements, on ne pousse pas les gens à démissionner comme à France Télécom sous Didier Lombard… les syndicats ne peuvent pas pleurnicher en disant qu’on rationalise pour distribuer des profits aux méchants fonds de pension américains, donc ils se rattrapent aux frais de déplacements…

Les vols en classe affaire ne se justifient peut être pas en Europe, pour du long courier bien sûr que si. Ca coute moins cher que de donner un jour de repos compensateur avant et après la mission. Si on veut parler du train de vie du gouverneur, parlons des 75k de frais de logement qui ne se justifient guère. Et des chauffeurs, cuisiniers, huissiers sous statut permanent de la BdF (qu’il n’a pas recruté). Le train de vie de ministre se justifie à l’étranger, pas à Paris.

Ces dépenses du gouverneur de la Banque de France sont totalement similaires à celles d’un cadre supérieur (même pas cadre dirigeant) exerçant des fonctions à l’international dans une grande entreprise.
Quel mauvais procès, vraiment.
Et qu’un touriste lambda qui a réussi à trouver un billet promo sur un Thalys 1 pour Francfort puisse y disputer l’accoudoir avec le dirigeant d’une Banque centrale du G7 est même assez rassurant sur la probité de certains de nos hauts fonctionnaires.

Je me suis dit la même chose – article consternant qui est clairement un réglement de comptes.

Je suis cadre moyen dans le privé, on m’a envoyé récemment 3 jours en voyage d’affaires aux Etats-Unis en classe éco. Résultat : presque 15% du budget annuel décrit ici pour le gouverneur de la Banque de France.

Quant à l’affirmation que cela constituerait un « train de vie à part, même au sein de la très haute fonction publique », quelle blague ! Tout élu, directeur de cabinet ou président d’entreprise publique qui a un chauffeur à temps plein possède déjà un avantage qui coûte au moins autant aux contribuables.

Effectivement, FVDG n’a commis aucun acte répréhensible, l’article, totalement à charge, tombe dans l’anti-élitisme primaire.

Cependant, lorsque l’on voit le décalage entre les efforts demandés aux plus modestes (voir les récentes réformes sur l’assurance chômage ou retraite, etc.), et le fait qu’un certain nombre de responsables politiques de très haut niveau ont pu éviter d’être écroué malgré des condamnations sur la base de faits très graves (Cahuzac, Fillon, Sarkozy par ex.), il n’est pas étonnant qu’une atmosphère anti-élite règne actuellement.
Les rémunérations indécentes de certains PDG de société du CAC40 y contribue aussi.

Cela dit, il est bien décevant que le Monde surfe sur cette vague.

Croyez moi, un certain nombre de citoyens d’autres pays aimeraient que leurs hauts dirigeants soient traités avec la rigueur des nôtres !
Le simple fait qu’il soit possible de traîner des personnes de leur niveau devant la Justice relève du fantasme voire du rêve dans ces pays-là…
Oui, je ne parle pas de pays de l’OCDE, mais n’oublions pas que si Sarkozy joue la montre au maximum, ça n’implique pas qu’il échappera à la sanction au final !

Quelle sanction au final ? Un simple bracelet électronique…Est-ce que cela empêche son influence ? Le fait qu’il joue un rôle majeur dans la vie politique et continue d’être reçu par le locataire de l’Elysée est éloquent. Sarkozy n’ira jamais dans une geôle, malgré ses multiples condamnations. Tout comme Chirac n’a jamais mis le pied dans une cellule.

A côté de ça, en janvier dernier à Narbonne un SDF a été condamné à 8 mois de prison pour avoir volé des vêtements d’hiver.

Rien n’a changé depuis La Fontaine !

D’où le discrédit sur les dirigeants, utilisé malhonnêtement il faut le dire par le Monde.

Il semble y avoir plus de « populistes » que prévu ici.

Oui, ça va généralement de pair avec la hausse de la pauvreté, l’accroissement des inégalités… l’histoire est la même parce que l’humanité reste la même

Certains ici considèrent que les frais de déplacement de VdG sont justifiés et modérés, et je crois qu’ils ont raison. D’autres pensent qu’ils coûtent six ou sept fois plus que ce que gagnent de très nombreuses personnes, même quand elles travaillent. C’est vrai. Il faut ajouter que les travailleurs pauvres et autres autoentrepreneurs à 600 ou 700 euros par mois dépensent au moins ça chaque mois pour survivre. Il n’est pas inconcevable que certains finissent par être un peu amers – même s’il ne leur vient pas à l’idée d’exiger que VdG aille au Japon en patinette. A vrai dire, il y a une très forte proportion de la population qui gagne chaque mois nettement moins que 4000 et qqs, et tous ne vivent pas royalement.
Je ne conclurais pas pour ma part que prendre cette amertume en considération, c’est être populiste.
Il reste que l’article du Monde était quand même très mauvais. Peut-être son auteur est-il mal payé aussi ?

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