Ce deuxième mandat d’Emmanuel Macron débute de manière étrange, avec des injonctions contradictoires. Ou du moins, avec des pratiques qui sont en énorme décalage avec les annonces et promesses de consultations et de « décider autrement ».
Alors même que s’ouvre le conseil national de refondation, dont on ne sait toujours pas ce qu’il va produire, et ce qui va en être fait, Macron laisse entendre qu’il pourrait faire passer en force sur la réforme des retraites dès ce mois d’octobre. En effet, des rumeurs, pas démenties par l’Elysée, indiquent que l’allongement de la durée de cotisation, et surtout le recul de l’âge de départ en retraite pourraient figurer dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).
La mesure est techniquement possible, cette réforme ayant une incidence évidente sur l’équilibre du budget de la sécurité sociale. Le gouvernement ayant le droit de passer en force, par le biais de l’article 49 alinéa 3 de la constitution, sur les textes financiers, tous les observateurs pensent qu’il va le faire. Le vote sur le projet de loi de Finances étant hautement politique (c’est un marqueur de l’appartenance à la majorité ou à l’opposition), Emmanuel Macron n’aura sans doute pas de majorité pour le voter, et devra donc passer en force. On ne voit pas pourquoi les choses se passeraient différemment pour le PLFSS, discuté en même temps que le budget. On peut alors se dire, cyniquement, que si on est obligé d’utiliser cette procédure d’adoption sans vote, qui a un coût politique évident, autant l’amortir en chargeant la barque au maximum.
Sauf que les deux démarches sont complètement orthogonales, et que pour réussir la première (le renouveau démocratique), il faut bâtir une relation de confiance avec ceux que l’on sollicite pour participer aux concertations et nouvelles instances de décision. Autant dire que si Macron passe en force sur la réforme des retraites, il fracasse le peu de confiance qui reste, et l’action de « renouveau démocratique » va s’arrêter (si jamais elle avait commencé réellement), toutes les réunions et rencontres n’étant plus qu’une vaste mascarade.
Entre ce qui est promis, et ce qui est effectivement fait, on a vite compris que le second mandat de Macron est la parfaite continuation du premier (y compris dans le foutage de gueule), et qu’il n’y a finalement ni nouveau récit, ni inflexion à attendre. Tenter de le faire croire, c’est prendre les français pour des imbéciles et c’est profondément désagréable. Cela va accroitre la détestation, déjà vive, d’une part importante des français pour Macron. Cela va surtout aussi provoquer une amertume de ceux qui soutenaient cette majorité, et qui vont finir par se rendre compte (si ce n’est pas déjà fait) qu’ils ne seront jamais que des idiots utiles, au service d’un petit groupe de technocrates qui n’ont aucune intention de partager le pouvoir.