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Le journalisme n’en finit plus de se faire discréditer

La télévision n’est pas un média d’information, mais un lieu de promotion, que ce soit de produits dits « culturels » ou de personnalités politiques. La récente prestation du chanteur Stromae, au « JT » de 20 heures de TF1, en est une illustration supplémentaire. Je partage complètement l’analyse consternée qui est en faite sur l’Obs. Ce n’est pas de l’information, mais du spectacle, cela ne fait pas appel à la raison, mais à l’émotion. Le tout au profit d’un but clairement promotionnel. Aucune surprise donc, cela fait des décennies que la télévision est comme cela.

Cela met clairement en abime la prétention des personnes travaillant à la télévision à être qualifiés de « journalistes ». Du moins dans le sens que la profession donne au mot et à la fonction, à savoir le mythe d’Albert Londres « qui met la plume dans la plaie » ou des grandes stars américaines qui font tomber les présidents après des enquêtes dantesques. Pour qui connait un peu le monde de la télévision, il y a bien longtemps (si jamais il l’ont fait un jour) que les « journalistes » enquêtent et se penchent sur la recherche des faits. Ils se contentent de lire Le Parisien, ou d’autres, et reprennent leurs infos en les mettant en scène pour que ça passe bien à l’image. C’est l’un des drames de « l’info télévisuelle », c’est que s’il n’y a pas d’image, il n’y a pas d’info. En fait, tout n’est que mise en scène et spectacle, les faits (donc l’information) n’étant qu’une matière première à arranger pour que ça fasse de l’audience.

Comment s’étonner, ensuite, que les « journalistes » de télévision soient pris à partie par des manifestants, qui estiment qu’ils ne font pas leur travail, voire pire, désinforment ? Sans partager la violence de la réaction, je partage pleinement le constat. Là où les manifestants Gilets jaunes sont encore dans l’illusion, c’est de croire que « l’information télévisée » est sauvable. C’est foncièrement faux, et plutôt que de s’en prendre physiquement à des personnes qui souvent, ne pensent pas à mal et font le boulot pour lequel on les paie, ces gilets jaunes devraient tout simplement éteindre leur télévision et cesser d’avoir BFM et Cnews allumés en permanence dans le salon.

C’est cela qui fera réfléchir et inquiètera ce petit milieu de la télévision-spectacle. La seule chose qui compte, c’est la recette publicitaire. Tant qu’elle est là, le reste n’a aucune importance et tant pis pour les dégâts collatéraux…

3 réponses sur « Le journalisme n’en finit plus de se faire discréditer »

J’avais loupé vos billets de rentrée… merci d’être toujours stimulants, malgré votre obsession des catho. 😀
Et donc bonne année !
Sinon quand vous écrivez « il y a bien longtemps (si jamais il l’ont fait un jour) que les « journalistes » enquêtent et se penchent sur la recherche des faits. », ce ne serait pas plutôt « n’enquêtent plus et ne se penchent plus ». ?
Hâte de lire vos billets pour ces trois prochains mois (trois mois pour décider de l’avenir d’un pays… c’est vertigineux!) et après !

Je ne partage pas trop l’émotion suscitée par la séquence TF1 qui me semble totalement dans la lignée des promotions qu’a toujours fait la télé pour les artistes qui sortent un nouveau CD, même si elle innove un peu.

En revanche je suis heureux que ces analyses en sortent le diagnostic de la télé en général. Le vrai problème, c’est ce qui se passe le reste du temps et sur des antennes qui ne cherchent que de l’audience.

Partant de là, votre précédent article sur le système médiatique disait tout cela fort bien, la rigueur, l’investigation, la pédagogie, l’information même, payent bien moins que l’émotion, le spectacle, le « débat » où tous les avis se valent.

Et pas beaucoup de raisons d’être optimistes, à part peut-être qu’on n’est pas partis pour élire un Trump, ce qui pourrait montrer une forme de résilience un peu plus forte de notre société à ce genre de mouvement. Peut-être que ça se joue juste à la chance du manque de talent de ce genre de profil chez nous aujourd’hui…

Je partage votre dépit.
Ce qui me chiffonne, c’est que les candidats à la présidentielle doivent se faire bien voir de cette caste journalistique pour se faire élire …
Peut-être est-ce dans l’autre sens (c’est le candidat populaire qui est mis en valeur dans les médias) mais je n’en suis pas sûr …
Nous verrons …

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