Dans un certain nombre de villes, dont Paris, Rennes et Nantes, socialistes et écologistes partiront ensemble, dès le premier tour. Le signal est important, car si les élus et militants peuvent beaucoup parler pour ne rien dire, ce qu’ils décident au moment des investitures et des compositions de listes exprime le vrai fond de leur pensée. Et en ce moment, ce qui est exprimé, c’est la volonté de création d’un pôle de gauche réformiste, groupant la quasi-totalité de la gauche non LFI.
C’est important que cela se fasse au moment des élections, car cela va amener des élus qui travaillaient déjà ensemble, à le faire de manière encore plus rapprochée. La question qui va suivre immédiatement est celle du maintien (ou pas) des structures militantes séparées. A partir du moment où on part ensemble dès la premier tour, pourquoi avoir deux partis ? Cela pourrait amener, à l’occasion de la présidentielle, ou immédiatement après (pour d’éventuelles législatives anticipées) à une fusion plus ou moins poussée des différentes formations.
Certes, il y aura des grincements de dents et beaucoup d’esclandres, tant les cultures politiques entre socialistes et écologistes peuvent être parfois éloignées. Mais la gauche sait faire. Pendant longtemps (et encore un peu aujourd’hui) le parti socialiste était, de fait, une confédération, structurée en courants, qui avaient une existence propre. Quand un jeune militant arrivait pour prendre sa carte au PS, la première question qu’on lui posait était de connaitre le courant auquel il appartenait. Cette plasticité du fonctionnement peut parfois être peu reluisant au quotidien, mais permet de regrouper des tendances idéologiques et culturellement assez différentes, sous une même étiquette électorale. La forme et les appellations que prendront cette nouvelle formation de gauche réformistes seront sans doute assez différentes du PS de Mitterrand, mais les « patterns » seront les mêmes. Les contraintes externes seront assez semblables, avec la concurrence d’une gauche radicale (le PCF dans les années 70, LFI aujourd’hui) avec laquelle on commence par faire un programme commun, pour mieux le rompre, une fois qu’on se sent assez fort.
Si cette pré-union de la gauche réformiste se poursuit, la prochaine étape est d’en trouver l’incarnation et le leader. Là, ça risque de se compliquer, car contrairement à LFI, personne n’émerge de manière incontestable, voire n’émerge tout court. D’ici à 2027, ça risque d’être compliqué, surtout si cette gauche se plonge dans ses délices empoisonnés de manœuvres d’appareil autour de l’organisation d’une primaire, qui ne donnera rien. A un an et demi de l’échéance, on sait déjà globalement qui a une chance. Dans ce segment, c’est Raphaël Glucksmann qui a la préférence des électeurs, mais il est à un bout du spectre, et ne dispose pas d’un appareil militant solide, ni du trésor de guerre indispensable pour financer une campagne.
Même si elle est loin d’être au bout du chemin du retour au pouvoir, la gauche réformiste vient de se mettre en mouvement.
3 réponses sur « La recomposition politique se poursuit »
En somme, on a enfin trouvé l’aile gauche du macronisme.
Ça risque d’être encore plus flagrant avec les alliances de second tour : À 10%, LFI va se maintenir, et la question de fusions de listes PS avec des listes Renaissance/Modem va se poser, pour peu qu’il y ait du LR/RN en face (vous n’évoquez pas cette recomposition, mais elle arrive aussi).
Oui, on va avoir une forme de SPD, avec qui des « grandes coalitions » avec le centre droit peuvent survenir. Une forme de normalisation, par rapport à nos voisins européens. Une évolution bienvenue à mes yeux.
Il y a un boulevard pour une gauche réformiste en faveur des actifs qui essaierait de rétablir l’imposition capital/travail en leur faveur.
La France crève de son endettement pour les seniors, c’est à mon avis la seule voie possible pour eux d’en sortir par le haut