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Le cirque médiatique de la campagne des européennes

Deux incidents, impliquant à chaque fois le service public de l’audiovisuel, m’interpellent. A la fois sur ce que deviennent les campagnes électorales, mais également sur l’attitude des télévisions. Il s’agit de la décision d’organiser un débat Attal-Bardella, et de l’épisode où Gabriel Attal débarque sur le plateau d’un débat, en humiliant sa tête de liste. Dans les deux cas, le candidat LR, François-Xavier Bellamy a eu la parole juste sur ces incidents. Dommage qu’il soit LR, sinon, j’aurais bien voté pour lui.

La politique, même pendant les périodes de campagne électorale, est juste devenu un spectacle, un prétexte pris par l’audiovisuel pour faire de l’audience. Qu’est-ce qui justifie que le Premier ministre, qui n’est pas candidat aux élections européennes, débatte en face à face avec une tête de liste (quand bien même c’est la liste qui est placé en tête par les sondages) ? Il n’y a aucune raison pour que cette configuration soit retenue, mis à part la volonté des journalistes d’organiser un débat dont il rêvent, la fameuse affiche « le duel des héritiers ». L’agressivité de la journaliste, lorsque François-Xavier Bellamy le lui dit, est assez révélateur du fait qu’il a visé juste.

Le deuxième incident est encore plus choquant. Alors que les têtes de listes participent à un débat, le Premier ministre débarque sur le plateau, prend le micro de la main de la tête de liste de son camp, et s’exprime à sa place. C’est tout d’abord profondément grossier et insultant pour Valérie Hayer, qui est juste humiliée et dévalorisée. Politiquement, ça n’apportera rien de bon à la liste présidentielle, car le problème n’est l’incarnation, mais l’absence de projet et de ligne politique du parti présidentiel. Mais en revanche, cela fait un « rebondissement » et donc du buzz, qui semble être l’effet recherché. La responsabilité des journalistes est encore grande, car même si on est Premier ministre, on ne pénètre sur un plateau que si on y est autorisé. Si Gabriel Attal a pu intervenir, c’est qu’on l’a conduit jusque l’entrée du studio, et qu’on l’a laissé faire. A quand le retour d’un ministre de l’information, qui vient lui-même en plateau, présenter la nouvelle formule du journal télévisé ?

Cela en dit long sur l’état de déliquescence des médias audiovisuels, et en particulier du service public, dans leur traitement de vie politique et démocratique. A l’heure où le gouvernement cherche à reconstituer l’ORTF, par la fusion de tous les médias publics dans une seule entité, de telles pratiques discréditent l’argumentation des opposants sur la préservation de l’indépendance. On a vraiment l’impression que les chaines publiques ont servi la soupe au gouvernement en place, et au parti qui pourrait bien le remplacer. Au détriment de la démocratie et du respect des règles de l’équité du temps de parole. La mise en demeure de l’Arcom, contre France Télévision, prononcée le 30 mai, ne semble pas imméritée. Même si elle a été prononcée pour un cafouillage sur les horaires de diffusion des clips de la campagne officielle, cela aurait pu être pour l’ensemble du traitement de la campagne !

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La réforme de la décentralisation ne se fera pas

En ce moment, les rapports sur la décentralisation arrivent en rafale continue. Après celui de Boris Ravignon, sur le coût de l’enchevêtrement des compétences locales, voici celui d’Eric Woerth sur le réforme de la décentralisation. Que va-t-il sortir de tout cela. Sans doute pas grand chose, comme d’habitude ! Les conditions ne sont franchement pas réunies pour avoir une véritable réforme du labyrinthe coûteux et inefficace qu’est devenu notre organisation territoriale.

Les conditions politiques générales ne sont pas là. Avec une assemblée éclatée, où le gouvernement n’a pas de majorité absolue, aucune grande réforme un peu clivante ne peut passer (sinon au 49.3). Avec un Sénat hors du contrôle du gouvernement, c’est encore plus compliqué, car jamais Emmanuel Macron ne voudra laisser les sénateurs mener le bal de la réforme territoriale (et inversement). D’ailleurs, Eric Woerth prend acte qu’un « grand soir » n’est pas possible, et propose surtout des ajustements techniques et techno, avec un beau cadeau au Sénat, le retour du cumul des mandats, pour tenter de dealer. Il n’y a aucune ambition, dès le départ.

La clé d’une vraie réforme est ailleurs, dans un accord politique sur de grands principes, qui relèvent de la Constitution et du consensus politique. Cela doit porter sur la différentiation des compétences (et donc accepter de s’asseoir sur le principe d’uniformité), sur l’acceptation d’un véritable pouvoir réglementaire (voire quasi-législatif) local, avec une véritable autonomie fiscale (recettes propres, où les collectivités contrôlent le taux et l’assiette). Bref, il faut que l’Etat accepte de lâcher prise, et de laisser chaque territoire vivre sa vie, dans un cadre où il est possible de réaliser localement de véritables choix politiques.

La Corse est le lieu d’expérimentation de ces questions de fond. On voit à cette occasion à quel point le processus est lent, laborieux, car l’Etat central rechigne vraiment à lâcher prise. Imaginez ce que cela peut donner face à des régions qui n’ont aucune « particularité » culturelle ou géographique à mettre en avant ?

Si le gouvernement accepte plus ou moins le principe de différenciation entre territoires, c’est à condition que les adaptations locales relèvent exclusivement du préfet. C’est le « pouvoir de dérogation » des préfets, sur les normes, qui est pour l’instant une porte ouverte à une différentiation locale arbitraire et sous tutelle. Cela ne fait juste que rajouter du bazar dans un labyrinthe. Cela permet à la fois de mettre un peu d’huile, localement, quand ça coince vraiment, sans que l’on puisse en faire une règle pérenne et applicable sur tout le territoire. Cela rend le droit encore plus illisible, et surtout, cela donne encore plus de billes aux préfets dans leurs négociations (opaques) avec les élus locaux. La démocratie locale n’en sort pas grandie.

Le fond du problème est que les administrations centrales et les élites parisiennes n’ont jamais vraiment accepté le principe de la décentralisation. Depuis 40 ans, les réformes n’ont eu de cesse de rogner les pouvoirs des élus locaux. Aujourd’hui, l’essentiel de leur budget vient de dotations de l’Etat, les communes n’ont plus la main que sur la taxe foncière, les départements les plus fragiles financièrement sont devenus de simples opérateurs de l’Etat, gérant pour lui l’aide sociale et le grand âge. Il suffit ensuite de laisser se développer les rivalités entre élus locaux, entre territoires, de rajouter de nouvelles strates (intercommunalités) et on crée un monstre que personne ne contrôle. Sauf l’Etat, qui reste reste le maitre du jeu, en faisant les lois, en tenant les finances, en gardant un pied dans beaucoup de compétences locales, via les préfets et les administrations déconcentrées. On a donné aux élus locaux un pouvoir de faire, l’Etat gardant un pouvoir d’empêcher ou de gêner. Le rapport Ravignon est éclairant sur cet imbroglio, qui fait perdre un temps fou (et un pognon de dingue) en concertations et coordinations.

Les différents rapports sur lesquels le gouvernement prétend fonder son actions ne sont pas du tout au niveau nécessaire, celui de la vision politique et de l’acceptabilité d’une véritable autonomie locale. On aura donc, au mieux, une « grande loi » sur les collectivités locales qui ne portera que sur des points marginaux, bougera quelques curseurs, mais pas plus. Un peu comme la précédente « grande loi » sur les collectivités, dites « loi 3DS », du 21 février 2022, qui entendait traiter ces mêmes questions de différentiation et de simplification.

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Quitter Paris ?

Cela fait pas loin de 20 ans que je suis parisien, et pour la première fois, j’en viens à me demander s’il ne faudrait pas envisager de quitter Paris, tellement la vie quotidienne va en se dégradant. Je fais le constat très personnel (donc hautement subjectif) que ma qualité de vie est en baisse, et que cela ne va pas aller en s’arrangeant. Plusieurs sujets sont source d’inquiétude.

Le premier est la question de l’approvisionnement. C’est moi qui fait les courses du foyer, et comme beaucoup, j’ai subi une inflation, dont le ressenti va au delà des chiffres « officiels ». Faire les courses à Paris coûte cher, plus qu’en province. A coté de cet aspect prix, je constate aussi une dégradation et une uniformisation du choix offert par les enseignes de la grande distribution dans mon environnement proche. Quelque soit l’enseigne, le choix de produits est de plus en plus restreint, avec une progression des marques distributeurs, et ce sont exactement les mêmes produits que je retrouve partout. Le supermarché de province, proche de ma maison de campagne, est bien mieux achalandé que n’importe quelle supérette parisienne.

Le deuxième sujet, c’est le transport. Les transports en commun, le métro notamment, a connu une baisse de qualité, et une hausse de tarif. Je le prend de moins en moins, effectuant beaucoup de trajets à pied. Vu la hausse des tarifs, quand on sort peu de Paris, prendre un abonnement mensuel n’est plus du tout rentable. Je fonctionne par tickets, et je suis donc attentif à l’utilité d’un déplacement, question qu’on ne se pose pas quand on a une carte mensuelle. C’est quand même un peu étrange d’en arriver là, car quand je suis arrivé à Paris, la carte orange était autour de 40 euros, et la prendre était rentable, sans avoir à se poser la question.

L’autre point noir des transports, c’est le quasi bannissement de la voiture à Paris. Je soutiens complètement la politique visant à revoir l’allocation de la chaussée, en réduisant la place de la voiture, et en augmentant celle des vélos et des piétons (et accessoirement des bus). Même si je ne suis pas cycliste et que je n’entends pas le devenir, c’est un mode de déplacement qui a pleinement sa place et son utilité à Paris. Si Anne Hidalgo en était resté à cela, rien à dire. Malheureusement, depuis maintenant deux à trois ans, le plan de circulation de Paris est devenu ubuesque, avec des sens interdits partout, des voies uniquement réservées aux bus, alors qu’avant, les voitures y passaient aussi sans que cela ne provoque d’encombrements. Aujourd’hui, cela devient vraiment difficile de circuler à Paris en voiture, avec de moins en moins d’itinéraires possibles et des trajets inutilement tarabiscotés. C’est problématique, car même si je prend peu la voiture, quand je le fais, c’est que c’est le seul moyen de transport possible pour le trajet (aller à la campagne notamment). Quand j’entends que les arrondissements centraux vont devenir quasiment inaccessibles en voiture, et qu’il est envisagé de passer le périphérique à 50km/h, j’ai vraiment peur. Cela va devenir infernal de vouloir entrer et sortir de Paris, au point d’être un frein à l’activité économique.

Le troisième point est le mouvement de piétonisation de rues « secondaires ». C’est ce qui est arrivé à ma rue, qui est devenue une sorte de square, donc bruyant. Les propriétaires de chiens ont pris l’habitude d’y venir promener leurs bestioles, vers 18h30, afin qu’ils puissent « socialiser » avec leurs congénères. Concert d’aboiements tous les soirs. Autant dire que je regrette les voitures, qui faisaient moins de bruit.

Tous ces éléments accumulés me rendent la vie parisienne bien moins agréable. C’est peut-être aussi parce que je vieillis. De toute manière, tant que je suis dans la vie professionnelle, l’organisation politico-administrative de la France m’impose d’être à Paris. Mais j’y trouve de moins en moins d’intérêt, de plaisir, et donc d’attachement à Paris. Au point d’en arriver à penser en partir.

Je serais élu d’une ville dont une partie de la population n’est là que par obligation, et souhaite en partir, je me poserais des questions.

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Le Monde glisse dans le populisme ?

Un article du Monde, présenté comme une « enquête » prétend épingler le gouverneur de la Banque de France pour ses frais de déplacement. Cet article est d’une indigence crasse, et mériterait d’être dépublié, tellement il est indigne.

Le gouverneur de la Banque de France a donc passé 36 nuits en déplacement sur l’année, ce qui est pas mal, avec trois déplacements lointains (Tokyo, Bangalore, New York). C’est un rythme assez soutenu, preuve qu’il travaille et ne ménage pas sa peine. Au total, on a 50 000 euros de frais sur l’année, ce qui est plutôt correct, vu le niveau d’activité. On se demande déjà pourquoi une « enquête » serait nécessaire.

Surtout que les « révélations » qui prétendent dévoiler un « scandale » de gaspillage d’argent public (alors même que les salariés seraient contraints à des restrictions) montrent en fait une bonne gestion. Une moyenne de 300 euros la nuit d’hôtel, c’est franchement très raisonnable. On ne va quand même pas loger le gouverneur de la Banque de France dans un Formule 1. Les règles globales de l’institution sont respectées, et il est amusant de noter que « l’enquête » ne pointe qu’un seul dépassement, au plafond pour une chambre d’hôtel en France : 273 euros pour un chambre à Marseille, alors que le plafond est à 200 euros. Une veille de match de la coupe du monde de Rugby, on peut comprendre qu’il n’y ait pas trop le choix, et qu’il faille faire avec ce qu’on trouve.

Pour les transports, pareil. Le principal lieu de déplacement, c’est Francfort, où se trouve la banque centrale européenne. Totalement logique. Le gouverneur de la banque de France y va en train, et ça parait assez légitime qu’il soit en première classe. L’essentiel du coût de ses billets d’avion vient des long courriers. Pour ceux qui ont déjà fait des longs voyages, 6000 euros pour un aller-retour à Tokyo, ça n’a rien d’excessif. Et là encore, qu’il soit en classe affaires n’a rien d’illégitime.

En résumé, il n’y a rien à gratter et le droit de réponse du gouverneur de la Banque de France n’en est que plus cruel.

Que le Monde ait pu publier un tel article montre bien la dégradation de la qualité de ce journal. N’est pas Médiapart qui veut, et on a une fois de plus l’illustration de la fable du corbeau qui se prenait pour l’aigle. Il serait temps que les journalistes et dirigeants de presse se posent des questions, et comprennent que de tels loupés journalistiques et déontologiques sont catastrophiques. Le populisme est de plus en plus répandu, avec une tendance lourde à vilipender les élites. Rajouter des pièces dans la machine, de la part d’un journal qui se prétend de référence, c’est assez déprimant pour ceux qui espèrent encore que la qualité de l »information soit un pilier de la démocratie libérale.

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L’étrange campagne des européennes

Je dois avouer avoir beaucoup de mal à m’intéresser aux élections européennes. Ce scrutin est complètement bâtard, car on vote pour désigner des élus à un niveau européen, tout en faisant campagne à un niveau strictement national. C’est une forme de dissonance cognitive qui ne peut que nuire à l’Union européenne.

J’ai par exemple beaucoup de mal à prendre au sérieux les « programmes » proposés par les différentes listes. Une fois arrivés à Bruxelles, ces élus vont se retrouver dans des groupes transnationaux, où ces « programmes » vont se diluer, et n’être que des briques d’une ligne politique faite de compromis. Au final, il peut ne rien en rester, et cela ne peut que décevoir les électeurs.

Un autre point d’achoppement, tient à la construction institutionnelle européenne, où on vote pour des députés qui n’ont pas de pouvoir d’initiative législative. Le Parlement européen vote sur des textes législatifs proposés par la Commission. Il n’y a pas de proposition de loi, et si les eurodéputés peuvent s’exprimer sur pleins de sujets, par le biais de « rapport d’initiative », ils n’ont pas valeur législative. Les vrais débats européens devraient donc se faire sur la base de ce que propose la Commission. Or, celle-ci est renouvelée en même temps que le Parlement, avec un mode de désignation un peu baroque, où ce sont les chefs d’États qui décident et nomment, et où les députés ratifient (ou pas), après coup.

Le degré d’information sur ce que veut vraiment faire le PPE, principal groupe politique au Parlement européen (qui devrait donc récupérer la présidence de la Commission), est proche de zéro. On ne sait même pas quelle sera la configuration exacte à droite, entre le PPE (droite classique conservatrice), l’ECR (droite dure, limite facho) et ID (carrément facho) et quelles sont les possibilités de coalition. Vu les projections en siège au niveau européen, cela change tout si PPE et ECR arrive à s’entendre dans une coalition.

Faute d’avoir les informations pertinentes, on se retrouve à un scrutin « national » où l’électeur se fait idéologiquement plaisir, en sachant parfaitement que cela n’aura pas de conséquence nationale directe. Pas de gouvernement renversé ni de villes qui basculent. Cela me désole, car l’échelon législatif européen est le plus important, le droit européen s’imposant aux droits nationaux. Dans beaucoup de sujets essentiels (en particulier l’économie), tout se décide à Bruxelles, sans qu’il n’y ait de véritable « rendez-vous » électoral, pour valider ou sanctionner des choix politiques passés, et valider des lignes. D’où un réel déficit démocratique qui va en se creusant, et mine l’Union européenne.

Si on veut vraiment relancer l’Europe, il faut revoir complètement ce dispositif et forcer à l’européanisation des listes, et donc des programmes et des débats. En 2019, Emmanuel Macron avait demandé la possibilité de faire des listes transnationales, qui auraient permis d’européaniser un peu la campagne et les programmes. Rien n’a avancé sur ce plan. Il faut aussi clarifier la responsabilité politique de la Commission européenne, dont le poids dans le dispositif institutionnel est trop important pour se passer d’une quelconque forme de légitimation électorale directe. A défaut d’une désignation directe par les électeurs du président de la Commission, qu’il y ait au moins une obligation de rendre des comptes aux citoyens à l’occasion des échéances électorales. On en est très loin, et les quelques éléments d’information existant là-dessus passent sous le radar des médias français, mis à part quelques titres très spécialisés.

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Enfants, écrans et impasse politique

Un groupe d’experts scientifiques vient de rendre un rapport à Emmanuel Macron, sur l’exposition des enfants aux écrans. J’ai pris le temps de le lire, et sur le fond, il n’y a pas grand chose à redire. On savait déjà que l’exposition excessive aux écrans n’est pas bon pour la santé, physiologique et psychologique des enfants. Voire que c’est carrément nocif dans les premières années.

Des mesures sont d’ores et déjà proposées, comme par exemple d’enlever les écrans dans les crèches et chez les nounous (une proposition de loi a été déposée, et permettra de faire de la mousse médiatique) ou encore de peser sur les réseaux sociaux pour qu’ils soient moins toxiques. Même si cela va dans le bon sens, c’est accessoire, voire anecdotique à coté de l’enjeu majeur. En effet, cela implique avant tout d’agir sur un acteur majeur de l’éducation des enfants, si ce n’est essentiel : les parents.

Si on lit bien le rapport, ce qu’on demande aux parents, c’est d’éteindre et de cacher leurs écrans en présence de leurs enfants, et de s’occuper d’eux, en jouant et en passant du temps avec eux. Dans l’absolu, je vois bien l’intérêt et la justification de cet objectif, dans la réalité, c’est de l’ordre de l’inaccessible, et aucune loi n’y pourra rien. Quand bien même on voterait des lois, comment les appliquer, si cela implique de s’immiscer dans l’intimité des familles ? C’est une impasse complète, et je suis surpris que les experts scientifiques, certainement compétents dans leur domaine, n’ait pas pu se rendre compte qu’ils s’engageaient dans une impasse politique.

Tous les parents savent que s’occuper d’enfants (pire, d’adolescents) est un investissement compliqué, chronophage et épuisant. Tous cherchent des accommodements, des moments où ils peuvent souffler. A toutes les époques, dans toutes les couches de la société, les parents ont pu laisser, plus ou moins, leurs enfants à eux-mêmes, ou sous la garde d’autres. L’école est en partie faite pour ça, même si on n’ose pas trop le dire. Les choses n’ont pas franchement changé, et la période où on élève des enfants est également celle où on est en ascension professionnelle. Dans nombre de familles, les écrans sont l’élément central de l’équilibre psychologique des parents, et de la paix sociale dans le foyer.

Si on veut limiter (drastiquement ou pas) l’usage de cet outil, il va falloir proposer autre chose aux parents que la culpabilisation, sinon, il risque de ne pas se passer grand chose. C’est d’autant plus vrai dans les classes populaires, qui n’ayant pas trop de moyens économiques, ont moins le choix et se rabattent plus facilement sur les écrans comme nounous. C’est d’autant plus marqué que ceux qui arrivent, ou vont arriver à l’âge d’être parents, ont grandi avec les écrans (jeux vidéos, réseaux sociaux et vidéos à gogo via Youtube). Comment leur expliquer qu’ils font mal, et qu’il faut faire autrement, sans leur dire ce qu’est cet « autrement » et surtout, leur donner les moyens d’y accéder.

Je crains donc que les suites de ce rapport, ça soit beaucoup d’injonctions plus ou moins culpabilisantes, beaucoup de comm’, mais finalement pas grand chose de concret. En tout pas suffisamment pour être à la hauteur de l’objectif fixé, qui est un absolu scientifiquement justifié, mais politiquement inaccessible.

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L’irresponsable Guillaume Meurice

Le « journaliste » et « humoriste » Guillaume Meurice vient d’être convoqué pour un entretien préalable à un licenciement. La direction de Radio France lui reproche d’avoir sciemment récidivé sur ses propos qualifiant le premier ministre israélien de « nazi sans prépuce ».

Le licenciement pour faute grave est parfaitement justifié, juridiquement. Il y a eu un avertissement, la première fois, il est évident que la réitération consciente ne peut que provoquer une sanction disciplinaire.

Le licenciement est également justifié politiquement et moralement. L’humour ne justifie pas tout, et si la première fois, on peut accorder le bénéfice du doute (une blague mal calibrée, ça peut arriver), la deuxième fois, c’est de la provocation. Quand on participe à l’animation du débat public d’actualité, dans une émission à grande écoute, sur une radio de service public, on fait attention à ce qu’on dit. Le fait d’avoir une carte de presse ou pas n’y change rien.

Vu le climat incandescent autour du conflit israélo-palestinien, en France (mais aussi dans le monde), remettre une pièce dans la machine relève soit d’une volonté de rajouter un jerrican d’essence sur le brasier, soit de l’inconscience. Dans les deux cas, c’est une faute lourde, quand on se prétend journaliste, et qu’on participe à l’animation du débat public. Personne, à ce niveau, ne peut prétendre s’exonérer ses responsabilités, quand le situation est aussi délicate, ou alors, il faut assumer d’être militant, position incompatible avec celle de journaliste ou de chroniqueur, qui plus est dans un média de service public.

Les journalistes ont une responsabilité sociale et sociétale importante, qu’ils savent très bien mettre en avant quand ça les arrangent (pour demander des subventions par exemple). Ils sont les animateurs du débat public, quand il devient aussi tendu qu’actuellement, ils doivent être prudent dans leur couverture des sujets brulants, et éviter de se comporter en militants d’une cause ou d’une autre. Éviter les provocations, telles que celle de Guillaume Meurice, est une évidence que l’on ne devrait même pas avoir à rappeler.

Il est donc normal que la direction du média sur lequel ces propos ont été tenus prenne des mesures, pour se désolidariser, et montrer une désapprobation claire de cette faute. La liberté de la presse doit nécessairement s’accompagner d’une responsabilité de ce qui en est fait.

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Ménages, collusions et ambiguités d’Achilli

Le journaliste Jean-François Achilli vient d’être licencié pour faute grave par son employeur, Radio France. Le journaliste avait été suspendu en mars, après la révélation qu’il aurait aidé Jordan Bardella à écrire un livre politique. Un mélange des genres qui semble structurel chez ce journaliste, selon Libé.

Cette affaire est emblématique du flou déontologique dévastateur que l’on rencontre dans le haut du panier de la presse parisienne, dans ses relations avec le pouvoir, la communication et l’argent.

Nous avons donc un « journaliste vedette », c’est-à-dire connu du public, et en principe reconnu pour ses compétences professionnelles, mais aussi accessoirement pour son entregent, ainsi que son réseau professionnel et extra-professionnel. Bref, un homme « de pouvoir » qui est à la croisée de beaucoup de chemins. Il y en a un certain nombre comme lui, qui se sont fait une place au soleil, et jouent ensuite sur plusieurs tableaux, avec de beaux numéros d’équilibristes.

Ce qui lui est reproché est d’avoir mis sa réputation professionnelle, et donc sa crédibilité de journaliste, au service d’intérêts politiques et/ou économiques, et de personnes qu’il fréquente par ailleurs, à titre professionnel, et dont il est censé rester indépendant. Le bénéfice qu’il en tire peut-être financier (il a monté une société pour facturer ses prestations) mais aussi égotique (le sentiment d’être un puissant de ce monde). Pour leur défense, certains expliquent que leur métier de journaliste implique une distance, mais aussi une forme de proximité avec leurs sources et les sujets qu’ils doivent couvrir. Mais dans ce cas, mieux vaut s’abstenir d’en tirer un bénéfice personnel, et rester dans une « rémunération » à usage purement professionnel. Dans le flou déontologique, il y a un coté obscur où il est très facile de glisser.

Concernant Achilli, le dérapage est documenté et semble assez ancien. Un souvenir m’a personnellement marqué, celui de son « interview » avec Jérôme Cahuzac, en 2013, où l’ancien ministre s’exprimait pour la première fois, après avoir démissionné. La séquence sentait l’opération de communication à des kilomètres à la ronde, et j’avais été scandalisé qu’un journaliste professionnel de l’envergure de Jean-François Achilli s’y compromette. Depuis cette date, il était déontologiquement « carbonisé » à mes yeux. L’accident de carrière dont il est aujourd’hui victime ne me surprend donc pas. Ce qui est en revanche plus surprenant, et révélateur, est que cela n’arrive que maintenant. Selon Libération, ce journaliste étant coutumier des ménages et du mélange des genres, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué de mettre en lumière sa dérive déontologique.

Outre le fait d’avoir conseillé le chef d’un parti politique, sur l’écriture d’un livre autobiographique, d’autres faits lui sont reprochés. Il aurait ainsi travaillé, pendant une dizaine d’années, comme média-trainer, pour un cabinet de lobbying. Une prestation de coach, sur le papier purement technique, mais qui se révèle problématique. Cela créé une proximité particulière avec les personnalités politiques/économiques qu’il entraine, et donc, un rapport différent avec eux, sur un « vrai » plateau, si jamais il est amené à les interviewer. Il fait également le jeu du cabinet de lobbying, qui sait pouvoir vendre plus cher cette prestation, car faite par un « vrai » journaliste vedette » avec lequel il est possible de sympathiser, et d’obtenir, éventuellement (si affinités) autre chose qu’un simple entrainement à l’interview radio ou télévisée. Signe d’une certaine déconnexion avec l’éthique, il lui est arrivé de recevoir, en tournée promo sur son plateau, sa compagne, venue parler de son dernier livre, sans évoquer leur lien. On peut aussi se poser la question sur les choix d’inviter telle ou telle personne, sur les plateaux d’émissions qu’il anime. Le soupçon est terrible, car crédible.

Tout le problème est dans ces non-dits, dans les liens amicaux qui peuvent se créer, dans les éventuels renvois d’ascenseurs, non seulement entre le journaliste et ses « clients » (politiques et chefs d’entreprise), mais aussi avec les communicants et lobbyistes. Rien de mieux pour miner la confiance des citoyens dans les médias !

Le traitement de l’affaire laisse toutefois un arrière-goût désagréable. Jean-François Achilli est tombé, car il a engagé des discussions avancées (qui ne se sont finalement pas concrétisées) avec Jordan Bardella, le patron du RN. La réaction aurait-elle été la même, s’il s’était agi d’un autre politique, plus dans « l’axe républicain » ? La pratique de l’aide à l’écriture pour les livres politiques est généralisée (comment un ministre peut avoir le temps d’écrire un bouquin ?) et bien des journalistes se sont plus ou moins impliqués dans cette activité de ghostwriter, sans qu’il ne leur arrive jamais rien. Cela pourrait donner l’impression qu’Achilli était sous surveillance, mais a finalement été sanctionné pour avoir dépassé une ligne rouge plus « politique » que déontologique.

Reste à voir s’il arrivera à rebondir. Après tout, d’autres avant lui ont réussi à passer sans trop d’encombre un passage délicat, causé par une faute déontologique. Ce serait sans doute cela le plus désastreux. Après, on peut faire autant d’Etats Généraux de l’Information qu’on veut pour rebâtir la confiance, cela ne servira à rien si la profession elle-même refuse de s’auto-réguler.

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Communication et bouts de ficelles

Le Premier ministre vient d’égrener la liste des mesures qu’il entend mettre en œuvre pour lutter contre la violence des mineurs. Si le problème est réel, il n’a rien de nouveau, et surtout, les réponses sont loin d’être à la hauteur. Elles sont symptomatiques de la manière (déplorable) dont sont abordés les questions de fond par le gouvernement. Il répond plus à la manière dont les médias posent le problème, qu’à la réalité du terrain, et privilégient les réponses « qui claquent » mais ne coûtent pas d’argent public. La faisabilité technique ne compte pas, seul importe l’impact des annonces sur l’opinion.

Face à la violence des enfants, le premier axe est de « responsabiliser » les parents par la sanction. Politiquement, c’est assez déplorable de cibler des personnes dont on ne connait pas la situation réelle, qui ont parfois besoin d’aide, pas de stigmatisation et encore moins de se faire coller un boulet supplémentaire aux pieds. Parmi ces parents d’enfants délinquants, combien de mères seules, qui travaillent à temps partiel, pour moins que le SMIC ? En revanche, sur les enfants de bourgeois, qui grandissent seuls avec un paquet d’argent, ces sanctions pourraient être pertinentes, mais seront-elles appliquées à cette catégorie de la population ? Une sanction n’est sérieusement envisageable que pour un public, les parents qui ont les moyens de bien jouer leur rôle, et qui ne l’ont pas fait. Mais cela implique de renforcer les services sociaux dédiés à l’enfance, qui en ont plus que besoin. Je n’ai rien entendu de tel dans le discours du Premier ministre, alors qu’il aurait fallu commencer par cela.

La seule esquisse de solution « positive » est d’envoyer un enfant qui commence à mal tourner dans un internat, pour le couper d’un environnement toxique. Reste à savoir qui décide de la mise en oeuvre de cette solution, sur la base de quels éléments. Et surtout, qui paie ? L’idée avait déjà été évoquée il y a quelques mois, et on constate qu’on n’a pas avancé d’un iota.

Deuxième piste, la sanction des élèves eux-mêmes. En cas de comportements perturbateurs, on leur met une remarque infamante dans leur dossier, qui leur ferme des portes pour la suite de leurs études (pour ceux qui souhaitent poursuivre des études). On ajoute ainsi un handicap à des élèves qui n’en manquent pas. Ils pourront y échapper s’ils font des « travaux d’intérêt général » dans leur établissement. On relooke la bonne vieille « heure de colle » où tu balayes la cour. Sur le papier, ça fait bien, dans la réalité, on rajoute une charge aux chefs d’établissements, de plus en plus transformés en policiers et juges d’exécution des peines. Sans moyen supplémentaires, pour une tâche que tous n’auront pas la capacité ou l’autorité de mettre en place dans leur établissement. Ce qui peut fonctionner (et encore) dans un établissement bourgeois de centre-ville, n’est peut-être pas efficient en banlieue difficile. Tout ce qu’on propose aux directeurs, c’est une hotline « SOS Laïcité » en cas de problème lié à la religion et quelques accompagnements pour la sécurité des établissements. Mais 350 écoles accompagnées, c’est une goutte d’eau.

Le pompon, c’est quand même l’obligation de consigner les élèves dans l’établissement, qu’ils aient cours ou pas, entre 8h et 18h. On en fait quoi quand ils n’ont pas cours, qui s’en occupe, pour leur faire faire quoi ? C’est une réforme un peu brutale du périscolaire, qui va déstabiliser ce qui existe, et est souvent géré par les collectivités locales, et se retrouve brusquement transféré aux établissements scolaires. Enfin, j’attends de voir ce que vont donner ces fameuses « mesures d’intérêt éducative », qui ne sont rien d’autres que des travaux d’intérêt général pour mineur. Les éventuels contentieux, contre ce qui est sans conteste une sanction, seront intéressants suivre et à analyser !

Troisième piste de solution, la régulation de l’accès aux écrans. On se demande un peu ce que cela vient faire là. C’est un refrain connu, qui n’a pas connu le moindre commencement de mise en œuvre, à part refiler le bébé à une commission de spécialistes et de scientifiques, en espérant qu’ils auront la formule miracle. Sur l’aspect législatif, on évoque l’application d’une loi votée, sur la majorité numérique. Sauf qu’elle est très probablement en contradiction avec le droit européen. C’est d’ailleurs parce que Bruxelles, qui gère largement la régulation du numérique, a haussé le ton qu’on n’entend plus parler de ce texte, jusqu’à ce que les nécessités de la communication politique amènent à le sortir du congélateur.

Bien entendu, pas de bonne réforme sans un renforcement de la « réponse pénale » c’est-à-dire un alourdissement de la répression (comparution immédiatement dès 16 ans, rabotage de l’excuse de minorité, composition pénale dès 13 ans). On note toutefois la prudence dans l’expression sur ce volet, et l’ouverture d’une petite concertation. Là encore, c’est mieux d’être prudent, car le gouvernement s’avance sur un terrain constitutionnellement risqué. Le seul point qui pourrait avoir un (petit) effet est d’amener les adolescents assister, dans le public, à une audience de comparution immédiate. Si cela ne les dissuade pas de commettre des délits, au moins, cela leur fera une formation, et ils ne seront pas complètement dépaysés quand leur tour viendra d’entrer dans le box.

Tout cela ne changera pas grand chose, car le problème de la violence et de délitement de la société est profond et structurel. Malheureusement, je ne vois pas de prise en charge politique des raisons de fond, juste la pose de quelques emplâtres. Comme si traiter un symptôme avec un placebo permettait de guérir d’un cancer.

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L’inquiétante fragilité du dispositif Attal

A peine trois mois après son entrée en fonction, le dispositif politique autour de Gabriel Attal apparait bien fragile. Il y a eu des erreurs de casting, dans la garde politique rapprochée, ainsi que de grosses difficultés à trouver des conseillers (notamment pour le pôle parlementaire du cabinet, postes pourtant prestigieux). Les premiers craquements se font déjà entendre, ce qui n’augure rien de bon.

La semaine dernière, les trois principaux conseillers de la porte-parole du gouvernement (son directeur de cabinet, la directrice de cabinet adjointe et la cheffe de cabinet) ont démissionné. Cela fait suite à un gros couac, où en sortie de conseil des ministres, la porte-parole a évoqué un attentat déjoué, avant de se rétracter un peu après.

Même si l’entourage restant cherche à minimiser l’évènement, c’est le signe d’une grave crise interne, avec un problème clairement identifié : c’est juste la ministre qui n’est pas à la hauteur, et qu’il faudrait changer. Mais comme ce n’est pas politiquement possible, ce sont les conseillers qui partent. Qu’un conseiller ministériel parte au bout de trois à quatre ans, c’est normal, car il y a une usure, vu le rythme de travail assez dingue. Mais les trois têtes du cabinet qui claquent la porte au bout de trois mois, c’est du jamais-vu (et pourtant, la Macronie nous en a fait voir).

L’ennui, c’est que le poste de porte-parole est hautement stratégique. Il l’est encore plus quand, faute d’argent et de majorité au Parlement, le gouvernement en est réduit à ne faire que de la communication.

D’autres postes aussi stratégiques dans l’entourage proche du Premier ministre, donnent également des signes de faiblesse. La nouvelle ministre des relations avec le Parlement a mal commencé, avec une opération de comm’ complètement lunaire, le jour sa nomination, suivie la semaine suivante d’une bourde dans l’exercice de ce qui est le coeur de son activité : la construction du calendrier parlementaire. A la suite du discours de politique générale de Gabriel Attal, l’opposition dépose une motion de censure, afin d’avoir un scrutin, puisque n’ayant pas de majorité, le nouveau premier ministre s’est bien gardé de demander un vote de confiance. La conférence des présidents se réunit (en présence de la nouvelle ministre des relations avec le Parlement) et fixe la discussion au lundi 5 février, à 21h30. Mais voilà que quelques heures plus tard, changement de programme, la discussion aura finalement lieu à 10h du matin (ce qui n’arrange personne). En effet, le soir, Gabriel Attal effectue son premier déplacement diplomatique, à Berlin, et n’est donc pas disponible. Cela fait un peu ballot de s’en apercevoir après la réunion de la conférence des présidents…

La troisième ministre déléguée auprès du Premier ministre, Aurore Bergé, pourrait devenir elle aussi source de problèmes. D’abord nommée ministre de plein exercice aux Affaires sociales en juillet 2023, elle est rétrogradée six mois plus tard, au poste de ministre déléguée, chargée de l’égalité hommes-femmes et de la lutte contre les discriminations. Or, voilà que la presse annonce qu’elle aurait bloqué la nomination d’une fonctionnaire, parce qu’elle aurait milité, il y a 10 ans, aux côtés de Benoit Hamon. Quand on est en charge de lutter contre les discrimination, ça fait tache. Le Canard enchainé vient aussi de publier article sanglant, où il relate un turn-over inquiétant chez les conseillers d’Aurore Bergé, avec des cas de maltraitance et d’humiliation, montrant un grave déficit de bienveillance dans le management. Là encore, quand on est ministre qui est censé s’occuper de la lutte contre le harcèlement, ça relève de la dissonance cognitive. En politique, ce genre de grand écart se finit mal.

Tout cela ne serait pas si grave, si le Premier ministre était un vieux routier de la politique, doté de réseaux profonds, tant dans l’appareil d’Etat que dans les milieux économiques. Agé de 35 ans, Gabriel Attal est entré, à l’issue de ses études, comme stagiaire au cabinet de la ministre de la Santé, où il gravit les échelons, avant d’être élu député et d’enchainer les postes ministériels, sans y rester suffisamment longtemps pour s’y tisser des réseaux ou s’imprégner des dossiers. Un Premier ministre inexpérimenté, sans réseaux, entouré de ministres déléguées fragiles, et guère plus expérimentées, il y a de quoi s’inquiéter.

Et voilà que, au fil du début de campagne pour les élections européennes, la liste de la majorité présidentielle s’effrite, alors que celle du PS semble avoir trouvé une dynamique. Dans le dernier sondage, où le RN est largement en tête (30%), les courbes commencent à se rapprocher entre Valérie Hayer (16%) et Raphaël Glucksmann (14%). Faute d’avoir trouvé une tête de liste charismatique, c’est au Premier ministre qu’il reviendra de porter politiquement la campagne de la liste Hayer, et qu’il sera donc politiquement responsable du résultat…