Deux incidents, impliquant à chaque fois le service public de l’audiovisuel, m’interpellent. A la fois sur ce que deviennent les campagnes électorales, mais également sur l’attitude des télévisions. Il s’agit de la décision d’organiser un débat Attal-Bardella, et de l’épisode où Gabriel Attal débarque sur le plateau d’un débat, en humiliant sa tête de liste. Dans les deux cas, le candidat LR, François-Xavier Bellamy a eu la parole juste sur ces incidents. Dommage qu’il soit LR, sinon, j’aurais bien voté pour lui.
La politique, même pendant les périodes de campagne électorale, est juste devenu un spectacle, un prétexte pris par l’audiovisuel pour faire de l’audience. Qu’est-ce qui justifie que le Premier ministre, qui n’est pas candidat aux élections européennes, débatte en face à face avec une tête de liste (quand bien même c’est la liste qui est placé en tête par les sondages) ? Il n’y a aucune raison pour que cette configuration soit retenue, mis à part la volonté des journalistes d’organiser un débat dont il rêvent, la fameuse affiche « le duel des héritiers ». L’agressivité de la journaliste, lorsque François-Xavier Bellamy le lui dit, est assez révélateur du fait qu’il a visé juste.
Le deuxième incident est encore plus choquant. Alors que les têtes de listes participent à un débat, le Premier ministre débarque sur le plateau, prend le micro de la main de la tête de liste de son camp, et s’exprime à sa place. C’est tout d’abord profondément grossier et insultant pour Valérie Hayer, qui est juste humiliée et dévalorisée. Politiquement, ça n’apportera rien de bon à la liste présidentielle, car le problème n’est l’incarnation, mais l’absence de projet et de ligne politique du parti présidentiel. Mais en revanche, cela fait un « rebondissement » et donc du buzz, qui semble être l’effet recherché. La responsabilité des journalistes est encore grande, car même si on est Premier ministre, on ne pénètre sur un plateau que si on y est autorisé. Si Gabriel Attal a pu intervenir, c’est qu’on l’a conduit jusque l’entrée du studio, et qu’on l’a laissé faire. A quand le retour d’un ministre de l’information, qui vient lui-même en plateau, présenter la nouvelle formule du journal télévisé ?
Cela en dit long sur l’état de déliquescence des médias audiovisuels, et en particulier du service public, dans leur traitement de vie politique et démocratique. A l’heure où le gouvernement cherche à reconstituer l’ORTF, par la fusion de tous les médias publics dans une seule entité, de telles pratiques discréditent l’argumentation des opposants sur la préservation de l’indépendance. On a vraiment l’impression que les chaines publiques ont servi la soupe au gouvernement en place, et au parti qui pourrait bien le remplacer. Au détriment de la démocratie et du respect des règles de l’équité du temps de parole. La mise en demeure de l’Arcom, contre France Télévision, prononcée le 30 mai, ne semble pas imméritée. Même si elle a été prononcée pour un cafouillage sur les horaires de diffusion des clips de la campagne officielle, cela aurait pu être pour l’ensemble du traitement de la campagne !
3 réponses sur « Le cirque médiatique de la campagne des européennes »
“Dommage [que Bellamy] soit LR, j’aurais bien voté pour lui.”
Ce qui soulève une question : quand la liste LR risque de n’envoyer qu’un ou deux parlementaires au PE, voter LR n’a-t-il pas pour seul effet de réélire Bellamy pour un mandat où, au fond, les qualités que vous lui reconnaissez ne serait pas trop mal employées ?
Le scrutin des européennes enverra 0 LR s’ils font 4,9% et en donnera 5 ou 6 s’ils font 5,1%. Si Bellamy est élu, Nadine Morano aussi. Je ne peux pas porter cette responsabilité 🙂
Fair point!