Un article de Libération, sur le maire RN de Beaucaire, Julien Sanchez, offre un éclairage sur la culture de gouvernement de ce parti, d’un archaïsme frappant, survivance d’une conception dépassée de l’exercice du pouvoir.
Dans cette culture politique archaïque, le poste de pouvoir est la quasi-propriété de celui qui l’occupe, comme le fief était la propriété du seigneur médiéval. De ce fait, il arrive parfois qu’il se transmette de manière héréditaire, au même titre que les biens immobiliers. Le RN est en fait une PME familiale. L’actuel maire zemmouriste d’Orange, Yann Bompard, est le fils de Jacques, ancien du FN qui a pris la mairie en 1995.
Il en découle une absence de démocratie interne, puisque la légitimité politique (en interne) ne vient pas de l’élection, mais de l’hérédité, ou de la conquête. Le RN en est l’exemple, avec Marine Le Pen qui a succédé à son père (un peu récalcitrant à quitter la scène) et dont les successeurs potentiels cités ont été sa nièce, Marion Maréchal, et maintenant son neveu par alliance, Jordan Bardella. L’empreinte est tellement forte que personne n’envisage sérieusement que le prochain dirigeant du RN ne fasse pas partie du clan familial.
Cela se traduit par un exercice solitaire du pouvoir, où tout repose sur le chef. S’il est techniquement bon, et/ou sait déléguer à des gens compétents, la boutique peut fonctionner tant bien que mal. Mais c’est rarement génial, et c’est souvent une gabegie. J’ai rarement vu un rapport élogieux d’une chambre régionale des comptes sur une municipalité RN
Bien souvent, c’est davantage la servilité et la fidélité que la compétence, qui sont les qualités requises pour intégrer l’entourage du chef et s’y maintenir, si vous n’êtes pas de la famille. Toute tentative de s’autonomiser, voire parfois, de simplement se montrer meilleur que le chef, se termine par l’éviction. Là encore, le FN, devenu RN, est un cas d’école.
Très naturellement, ce mode de fonctionnement se traduit par du copinage et du clientélisme généralisé, où le chef achète les fidélités par des postes et prébendes (des emplois fictifs par exemple). Même si beaucoup de partis pratiquent cela, le RN le fait à une échelle industrielle, inégalée ailleurs sur l’échiquier politique. Ce qui soude le collectif est autant l’idéologie que la soupière bien remplie, dont le chef est seul à tenir la louche. Là encore, le RN, en tant que parti, mais aussi les collectivités qu’il gère, sont des cas d’école.
Une telle manière de concevoir l’exercice du pouvoir est aujourd’hui complètement dépassée dans les pays occidentaux, d’où la difficulté de certains observateurs à analyser ce qui se passe au RN. Mais elle existe dans beaucoup d’endroits dans le monde et montre très régulièrement ses limites en termes d’efficacité. Sans parler de l’Afrique, plus près de nous, c’est par exemple le cas de la Russie. Poutine a également cette conception du pouvoir, qui a montré ses limites avec la guerre en Ukraine, où malgré une disproportion énorme de moyens, la Russie ne sera pas en mesure de gagner. Cela peut également expliquer les affinités, très perceptibles, entre Poutine et le RN.
Le combat contre le RN, c’est aussi un combat contre cette conception archaïque du pouvoir, qui s’accorde assez mal avec les attentes de la démocratie libérale et la recherche de la meilleure efficacité dans la gestion de de la chose publique.
9 réponses sur « Le RN a une conception archaïque de l’exercice du pouvoir »
Voilà un portait au lance-flammes qui tape où ça fait mal !
C’est davantage la servilité et la fidélité que la compétence, qui sont les qualités requises pour intégrer l’entourage du chef et s’y maintenir.
Ça me rappelle un gouvernement actuel.
Cela se traduit par un exercice solitaire du pouvoir, où tout repose sur le chef. Ça me rappelle un mode d’exercice au plus haut niveau de l’État.
J’ai rarement vu un rapport élogieux d’une chambre régionale des comptes sur une municipalité RN
Pouvez-vous citer les rapports élogieux de la cour des comptes sur la gestion LR, PS, LREM (quel que soit son nom) ?
Ce que vous dites est correct, mais on peut l’étendre à l’ensemble des partis politiques (sauf peut-être le népotisme, mais je me souviens de Jean Sarkozy).
La différence du RN est dans le fait qu’ils sont loin du modèle démocratique d’attribution du pouvoir, de la collégialité, que tous les autres, et cumulent toutes les tares que l’on peut trouver dans le système politique.
Je suis sur que vous pouvez faire le même article avec LFI (si ce n’est un mélange de corruption et de clientélisme largement plus toxique, et un déclin systématique des collectivités que cette secte dirige).
LFI doit contrôler très peu de collectivités, encore moins que le RN. Même s’ils ont d’autres tares, ils ne pratiquent pas le népotisme.
*Militant RN has entered the chat*
*Militant RN has entered the chat*
O combien symptomatique remarque qui montre bien l’entre soi et l’aveuglement des belles âmes des beaux quartiers qui refusent de voir la réalité de ceux qui doivent affronter et vivre quotidiennement avec les conséquences du manque de courage de nos élus et dirigeants sur l’immigration hors contrôle !
Moi, en fait, ce que je leur reproche – surtout à Zemmour- c’est mis à part l’inexcusable aveuglement sur la Russie et l’Ukraine (anti-américanisme oblige !), une autre forme d’entre soi qui consiste à ne pas mettre en avant les premières victimes de cette immigration hors contrôle qu’ils dénoncent, à savoir la majorité silencieuse d’immigrés qui en ont marre de voir leur vie et leurs villes ou quartiers pourris par une minorité de racailles – et qui n’ont pas comme nos bobos les moyens de s’y soustraire en déménageant ou en mettant leurs enfants dans le privé !
[LFI doit contrôler très peu de collectivités, encore moins que le RN. Même s’ils ont d’autres tares, ils ne pratiquent pas le népotisme.]
Voilà une affirmation bien hâtive. Il ne m’a pas semblé que mon député, Gabriel Amard, doive son siège à autre chose qu’à ses relations familiales.
Une formulation plus correcte serait « Ils pratiquent un peu moins le népotisme ».
Vous avez une liste des maires LFI ? Je n’en connais pas beaucoup. L’élection législative n’a plus grand chose à voir avec l’existence, ou pas, d’un réseau important d’élus locaux.