La Cour des Comptes vient de rendre un rapport sur l’exécution du budget 2024. Le résultat est sans surprise, avec un déficit plus important que prévu, qui alourdit encore un peu plus une situation déjà très dégradée. L’absence de majorité, qui bloque toute action politique, a des conséquences délétères qui sont de mieux en mieux documentées. Il suffit de lire les rapports des experts.
La marge de manœuvre financière de la France se restreint dangereusement. L’analyse de la Cour des Comptes montre que les dépenses publiques de l’État sont de plus en plus rigides, du fait d’engagements sur lesquels il est difficile, voire impossible de revenir (pensions de retraites, intérêt de la dette, lois de programmation sur plusieurs années…). L’annonce de 40 milliards d’économies, de la part d’un gouvernement qui ne fait pas autre chose que gérer les affaires courantes (et encore…), relève du mensonge et donc de la faute politique. Même avec de la volonté politique et une majorité, il est de plus en plus difficile de réduire les dépenses de ce niveau, en un an ou deux. Si on ajoute les dérapages financiers des collectivités locales et de la sécurité sociale, sur lesquels le gouvernement n’a pas plus aucune prise, on va droit dans le mur.
L’expérience de l’exécution du budget 2024 montre aussi que si le gouvernement et les politiques laissent filer les dépenses, en ne prenant pas les mesures correctives, c’est encore pire. Le gouvernement aurait du, l’année dernière, faire voter une loi de finances rectificative en milieu d’année, pour procéder aux ajustements nécessaires. Refusant de le faire pour des raisons politiques, le gouvernement Attal s’est retrouvé avec des outils de pilotage inadaptés, avec des décrets d’annulations de crédits et des coupes aveugles, qui ont surtout désorganisé l’exécution budgétaire, mais n’ont pas généré d’économies. Le rapport est cruel, en signalant que les dépenses pilotables sont restées sur le même trend, et que les économies sont venues de « bonnes surprises », sur des dépenses non pilotables.
L’absence de décisions politiques claires amène toujours à des dérapages, car seules les baisses de dépenses sont bloquées. dès qu’il faut ouvrir les vannes, en distribuant de l’argent public, on trouve sans problème un consensus politique, chaque camp espérant encaisser le bénéfice politique (de court terme), en laissant les autres assumer les éventuelles conséquences négatives (de moyen ou long terme).
Cela veut donc dire que la politique du chien crevé au fil de l’eau, qui est celle de François Bayrou, ne va pas pouvoir durer bien longtemps. Du moins si on a encore le sens de l’intérêt général, et le souci de l’avenir du pays. Ne rien faire, ne rien décider, c’est laisser les choses suivre leur pente naturelle. En matière de finances publiques, ce serait désastreux pour la France. Politiquement, c’est également catastrophique, car c’est une véritable démission des élus, qui scient la branche sur laquelle ils sont assis.
Tout cela, je le dis depuis un certain temps. C’est de plus en plus visible et documenté, et pourtant, cela ne semble pas perturber la classe politique, qui continue à débattre à vide sur des PPL sans envergure, ou à jouer à la course de petits chevaux dans les manœuvres de congrès. Pendant ce temps, aucun travail de réflexion, d’écoute, de programme, dans un monde en reconfiguration accélérée.
A désespérer et faire désespérer de la démocratie libérale. Il ne faudra pas pleurer d’avoir Jordan et Marine au prochain coup, on fait absolument tout ce qu’il faut pour ça !
Une réponse sur « L’immobilisme n’est pas la solution »
[…] il faut bien que des choix politiques soient faits, car l’immobilisme n’est pas une solution. Depuis quelques temps, on constate que les élus se montrent durablement incapables de les faire. […]