Michel Barnier vient de dévoiler la liste de ses ministres. On est dans le très classique, avec un nombre important (38 personnes) des intitulés de ministères sans grande fantaisie, et surtout, une présence massive d’élus et de politiques (une seule « société civile », la dernière de la liste, Clara Chappaz, qui s’occupe du numérique).
L’équilibre politique est sans surprise, il s’agit bien d’un gouvernement de centre-droit, avec une seule « caution de gauche », Didier Migaud, dont on se demande ce qu’il vient faire là, et en particulier au ministère de la Justice. Pour le reste, c’est un savant mélange entre les différents courants de la coalition gouvernementale, dont le dosage a du donner lieu à de nombreux échanges. A noter, le grand retour des sénateurs, qui placent neuf d’entre dans le gouvernement. Cela fait longtemps que cela ne leur était pas arrivé, et laisse présager que le Sénat sera un élément important du dispositif de gouvernance de Michel Barnier.
Le Premier ministre a quand même pris soin de s’entourer, et de se donner les moyens d’exercer ses fonctions. Il a une ministre déléguée à la coordination de l’action du gouvernement, qui est une très proche. Ce portefeuille est une nouveauté, mais dont on voit bien l’utilité, et qui sera sans doute le « binome » politique de la SGG, chargée de veiller à ce que les arbitrages soient respectés, et éventuellement aller sonner les cloches de ceux qui prennent trop de libertés. Il a également rattaché le Budget directement à Matignon, signe que ça risque de chauffer sur les comptes publics.
Sur le choix des personnes, il ne me semble pas y avoir trop d’erreurs de casting. Un certain nombre de ministres ont une expérience de gestion (ministère, collectivité locales, administrations) et plusieurs connaissent bien le secteur où ils débarquent. On sent quand même parfois que l’étiquette et la proximité avec le chef de parti ont joué un grand rôle dans l’entrée au gouvernement. On est dans la norme habituelle du mélange de compétences, de profils très politiques, et de copinages.
Reste à voir comment l’attelage va fonctionner, et quelle sera la capacité de Michel Barnier à en tenir les rênes. Pour le moment, cela semble solide. Autant qu’un gouvernement « du monde d’avant ».
29 réponses sur « Le très classique gouvernement Barnier »
Un gouvernement solide… mais qui risque la censure presque à tout instant ! Tout le travail de gouvernement qui relève essentiellement du réglementaire et de l’administration devrait « rouler » – mais gouverner, passe aussi, quoiqu’on en dise, par le législatif (même si l’on réussit à s’abstenir de présenter des textes gadgets) et, là, cela risque tout de même d’être plus compliqué, entre une extrême droite qui attend « la prochaine fois », une gauche « en apesanteur » politiquement, institutionnellement et intellectuellement et un attelage dont on peine à comprendre la logique et la cohésion entre les deux.
La marge de manoeuvre de ce gouvernement n’est pas énorme, mais c’est le fait de la configuration politique générale, pas de sa composition. Ensuite, il faut voir quelle marge de manoeuvre le premier ministre se donne, en négociant ou en proposant habilement des projets de lois bien ficelés, sans gros angles d’attaque.
Certes, les circonstances politiques et la composition de l’AN n’aident pas, mais, en l’occurrence, la composition de ce gouvernement ne contribue pas à sa solidité politique – la compétence technique n’est pas très différente de celle que nous avons connue depuis 2017 et l’expérience politique est effectivement davantage “pré macronienne” que ce que nous avons connu depuis 7 ans (quoique, un ministre de l’économie et des finances de 33 ans, arrivé à l’IGF en 2019 et devenu député avant même la fin de ses 4 premières années… c’est léger comme expérience technique aussi bien que politique). 24h plus tard, la première impression peine à se dissiper et on s’interroge sur l’avenir de cet attelage inédit – mais peut-être que, sur sa personnalité, ce PM saura-t-il faire un miracle sur ce chemin de crête qui pourrait être une impasse…
La solidité politique intrinsèque de ce gouvernement ne pose pas de problèmes. Les LR ont tellement reçu, qu’ils ne partiront pas. Pareil pour la macronie, qui ralera un peu de temps à autres, mais qui se couchera au final. Le seul vrai problème est que ce gouvernement tombera quand le RN estimera qu’il est prêt à repartir aux urnes.
Pour ce qui est du casting de Macronie, il est vrai que Armand et Genetet, ça interroge. Mais c’est le propre de la Macronie que d’envoyer des amateurs. En même temps, ce sont des profils intéressants, notamment Armand qui est inspecteur des Finances, donc a priori pas complètement idiot.
Le RN s’est déjà exprimé sur ce sujet:
« La Constitution interdit, sauf peut-être nouvelle élection présidentielle, de dissoudre avant un an. Il reste donc dix mois, a-t-elle expliqué samedi 14 septembre lors du séminaire de rentrée parlementaire du RN à l’Assemblée nationale. Dans dix mois, il y aura, au printemps ou à l’automne, des nouvelles élections législatives. Je les appelle de mes vœux. » M. Le Pen
Un gouvernement avec une DLC, c’est une première.
Cela arrange bien le RN, qui a besoin de temps pour se refaire la cerise, et solder ses contentieux judiciaires.
Pas un mot sur le fait que ce gouvernement ne peut tenir que par le soutien du RN ?
L’union des droites a bien progressé dans les esprits.
« Centre-droit », sérieusement ?
Le billet porte sur la composition du gouvernement, pas sur les conditions de sa survie. De toute manière, le RN n’a pas trop le choix, ils ont besoin que ce gouvernement tienne au moins quelques mois. Le procès des assistants du RN s’ouvre la semaine prochaine, pour 2 mois, et pourrait déboucher sur des condamnations, dont Marine Le Pen. Et ils se sont rendus compte qu’ils ne sont au niveau pour mener à bien une élection législative. On ne peut pas dire que le RN soutienne ce gouvernement, dont les éléments les plus à droite sont Retailleau, Hetzel et Garnier. Il fait avec parce qu’il a besoin de temps pour préparer l’échéance prochaine. Le RN fera tomber ce gouvernement qui il sera prêt à retourner aux urnes, et pas du tout pour une question de décisions politiques prises par ce gouvernement.
Je ne vois pas la différence entre LR et FN, ou alors qu’on m’explique. Darmanin qui trouve Le Pen trop molle… Le centre droit n’existe plus en France ou alors c’est du déni.
La boutade de Darmanin sur Le Pen qui serait trop molle est…une boutade. Les LR sont beaucoup plus proches de Renaissance que du RN.
La réalité est que la pensée dominante s’est tellement déportée vers la gauche que ce qui était de centre-droit il y a encore une vingtaine d’années est désormais considéré d’extrême droite.
Non, la réalité est qu’aujourd’hui sur l’Islam se soi-disant centre droit mène une politique RN, mais sans les obstacles que rencontrerait le RN s’il la menait…
Il n’y a qu’à voir la « loi sur le separatisme »
Ah bon l’islam est interdit en France et l’état fait la chasse aux Musulmans ? La liberté religieuse en France a été abolie ? Par contre Il est clair qu’une partie de la gauche a renoncée à la laïcité… Malheureusement…
Bon ben pas très convaincant comme gouvernement d’union nationale M. Barnier rate la première marche.
Désormais voir comment le premier ministre et son armée mexicaine vont se dépatouiller avec le budget.
Vous avez oublié de citer les deux ministres de Bercy qui sont deux jeunes proches de Macron. Il garde encore le ministère le plus sensible sous sa main.
Le seul sujet sensible, c’est le Budget. Le ministre concerné, un macroniste pur jus, est sous la tutelle directe du PM. L’équilibre est assez bon.
Pour Migaud c’est un passage obligé pour aller au conseil constitutionnel
« Fait l’effort et on te flèchera »
Le bon vieux cursus honorum a la romaine
Je viens d’écouter Retailleau. Il va falloir que je m’y habitue: à chaque ministre de l’Intérieur je crois qu’on a touché le fond et chaque fois, celui qui le remplace s’évertue à creuser encore plus profondément.
C’est la fonction qui veut ça ! Certains aiment, et en rajoutent une couche 🙂
😀
Plus sérieusement, vous sous-entendez que la Police/Gendarmerie est irréformable ?
Charmante perspective.
Il est vrai qu’un ministre de l’intérieur qui promeut l’ordre et le le respect de la loi c’est assez troublant… 🙂
A Echirolles, un immeuble entier doit être évacué car le trafic de drogue fait courir un danger de mort imminent aux habitants. Encore une fois, un criminel sous OQTF a tué une jeune femme à peine sorti de prison.
Mais ce qui vous est insupportable, c’est un ministre de l’intérieur qui parle de rétablir l’ordre…
Apparemment Migaud souhaite être nommé au Conseil constitutionnel l’année prochaine et on lui a fait comprendre que la condition était d’entrer au gouvernement en attendant.
Même pas 72h de vie pour ce gouvernement que déjà il baisse la tête devant le RN, et pas que la tête d’ailleurs. Le Front Républicain est mort et enterré, c’est à la fois triste et risible que ce soit aussi rapide.
C’est la gauche qui, en annonçant le dépôt d’une motion de censure, a mis la survie du gouvernement dans les mains RN. Si vous n’êtes pas content, plaignez-vous auprès des jusqu’au-boutistes de votre camp!
Vous pouvez nous dire à quoi ressemble la vie dans le multivers ? Vous semblez vous plaire dans les réalités alternatives.
Mais la gauche propose t elle quelque chose de mieux que ce gouvernement actuel ? C’est a dire un gouvernement qui ne se fera pas censurer par une majorite ?
Bonjour,
En voulant répondre à une question, je n’ai pas été capable de dire pourquoi M. Macron a refusé de prendre Mme Castets comme premier ministre.
Je veux dire, je me doute qu’il n’en avait pas envie.
Mais quelle raisons ont été données ?
Parce que je suis agacé d’entendre la gauche dire qu’on lui a volé sa victoire mais, au final, je ne sais plus ce qui s’est passé.
Merci de vos indications / explications.
Bigben
Le président de la République n’a aucune contrainte dans son choix du Premier ministre. Il nomme qui il veut, sans avoir à se justifier. Après, il faut que ce premier ministre ne soit pas renversé par l’Assemblée. Macron a justifié son refus de nommé Castets, par le fait qu’elle serait immanquablement renversé par l’Assemblée.