Le cirque politique bat son plein en ce moment, avec une période de décantation, qui suit la sidération de dimanche soir. Par miracle, le RN s’est pris un bouillon électoral, mais les trois blocs se neutralisent, donc il va falloir soit s’entendre, soit rejouer le match dans un an. Pour l’instant, aucune option n’est encore tranchée.
Cette première semaine a été celle où la gauche tente de faire croire qu’elle a gagné. Elle a assuré l’essentiel du spectacle, avec les discussions entre LFI et le PS, pour le choix du futur Premier ministre. Au cinquième jour, ils en sont à peine à sortir de l’alternative Olivier Faure – Jean-Luc Mélenchon (ou un de ses pantins), pour proposer un nom improbable, celui d’Huguette Bello. Cette personne, certes tout à fait respectable, est avant tout un symbole politique, car j’ai quelque doute sur sa capacité technique à exercer les fonctions de Premier ministre (73 ans, jamais ministre), et surtout, d’aller chercher des voix un peu à la droite du PS.
Il ne faut pas se leurrer, le NFP, à lui seul, n’a que 200 voix, grand maximum, et n’est pas d’accord sur tout. Si le nouveau gouvernement veut tenir et gouverner, il doit s’appuyer sur deux des trois blocs, avec éventuellement l’abstention d’une partie d’un des deux blocs. Un gouvernement minoritaire NFP ne durerait sans doute pas bien longtemps, si d’aventure, Macron leur donnait les rênes (ce dont je doute).
La fin de la pièce va arriver vite, car au-delà du 18 juillet, Gabriel Attal ne pourra pas être à la fois président de groupe parlementaire et Premier ministre, même assurant la gestion des affaires courantes. Emmanuel Macron devra désigner (sans doute dans la semaine) un chef de gouvernement qui a vocation à rester au moins un an, jusqu’à ce qu’une dissolution soit possible. Vu l’état d’avancement des discussions, et l’absence de noms crédibles pour Matignon, on risque de se retrouver dans une impasse politique.
Mais tout peut aussi se dénouer en quelques jours, avec sans doute beaucoup de rebondissements dans les quelques jours qui viennent. Le moment de vérité aura lieu jeudi, avec l’élection du président de l’Assemblée, et la composition exacte des groupes parlementaires. On saura, qui du PS et de LFI est devant, on saura aussi si une alliance Macronie-LR a pu se nouer, et dépasser le NFP en nombre de sièges. A partir de là, on entrera dans le dur, avec le vrai rapport de force. Tout ce qui aura eu lieu avant n’est que du blabla pour occuper les médias, qui n’auront sans doute pas su grand chose des vrais négociations et tractations.
13 réponses sur « Une semaine de vaudeville politique »
Si j’ai bien fait les comptes, une alliance Macron – LR est toujours en minorité – même si devant NFP seul. Pourquoi pourrait il plus gouverner que NFP seul ? Une motion de censure serait votée par RN + NFP et il serait renversé aussi rapidement.
Je fais partie de ceux qui soutiennent une nouvelles constitution écrite par les citoyens et qui permette un jeu d’alliance plutôt qu’une prime au premier.
Et qui accessoirement retire aussi du pouvoir au Président/gouvernement pour éviter la catastrophe si RN arrive au pouvoir.
Pourquoi vouloir absolument réécrire le texte de la Constitution ? Celle de 1958 est très bien, c’est juste les pratiques politiques qui ne collent pas. Plutôt que changer le texte, pourquoi ne pas changer les pratiques et la manière de travailler ? C’est quand même plus simple.
Jusqu’en juillet 2025, on n’a pas d’autre choix que d’avoir un gouvernement minoritaire. C’est donc à la plus grosse minorité de gouverner, en cherchant des alliances là où c’est politiquement possible. La seule option, c’est un gouvernement Macron-LR, qui va chercher un soutien, plus ou moins tacite, au PS. C’est bancal, mais c’est la combinaison possible.
J’ai du mal à voir quel intérêt auraient les LR qui resistent depuis 7 ans à Macron, à vouloir jamais rejoindre les rangs d’un parti artificiellement haut en nombre de sièges du fait des désistements de NFP, mais qui est mort cerebralement. D’autant plus que la prochaine présidentielle est dans 3 ans.
L’assemblée restera bloquée pendant un an, faisant passer une crise politique en une crise institutionnelle, pas sûr qu’une nouvelle élection fasse bouger les lignes dans un an, la tripartition gauche/droite/extrême droite semblant partie pour durer.
Une nouvelle constitution , avec mode scrutin proportionnelle pour les députés permetteait d’avoir une repartition de sièges fidèle à la réalité et rendrait les choses plus claires.
Pas besoin de changer la constitution pour instaurer la proportionnelle. Une loi simple suffit.
Durant ces dernières années on a bien vu que le comportement du chef de l’Etat a posé plusieurs difficultés pour ne pas dire été à l’origine de plusieurs crises inutiles et préjudiciables au fonctionnement de la démocratie et du gouvernement, la question de son élection au suffrage universel direct pose question désormais.
Dans d’autres pays, comme le Portugal ou la Pologne, le président de la République est élu au suffrage universel, mais son rôle reste honorifique. Le sujet n’est donc pas le mode d’élection, mais le fait que le gouvernement procède de lui, et pas de l’Assemblée. Il suffirait simplement que le gouvernement, pour entrer en fonction, doive obtenir un vote de confiance de l’Assemblée.
Pour deux raisons :
– le risque d’un président RN au pouvoir qui pourrait casser une partie de nos libertés et fortement mettre en danger nos minorités
– le principe du ‘gagnant emporte tout’ fait qu’il est politiquement mauvais de faire un compromis : mieux vaut être dans l’opposition pour avoir des chances d’être le prochain.
Il faudrait donc supprimer les mécanismes qui desincitent au compromis : le Président elu au suffrage universelle direct comme chef de l’exécutif, le 49.3, et ajouter la proportionnelle. On pourrait aussi ‘legaliser’ ( au sens de donner une parti du pouvoir législatif) aux conventions citoyennes.
Il me semble qu’un régime plus parlementaire serait plus propice aux compromis.
Et changer uniquement la pratique en espérant que le RN ne passe pas en 2025 me semble dangereux.
Si avec la constitution de 58, les politiques peuvent se permettre certaines pratiques, c’est que cette constitution est mal écrite.
C’est une constitution qui est trop centrée sur l’exécutif, lequel soumet le législatif à sa volonté. La France est le seul pays d’Europe occidentale à avoir une telle constitution. Dans tous les autres, l’élection importante qui décide du gouvernement, ce sont celles qui correspondent à nos législatives.
Je ne parle pas des pays d’Europe de l’Est, qui ont encore des institutions hérités de la période soviétique qui peuvent parfois poser problème, comme c’était le cas en Pologne avec le précédent gouvernement, et comme c’est toujours le cas en Hongrie.
Il suffit juste d’obliger le gouvernement à avoir la confiance de l’Assemblée pour pouvoir entrer en fonction. C’est une réforme constitutionnelle a minima, mais qui changerait beaucoup de choses.
“La seule option, c’est un gouvernement Macron-LR, qui va chercher un soutien, plus ou moins tacite, au PS.” Je suis assez d’accord avec cela. Mais les LR y sont-ils prêts ? Wauquiez ne préfère-t-il pas rester dans l’opposition et laisser d’autres se salir les mains avec le bâton m…..x de Matignon ?
Bon en fait c’est le sujet des billets précédents…
@Authueil : La Constitution rend le vote de confiance optionnel, donc rien que pour faire procéder le gouvernement de l’Assemblée il faut a minima une réforme constitutionnelle. Mais oui, certains ajustements institutionnels peuvent passer par la loi : nouveau mode de scrutin pour les législatives, découplage et fin de l’inversion du calendrier électoral (d’ailleurs on pourrait constitutionnaliser le calendrier des législatives pour en faire des midterms), etc.
La dissolution a rendu caduque les considérations sur l’inversion du calendrier, puisque les prochaines élections législatives auront normalement lieu deux ans après l’élection présidentielle de 2027. Il y a donc désormais un découplage de fait entre élections présidentielles et législatives. Il est cependant probable que ce découplage soit transitoire et que le prochain président élu ou la prochaine présidente élue dissolve l’assemblée dès sa prise de fonction.