« La poutre travaille », comme le dit un ancien premier ministre, et en particulier chez LR. La recomposition de la droite prend une tournure plus aiguë à l’occasion des régionales, où dans plusieurs endroits, le RN semble en mesure de l’emporter. Il y a bien évidemment la région PACA, mais pas qu’elle.
L’opération de déstabilisation lancée en 2017 par Emmanuel Macron entre, de ce fait, dans une nouvelle phase. En prenant avec lui l’aile modérée de LR, le chef de l’Etat a déstabilisé son équilibre. Il a amoindri sa capacité à gagner, et donc à assurer l’accès au pouvoir à ses membres. Il ne faut jamais oublier qu’en politique, la solidité d’une structure ou d’un chef, c’est sa capacité à faire élire les siens, et à leur faire exercer le pouvoir. Si cette condition n’est plus remplie, ou si des doutes naissent, les remous ne tardent pas à arriver. Le but d’une personne qui se lance en politique, c’est d’obtenir des postes et du pouvoir, pas de témoigner depuis les bancs de l’opposition.
Cela fait maintenant presque dix ans que LR est dans l’opposition. Sur la centaine de députés LR, il n’y a que deux anciens ministres, Eric Woerth et Christian Jacob. Autant dire qu’un certain nombre d’entre eux ont faim, et voient le temps passer. En cas de nouvelle défaite, ils passeraient 15 ans l’opposition, pour certains, leurs « meilleures années ». Le risque est qu’une nouvelle génération arrive, et mette certains au rebut, sans qu’ils aient pu gouter aux délices du pouvoir. D’où une certaine nervosité, à l’approche de l’échéance électorale.
L’enjeu majeur, pour LR, est d’arriver à montrer que le chemin des postes et du pouvoir, à droite, passe par eux, et pas par le RN. C’est à peu près tout ce qui tient encore LR en vie, car comme tous les partis politiques en France, c’est juste un cartel d’élus ou d’aspirants à être élus, sans la moindre production d’idées neuves. Le danger ne vient plus d’Emmanuel Macron, dont le champ politique est à peu près borné, tant à gauche qu’à droite, sur sa base édifiée en 2017 et 2019. Il vient du RN, qui semble se rapprocher des portes du pouvoir. Le danger est d’autant plus fort que, l’aile modérée de LR étant partie en 2017, la différence idéologique entre certains LR et le RN est assez ténue, voire inexistante. La digue ne tient que par l’incapacité du RN à proposer des postes exécutifs et des positions de pouvoir.
Eric Ciotti a clairement mis les pieds dans le plat, sur Valeurs Actuelles : « ce qui nous différencie du RN, c’est notre capacité à gouverner ». Cela ressemble très fort à une offre de service à destination de Marine Le Pen, au cas où elle viendrait à gagnerait la présidentielle. Si le cas vient à se produire, il ne viendra pas seul dans la file d’attente. Une aubaine pour le RN, qui manque de cadres expérimentés pour exercer le pouvoir.
3 réponses sur « On se lance en politique pour exercer le pouvoir »
Ayant lu l’article de valeurs actuelles en question, il y a une question à laquelle j’aimerais bien une réponse : ce qui ferait que le RN est « en dehors des valeurs de la République » et pas la France Insoumise ou autres partis d’extrême gauche ou d’extrême droite?
Parce que ce mantra ne me paraît reposer sur rien de solide.
Et pourtant je pense que LR va gagner les élections de 2022 (ça ne me réjouis pas plus que ça, c’est juste la triste réalité). Hier j’ai vu en librairie un livre d’E. Philippe, c’est un indice qui ne trompe pas en politique et je viens de voir sur le site du Guardian qu’il veut se lancer. D’après l’article il va affronter Bertrand (sinistrose garantie) et Barnier (le grand méchant mou). Si les adhérents ont plus de deux neurones à eux tous (pas garanti) le choix est vite fait.
Et Philippe coche toutes les cases: à la fois expérimenté (il a ‘su’ partir au bon moment même s’il a été viré) et ne s’étant jamais présenté à de ‘hautes fonctions’ il peut faire figure d’homme nouveau. S’il est choisi, Il a toutes les chances de figurer en deuxième position derrière la gagnante du premier tour (sauf union de la gauche ce qui parait impossible ou au moins totalement irréaliste). Et donc de gagner le deuxième tour.
Edouard Philippe n’est plus LR