Après la calamiteuse présidence de François Hollande et les désastreuses élections de 2017, le Parti socialiste continue à s’enfoncer. Deux articles d’un grand journal du soir montrent l’étendue du désastre, avec une coupure quasi complète de ce parti avec les forces et causes qui animent la jeunesse de gauche. Et la sidérante prestation du premier secrétaire du PS, Olivier Faure, à la manifestation des syndicats de policiers, devant l’Assemblée nationale, le 19 mai 2021.
Cet évènement symbolise la perte de repères idéologique de ce parti. C’est « audacieux » pour un dirigeant d’un parti qui se dit de gauche, d’être présent à une manifestation organisée par des syndicats de police, dont l’orientation politique et la finesse de l’expression se rapproche dangereusement de l’extrême-droite. Mais si en plus, à cette occasion, il se couche devant leurs revendications en admettant qu’il y ait un « droit de regard » des policiers sur les décisions des magistrats, c’est le naufrage complet. Tous les rétropédalages n’effaceront pas le fait que sa présence était approuvée par les instances de son parti, et qu’il a bien prononcé des mots, qu’en général, on pèse au trébuchet avant de les dire, vu le contexte et la sensibilité du sujet.
Je suis sidéré, et atterré qu’un parti qui se veut de gouvernement, se couche ainsi devant des revendications aussi loin de ses positions idéologiques. Pour moi, le PS, c’est un parti proche de la ligue des Droits de l’Homme, de la Justice humaniste, qui est là autant pour aider le délinquant à revenir dans le droit chemin, que de le sanctionner. C’est un Parti qui est du coté de la liberté plus que de l’ordre, et défend farouchement l’indépendance des juges, une position incarnée par une personnalité comme Robert Badinter.
Le PS n’a rien à gagner, et tout à perdre à ce jeu. S’il veut retrouver une place à gauche, ce n’est certainement pas en coursant l’extrême droite qu’il va y arriver. Il est nécessaire que ce parti se lance dans une réflexion de fond sur son identité. Il n’a pas plus grand chose à perdre car le cycle des élections locales se clos fin juin, et le PS n’a rien à attendre de la présidentielle ni des législatives (avec 30 députés, il est arrivé très très bas, il peut espérer remonter).
Il existe un boulevard politique, pour un parti humaniste et réformiste, qui sache faire preuve de modération, de sens de l’écoute et qui soit dans la recherche de solutions plus que dans l’anathème ou le diagnostic de problèmes avec désignation de coupables.
Sur cette question des Libertés publiques et de la Justice, le PS a une vraie tradition. Il reste encore quelques vieux militants et parlementaires, qui peuvent donner des cours aux nouveaux. Ces valeurs ne sont absolument pas périmées et peuvent encore trouver de l’écho, à condition d’être assumées et incarnées avec conviction, en choisissant des mots et des causes qui parlent aux nouvelles générations.
C’est vraiment triste de voir un tel héritage, qui a encore de la valeur, être complètement gâché par l’électoralisme à courte vue. Cela donne l’impression que le PS n’a plus la moindre colonne vertébrale idéologique, et erre au gré de l’actualité et des potentiels coups de comm’. Si en plus, ce parti n’est même plus en mesure de proposer un candidat à la présidentielle, on se demande à quoi il sert. C’est juste un canard dont on a coupé la tête, qui continue à se déplacer de manière erratique.