Le système médiatique français s’enfonce de plus en plus dans le grand n’importe quoi. Les Français ont de moins en moins confiance dans les médias, et les chaînes dites « d’info » à savoir BFM, Cnews et LCI en portent une large part de responsabilité. En période de crise, à la fois économique et sanitaire, c’est particulièrement dangereux pour le pays.
Depuis bien longtemps déjà, ces chaînes ne font plus de l’information, mais du spectacle. Toute la journée, une même information est traitée en boucle, avec des grandes gueules, plus ou moins expertes du sujet, qui commentent en plateau. Y compris quand on est dans l’attente d’une annonce, et que les intervenants et présentateurs en sont réduits à commenter du vide.
Le drame est que trop souvent, ce sont ces chaînes qui construisent la hiérarchie de l’info, c’est à dire qu’elles imposent les sujets dont les autres médias (à commencer par les autres télévisions) vont traiter en priorité. Derrière, la presse écrite suit et c’est ainsi qu’elles sont le lieu où le débat public est posé. Un sujet qui n’est pas évoqué sur ces chaînes n’existe pas dans le débat. A l’inverse, une micro-polémique, si elle tourne en boucle, oblige les politiques à se positionner, et en fait un objet du débat démocratique
Un certains nombre d’extrémistes ont parfaitement compris que ce système a besoin de polémiques et de postures excessives et tranchées, et en profitent pour pousser leurs propres obsessions à l’agenda. Ils parasitent et biaisent ainsi le débat public et démocratique. C’est bien connu, la fausse monnaie chasse la bonne, et rapidement, l’agora politique se transforme en jeux du cirque.
Tout cela entraîne une crise de défiance majeure des français dans les médias. Les téléspectateurs ont une image négative de la qualité de ce qui leur est proposé, même si les audiences sont encore au rendez-vous. Derrière, c’est l’ensemble de la presse qui pâtit de cette image et c’est là un vrai danger. Les cassures sociales françaises sont déjà énormes, avec un fossé grandissant entre villes et campagnes, entre « élites » et classes populaires. Si en plus, les médias sont gangrénés, et que la confiance dans l’information données par les journalistes baisse, on creuse encore un peu plus les fossés.
Aujourd’hui, ce sujet de la qualité de l’information, et du rôle néfaste des chaînes d’information en continu doit devenir une question politique. Est-ce vraiment ce qui nous est proposé actuellement que nous voulons pour la France ?
Il n’est plus possible de faire l’économie d’une réflexion d’ensemble, sur les moyens de retrouver un débat public sain, et une bonne qualité d’information. Le temps n’est plus aux petits bricolages, mais à une refonte globale, qui doit utiliser tous les leviers, notamment et surtout le levier économique, car la base du problème est le modèle économique de ces chaînes.
Le débat qui doit s’ouvrir ne porte donc pas sur les moyens (cela viendra après), mais sur ce que l’on attend, en France, des médias audiovisuels d’information et de débat politique, et plus globalement, des médias, dans leur traitement de l’information. Le sujet, derrière, est la solidité de notre démocratie et la cohésion sociale du pays. Laisser les choses suivre leur pente actuelle, c’est se préparer une crise sociale et politique majeure !
5 réponses sur « Il faut en finir avec les chaînes d’info en continu »
Tout à fait d’accord avec vous, pour ma part j’ai toujours été contre le principe de la chaîne d’info « en continu » ; déjà à l’époque de la création de France Info (la radio) je trouvais que c’était problématique, et que ça créait une sorte de besoin d’être alimenté par des nouvelles, alors qu’il n’y a aucune utilité pour un citoyen à savoir un évènement à 17h45 plutôt que 18 h, heure pile où commence le journal sur la plupart des radios, et qu’on avait du radotage au lieu d’une plus grande finesse de l’information. Avec les télévisions c’est encore pire (et c’est pire à présent qu’au début, il me semble).
Personnellement, et comme beaucoup de ma génération (20-35 ans) je me suis totalement débranché du système médiatique…
Je suis indifférent à ce qui s’y dit, et considère que connaître les sujets qui y sont traités n’à aucun intérêt.
Mais par contre les chaînes d’info en continu ne sont que la partie émergée de l’iceberg…
Le problème c’est la qualité souvent déplorable de l’information donnée, aussi bien en qualité qu’en véracité…
« Laisser les choses suivre leur pente actuelle, c’est se préparer une crise sociale et politique majeure ! »
N’y sommes-nous pas déjà ???
Bon, je suis d’accord. Mais si on peut juste sauver le 20h de Darius Rochebin…
Est-ce qu’il ne faut pas plutôt un conseil de l’Ordre des journalistes? Cela permettrait peut être un statu autre que fiscal et éviterait les dérives.