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Les évêques creusent la tombe du christianisme

Les évêques américains sont en train de décider de ne pas donner la communion aux personnes qui soutiennent le droit à l’avortement. Personne n’est dupe, c’est Joe Biden, président catholique des États-Unis qui est directement visé.

Cela m’interroge qu’une religion, fondée sur le message « aimez-vous les uns les autres » en vienne à utiliser le chantage à l’accès au sacré, pour contraindre un homme politique à se plier aux positions morales prônées par l’institution religieuse. Un comportement malheureusement pas isolé, mais plutôt assez répandu, dans l’église catholique, mais aussi chez certaines obédiences protestantes (évangéliques notamment). Ces institutions se veulent des prescriptrices de ce qu’il faut penser, de la manière d’organiser sa vie, en utilisant toutes les formes de chantages, à commencer par l’exclusion de la communauté, pour faire plier ceux qui sortent du rang. En plus de trahir le message originel (Jésus a davantage fréquenté les gens « infréquentables » comme les prostituées ou les collecteurs d’impôts, que les puissants), ces institutions le rendent insupportable.

Comment s’étonner que la fréquentation des églises soit en chute libre, que la transmission de la culture religieuse soit en train de s’interrompre en Europe ? En se posant en autorités de pouvoir, qui veulent avant tout encadrer et normer les comportements, les institutions religieuses sont en train de tuer le christianisme. En France, c’est déjà largement fait, le catholicisme étant devenue une sous-culture minoritaire assumée, avec ses codes et son jargon que seuls les initiés peuvent comprendre. Pour beaucoup de français, l’utilité « sociale » du christianisme, pour les mariages et enterrements, est en train de disparaitre. Le clergé se rend bien compte que s’il perd ce rôle dans les « rites de passage », c’en est définitivement fini de sa place dans la société.

Le christianisme est en voie de disparition, car la manière dont il est expliqué et vécu est de plus en plus en déphasage complet avec la société. Ses symboles ne sont plus compris. Les positions morales sur lesquelles se crispent les autorités religieuses, et sur lesquelles elles « crament » leur temps de parole, ne sont plus partagées par l’immense majorité de la population. Le discrédit qui les frappent les rend inaudibles auprès de 80% de la population.

Résultat, quand on demande aux croyants de choisir entre s’aligner sur ce que proclame le clergé, ou partir, ils choisissent la deuxième solution. Depuis les années 60 en France, ce choix est massif, et irréversible. En plus de partir, les parents ne transmettent plus, et très rapidement, c’est tout un pan culturel qui disparait. Il n’y a qu’à écouter les débats sur les religions et la laïcité pour être frappé par le degré d’inculture sur le phénomène religieux, sur la connaissance des symboles, voire tout simplement de l’histoire et de la théologie. Le dialogue n’est même plus possible.

Dans tout cela, c’est l’intransigeance des institutions religieuses, et en premier lieu du catholicisme, qui porte la plus lourde responsabilité. Ils ont vidé les églises, et continuent à la faire, alors même que le point de non-retour est sans doute déjà dépassé.

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La bulle médiatique Zemmour

Depuis quelques temps, les médias, dans leurs rubriques politiques, sont rabattent les oreilles avec la pseudo-candidature d’Eric Zemmour à l’élection présidentielle. Chacun y va son couplet, avec des analyses parfois longues, alors que tout cela n’est que du vide et du flan !

Voir ainsi les journalistes politiques envisager sérieusement cette option, et gloser sur sa stratégie (qui est avant tout une opération de promotion personnelle) me fait pitié… pour la presse française.

Nous sommes à un an de la présidentielle, la campagne n’est pas encore lancée. On sort tout juste la tête de l’eau des restrictions sanitaires, on peut enfin se promener dans la rue sans masque, l’été et les vacances arrivent. On ne va certainement pas s’intéresser maintenant à la présidentielle. Il sera bien assez temps, à la rentrée de janvier 2022, de voir où on en est, qui est sur les rangs, avec quel programme.

Tout ce qui se passe avant n’est que de la préparation n’intéressant que le microcosme politique, dont font partie les journalistes politiques de la presse parisienne. Cela fait maintenant de longs mois qu’ils ne pensent plus qu’à cela, et analysent tout à travers ce prisme. Il n’y a guère que les rumeurs de remaniement du gouvernement (ou mieux, de changement de Premier ministre) qui peut les détourner, provisoirement, de cette obsession.

La candidature d’Eric Zemmour est sans avenir, et n’adviendra pas, c’est une évidence pour qui connait un peu le monde politique. Il n’est soutenu par aucun parti, n’a pas de programme, et ne doit sa notoriété qu’à ses outrances verbales dans les médias, qui lui ont valu plusieurs condamnations pénales. Tout cela ne fait pas une stature politique. En revanche, cela l’identifie clairement comme un rouage du système médiatique, qui se nourrit de polémiques et de personnalités caricaturales.

Croire que les français peuvent se laisser abuser par cette baudruche est une erreur d’analyse. Un sondage a été réalisé, pour tester son niveau électoral. Résultat : 5,5% soit un score ridicule, au regard du potentiel qui lui est prêté à l’extrême droite. Il ne prend quasiment rien à Marine Le Pen (testée à 28% dans ce sondage). C’est surtout chez Nicolas Dupont-Aignan et un peu chez LR qu’il fait recette (chez les téléspectateurs de CNnews). Il fait autant que Jadot et Hidalgo, ce qui montre qu’à gauche, personne n’arrive à émerger, et que ce segment politique ne s’est pas remis de son effondrement de 2017.

Zemmour est juste là comme la « vedette américaine » dans les spectacles d’autrefois, qui chauffe un peu le public et le fait patienter en attendant la vraie star. Un simple élément d’un spectacle que les français sont de plus en plus nombreux à rejeter.

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On se lance en politique pour exercer le pouvoir

« La poutre travaille », comme le dit un ancien premier ministre, et en particulier chez LR. La recomposition de la droite prend une tournure plus aiguë à l’occasion des régionales, où dans plusieurs endroits, le RN semble en mesure de l’emporter. Il y a bien évidemment la région PACA, mais pas qu’elle.

L’opération de déstabilisation lancée en 2017 par Emmanuel Macron entre, de ce fait, dans une nouvelle phase. En prenant avec lui l’aile modérée de LR, le chef de l’Etat a déstabilisé son équilibre. Il a amoindri sa capacité à gagner, et donc à assurer l’accès au pouvoir à ses membres. Il ne faut jamais oublier qu’en politique, la solidité d’une structure ou d’un chef, c’est sa capacité à faire élire les siens, et à leur faire exercer le pouvoir. Si cette condition n’est plus remplie, ou si des doutes naissent, les remous ne tardent pas à arriver. Le but d’une personne qui se lance en politique, c’est d’obtenir des postes et du pouvoir, pas de témoigner depuis les bancs de l’opposition.

Cela fait maintenant presque dix ans que LR est dans l’opposition. Sur la centaine de députés LR, il n’y a que deux anciens ministres, Eric Woerth et Christian Jacob. Autant dire qu’un certain nombre d’entre eux ont faim, et voient le temps passer. En cas de nouvelle défaite, ils passeraient 15 ans l’opposition, pour certains, leurs « meilleures années ». Le risque est qu’une nouvelle génération arrive, et mette certains au rebut, sans qu’ils aient pu gouter aux délices du pouvoir. D’où une certaine nervosité, à l’approche de l’échéance électorale.

L’enjeu majeur, pour LR, est d’arriver à montrer que le chemin des postes et du pouvoir, à droite, passe par eux, et pas par le RN. C’est à peu près tout ce qui tient encore LR en vie, car comme tous les partis politiques en France, c’est juste un cartel d’élus ou d’aspirants à être élus, sans la moindre production d’idées neuves. Le danger ne vient plus d’Emmanuel Macron, dont le champ politique est à peu près borné, tant à gauche qu’à droite, sur sa base édifiée en 2017 et 2019. Il vient du RN, qui semble se rapprocher des portes du pouvoir. Le danger est d’autant plus fort que, l’aile modérée de LR étant partie en 2017, la différence idéologique entre certains LR et le RN est assez ténue, voire inexistante. La digue ne tient que par l’incapacité du RN à proposer des postes exécutifs et des positions de pouvoir.

Eric Ciotti a clairement mis les pieds dans le plat, sur Valeurs Actuelles : « ce qui nous différencie du RN, c’est notre capacité à gouverner ». Cela ressemble très fort à une offre de service à destination de Marine Le Pen, au cas où elle viendrait à gagnerait la présidentielle. Si le cas vient à se produire, il ne viendra pas seul dans la file d’attente. Une aubaine pour le RN, qui manque de cadres expérimentés pour exercer le pouvoir.

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Le Parti socialiste est devenu un canard sans tête

Après la calamiteuse présidence de François Hollande et les désastreuses élections de 2017, le Parti socialiste continue à s’enfoncer. Deux articles d’un grand journal du soir montrent l’étendue du désastre, avec une coupure quasi complète de ce parti avec les forces et causes qui animent la jeunesse de gauche. Et la sidérante prestation du premier secrétaire du PS, Olivier Faure, à la manifestation des syndicats de policiers, devant l’Assemblée nationale, le 19 mai 2021.

Cet évènement symbolise la perte de repères idéologique de ce parti. C’est « audacieux » pour un dirigeant d’un parti qui se dit de gauche, d’être présent à une manifestation organisée par des syndicats de police, dont l’orientation politique et la finesse de l’expression se rapproche dangereusement de l’extrême-droite. Mais si en plus, à cette occasion, il se couche devant leurs revendications en admettant qu’il y ait un « droit de regard » des policiers sur les décisions des magistrats, c’est le naufrage complet. Tous les rétropédalages n’effaceront pas le fait que sa présence était approuvée par les instances de son parti, et qu’il a bien prononcé des mots, qu’en général, on pèse au trébuchet avant de les dire, vu le contexte et la sensibilité du sujet.

Je suis sidéré, et atterré qu’un parti qui se veut de gouvernement, se couche ainsi devant des revendications aussi loin de ses positions idéologiques. Pour moi, le PS, c’est un parti proche de la ligue des Droits de l’Homme, de la Justice humaniste, qui est là autant pour aider le délinquant à revenir dans le droit chemin, que de le sanctionner. C’est un Parti qui est du coté de la liberté plus que de l’ordre, et défend farouchement l’indépendance des juges, une position incarnée par une personnalité comme Robert Badinter.

Le PS n’a rien à gagner, et tout à perdre à ce jeu. S’il veut retrouver une place à gauche, ce n’est certainement pas en coursant l’extrême droite qu’il va y arriver. Il est nécessaire que ce parti se lance dans une réflexion de fond sur son identité. Il n’a pas plus grand chose à perdre car le cycle des élections locales se clos fin juin, et le PS n’a rien à attendre de la présidentielle ni des législatives (avec 30 députés, il est arrivé très très bas, il peut espérer remonter).

Il existe un boulevard politique, pour un parti humaniste et réformiste, qui sache faire preuve de modération, de sens de l’écoute et qui soit dans la recherche de solutions plus que dans l’anathème ou le diagnostic de problèmes avec désignation de coupables.

Sur cette question des Libertés publiques et de la Justice, le PS a une vraie tradition. Il reste encore quelques vieux militants et parlementaires, qui peuvent donner des cours aux nouveaux. Ces valeurs ne sont absolument pas périmées et peuvent encore trouver de l’écho, à condition d’être assumées et incarnées avec conviction, en choisissant des mots et des causes qui parlent aux nouvelles générations.

C’est vraiment triste de voir un tel héritage, qui a encore de la valeur, être complètement gâché par l’électoralisme à courte vue. Cela donne l’impression que le PS n’a plus la moindre colonne vertébrale idéologique, et erre au gré de l’actualité et des potentiels coups de comm’. Si en plus, ce parti n’est même plus en mesure de proposer un candidat à la présidentielle, on se demande à quoi il sert. C’est juste un canard dont on a coupé la tête, qui continue à se déplacer de manière erratique.

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Il faut casser les reins des « grands corps »

Pour une fois, je vais être ici en plein soutien d’une initiative d’Emmanuel Macron, à savoir la suppression des grands corps d’inspection, et du corps préfectoral.

Une décision qui suscite une levée de boucliers impressionnante, avec moult tribunes et protestations, y compris d’acteurs politiques et administratifs de très haut niveau. C’est bien la preuve que Macron vise juste, et qu’il y a un enjeu majeur. En fait, j’attendais cette réforme depuis le début de son quinquennat, et je craignais que sa main ne tremble à la mettre en œuvre, vu qu’il vient là.

Cette réforme est essentielle, capitale même, car changer les règles ne sert à rien, si on ne change pas les personnes chargées de les mettre en œuvre. Aérer la haute fonction publique est devenue une nécessité vitale pour la France, car le petit millier de personnes qui composent ces grands corps sont ceux qui dirigent réellement le pays. Les politiques décident, mais eux exécutent… ou pas. On est arrivé à tel degré d’entre-soi et d’homogénéité sociale et intellectuelle, que la seule solution est de dynamiter le système. Nous n’avons plus le temps d’attendre qu’une réforme soft mette 10 ans à produire des effets.

Les tenants de l’actuel système mettent en avant deux grands risques à cette réforme, celui de nommer de gens incompétents et/ou politisés. Comme dans toute réforme d’envergure, il y a des risques et des gains escomptés. Les conservateurs pointent en général les risques, en les présentant, non pas comme pas des risques donc potentiels, mais comme des faits inéluctables. Et ils occultent soigneusement les gains possibles.

Il est plus que temps de mettre fin à l’auto-contrôle des recrutements et des carrières dans la haute fonction publique par un petit noyau élitiste, qui est devenu, au fil des ans, une petite mafia, où on croise toujours les mêmes, qui cumulent les casquettes, font et défont les carrières. L’ancien secrétaire général du gouvernement, Marc Guillaume, est emblématique de ce noyau, qui sans jamais s’exposer au suffrage, tire les ficelles, et passe sans encombre les alternances, en mettant en avant une compétence technique indéniable.

Le deal proposé aux politiques était simple : la paix sociale et le bon fonctionnement de la machine administrative, en échange d’une large autonomie dans les recrutements, et donc dans le choix des personnes chargées de la mise en œuvre des décisions politiques. Avec un peu de souplesse vis-à-vis des urgences politiques du moment, les hauts-fonctionnaires imposent leur ligne sur le reste, et peuvent, par la force d’inertie, retarder, voire bloquer les décisions politiques qui le leur conviennent pas. Ils savent qu’il n’est pas nécessaire de s’opposer frontalement, il suffit d’attendre pour que les élus, ou les urgences politiques, changent. Ils ont pour eux la durée et la stabilité, des hommes et des orientations politiques.

C’est eux qui ont largement plongé la France dans le marasme où elle se trouve. Ils ont eu tout le temps de changer, d’évoluer, et ne l’ont pas fait. Donc la seule solution, c’est de casser le cœur du réacteur, en modifiant les règles de recrutement et de déroulement des carrières. Cette réforme des grands corps et de la scolarité à l’ENA vont permettre, je l’espère, de voir arriver aux postes de commandes de personnes qui n’ont pas été formatées par l’ENA, et qui n’attendent rien des parrains de la mafia de l’énarchie, car ils n’ont pas été nommés grâce à eux et surtout, ne dépendent pas d’eux pour le reste de leur carrière.

L’autre avantage de cette réforme va être de faire venir des talents différents, des gens qui ont débuté leur carrière ailleurs que dans les prep-ENA et autres classes prépa. Je suis pour la fluidité « public-privé » dans les fonctions de haut niveau. Bien des cadres du secteur privé ont toutes les compétences pour prendre des postes de préfet, ou même de directeur d’administration centrale. Certains seraient peut-être même meilleurs, ne serait-ce que pour le management, que ceux qui sont actuellement en poste. La question du risque « compétence » ne se pose pas véritablement. Le principal souci sera d’offrir une rémunération suffisante pour attirer les hauts profils du privé. Rémunération qui peut être financière (les niveaux de salaires ne sont pas les mêmes) ou symbolique (pour compenser la baisse de revenus engendrée par le passage dans le public).

La critique de la politisation est également à écarter. D’abord, ce n’est pas un mal en soi, à partir du moment où c’est dit et assumé. Pour le reste, il est toujours possible de mettre des barrières et des procédures pour limiter les dérapages. Un certain nombre de nominations à de hautes fonctions nécessitent une audition devant le Parlement. Il est tout à fait possible de trouver des mécanismes similaires, obligeant le pouvoir de nomination à publier les noms avant l’entrée en fonction, et de laisser un laps de temps pour les remarques et commentaires, avec éventuellement un filtre par une commission ad hoc, composée en partie d’élus de l’opposition. La critique est d’autant plus ridicule que cette politisation des hauts fonctionnaires existe déjà en partie. Il n’y a qu’à voir les déroulés de carrière, pour se rendre compte qu’un certains nombre de haut fonctionnaires alternent des postes à hautes responsabilité (voire en cabinet ministériel) et en inspection ou sur le terrain, en fonction de la couleur politique du gouvernement. Pour beaucoup, les opinions politiques (ou leur absence) sont connues des initiés. Autant que ça soit public et assumé, à la fois par le haut fonctionnaire, mais aussi par le politique qui nommé.

Une révolution du fonctionnement de la haute fonction publique à la française était indispensable, et passait nécessairement par un changement profond dans le déroulement des carrières. la réforme est lancée, je souhaite qu’elle aille au bout.

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Une démocratie illibérale à la Macron ?

La France se targue d’être une grande démocratie et la patrie des droits de l’homme. Une fable à laquelle croit de moins en moins de monde, tant les dérives politiques apparaissent au grand jour. Notre monarchie qui ne dit pas son nom, prend une partie de ses racines dans une culture politique qui remonte à l’Ancien Régime, mais trouve aussi ses soutiens dans une couche de la population bien précise, celle qui habite dans les métropoles, contrôles les leviers économiques, médiatiques, et donc politiques.

La coupure, la cassure même, qui traverse la France, est bien documentée. Une lecture récente présente une assez bonne synthèse (même si elle est un ton déploratif) de cette France à deux vitesses. Le schéma est désormais classique, entre cette France des métropoles, qui cumule tous les avantages matériels, est « multiculturelle » et la France dite « périphérique » qui voit sa situation économique et « culturelle » se dégrader continuellement. Pour schématiser, c’est la France qui vote Macron, contre celle qui vote Le Pen.

Contrairement aux discours, la pratique politique de la première peut, de moins en moins, être appelée « démocratique ». Si Emmanuel Macron a techniquement remporté les élections présidentielles, puis législatives, son assise politique reste fragile. Il a été élu avec à peine 25% des français, et n’a pas été franchement en mesure d’élargir sa base électorale depuis. D’où les claques prises aux élections intermédiaires. Sa légitimité politique est donc fragile.

Sa pratique politique est également problématique, car il a encore accentué le caractère monarchique du pouvoir, où la décision est prise par un homme seul, et de plus en plus isolé. La tendance était déjà présente avant, et a permis la présidence erratique de François Hollande. La différence est qu’Emmanuel Macron ne fait même plus semblant de consulter. Dès 2017, il a craché à la figure des corps intermédiaires, et réduit à peau de chagrin tous les espaces de délibération démocratique. Il n’y a qu’à voir ce qu’est devenue l’Assemblée nationale… Mais c’est la même chose partout : il n’y a quasiment plus d’espace politique, en France, où il y ait réellement des délibérations publiques décisionnelles, entre personnes ayant été explicitement mandatées pour cela (hormis le Sénat). Les institutions démocratiques françaises ne sont plus qu’un théâtre d’ombre. Les très beaux discours libéraux du candidat Macron ne se sont pas tant que cela retrouvés dans sa pratique du pouvoir !

Cela ne semble pas être un problème pour les électeurs d’Emmanuel Macron, qui continuent à lui être globalement fidèles. Cette catégorie est déjà aux manettes, et ayant ses propres relais au sein de l’appareil de pouvoir, voit ses intérêts très bien défendus. Depuis bien longtemps, le soutien (par la subvention publique) aux entreprises, l’a emporté sur les moyens donnés aux services publics et à l’exercice des fonctions régaliennes. La seule politique publique qui a réellement bien fonctionné, depuis un an en France, c’est le « quoi qu’il en coûte » lancé par Emmanuel Macron comme mot d’ordre de sa politique de soutien aux entreprises. Pour ce qui est du service public de la santé publique, ça marche comme ça peut, mais on ne peut pas dire que ça soit aussi efficace que le robinet d’argent public à destination des entreprises.

La crise n’a fait que révéler de manière criante un état de fait déjà ancien. Cela fait des années que les arbitrages budgétaires privilégient les allègements de charges pour les entreprises (qui profitent à la France des métropoles), plutôt que les crédits pour le fonctionnement des services publics (qui profitent à la France périphérique). La dématérialisation des procédures, réponse à la baisse des effectifs, est une évolution conçue pour les urbains qui disposent d’outils numériques performants, qu’ils maîtrisent. Et tant pis pour les ruraux, mal équipés et avec un réseau minable. Tout le reste des politiques publiques est largement à l’avenant.

Ces urbains ayant le contrôle du système, qui globalement, les sert bien, n’ont finalement pas grand intérêt à faire vivre la démocratie. Toutes ces procédures décisionnelles, reposant sur le nombre, sont plutôt un outil au service des oubliés du système, qui ont l’avantage d’être plus nombreux. Paradoxalement, c’est Marine Le Pen qui a le plus intérêt à promouvoir la démocratie, où les politiques publiques se décident réellement dans les urnes, après des débats ouverts à tous, et pas seulement à quelques insiders.

A l’inverse, Emmanuel Macron a tout intérêt à dévitaliser au maximum ces processus de décision démocratique. Et c’est ce qu’il fait. Pour compenser, car cela provoque des contestations parfois vigoureuses, il développe un mix entre répression subtile (y compris policière) pour faire taire les opposants, et organisation de consultations spectacles pour offrir un exutoire à cette parole de colère. A condition, toutefois, que cela se fasse dans le cadre des règles fixées par le pouvoir en place, et surtout, que cela s’arrête au seuil des institutions, et n’influence en rien la décision publique. De ce point de vue, la Convention citoyenne pour le Climat est une illustration caricaturale de cette dérive autoritaire, qui pourrait presque être qualifiée de « démocratie illibérale ».

En effet, dans certains pays qualifiés de « démocraties illibérales », nous avons un régime politique qui respecte la lettre des principes démocratiques, à savoir l’organisation à intervalles réguliers, de consultations électorales. Mais qui, dans le même temps, ne se gêne pas aller le plus loin possible dans la mise en place d’un mode de scrutin qui lui soit favorable, et ne se gêne pas non plus pour brider les contre-pouvoirs, comme les juges, ou encore les médias (en les faisant par exemple racheter par des intérêts amis). Si la France est encore loin derrière la Hongrie ou la Pologne, le chemin pris semble malheureusement un peu le même.

On entend beaucoup, à propos des diverses lois d’exception et d’état d’urgence, l’avertissement « Attention à ce que pourrait en faire une majorité qui ne serait pas aussi attachée aux Libertés et à la démocratie », en pensant plus ou moins explicitement à Marine Le Pen. On devrait surtout se demander si cela ne va pas se concrétiser par la lente, mais inexorable dérive, de l’actuelle majorité. Plus la colère des oubliés du système montera, plus la tentation de « mal utiliser » les lois d’exception, sera grande. Sans que l’on ne s’en soit rendus compte, le pli semble déjà pris…

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La claque des Sages au Bureau de l’Assemblée

Les députés ont adopté, le 1er mars dernier, une résolution modifiant le règlement de l’Assemblée, pour l’adapter aux circonstances de crise. Le Conseil constitutionnel, obligatoirement saisi, vient de rendre sa décision, et elle est cinglante : « non conformité totale » !

Le pire n’est pas la censure, mais les raisons de la censure. Les députés ayant choisi de faire dans le flou, en confiant le soin à la conférence des présidents de décider ce qu’elle estime être le plus judicieux, le conseil constitutionnel indique ne pas être en mesure d’exercer son contrôle car « ces adaptations ne sont ni limitées ni précisées par la résolution, qui se borne à prévoir qu’elles doivent respecter le principe du vote personnel et les exigences de clarté et de sincérité du débat parlementaire, lesquels s’imposent en tout état de cause ». En langage trivial, cela peut se résumer en « ni fait, ni à faire ».

Quand on lit les débats parlementaires en séance, à aucun moment, à part à la France insoumise, personne n’a rien vu venir. Les quelques critiques venant de l’opposition ne portaient pas sur le principe de la délégation de pouvoir à la conférence des présidents, mais au fait que la majorité pouvait décider seule, et qu’une décision à la majorité qualifiée (associant donc une partie de l’opposition) aurait été préférable.

On voit ici, une fois de plus, la perte de culture parlementaire et démocratique. Le règlement de l’Assemblée est fait pour fixer les procédures, de manière à protéger les droits de l’opposition, et empêcher la majorité de la faire taire, ou de limiter sa capacité à gêner l’action du gouvernement. Or, au fil du temps, on a perdu de vue cette conception « politique » de l’Assemblée, pour en faire une assemblée de rond-de-cuir, chargé de produire des textes législatifs, de préférence conforme aux attentes du gouvernement. Certes, de temps en temps, il faut laisser s’exprimer des discours discordants, mais à condition que cela ne fasse pas perdre trop de temps, ni ne retarde l’adoption des textes législatifs.

Le conseil constitutionnel rappelle également, avec une certaine brutalité, que l’Assemblée n’est pas une amicale des boulistes, où les règles de fonctionnement de discutent sur un coin de table, dans une commission composée de happy few (tout respectables soient-ils), et que les procédures parlementaires ne sont pas une « boite à outils ». L’Assemblée nationale est une Institution de la République, dont le bon fonctionnement politique est essentiel à l’équilibre de la démocratie. On ne peut donc pas se permettre de bricoler, et encore moins d’inscrire ce mode de fonctionnement bricolé dans le marbre du règlement.

Car dans les faits, c’est à cela que revenait la résolution adoptée par les députés : institutionnaliser ce qui a été pratiqué depuis mars 2020, comme par exemple empêcher des députés de participer aux débats, les empêcher de défendre leurs amendements. Même si, d’un point de vue sanitaire, on peut comprendre une volonté de limiter l’entassement des députés dans une grande pièce close et mal ventilée, d’un point de vue démocratique, tout cela est plus que limite. On a quand même, de fait, interdit à des députés de participer à des débats. Et on continue, en interdisant par exemple aux collaborateurs de députés, d’être présents, physiquement, plus d’une journée par semaine dans les locaux de l’Assemblée. Là encore, on limite la capacité d’action des députés (déjà qu’ils n’en ont pas beaucoup).

Même s’il n’y avait sans doute aucune arrière-pensée politique dans les décisions qui ont été prises, je reste un peu effaré que personne ou presque, n’ait exprimé son malaise sur l’institutionnalisation de ces mesures. En effet, il n’est pas dit qu’une autre majorité ne serait pas tentée d’instrumentaliser ce régime d’exception, pour autre chose que des raisons sanitaires. Il suffit parfois que le principal groupe de l’opposition y trouve son intérêt, pour que se monte une collusion avec la majorité, qui permette d’écraser les minoritaires, et faire ainsi taire des voix discordantes…

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Et si Marine gagnait ?

Les récents sondages (qui valent prise de température à l’instant T, pas résultat final) indiquent que la perspective d’une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle devient une possibilité. Certes, pas la plus probable, mais ce n’est plus une hypothèse d’école.

Une telle perspective doit être envisagée, et il faut s’y préparer, au cas où. Par chance, le scénario des premiers temps de la présidence Le Pen est assez prévisible, au regard des expériences passées, que sont l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, et la conquête des premières grandes villes par le FN, en 1995.

Une victoire, même sur le fil, de Marine Le Pen, lui permettrait sans doute, dans la foulée, d’avoir une majorité à l’Assemblée. Le coup de massue provoquera, plutôt qu’un sursaut, un découragement qui se traduira par de l’abstention, au milieu des déchirements de la gauche et du centre, chacun accusant l’autre d’être responsable de ce désastre. A droite, on aura, sans aucun doute, un certain nombre d’élus qui iront manger dans la main du RN, pour garder leur place. Ils se découvriront (pour certains assumeront) une proximité avec des positions du RN. Ce sera d’autant plus facile si Marine Le Pen, comme cela semble se dessiner, arrondit les angles et élimine les points les plus clivants et contestables de son programme.

Après cette déflagration, il y aura sans doute de nombreux remous médiatiques. Marine Le Pen va avoir besoin de marquer fortement la rupture, avec des décisions symboliquement lourdes. Le RN au pouvoir, dans les premiers temps, va se lâcher, avec des propositions baroques (je n’ose imaginer la liste de la première promotion de la légion d’honneur de la grande chancelière Marine Le Pen) et une chasse au sorcières, des stigmatisations et des dérapages verbaux en pagaille. C’est malheureux dans leur ADN. La Presse engagée de gauche va sans doute éructer au moins trois fois par jour (et je ne parle pas des réseaux sociaux…).

Viendra ensuite le temps des gaffes et des erreurs de gestion. Les premiers effets de l’absence totale d’exercice du pouvoir se feront rapidement sentir. Devenir chef de l’Etat, sans jamais avoir exercé la moindre responsabilité auparavant, c’est l’assurance de nombreuses gaffes et boulettes, en plus des décisions absurdes, prises sciemment, pour des raisons politiques. Un certain nombre de secteurs qui sont connus pour être frontalement opposés au RN, comme la Culture et l’Enseignement supérieur risquent d’en baver, par des coupures sèches de crédits, par pure méchanceté, mais avec des conséquences économiques bien réelles. Le secteur où j’ai le plus de craintes est celui de la politique étrangère, avec des risques de renversement d’alliance. L’Union européenne risque d’être complètement paralysée, car elle repose sur un moteur « franco-allemand » qui va s’arrêter net.

Le point qui sera capital, pour le pays, sera la capacité (ou pas) de la Justice à se poser en rempart contre les débordements et exactions. Cela se joue à deux niveaux, à savoir la capacité à prendre des décisions faisant respecter le droit, contre les décisions du gouvernement, et surtout, à les faire appliquer en contraignant le gouvernement à les respecter. Si cette digue cède, on peut tout craindre.

Le troisième temps sera celui de la reprise en main du gouvernail, par des acteurs déjà dans la place. La gauche, à son arrivée au pouvoir en 1981, a mis deux ans à capituler, prenant un virage économique à 180° en 1983, avec le « tournant de la rigueur ». Avec Marine Le Pen à l’Elysée, il ne faudra sans doute que quelques mois. Les « repreneurs » les plus probables sont un attelage entre milieux d’affaires (Vincent Bolloré s’y prépare déjà, mettant son groupe média au service de la droite radicale) et haut-fonctionnaires conservateurs, qui verront là un moyen de conserver leur pouvoir. Ils laisseront juste les attributs du pouvoir et quelques gadgets symboliques aux élus. Nous aurons donc un « retour à la normale » qui sera une politique ouvertement pro-business, à faire passer Emmanuel Macron pour un collectiviste. En échange de quelques susucres symboliques, « l’Etat profond » à la française reprendra sa place, avec les mains encore plus libres que sous Emmanuel Macron, les dirigeants politiques RN seront, à n’en pas douter, encore plus novices et incompétents que leurs prédécesseurs.

Loin de sortir la France de la crise, et lui faire changer de cap politique, l’élection de Marine Le Pen à la présidence de la République ne ferait qu’enfoncer davantage la France dans l’ornière où elle se trouve.

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LR est en état de décomposition avancé

Le parti de droite « Les Républicains » n’est plus que l’ombre de ce qu’a été l’UMP, et poursuit sa marginalisation politique. Cela en devient même pathétique, avec ce soutien quasi-unanime apporté à Nicolas Sarkozy, condamné à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption.

Cet épisode montre que ce parti n’a plus aucune boussole. Il en est à faire bloc autour d’un ancien leader, qui a été battu en 2012, et à nouveau en 2016, lors de la primaire. Il n’est donc pas en mesure de porter à nouveau les couleurs du parti aux élections, même sans la moindre casserole judiciaire. Autant je peux comprendre qu’un parti fasse bloc autour de son chef en exercice, autant c’est sidérant de gaspiller le peu de crédibilité qui leur reste à soutenir un « has been ».

Car cette opération a un coût politique important. Comment se présenter comme le parti de l’ordre et de la sévérité contre la délinquance, tout en criant haro sur la justice dès qu’un des siens est condamné ? Cela veut donc dire que toutes les gesticulations autour de la « tolérance zéro », c’est juste pour les autres, mais eux, doivent bénéficier de passe-droits. Un message désastreux dans la France de 2021 ! Le pire est que nombre de responsables LR semblent ne pas s’en rendre compte, un peu comme François Fillon, qui face aux critiques sur l’emploi fictif de son épouse, répondait, avec une sincérité effarante « mais où est le problème ? ».

Cela montre aussi à quel point le parti est idéologiquement au fond du trou. Normalement, en politique, ce qui compte, c’est le programme, les idées, les valeurs. Quand un membre du parti, aussi important soit-il, fait une sortie de route, on le sacrifie (ou on lui demande de se faire oublier un peu) pour ne pas plomber le collectif. Il n’y a tellement plus rien à préserver, dans le parti LR, que le collectif se retrouve entrainé dans la chute d’un homme, qui n’est plus le chef du parti.

Cela révèle en creux que LR n’a même plus de leader, et que Nicolas Sarkozy n’a pas été remplacé dans ce rôle. Il continue donc à « incarner » le parti et la tendance politique. L’actuel président, Christian Jacob, tout respectable qu’il soit, n’est guère plus qu’un gérant chargé de tenir une boutique, une sorte de régent qui gère les affaires courantes pendant la vacance du trône. Ce n’est pas avec cela qu’on peut arriver à reprendre le pouvoir.

Le pire, c’est qu’à la fin, Nicolas Sarkozy peut tout à fait décider, parce que c’est son intérêt et le seul moyen d’essayer de se sauver, de soutenir Emmanuel Macron à la prochaine présidentielle…

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Le problème de mal nommer les choses en politique

La ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, vient de provoquer un beau tollé, en demandant au CNRS de lancer une « enquête scientifique » sur « l’islamo-gauchisme » à l’Université. Il y a effectivement de quoi être perplexe devant cette demande qui mélange tout, et tient de l’amateurisme, qui est décidément la marque de fabrique de cette majorité.

Le CNRS a vivement réagi, expliquant notamment que l’Islamo-gauchisme n’est pas un concept scientifique, mais politique. La mission, telle qu’elle est lancée, n’a pas de sens, et cache mal un manque de courage et de structuration politique de la ministre.

Soit la mission est scientifique, et destinée à faire un état de lieux objectif, l’utilisation du terme « islamo-gauchiste » est une erreur, car c’est un concept militant, monté de toute pièce par l’officine politique baptisée « Printemps républicain » pour discréditer ses adversaires politiques. Soit c’est une offensive politique, contre un courant qualifié par ses adversaires « d’islamo-gauchiste » et dans ce cas, c’est l’inspection générale du ministère, et les organes disciplinaires des universités qui sont mandatés, et le gouvernement doit assumer qu’il entend mener une « purge ».

Le résultat est de provoquer une levée de boucliers dans le monde universitaire, et fait perdre à la ministre, le peu de crédit qui lui restait auprès des chercheurs et du monde universitaire. Non seulement elle montre qu’elle ne comprend rien à la politique, mais qu’en plus, elle est incapable de résister aux pressions des officines politiques, qui veulent mettre la pagaille dans son secteur. Après avoir été totalement inaudible sur la situation des étudiants et de l’enseignement supérieur pendant la crise sanitaire, voilà qu’elle achève de se discréditer, en se montrant incapable de protéger les enseignants-chercheurs des tentatives de déstabilisation politique.

La ministre s’enferre, et là ça devient grave, en affirmant vouloir faire la part des choses entre les « activités de recherche académiques et celles qui relèvent du militantisme et de l’opinion ». Elle montre ainsi qu’elle soit de très mauvaise foi, soit totalement incompétente. La recherche est par essence, une activité intellectuelle où on part de postulat, de construction intellectuelles préalables, pour tester si elles sont justes (ou pas). C’est vrai partout, mais particulièrement saillant en sciences humaines et sociales, car l’objet des recherches, c’est la manière de fonctionner de la société, les ressorts de l’humain. Nécessairement, les hypothèses de départ sont orientées politiquement. Cela a toujours été le cas, et ce qui compte, ce n’est pas la « politisation » des options de recherche, mais le pluralisme. Si chaque chercheur doit être parfaitement libre de ses hypothèses de recherche (tant sur le fond que sur la méthodologie), il est néfaste qu’une seule école de pensée prenne le pouvoir et impose ses vues.

La question de fond, qui pourrait justifier une mission mandatée par le ministère, c’est donc de savoir si un courant d’idées et de recherche précis a pris un ascendant tel dans l’université, qu’il étouffe ses concurrents donc le pluralisme de la recherche.

Pour cela, il faut commencer par bien identifier le courant de recherche concerné. Cela demande effectivement un travail méthodologique rigoureux, tant sur la définition du courant idéologique que sur la mesure de son emprise sur la Recherche. Si on voit, globalement, la direction visée (l’extrême gauche), le terme « islamo-gauchisme » est très mal choisi. Ce n’est en rien un courant de recherche identifié et surtout, à aucun moment, on ne voit où est le problème. Qu’il y ait des gauchistes dans les universités françaises, ça n’a rien de nouveau. En quoi cela serait-il devenu problématique ? Pour lancer une telle offensive, il faut quelques éléments objectifs, que visiblement, la ministre n’a pas.

L’imprécision des termes utilisés, qui révèle un manque de rigueur intellectuelle et de sens politique, ne peut que se retourner contre la ministre. Quand on ne sait pas ce qu’on vise, on ne risque pas d’atteindre la cible. En revanche, on risque de se prendre le retour du boomerang en pleine figure…