Gabriel Attal vient de faire sa déclaration de politique générale. Exercice un peu obligé, et pas très convainquant. Surtout, quand les caisses sont vides, et qu’il est donc compliqué de sortir le chéquier pour faire plaisir à tout le monde. On fait alors dans le symbolique et les annonces purement politiques.
C’est donc ce qu’a fait Gabriel Attal, se lançant à corps perdu dans une « débureaucratisation » qui n’est guère que de la suppression de normes à la hache et une désorganisation supplémentaire pour les fonctionnaires chargés de gérer ces sujets. Sur le moment, l’annonce peut faire spectaculaire, et donc satisfaire les destinataires (même s’ils auraient préféré un chèque). Sur le Logement ou les normes agricoles, ça va être particulièrement sale.
Sur le symbolique, Attal fait de la drague lourde à la droite et aux élus locaux. Je ne parle même pas du discours martial sur le régalien et de la réinvention des maisons de correction. Il y a aussi des choses plus subtiles et concrètes. Une annonce m’a particulièrement alerté, concernant le mode de calcul du taux de logement de sociaux d’une commune. En vertu de la loi SRU, toute commune qui n’a pas 25% de logements sociaux doit payer des amendes. Cela concerne beaucoup de communes riches (donc de droite). Elles préfèrent l’amende à la construction de logements sociaux, à la fois pour leur tranquillité, mais aussi du fait du manque (ou du prix) du foncier. En annonçant qu’une nouvelle catégorie de logement va être intégrée à l’assiette de calcul, cela pourrait mécaniquement remonter le taux de logements sociaux de certaines communes, et donc diminuer leurs pénalités. Une belle fleur, agrémentée d’une compensation pour les offices HLM, qui se voient gratifier d’une possibilité de financement (des prêts de la banque de territoires) pour acheter du foncier. Et cerise sur le gâteau, les maires auront la main pour la distribution des logements sociaux neufs, quand ils sont sur leur commune. De la drague lourde, on vous dit…
Dans le même temps, la commission nationale du débat public est priée de se recentrer sur les projets d’ampleur nationale. « Six mois de gagné » lance même Gabriel Attal à la tribune de l’Assemblée. Cela vous donne une idée de la boucherie environnementale que va être la « simplification » et le raccourcissement des délais, pour les projets de construction de logements ou d’usine. Amis écologistes mais aussi archéologues, préparez vos mouchoirs !
Au final, tout cela va finir en eau de boudin. Un certain nombre d’intentions politiques vont se heurter à deux gros obstacles : il n’y a plus d’argent, et le droit concerné est technique et complexe. Je me régale à l’avance de voir comment ils vont mettre en musique, juridiquement, les fameux « travaux d’intérêt éducatif », les nouveaux TIG pour mineurs de moins de 16 ans. Et s’il arrivent à passer tous les obstacles, concrètement, je ne vois pas qui s’en occupe. Surtout quand on en plus, on généralise le SNU.
Ce discours de politique générale ressemble à une fuite en avant, ou faute de moyens, on ressort les bonnes vieilles ficelles de l’ancien monde. Celle qui ont causé le discrédit de la classe politique à l’ancienne, et ouvert un boulevard à Emmanuel Macron en 2017. Le « Nouveau monde » est bel et bien terminé.