Les Echos viennent de publier un papier qui est une caricature de cette pseudo-analyse sociologique qui pollue tant les médias, en occupant de l’espace, au détriment des analyses de fond.
Il parle du « quiet quitting », cette tendance chez les jeunes salariés, à ne pas en faire trop, juste ce qui est écrit dans le contrat de travail, et ne surtout pas se crever à la tâche, en répondant aux mails à des heures indues, ou en faisant des heures supplémentaires non payées, sur ses jours de congé.
Ce qui est pour moi une saine attitude, semble passer, dans le papier, comme un quasi-scandale, au point de se demander si ce « quiet quitting » n’est pas une forme soft de la « grande démission », autre concept bullshit dont raffolent les médias. J’ai un peu l’impression de lire des articles commandés par les employeurs, pour tenter de culpabiliser les salariés de réclamer des changements à leur avantage.
Derrière tout cela, il y a surtout une évolution du rapport de force entre salariés et employeurs. Depuis plus de 30 ans, du fait du chômage de masse, le rapport de force était en faveur de l’employeur, qui pouvait imposer ses conditions (et ne s’en est pas privé). Depuis 2020, la situation se retourne, avec une pénurie de main d’oeuvre qualifiée, et des salariés qui sont en situation de force, les employeurs ayant du mal à recruter. Il n’y a aucune raison que les salariés ne profitent pas, eux aussi, pour imposer leurs conditions en termes de salaires, mais aussi de qualité de vie au travail, et d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Visiblement, tout le monde n’a pas perçu tous les effets de cette bascule sur les mentalités, et donc l’organisation des entreprises. Celles qui ne tenaient que grâce à un surinvestissement plus ou moins gratuit de leurs salariés, vont devoir se bouger, car il est de moins en moins possible d’obtenir ce niveau d’investissement par la contrainte, voire de l’obtenir tout court. Ce n’est pas juste quelques augmentations salariales et quelques gadgets sur le lieu de travail qui vont régler la situation. Et ce n’est pas les analyses à la mord-moi-le-noeud en mode développement personnel, à base de concepts fumeux, qui vont les aider à comprendre ce qui leur arrive, et comment évoluer.
4 réponses sur « La sociologie bullshit »
Qu’est-ce que la sociologie, discipline scientifique, a à voir avec ce papier ?
Pas plus que la physique a à voir avec l’envie d’envoyer les cons sur la Lune
La sociologie se donne pour but d’analyser la structure et le fonctionnement de la société. L’article du journal se situe sur le même terrain, mais avec un travail absolument pas scientifique, d’où le qualificatif de « sociologie bullshit ».
Les salariés feraient bien d’en profiter rapidement, tout porte à croire que l’embellie ne durera pas.
Il y a des raisons démographiques de fond, qui plaident en faveur d’un maintien de ce rapport de force. En revanche, ce ne sont pas nécessairement toutes les catégories de salariés, et toutes les professions, qui en profiteront de la même manière.