En ce début de législature, je me suis abonné à une liste twitter (oui, j’y jette encore un oeil) regroupant tous les députés de la nouvelle législature. C’est à la fois instructif et affligeant. On y voit comment chaque groupe se positionne, les sujets sur lesquels ils interviennent, ceux qu’ils évitent, le ton qu’ils prennent. On y voit aussi un goût prononcé pour les polémiques de bas étage, et la mauvaise foi, à un niveau, chez les « Nupes » qui m’atterre.
Un exemple, de ce jour, de polémique stérile et de mauvaise foi, qui radicalise la base militante à partir d’informations tronquées et d’analyses partisanes. Deux secrétaires d’État nouvellement nommées sont en co-tutelle entre deux ministres. Sarah El Hairy, chargée de la Jeunesse et du service national universel (cotutelle Éducation nationale et Armées), et Carole Grandjean, à l’enseignement et à la formation professionnelle (cotutelle Éducation nationale et Travail).
Ces cotutelles sont parfaitement en cohérence avec les périmètres ministériels. En effet, le service national relève des Armées, et la formation professionnelle du ministère du Travail. Cela va permettre à ces deux secrétaires d’État d’exercer la plénitude de leurs attributions, en ayant une légitimité à accéder aux administrations gérant les secteurs qu’elles couvrent, et qu’elles n’auraient pas sans ce rattachement aux deux ministères.
Et voilà que sur Twitter, on voit des parlementaires de gauche, hurler que le secrétariat d’État à la Jeunesse se retrouve dépendant du ministère des Armées, et que l’enseignement professionnel tombe dans le giron du ministère du Travail. Avec, bien entendu derrière, le chœur des indignations, qui prend pour argent comptant des affirmations de personnalités considérées comme « fiables » car élus de la Nation.
Les députés d’opposition (de gauche sur ce coup, mais je ne suis pas sur que ça soit mieux de l’autre bord) jouent avec le feu. En se positionnant ainsi aux frontières de la fake news (car certains savent très bien qu’ils lancent une polémique sur la base d’une présentation tronquée), ils contribuent à radicaliser le débat politique. Ils contribuent aussi à affaiblir la confiance que les citoyens peuvent placer en eux. Et donc, ils affaiblissent la démocratie représentative.
Au delà, cela pose aussi problème, sur le niveau auquel ces élus d’opposition placent le débat politique. Que l’opposition critique le gouvernement, c’est normal et sain, c’est son rôle. Mais à condition de le faire aussi sur le fond, sur les politiques publiques menées, sur le bilan de l’action du gouvernement. Malheureusement, c’est bien rarement le cas, et pourtant, il y aurait des choses à faire, à condition de bosser un peu (et c’est là que le bât blesse et que le tri se fait).
Le gouvernement vient de déposer sur le bureau de l’Assemblée le projet dit de règlement des comptes. Il s’agit de la présentation de l’exécution du budget de 2021. Il y a tous les chiffres sur la manière dont l’argent public a été effectivement dépensé en 2021. Autant vous dire que ces documents sont une mine d’or pour l’opposition, qui ne manquera pas d’y trouver bien des questions embarrassantes à poser au gouvernement.
On prend les paris qu’il y aura moins de tweets des députés d’opposition sur cette loi et son contenu, qu’il n’y en a eu pour critiquer les nominations de ministres ?