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La symbolique du Louvre

J’ai été frappé par le retentissement médiatique d’un simple cambriolage, celui dont a été victime le musée du Louvre. Des malfrats, visiblement des professionnels, se sont emparés de bijoux en cassant une fenêtre du premier étage, utilisant une nacelle pour y accéder, et repartant ensuite en scooter. Une action d’une grande banalité.

Pourtant, que de cirque médiatique, avec en prime, la surréaction (malheureusement trop habituelle) des politiques. En effet, même pas 24 heures après le cambriolage, voilà que le président de la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée veut lancer une commission d’enquête. On attend encore les propositions de loi, ça ne devrait pas tarder.

Cela interpelle, et fait remonter à la surface que certains lieux, liés à notre histoire, restent chargés de symboles. Le cambriolage du Louvre fait coup double, car il atteint le musée, qu’on se complait à qualifier de plus grand du monde (fierté nationale donc), l’ancien palais royal (même si l’aile en question date du second Empire), et les objets volets (les bijoux de la couronne) renvoyant à un imaginaire qui ne peut qu’émoustiller la partie droite du spectre politique.

On retrouve, en moins fort tout de même, l’émotion causée par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Mais autant j’ai été touché par cet incendie, autant ce cambriolage du Louvre me laisse indifférent. D’où mon incompréhension initiale devant le traitement médiatique. Il n’est absolument surprenant qu’il y ait des failles de sécurité dans un établissement public, vu comment les dotations sont rabotées au fil des ans. Exiger un niveau de sécurisation absolue des accès serait un gaspillage de moyens, au regard des calculs de risques. Il y a bien d’autres postes connexes, comme la sécurité incendie, qui sont bien plus prioritaires.

Cela pose derrière, la question du financement, car Le Louvre est une grosse machine à cash. Si même cette locomotive culturelle n’a pas les moyens d’assurer la sécurisation totale des collections, qu’est-ce que cela doit être dans d’autres établissements publics, qui eux aussi ont des trésors inestimables dans leur collections. Si cette affaire pouvait amener la lumières sur les injonctions contradictoires auxquelles font face les musées, le montant de leur dotation, en regard de ce qu’on leur demande, ça serait intéressant. Mais j’ai peur que cela tourne au procès médiatique, où les politiques clouent au pilori des administratifs, afin de mieux masquer leurs propres errements.

Cela peut aussi ouvrir une réflexion sur ce qui relève du symbolique unificateur et des « hauts lieux » autour desquels l’ensemble de la population se retrouve. Car il est possible que cette « émotion », si elle devient un peu excessive, ne fasse l’objet d’un retour de bâton. Même si les objets volés sont effectivement de grande valeur patrimoniale et financière, la symbolique qu’ils portent (la monarchie française) ne touche pas tout le monde de la même manière, surtout quand les régimes concernés sont la Monarchie de Juillet et le Second Empire.

Pour moi, porter atteinte au Louvre et aux bijoux de la couronne de l’impératrice Eugénie ne sont pas des « humiliations nationales » comme on a pu l’entendre, mais un banal cambriolage dans un musée. On peut juste espérer que les bijoux soient retrouvés avant que les pierres précieuses aient été retaillées, et remises sur le marché.

9 réponses sur « La symbolique du Louvre »

Décidément vous me surprenez et plutôt dans le bon sens : j’attendais un billet sur l’incarceration de Nicolas Sarkozy et les réactions qu’il suscite, et vous parlez du musée du Louvre.

Est-ce parce que cette incarcération, bien qu’étant une première, n’est que l’exercice normal de la Justice, parce que vous estimez le sujet peu intéressant, ou parce que vous pensez que votre avis n’apporterait que peu, ou encore par simple manque de temps?

En tout cas, vous m’intéressez toujours!

On ne peut pas tout faire. L’épisode de l’incarcération de Sarkozy est intéressante, en ce qu’elle révèle un esprit de clan et de secte à droite. Je ne pensais que Sarkozy conservait une telle aura. Pour le reste, c’est business as usual, et le soufflé va retomber.

Je pense que vous passez à côté de l’essentiel.

Indépendamment de la perte patrimoniale, la nouvelle du cambriolage du Louvre a fait le tour du monde et a contribué encore un peu plus à ridiculiser la France, dont l’image pâtit déjà à cause du pitoyable spectacle donné par mes politiques. J’ai moi même reçu un message un peu moqueur de la part d’un ami italien.

Car certes, la sécurité absolue n’existe pas, mais la facilité avec laquelle les voleurs ont pu agir est déconcertante. Déjà, quelle idée de garder ces bijoux dans une salle avec des fenêtres qui donnent sur la rue! S’ils avaient été au sous-sol ou dans une pièce aveugle, la tâche des cambrioleurs aurait été bien plus difficile.

Et l’incarcération de Sarkozy aujourd’hui (indépendamment du fait qu’elle soit justifiée ou pas) met un autre clou dans le cercueil de la réputation de la France…

Les sous-sols du Louvre sont occupés par les réserves et pas adaptés à la visite. Concilier un lieu historique comme le Louvre avec la sécurisation d’oeuvres inestimables est un pari quasi-impossible.
Qu’un ancien président puisse être un justiciable comme un autre est envié de part le monde, notamment aux États-Unis en ce moment.
C’est la réaction clanique d’une bande mafieuse et de médias pleureurs qui ridiculise la France, pas l’incarcération d’un ex-président complice de terroristes libyens qui ont assassiné 54 français dans l’attentat du DC-10 d’UTA.

Le fait qu’un ancien président soit condamné et aille en prison n’est pas très bon pour l’image de la France.
Par contre, nous sommes d’accord sur le fait que c’est de sa faute.

Au contraire, je pense que ça ne peut qu’améliorer l’image de la France, que de faire exécuter les peines, quelque soit le justiciable. Cela montre qu’il existe encore un Etat de droit chez nous.

« Les sous-sols du Louvre sont occupés par les réserves et pas adaptés à la visite »
Faux.
Il suffit de consulter le plan interactif du Louvre sur Internet pour voir qu’il y a des espaces d’exposition au -1 et au -2. Pas beaucoup, mais largement assez pour les bijoux.

Effectivement, comme vous le remarquez, il y a un décalage entre les réactions médiatiques et politiques et celles des gens, qui globalement s’en foutent (ce qui s’applique à bon nombre d’autres sujets, sans même parler de Sarkozy).
Les bijoux n’ont pas l’aura des peintures, et leur intérêt historique n’est pas franchement évident. C’est juste une relique de la richesse du second empire, qui n’est pas le régime le plus aimé des français (même s’il vient de faire un très curieux retour en grâce auprès des royalistes).

C’est un secret de Polichinelle que dans la plupart des musées de province ou les églises, il suffit juste de se servir dans les trésors du patrimoine français.
C’est juste impossible à sécuriser.
Que de tels objets de valeur au Louvre soient si faciles à voler pose un peu plus question.
Une des choses qui m’étonne toujours, c’est que dans une ville avec une présence policière aussi forte que Paris, avec un réseau de caméras aussi dense, on ait autant de cambriolages (notamment de bijouteries).
On finirait presque par croire que tout cela n’est que du cirque sécuritaire…

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