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On n’échappera pas à la taxe Zucman

C’est maintenant quasiment certain que Bayrou va tomber, et sera remplacé par un premier ministre issu du bloc central, dont la mission sera de dealer un accord de non-censure avec le PS sur les textes budgétaires.

Ce parti, qui n’a pas du tout intérêt à une dissolution, a par ailleurs sorti un contre-budget, qui fait office de base de négociation pour cet accord, qui doit être bouclé avant le 15 octobre, moment prévisible de déclenchement d’un 49.3 sur le PLF à l’Assemblée. Si le deal est conclu, la motion de censure ne sera pas adoptée, si le PS ne la vote pas.

Pour que cet accord puisse être conclu, il va falloir que le bloc central fasse des concessions réelles, et que le PS puisse avoir au moins une victoire symbolique importante. Parmi les demandes du PS, certaines sont irréalistes, ne serait-ce que techniquement, comme la suspension de la « réforme des retraites » (en langage clair, le relèvement de l’âge de départ). En revanche la création d’une nouvelle taxe sur les hauts patrimoine serait tout à fait possible, et coche toutes les cases, pour être le point central de la négociation.

La proposition, baptisée « taxe Zucman » est déjà sur la table, et est un objet politiquement et symboliquement identifié. Il y a déjà eu pas mal de communication dessus, elle est « incarnée » avec un économiste dont elle a pris le nom. Elle répond à une demande très forte à gauche de « taxer les riches » et obligerait Emmanuel Macron à manger son chapeau, lui qui a supprimé le symbolique ISF dès son arrivée en 2017.

Que cette taxe rapporte effectivement de l’argent est finalement très secondaire (et de fait, elle ne rapportera pas grand chose), ce qui compte est l’effet symbolique. Le budget 2026 qui s’annonce sera fait de renoncements, de coupes franches, et donc de larmes et de sang. Même le PS le reconnait, en prévoyant une vingtaine de milliards d’économies. Tout le monde va y passer, certains peuvent l’encaisser (les retraités aisés), d’autres moins. S’il n’y a pas un « moteur » à l’acceptation de sacrifices, à savoir que tous, y compris et surtout les « riches » passent aussi à la casserole, il y aura de très gros problèmes d’acceptabilité. Il est donc indispensable d’afficher quelques symboles, si on veut éviter de faire encore monter la température dans la cocotte sociale, déjà bien en surchauffe.

Tous les débats vont donc consister à mettre en scène cette décision qui s’impose, les uns en faisant croire que c’est grâce à eux, les autres en surjouant la déploration pour ne pas perdre le soutien électoral de cette catégorie. En temps « normal », avec de vrais politiques, qui savent jouer ces chorégraphies complexes et bien « raconter » un « narratif politique » crédible, ça passe crème. Malheureusement, la baisse du niveau fait que je ne suis pas certain que le boulot soit fait proprement, ni même que le deal soit conclu.

25 réponses sur « On n’échappera pas à la taxe Zucman »

La gauche va retrouver le discours de dénonciation du gouvernement des juges, quand le Conseil Constitutionnel va émasculer le bébé. Mais peut-être qu’il restera un bout suffisant pour calmer le PS, comme les 75% de Hollande. A la fin ça donnera peut être une taxe Zucman à 1%, hors bien professionnels, et avec un plafond sur une assiette de revenus différente du revenu fiscal…

Dès le départ, personne n’est dupe sur la capacité de rendement. Les mécanismes d’optimisation fiscale sont bien rôdés. L’enjeu étant le symbole, qui conditionne l’acceptabilité des autres aux sacrifices, bien réels, qu’ils vont subir, on ne prendra pas le risque d’une inconstitutionnalité sur les taux. Là où ça fera du rendement, c’est si on étend l’assiette aux simples « riches » et plus seulement aux « ultra-riches ».

Et allez, encore une couche sur la suppression ISF cadeau au riches.

Curieusement les gens oublient toujours de mettre en parallèle l IFI qui lui a succédé.

On est passé d environ 5 milliards a environ 2 milliards de recettes. Soit 3 milliards de moins.

A rapporter au déficits de près de 150/170 milliards chaque années depuis.

La taxe Zucman sera encore une usine à gaz, pleines d exemptions diverses et variées et qui tombera à côté de la plaque.

Le pire étant le coût societal de ce genre de gadget, tellement plus important que le côté symbolique de revenus.

Il y a décidément trop d économistes qui ne servent a rien dans l éducation nationale.

Un symbole oui. Un symbole qui sera suffisant pour faire partir ceux qui hésitent et pour donner une image catastrophique de la France à l’internationale. Bien joué. Ce pays crève de ses politiques…

Allez chiche, petite exit tax de 50% assortie d’une returning tax en cas de retour avant 15 ans et on se quitte bons amis.

Pourquoi ne pas aller au bout de votre idée : un grand mur avec des fil barbelés aux frontières.

Les murs avec les barbelés sont contraires aux accords de Schengen, au contraire de l’exit tax. La France reste un pays de Droit.

Partir, oui, mais où ? Le monde devient de plus en plus instable, et au final, c’est encore dans son pays natal (dont on a la nationalité) qu’on est le mieux. Ceux qui veulent partir n’iront pas plus loin que la Belgique ou la Suisse.

Rien que dans les pays voisins, il y a le choix. Et surtout, regardons où sont créées les boîtes par des français. Rien que les prix Nobel, combien travaillent en France ?

Je connais pleins de jeunes qui vont en Australie. Il y’a pas si longtemps la mode était au Canada. J’ai un gars qui fait des missions de merde pour créer sa boîte.. a dubai. Car je le cite « il ne veut pas se faire extorquer en france » je ne sais pas si c’est mieux ailleurs mais certains y croient.

Je ne comprends vraiment pas le principe concret de cette taxe, une fois qu’on dépasse la théorie de « faire payer les super riches qui optimisent l’impôts ». Sur ce principe il y a pourtant de quoi faire. Mais prélever une taxe sur le patrimoine net vraiment ça me dépasse. Un milliardaire, c’est essentiellement un actionnaire. On veut vraiment nationaliser LVMH ? Juste vendre les actions chaque année pour faire passer l’entreprise sous pavillon étranger ? Et puis comment faire payer 2% d’une valeur théorique ? La moyenne de la valeur de l’action sur l’année ? Au 31/12 ? Ou encore imposer les fondateurs de Mistral AI dont la boite ne gagne même pas d’argent ?

Avec grand plaisir pour trouver des mécanismes pour réduire les leviers d’optimisation fiscale, ajuster la flat tax, les exit tax, mais le concept même d’impôt sur le capital, vraiment, ça me dépasse.

La taxe foncière est pourtant aussi un impôt sur le capital, payée par une majorité des contribuables propriétaires de biens immobiliers ou de terres agricoles.
Il faut aussi connaître comment les titulaires d’importants revenus de capitaux mobiliers, des dividendes en l’occurrence, parviennent à s’exonérer d’impôt sur ce type de revenus en les logeant dans des holdings, des fondations, des structures par commandites dont ils ont le contrôle intégral et disposent alors des fonds selon leur envie en étant alors imposés que sur la partie des revenus retirés.
Sur la régulation des dispositifs d’optimisation fiscale gare à l’exil fiscal des grandes fortunes et à la fin du ruissellement.

Vous n’avez peut-être pas perçu l’ironie de la conclusion, j’en suis marri.

Pas la peine de faire vos valises tout de suite donc. La taxe Zucman finira certainement aux oubliettes. Tout ce cirque pour ça.

S’il suffit de nommer « Taxe Zucman » une contribution différentielle à 0,5% du capital, c’est pas perdu, et Bercy a l’air assez partant. Reste à trouver un taux et une assiette entre la constitutionnalité et le but de guerre du PS.

Je n’avais pas l’intention de fuir en Suisse si cela vous rassure 🙂 Quand au cirque cela fait 30 ans qu’il dure… et des deux côtés de l’échiquier politique… alors une peu plus ou un peu moins…

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