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Quand l’idéologie prend le pas sur le reste

L’actualité ne cesse de fournir des inquiétudes sur l’émiettement de nos institutions, voire de notre société démocratique. Parmi les piliers qui s’effondrent, figurent notamment les médias et les journalistes.

La presse d’opinion est une tradition (malheureusement) bien ancrée en France, avec des partis pris et des biais. Mais jusqu’ici, cela restait dans des proportions et surtout, des limites acceptables. Les remises en causes des institutions, et l’utilisation outrancière des moyens médiatiques pour défendre des intérêts économiques ou idéologiques restaient assez limités.

Ces derniers jours, des bornes sont en train d’être franchies.

Nous avons par exemple des journalistes, déjà connus pour leur déontologie à géométrie variable, qui prennent à partie des magistrats. Le tribunal administratif de Toulouse vient d’annuler le projet de construction de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. On peut penser ce que l’on veut du projet, ce n’est pas le sujet ici. Pour moi, le rôle des journalistes est d’expliquer les tenants et aboutissants de la décision, les réactions des différents protagonistes. A la place de cela, des journalistes s’en prennent ouvertement aux magistrats toulousains, pour contester leur légitimité à prendre une décision. Un ministre (du même bord politique) s’est livré récemment à ce jeu, contre les magistrats d’un autre tribunal administratif, avec comme résultat une vague de haine en ligne et des menaces de mort.

Ce qui est grave est que ces attaques visent à décrédibiliser une décision de justice, et à attaquer une institution officielle, parce qu’elle n’a pas rendu la décision qu’ils auraient souhaité. On passe au stade supérieur, qui n’est plus seulement de prendre parti dans un débat, mais on est carrément dans un travail de sape de la chose publique. Que cela vienne d’activistes politiques, c’est déjà choquant, mais venant de journalistes, c’est encore plus effarant. Le fait que ces journalistes-militants soient clairement de droite est une source d’inquiétude supplémentaire. Normalement, la contestation de l’autorité des institutions régaliennes, ce n’est pas dans L’ADN de ce camp politique. Et ce qui est drôle (si je puis dire) c’est que ces « journalistes » qui hurlent après le tribunal administratif de Toulouse, n’hésitent pas à dénoncer d’autres groupes politiques (du bord opposé, évidemment) parce qu’ils appellent à la désobéissance civile, alors qu’ils en sont les alliés objectifs.

Ce cas n’est malheureusement pas isolé, car de manière quasi concomitante, le groupe de presse de Vincent Bolloré s’est lancé dans une campagne de presse très violente contre l’Arcom, suite à la perte de la fréquence TNT de la chaîne C8. Outre des propos outranciers, visant à décrédibiliser la décision, assimilée à une atteinte à la liberté d’expression (qui peut croire à une telle escroquerie intellectuelle ?), des « journalistes » du JDD publient d’authentiques fausses nouvelles, et vont même jusqu’à pénétrer dans les locaux de l’Arcom, pour tenter de piéger et déstabiliser son président. On est dans les méthodes de barbouzes, d’un groupe industriel, qui utiliser ses médias pour chercher à faire plier une autorité publique, à cause d’une décision contraire à ses intérêts économiques.

On assiste en ce moment en France à une très dangereuse attaque contre la « res publica » avec des intérêts économiques et idéologiques qui se sentent tout permis pour arriver à leurs fins. Ils sont en cela soutenus par un segment politique, qui va de l’extrême-droite à une partie de la droite conservatrice, pour qui l’Etat de droit est finalement en option, juste quand ça les arrange. L’élection de Donald Trump semble en avoir désinhibé un certain nombre, qui se disent que le moment est venu de lancer l’offensive, et de prendre le pouvoir. Par n’importe quel moyen. En cela, ils rejoignent une extrême gauche qui est déjà sur ce chemin depuis un certain temps.

On se rapproche encore un peu plus d’une forme de guerre civile, car cela s’accompagne d’une polarisation croissante, où chacun va être sommé, à un moment ou un autre, de « choisir son camp ». Je ne serais pas surpris d’apprendre, un jour, qu’un fournisseur ou un sous-traitant d’un groupe industriel puisse être sanctionné, pour avoir pris position contre le « narratif » de défense des intérêts dudit groupe dans le débat public. La question n’est peut-être même plus de savoir si cela va arriver, mais quand.

L’idéologie est en train de prendre le pas sur les autres rationalités et même sur l’éthique, et c’est très inquiétant. Le « pilier démocratique » que représente la presse, est en train de s’effondrer, et de se mettre complètement au service d’intérêts idéologiques qui ne sont pas favorables à la démocratie libérale.

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Le Point vs Wikipédia, autopsie d’un loupé journalistique

Après avoir traité le sujet de fond, sur la neutralité de certains articles Wikipédia, je souhaite revenir sur la manière dont le Point a traité le sujet, qui est loin d’être exempte de reproches. Pas mal d’article de presse sont sortis, permettant de se faire une idée asse précise des faits. Celui du Monde et ceux de Next sont très biens, car avec un peu de recul et équilibrés.

Le coeur du problème, est la prise de contact du journaliste Erwan Seznec avec un contributeur, FredD, qui a été violente. Ce contributeur, sous pseudo, reçoit un mail et des appels sur son portable, d’un journaliste d’un média d’envergure nationale, lui indiquant qu’il va révéler sa véritable identité et prévenir son employeur de ses activités wikipédiennes, dans l’idée qu’il en subisse des conséquences professionnelles. Rien que là, il y a une faute grave du journaliste, une attitude inacceptable tant sur le plan humain que professionnel, qui nécessiterait, a minima, des excuses.

La défense produite par le journaliste, à savoir le respect du « contradictoire » ne tient pas vraiment dans notre affaire. Les règles déontologiques du journalisme imposent, quand on va mettre en cause une personne ou une institution, de les contacter avant pour connaitre leur position et leur permettre de se défendre. Une pratique très contestable, mais répandue du « contradictoire », consiste à boucler son enquête (qui peut durer plusieurs jours à plusieurs semaines) et d’attendre les dernières 24h pour contacter la personne concernée, alors que le papier est bouclé, prêt à être publié. On se doute bien que, quoi que la « victime » puisse dire, ça ne sert à rien, le verdict est déjà prononcé, on l’informe juste un peu avant que l’exécution aura lieu dans les prochaines 48h. C’est là un détournement complet de cette procédure de contradictoire, où il faudrait contacter les personnes concernées au moment où elles peuvent utilement faire entendre leurs positions et arguments. Pas à l’avant-veille de la publication, en leur laissant 24h pour réagir à une demande qu’ils n’ont souvent pas vu venir.

Le journaliste commet une autre faute, en se focalisant sur un contributeur précis. Pas de bol pour FredD, qui va prendre pour les autres, à cause d’une seule modification (contestable sur le fond, mais c’est un autre sujet). Son historique de contribution montre qu’il est bien plus sur la biodiversité marine et les mollusques, que sur les pages brulantes et controversées. Il y a un problème évident, sur Wikipédia, de pov-pushing et de neutralité, avec un certain nombre de contributeurs (j’ai quelques noms en tête) qui sont bien plus actifs et problématiques sur ces questions. Rien que sur l’historique de la page du Point, il y avait bien plus problématique que ce pauvre FredD.

De manière plus globale, dans leur relation à Wikipédia, la manière de faire du Point et d’Erwan Seznec interroge beaucoup. Je peux tout à fait comprendre qu’ils se positionnent dans un journalisme d’opinion, qui cherche à plaquer sur les faits une grille de lecture idéologique, afin de conforter les préjugés et nourrir les obsessions de leurs lecteurs. C’est malheureusement en train de devenir le modèle économique d’un nombre croissant de titres de presse en France. Ce n’est pas ce que j’attends d’un journal, mais la Presse est libre en France. Ce qui est plus gênant, c’est l’utilisation de la puissance de feu médiatique d’un journal pour la défense ses propres intérêts, dans le cadre d’un conflit où il est partie prenante. On entre dans le mélange des genres, le conflit d’intérêt à l’état presque pur. Un élu qui utiliserait les moyens dont il dispose dans le cadre de son mandat, pour régler des comptes personnels, serait immédiatement cloué au pilori. Il faudrait peut-être que le Point se penche sur ce sujet déontologique.

Sur l’attitude aussi, il y aurait des choses à dire. Je peux, là encore, entendre que les journalistes du Point, ressentent une forme d’injustice, voire de colère, à la lecture de la présentation qui est faite de leur journal sur Wikipédia. L’article, avant le 15 février (début de l’affaire) est mal équilibré, avec une proportion bien trop importante consacrée aux polémiques. La manière dont le positionnement bien à droite du journal est décrit, bien que reposant sur des sources solides, aurait pu être écrit un peu différemment. Bref, il y avait de quoi nourrir une discussion de fond, avec des arguments qui auraient pu convaincre un certain nombre de contributeurs qu’il fallait effectivement faire évoluer cet article. C’est d’ailleurs ce qui est fait depuis une semaine, comme quoi, c’est possible.

Pourquoi donc ne pas avoir cherché à comprendre comment fonctionne l’encyclopédie, et quelles sont les voies possibles pour arriver, paisiblement,à rééquilibrer l’article ? Il faut reconnaitre à Erwan Seznec d’avoir tenté. Il s’est créé un compte, il est venu discuter. Mais s’y prenant mal, parce que ne connaissant pas les us et coutumes, il s’est fait jeter. La communauté francophone n’aime pas qu’on la prenne de haut et l’agressivité ne paie jamais. Même si le bon accueil des nouveaux, reste perfectible, il y aura toujours, du coté des arrivants et des observateurs, un chemin à faire, qu’Erwan Seznec n’a même pas amorcé.

Sans forcément chercher à devenir lui-même un contributeur, le journaliste n’a pas cherché à creuser, pour savoir si ce qui lui est arrivé est « normal » ou exceptionnel, s’il n’existe pas des instances d’aide et de médiation, qui permettent d’avancer. Pourtant, tout cela existe, et fonctionne, tout est expliqué. A condition de trouver la documentation et de prendre le temps de la lire. Cela demande un effort, mais qui n’est pas hors de portée d’un journaliste un peu curieux et qui cherche, de bonne foi, à comprendre.

On se retrouve donc avec un vrai gâchis, car les contributeurs sont toujours heureux de pouvoir expliquer ce qu’ils font, comment fonctionne Wikipédia, autrement qu’en réponse à des attaques. La rédaction des articles est quelque chose de mouvant, sans cesse en discussion, et sur l’article du Point, en s’y prenant bien, il aurait été possible d’arriver à un résultat globalement satisfaisant, sans tout le drama généré depuis une semaine. Encore aurait-il fallu que cela soit le véritable objectif du Point…

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Wikipédia et la neutralité

Ces derniers jours, la Wikipédia francophone fait l’objet d’une nouvelle campagne de presse hostile, de la part du magazine Le Point, repris par la presse bien à droite, jamais en manque pour taper sur ce qu’ils considèrent comme un repaire de gauchistes.

A la base de la querelle, l’article sur Le Point dans Wikipédia. Certains journalistes (notamment Erwan Seznec) considèrent qu’il manque singulièrement de neutralité, et qu’il est entre les mains de militants, qui lui ont volontairement donné un biais négatif. Un nouvel avatar de la croisade « anti-woke » mais qui pose des questions intéressantes, malgré une manière de faire assez détestable de la part du Point.

Je vais me concentrer sur le fond du sujet, en laissant de coté les polémiques.

La question posée, à savoir le manque de neutralité de certains articles sensibles, est un réel problème, dont un nombre grandissant de contributeurs est conscient. Comme toute entreprise humaine, Wikipédia est imparfaite. Sur les articles en lien avec l’actualité politique, les biographies de personnalités ou d’entités clivantes, les concepts controversés, il y a des conflits éditoriaux qui peuvent être parfois violents. Il n’est absolument pas rare que des personnes (de bonne ou mauvaise foi, peu importe) arrivent avec une vision orientée, et entendent imposer leur point de vue sur la manière dont la fiche doit être rédigée. Dans le jargon wikipédien, on appelle cela du « Pov Pushing ». Quand c’est fait par des personnes extérieures, qui ne connaissent pas les us et coutumes de la communauté, c’est assez vite réglé. Les modifications sont annulées et la personne est mise à la porte. C’est autre chose quand le « Pov-pusher » est un contributeur aguerri, qui connait parfaitement les règles, et fait, par ailleurs du bon boulot sur l’encyclopédie.

Il faut bien reconnaitre que la communauté des contributeurs de la wikipédia francophone a eu beaucoup de mal, jusqu’ici, à traiter efficacement le problème. Nombre d’articles sensibles (Le Point est loin d’être le seul, ni le plus touché) ne sont pas au niveau, du point de vue neutralité. Nombre d’entre eux ont des sections « controverses et polémiques » longues comme le bras, occupant parfois plus de la moitié de l’article. Les sources sont parfois utilisées de manière sélective (on appelle cela du Cherry Picking dans le jargon) ou déformée, pour n’en retenir que ce que le pov-pusher veut leur faire dire. On a aussi fréquemment une reprise quasi immédiate des polémiques médiatiques, qui bien souvent sont aussi vite oubliées qu’elles ont surgi. Sauf que la page Wikipédia en garde la trace, et que c’est le premier résultat qui ressort dans Google.

Une certain nombre de personnes se plaignent du traitement qu’ils subissent, de la qualité très médiocre, voire quasi diffamatoire, de la page qui leur est consacrée. Parfois, la demande relève du ripolinage et du lissage, pour enlever des aspérités ou des informations désagréables, pourtant parfaitement sourcées et notoires. Mais parfois, elles n’ont pas complètement tort. La communauté de la Wikipédia francophone n’a sans doute pas assez pris conscience de sa responsabilité vis-à-vis des personnes concernées et de la nécessité de trouver un équilibre entre le droit à l’information d’un coté, le respect de la vie privée, et le droit à l’oubli de l’autre coté.

Le fonctionnement même de l’encyclopédie pousse à cette dérive. Tout le monde peut intervenir, et s’il y a désaccord, il faut discuter et trouver un consensus. C’est long et chronophage, et parfois, les débats s’enlisent et se terminent par abandon, celui qui a le plus de temps et d’habileté à faire trainer, l’emporte. Parfois, les débats sont rugueux, voire violents, et on ne trouve pas beaucoup de volontaires pour prendre des coups. Aller faire l’arbitre sur les pages liées au conflit israélo-palestinien est un sacerdoce, et il vaut mieux y aller avec le gilet pare-balle. Le problème est accentué par la taille, finalement assez réduite, de la communauté française, avec des débats qui peuvent se restreindre à une dizaine de personnes sur une page de discussion, et tourner en rond, sans que personne n’intervienne pour débloquer la situation, faute de règles claires.

Sur ce point, les choses bougent progressivement au sein de la communauté des contributeurs francophones. Une attention plus forte est portée à ce sujet de la neutralité, avec l’élaboration (encore embryonnaire) de recommandations et de lignes directrices pour interdire certaines pratiques, et donner ainsi des points d’appui à ceux qui luttent contre le pov-pushing. Cela fait très longtemps que je militais pour cette évolution, je suis heureux de voir que cela avance, même si on n’est pas au bout du chemin. Il continuera à y avoir des pov-pushers, qu’il faudra rappeler à l’ordre. Pour cela, il faut que des personnes s’engagent, contribuent, et y passent du temps.

Pour tous ceux qui regardent ça de l’extérieur, et se plaignent, sachez qu’il vous est possible de faire avancer les choses dans le bon sens. Taper depuis l’extérieur et faire des procès est assez contreproductif. Il vaut mieux dialoguer sur le fond, apporter des éléments tangibles, et argumenter. Même s’il est fortement déconseillé à une personne d’intervenir pour modifier la fiche le concernant, elle peut venir présenter sa position et ses arguments sur la page de discussion de l’article.

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L’irresponsabilité de la Gauche sur les plans sociaux

Le groupe écologiste de l’Assemblée nationale vient de faire demande de droit de tirage, pour une commission d’enquête intitulée « les défaillances des pouvoirs publics face à la multiplication des plans de licenciements. ». Cela m’a d’abord laissé pantois, puis m’a beaucoup énervé.

L’année 2025 va être difficile, avec effectivement beaucoup de plans sociaux en vue. Et quand on regarde un peu qui a une responsabilité dans la situation, elle est certes partagée, mais celle de la gauche française est très lourde.

Si l’économie française vacille en ce moment, elle le doit en partie à la situation politique incertaine que connait le pays depuis juin 2024. Certes, c’est Emmanuel Macron qui a appuyé sur le bouton, mais derrière, on a eu un sacré cirque avec le sketch Castets, le « rien que le programme, tout le programme », et cette affirmation, fausse mais répétée en boucle, que c’est la gauche qui aurait remporté les législatives. Si c’est la classe politique dans son ensemble qui n’ a pas été la hauteur pour chercher une sortie par le haut (qu’ils n’ont toujours pas trouvée), la gauche a largement tenu son rang !

Plus fondamentalement, la gauche française, encore largement imbibée de marxisme, passe son temps à cracher sur le secteur privé, sur les entrepreneurs et ceux qui gagnent de l’argent. Leur obsession, répétée à longueur de tribunes, est de spolier les fameux ultra-riches et d’affirmer crânement que reculer l’âge du départ en retraite, c’est « voler des années de vie ». Comme si gagner de l’argent était un péché dont on doit être puni, comme si le travail était un enfer, et que la « vraie vie » commencerait une fois en retraite. Cette même gauche qui promet d’augmenter le Smic et tous les aides aux ménages, d’abaisser l’âge de départ à la retraite, sans créer davantage de richesses, laissant croire que « taxer les ultra-riches » et les entreprises permettra de trouver plusieurs dizaines de milliards d’euros.

Le plus drôle est que cela vient des écologistes, qui assez systématiquement, font des choix politiques radicaux qui pénalisent systématiquement l’industrie et prônent plus ou moins ouvertement la décroissance. L’industrie pollue, et devrait donc disparaitre de notre pays, mais pas question d’accepter qu’elles procèdent à des plans sociaux. Il faudra m’expliquer cette contradiction. On peut très bien vouloir un pays sans pollution, sans risque de cancer, mais dans ce cas, on assume que c’est aussi un pays sans activité économique, où les aides publiques (la fameuse allocation universelle) sont les seuls revenus. C’est juste intenable.

Il y a une forme de haine de l’entreprise de la part d’une grande partie de la gauche, et voilà qu’une fois que leurs efforts portent leurs fruits, ils s’en vont chercher des responsables ailleurs que dans leurs rangs. Ce serait la faute des pouvoirs publics (sous-entendu du gouvernement macroniste). Mais eux, bien évidemment, sont des gentils, qui après avoir poussé des entreprises étrangères à partir ou à réduire la voilure en France, viennent pleurer au chevet des chômeurs qu’ils ont contribué à créer.

Un tel degré de mauvaise foi est la preuve d’une irresponsabilité qui devrait les faire écarter à tout prix de l’exercice du pouvoir.

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Le tournant géostratégique de 2025

L’arrivée au pouvoir de Donald Trump est un tournant pour l’Europe. Les attitudes et les discours (comme celui de J.D. Vance à Munich) sont sans équivoque. Un tournant majeur a eu lieu à Washington, qui va nous impacter très fortement et nous obliger à réagir.

Les dirigeants des États-Unis ont un profond mépris pour les démocraties libérales, et mettront tout en œuvre pour les faire basculer vers des régimes illibéraux, comme celui qu’ils mettent en place. Leur soutien à l’Afd en Allemagne, à Meloni en Italie ou à Orban, est explicite, et diplomatiquement peu correct. On est aux frontières de l’ingérence, et c’est parfaitement assumé. Derrière les questions géopolitiques, il y a une forme de croisade idéologique contre une forme politique née en Europe de l’Ouest, la démocratie libérale.

Le tournant est aussi celui de la brutalité. Trump et sa bande n’en n’ont rien à faire de la politesse, de la civilité et du respect des formes. Ce sont des brutes épaisses, qui ne comprennent que le rapport de force, et n’hésitent pas devant les intimidations. Tordre le bras d’un allié en l’humiliant au passage ne leur fait pas peur. Ce faisant, ils sont en train de détruire l’ordre mondial, qui repose sur le compromis et une recherche de l’apaisement des tensions. Sur la scène internationale, Trump est un collégien qui se comporte en caïd dans une cour de récréation de primaire.

Les européens savent déjà à quelle sauce Trump veut les manger. Pour leur défense, les européens ne pourront compter que sur eux, hors de question pour les États-Unis de continuer à garantir seuls la sécurité militaire du continent européen. Les européens sont donc priés d’augmenter très sensiblement leurs budgets militaires, tout en s’approvisionnant auprès du complexe militaro-industriel américain. Trump espère bien gagner sur les deux tableaux. Et en prime, il espère que les européens viennent lui baiser la babouche, en s’alignant sur ses positions idéologiques (« liberté d’expression, « wokisme »…)

Face à la Russie, il n’y aura pas de cadeau non plus. Les négociations ont commencé, facilités par une forme de proximité entre Trump et Poutine sur leurs conceptions de l’exercice du pouvoir et de la géopolitique. Trump ne fera pas de cadeau à Poutine, mais si les concessions se feront sur le dos des européens, cela ne l’empêchera absolument pas de dormir. A moins que les Européens viennent le supplier de ne pas le faire, et se couchent devant ses exigences. Un accord va probablement avoir lieu, où les USA peuvent lâcher l’Ukraine, voire même donner des marges à Poutine pour menacer l’Europe, en échange d’accords économiques où la Russie devra s’approvisionner aux États-Unis, et prendra ses distances avec la Chine (principal ennemi pour Trump).

Au niveau mondial, les États-Unis ont déjà commencé leur œuvre de déstabilisation, en quittant un certain nombre d’organisations multilatérales, en lançant des guerres commerciales et en coupant net l’aide internationale. Cela risque de fragiliser grandement un certain nombre de pays pauvres, et donc accroitre l’instabilité et donc le désordre mondial, avec un accroissement des migrations et une désorganisation du commerce mondial (pénuries de matières premières, difficultés logistiques).

Face à tout cela, l’Europe doit s’organiser pour tenter de faire front. Cela va demander d’importantes réorientations, dont nous n’avons pas les moyens. Financièrement, nous croulons sous les déficits et les dettes, et le seul moteur, l’économie allemande, est en panne. Politiquement, nous n’allons pas mieux. Le gouvernement est impuissant en France, va bientôt l’être en Allemagne, l’Italie est déjà chez Trump, et la légitimité de la Commission européenne (particulièrement de sa présidente) est faible.

La seule véritable capacité d’agir pour éviter cela est aux États-Unis. Mais il y a beaucoup d’inconnues. Quelle va être la capacité des opposants politiques de Trump à l’empêcher d’agir ? Quel poids du monde des affaires sur la politique de Trump ? Quelle solidité des contrepoids au sein des institutions, quand le Congrès et la Cour Suprême sont aux mains des Républicains et que Musk est en train de démanteler l’administration ?

L’année 2025 sera sans doute celle d’un tournant majeur, et nous y sommes bien mal préparés. Le risque est grand que nous ne soyons plus qu’un vassal, une colonie américaine, qui nous traite comme nous avons traité nos colonies africaines.

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Des élus démissionnaires de leurs responsabilités

La classe politique est devenue complètement hors sol, et ne semble ne plus avoir que la communication et les « signaux politiques » comme horizons, alors même la société est de plus en plus polarisée et brutale. En revanche, l’exercice concret du pouvoir ne semble plus du tout les intéresser.

Bruno Retailleau vient d’en donner un exemple éclatant (parmi de très nombreux) en se prenant un retour de bâton en pleine gueule, lors d’une matinale sur une radio.

Alors qu’il se plaignait d’un jugement de tribunal administratif qui a annulé un arrêté d’obligation de quitter le territoire (la fameuse OQTF, devenu un symbole politique) contre un étranger, un magistrat du Tribunal administratif qui a prononcé l’annulation, lui a répondu. C’est à voir ici, et c’est d’une cruauté absolument jubilatoire.

En résumé, le magistrat lui rappelle que le tribunal n’a fait qu’appliquer strictement une loi de 2024, qui avait été votée par le groupe LR du Sénat, alors présidé par un certain… Bruno Retailleau. Il ajoute que cette attaque politique, totalement injuste, a généré de fortes tensions, avec des insultes et des menaces de mort à l’encontre des magistrats ayant prononcé la décision.

Dans une société aussi tendue, le rôle des politiques, et tout particulièrement des membres du gouvernement, devrait être d’apaiser les tensions, de produire des décisions publiques cohérentes, et d’assumer leurs responsabilités de chefs de la machine administrative.

Rien de tout cela chez Bruno Retailleau, qui se croit encore dans l’opposition, et ne cherche qu’à jouer le coup d’après, au service exclusif de sa carrière personnelle. Malheureusement, c’est en train de devenir la majorité de l’espèce « homo politicus » en France aujourd’hui, avec une démission des élus de leurs responsabilités.

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Le conseil constitutionnel poursuit sa politisation

Si on en croit la presse, le choix des trois personnalités qui devront être nommées prochainement au conseil constitutionnel est fait. Et ce seront trois personnalités politiques, anciens parlementaires. C’est la poursuite d’une évolution pour l’institution, qui mérite qu’on s’y arrête.

Le Conseil est conçu, dès le départ, comme un régulateur politique, chargé du contentieux électoral, et d’un contrôle destiné à protéger le gouvernement, notamment face au Parlement. Si l’institution s’est progressivement émancipée, elle a gardé ses fonctions d’origine dans son ADN. Depuis 2010, et la mise en place de la QPC, l’activité s’est beaucoup enrichie, et s’est rapprochée du travail réalisé par les différentes cours constitutionnelles. Au point que, dans sa communication, Laurent Fabius insistait beaucoup là dessus. Le débat sur cette évolution est d’ores et déjà tranché, sans avoir vraiment eu lieu.

En effet, la vague de nominations qui arrive règle la question, avec à l’issue pas moins de 7 anciens parlementaires sur 9 membres. Les deux non politiques sont des magistrats. Autant dire qu’on est très loin des normes admises pour la composition d’une cour constitutionnelle, qui demande une grande majorité de juristes. Des vrais juristes, qui ont exercé en juridiction, pas des politiques qui ont fait des études de droit, il y a longtemps, et ont juste siégé dans une commission des Lois. Le regard sur les dossiers sera donc nécessairement politique. Ce n’est pas à l’âge où on entre au conseil constitutionnel qu’on change de point de vue. Pour ce qui est de la compétence, je ne me prononce pas, mais le doute est permis, au moins pour certains.

Cette vague pourrait aussi fragiliser l’autorité morale du conseil, qui est pourtant un atout majeur, quand on est un régulateur. Avec le départ de Laurent Fabius, il n’y aura plus aucun représentant de la gauche et les anciens élus du bloc central auront une large majorité. Un magnifique angle d’attaque pour tenter de discréditer les décisions, en mode « complotiste », en instillant le doute, sans le moindre élément concret. Et cela fonctionnera, malheureusement. En plus, la nomination de Richard Ferrand, considéré comme un très proche du chef de l’Etat, ne manquera pas d’être assimilée à du copinage, donc illégitime. Même si c’est la norme pour la nomination du président de l’institution (on pense à Debré ou Fabius), il n’est pas certain que ce qui passait il y a 15 ans, soit toujours acceptable aujourd’hui, dans un contexte politique beaucoup plus difficile.

Encore un indice d’une mauvaise santé de nos institutions démocratiques.