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Le décrochage de la vie politique

Ce deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron continue à m’intriguer, voire à me sidérer, avec une méthode déroutante. Des concertations sont mises en place en pagaille, avec notamment des CNR dont il n’est rien sorti de concret jusqu’ici. Quand, enfin, quelque chose de précis est publié, il est torpillé dans la demi-journée, comme ce rapport de Jean Pisani-Ferry sur la transition écologique, abattu en vol par Bruno Le Maire, qui refuse les deux principales solutions mises en avant.

Pendant ce temps, le « débat » politique et parlementaire se noie dans des petites polémiques de cour de récréation, à coup d’échange de tweets accusateurs. Toute le cirque autour de la PPL du groupe Liot visant à abroger la réforme des retraites est assez pathétique et symptomatique de ce qui arrive, quand un gouvernement passe en force sans en avoir vraiment les moyens. A l’absence de vision, s’ajoute l’enlisement politique, qui ne peut générer que de l’aigreur, de part et d’autre.

Quand, de temps à autre, des propositions un peu construites émergent, elles se retrouvent embourbées par l’absence de majorité absolue du gouvernement, qui préfère tout bloquer, plutôt que d’accepter de co-construire avec les oppositions. L’exemple du projet de loi Immigration en est un exemple, où le gouvernement et LR jouent au chat et à la souris, dans une succession de petits coups tactiques, où on se demande vraiment si l’envie d’aboutir à un compromis est vraiment là.

Toute la machinerie politique et parlementaire est en train de se consumer, dépensant beaucoup d’énergie, pour peu de résultats. Les députés sont cramés, il n’y a plus la moindre inspiration politique au gouvernement, où on ne fait plus qu’enquiller les projets technocratiques, en tenant de gérer au mieux (sans forcément y arriver).

Ce sentiment d’un enlisement mortifère me pèse, car plus ça va, moins j’ai envie de suivre la vie politique. Et c’est problématique, car je pense ne pas être le seul à décrocher progressivement, entre lassitude et écœurement. Cela est grave pour la vie publique, car ce détachement nuit à la crédibilité des institutions, affaiblit le contrôle citoyen, et finalement, laisse la voie ouverte aux troisièmes couteaux. Le seul point positif, c’est qu’on légifère moins, et que pour l’instant, ça ne semble pas gêner le fonctionnement du pays.

11 réponses sur « Le décrochage de la vie politique »

Et c’est dans cet enlisement mortifère que le gouvernement s’apprête à passer une loi pour pouvoir tuer légalement les vieux et les malades, au prétexte que quelques individus ont tellement peur de la mort et de se la donner qu’ils veulent déléguer cette tâche à d’autres.
Les soins palliatifs ne sont toujours pas la norme, les sociétés de médecine sont contre mais peu importe, il faut inventer un modèle à la française.
Des mensonges de l’ADMD aux mépris de la ministre Firmin Le Bodo en passant par une convention citoyenne manipulée, tout est pitoyable dans cette histoire. Et ne fait qu’ajouter au discrédit des politiques.

Je ne vois pas le problème, l’euthanasie ne regarde que la personne qui est concernée. On ne force personne, on n’oblige personne, on respecte une volonté.
Ceux qui sont contre le sont par pur dogmatisme égoïste vu qu’ils ne seront pas concernés.

Et vous avez visiblement une position très dogmatique sur la question…
Il est malheureusement assez facile de pousser une part non négligeable des personnes âgée à l’euthanasie, en les abandonnant alors qu’elles ont besoin d’aide.
Et cela peut se faire facilement au niveau général par des coupes radicales mais discrètes dans les dispositifs d’aide aux personnes dépendantes… l’euthanasie comme outil d’équilibre budgétaire a déjà été recommandé par Attalli dans un rapport. C’est donc pas du tout un problème purement personnel.

Par ailleurs, dire de ses opposants qu’ils sont « tous » et « forcément » des « dogmatiques égoïstes » (c’est-à-dire : dénué de toute forme de réflexion) revient à interdire le débat, ce qui est un aveu typique de ceux qui n’ont rien à dire sur le fond.

Enfin, « ne pas être concernés »? La vieillesse, l’isolement et la dépendance risquent de tous nous concerner, par définition, donc cet argument est profondément idiot.

Mais d’un autre côté, refuser l’euthanasie à des personnes irrémédiablement condamnées, alors que le palliatif n’apportera rien, sinon un allongement des souffrances (la souffrance n’est pas que physique, elle peut et est même très souvent morale, psychologique), est-ce cela faire preuve d’humanité ? Maladie de Charcot, certains cancers incurables avec des douleurs terribles, etc…

La loi Leonetti (pas sur de l’orthographe), ça va dans le bon sens, mais ce n’est qu’un pas et pas assez grand. Pour la fin, quand on ne peut plus rien faire, pouvons-nous sortir de l’hypocrisie de la sédation profonde en attendant que la nature fasse son oeuvre alors qu’avec la même sédation et le produit qu’il faut, c’est fini en 10 minutes, avec un résultat identique ? Vieux relent de religion trop bien ancré, tu ne tueras point ? Mon vétérinaire a plus d’humanité envers des animaux en souffrance qu’une partie du corps médical.

Le dogme, il est des 2 côtés, il n’est pas question de tuer tous les vieux ou d’encourager au suicide, ni d’un autre côté de laisser les gens mourir dans d’atroces souffrances, mais un trouver un juste milieu, peut être ? J’ai pas entendu dire que chez les Suisses, les belges et les hollandais ça soit le carnage…

Il serait heureux qu’on n’attende pas un carrnage avant de réagir, mais si vous voulez parlez des belges et des hollandais, vous pouvez déjà constater que toutes les limites initialement posées sont vouées à disparaître à plus ou moins court terme, que les contrôles ne sont appliqués que sur déclaration et a postériori. Et encore ces pays sont bordés de grands pays ne pratiquant aujourd’hui pas l’euthanasie, ce qui les oblige à une certaine retenue. Le Canada n’a pas (ou moins) ce problème, et découvre à grande vitesse que ça coûte beaucoup moins cher que de soigner. Déjà près de 5% des décès sont des euthanasies.

Le principe même des soins palliatifs est de soulager la douleur aussi bien physique que psychologique. D’ailleurs le sentiment d’être abandonné, inutile est un bon pourvoyeur de demandes d’euthanasie. Donc oui soulager ces douleurs c’est faire preuve d’humanité, c’est reconnaître que la personne a de la valeur à nos yeux, quelque soit son état. Vous parlez de la maladie de Charcot, avez-vous déjà lu le témoignage du rappeur Pone ? Quant aux douleurs physiques terribles, rares sont celles qui ne peuvent être soulagés.

Laisser la mort faire son œuvre et tuer quelqu’un sont deux choses qui n’ont rien à voir. Dans l’une c’est une fin normale, dans l’autre on transgresse un interdit et cela abîme notre société. L’interdit de tuer n’est pas propre aux religions, mais plutôt la base même de la vie en société. Le fait de tuer mécaniquement des animaux a un gros impact sur le moral des vétérinaires. Ce n’est pas la seule cause, mais cela contribue au fait que ce soit un des métiers où le nombre de suicides est le plus élevé.

À partir du moment où vous ouvrez une porte, cela ne cesse d’augmenter. Mais sur ce point je n’ai rien à ajouter aux propos d’Etienne.

Non on n’oblige personne… c’est pour cela qu’au Canada, on explique aux malades que leurs soins coûtent trop chers, mais qu’en revanche ils peuvent être euthanasiés.

Je suis assez optimiste sur le fait de ne pas faire passer l’euthanasie sur ce quinquennat : la dernière chose dont Macron a besoin, c’est de mettre en place un nouveau front social brûlant générateur de manifestations monstres, facon manif pour tous.
Tu retrouverais clairement la même base, avec une organisation bien rodée, mais en plus tous ceux qui comme Authueil étaient pour le mariage homosexuel/s’en moquaient mais sont contre l’euthanasie ou ont peur que ça ne leur arrive plus tard.
Face à ça, tu peux être certain que par tactique et/ou par conviction, LR s’opposera en majorité au texte, et je ne vois pas la NUPES s’allier avec le gouvernement pour faire passer le texte.

Donc pour moi aucune chance que ce soit tenté

J’aimerais partager votre optimisme, mais nombre de nos élus, en décalage total avec la vraie vie, sont persuadés que l’euthanasie est une avancée, une demande citoyenne. Donc sur ce sujet je vois bien des alliances inédites se faire. Rappelez-vous le vote à l’AN sur le sujet en 2021. 240 voix pour, 48 contre et 13 abstentions… je doute que les pour n’étaient que des macronistes…

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