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La petite lueur à gauche

Ce soir, dans l’Ariège, une socialiste dissidente a largement battu (60/40) une sortante LFI, dans une élection législative partielle. Certes, l’Ariège est un département rural très ancré à gauche (donc pas nécessairement représentatif de la France entière) mais ce résultat est un signal politique notable.

Il peut être interprété comme une prise de position des électeurs de centre-gauche contre la Nupes, et donc une validation de la ligne défendue par un certain nombre de socialistes (notamment de grands élus locaux, dont la présidente de la Région où se trouve l’Ariège). Le Parti socialiste est d’ailleurs coupé en deux depuis le dernier congrès, en janvier, avec une victoire très très courte de la ligne pro-Nupes, qui peut apparaitre désavouée par les électeurs ce soir. En politique, c’est toujours gênant d’être désavoué par ses électeurs.

Si cela se confirme, cela ouvre un nouvel espace politique à gauche, et offre de vraies perspectives à ceux, comme Bernard Cazeneuve, et quelques élus Liot, qui veulent structurer une social-démocratie autonome, qui ne soit pas inféodée à LFI. Bref, pour ressusciter le PSU. A terme, se posera la question d’une éventuelle alliance avec le bloc central (ça sera pour l’après-Macron, de toute manière) qui donnera une carte supplémentaire à ces sociaux-démocrates pour peser politiquement. Car il est évident qu’ils n’ont pas vocation à être des pivots d’une alliance, mais l’appoint qui fait la différence dans la grande lutte entre la gauche radicale, la droite radicale et le centre.

L’équation ne peut fonctionner que s’il existe des perspectives de se faire élire sous cette étiquette « sociale-démocrate non Nupes ». Jusqu’ici, c’était très hypothétique, et Cazeneuve n’avait réussit à rassembler que des has been du PS et des barons locaux, qui n’ont pas besoin d’étiquette pour conserver leur poste (en Bretagne par exemple). L’élection partielle de ce soir entre-ouvre cette perspective, et permettra peut-être d’attirer de nouvelles personnes sur ce segment. Des personnalités qui sont actuellement au PS, ou qui aimeraient s’engager à gauche, sans aller à la Nupes, ou dans un groupuscule sans avenir électoral, peuvent s’y investir.

Reste maintenant à confirmer, à consolider, à bâtir une offre politique digne de ce nom. Il reste encore l’essentiel du chemin, mais le premier pas est fait !

7 réponses sur « La petite lueur à gauche »

Sur les 4661 inscrits, il n’y a eu que 1233 votants.
Tant que nous n’aurons pas une sorte de règle qui permette d’éviter ces taux, je ne vois pas comment on pourra se satisfaire des élections.

Pour une élection partielle, ce n’est pas si mal. Et cela n’invalide pas la lecture politique qui peut être faite de cette élection.

Bonjour. J’avoue, j’ai bien rigolé en lisant votre article. C’est de l’optimisme total que rien ne justifie. Comme vous le résumez dans le dernier paragraphe, il n’y actuellement aucun programme, aucune ligne politique autre que « Non à la Nupes ». C’est franchement court. Pour rappel, le PSU que vous citez était un « laboratoire d’idées ». Là il n’y en a aucune. Au « mieux » (?) cela donnera une nouvelle scission au sein d’un PS qui n’est déjà plus guère qu’un groupuscule. D’autant que les résultats de l’Ariège n’ont pas de quoi enthousiasmer les foules. Il y a quand même 62% d’abstention, ce qui n’est pas rien. Et surtout sur les votants il y a quand même 10% de votes blancs ou nuls.

Quand à savoir si ce résultat indique un « renouveau socialiste » (sur quelles bases?) ou le simple fait que « le bruit et la fureur » de LFI commence à faire fuir certains électeurs, cela reste à déterminer.

Je rappellerai d’ailleurs aussi ici, la parenté PS/Renaissance. Ainsi les ordonnances Macron/Penicaud ne sont rien de plus que l’extension des lois Hollande/El Khormi. Tout comme la réforme actuelle des retraites est directement inspirée de la logique de classes (élimination des pauvres pour favoriser les riches) de la réforme Hollande/Touraine.

Les socialistes « anti-Nupes » sont-ils capables de proposer une politique qui ne soit pas du « Macronisme »? Personnellement je n’y crois pas. Il leur faudrait abandonner tout ce qui fait leur ADN depuis la « rigueur de Mitterrand ». C’est à dire qu’il leur faudrait retourner vers une vision d’une « société pour tous » et abandonner la « société gauche caviar ». Enfin on ne sait jamais. Si des fois un miracle arrivait. Qu’un Sauveur de la Gauche naisse. Et que l’Esprit Saint descende brusquement sur ce qui reste du PS.

Ce que je dis est très prospectif, et l’essentiel du chemin reste à faire. Et peut-être qu’il ne se fera jamais… Mais en tout cas, le premier pas est fait.

Je ne suis pas d’accord, dans la mesure où au premier tour c’est la candidate LFI qui est arrivée en tête, et que la participation est quasi identique entre le premier et le second tour. J’y vois plutôt une confirmation de l’aversion qu’inspire LFI, qui a très certainement poussé des électeurs de droite ou du centre à voter pour la candidate la plus modérée.

La socialiste dissidente a obtenu 8% de plus en 2023 qu’en 2022. Au second tour, elle l’emporte largement, signe que l’étiquette PS peut encore être utile pour se faire élire. Je n’ai aucun doute que cela est en partie dû à la radicalisation des insoumis, qui transforme l’étiquette LFI en repoussoir. Mais pas que.

Globalement, vous êtes en attente d’un Macron raisonnable…. qui a mis en faillite la social démocratie qu’elle vienne de gauche, ou qu’elle issue du centre.

Ceci-dit, le spectacle de Dussopt et Schippa devrait nous ouvrir à tous les yeux – tous deux très Cazeneuve compatibles.

Le bilan politique d’un Hollande et d’un Macron devrait nous éviter de rêver de cette voie de sortie là. C’est pas pour autant que l’on rêve d’une LFI au pouvoir….

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