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Le Pen et le Chaos

Depuis le soir du premier tour, et la qualification de Marine Le Pen, un certain nombre d’arguments sont avancés sur le « risque » de l’arrivée du RN au pouvoir. Certains dénoncent le fait qu’elle soit raciste et d’extrême-droite. Même si cela est vrai, le principal souci ne serait pas là, mais dans le chaos où elle plongerait la France.

Si effectivement, une victoire est possible, vu que Marine Le Pen est au deuxième tour, cette hypothèse n’est pas la plus probable. Quand bien même elle gagnerait, elle rencontrerait immédiatement des obstacles, qui l’amèneront, si elle arrive à conserver le pouvoir, à mettre beaucoup d’eau dans son vin, et à ne finalement appliquer qu’une part infime de son programme.

Le mandat d’Emmanuel Macron prend fin le 13 mai, avec un gouvernement Castex qui restera en place jusqu’à cette date. Donc entre le 24 avril et le 14 mai, Marine Le Pen n’aura aucun pouvoir pour mettre en œuvre son programme, juste celui de parler pour faire face aux énormes difficultés qui vont surgir dans les 24 heures et éventuellement s’enfoncer un peu plus.

On risque d’avoir des émeutes, provoquées par l’extrême gauche, accompagnées d’un certain nombre de dérapages venus d’une extrême-droite qui se croit enfin arrivée au pouvoir, donc libre de sa lâcher (bavures policières à prévoir). L’ambiance ne sera pas à la fête mais à la guerre civile. Tous les ingrédients d’une réaction en chaine sont en place !

Les marchés financiers vont réagir très brutalement, avec un effondrement de la notation de la dette française, mais également des cours à la bourse de Paris et de la cotation des entreprises françaises sur les bourses étrangères (sans parler de la fuite des capitaux). Du fait de notre dépendance forte aux marchés, pour financer notre déficit, cela va vite devenir intenable pour le fonctionnement du pays. Les attaques vont également porter sur l’euro, ce qui ne va pas plaire du tout à nos partenaires européens, qui vont multiplier les déclarations indiquant que la France de Marine Le Pen sera (au mieux) traitée comme la Hongrie si jamais elle dépasse d’un millimètre la ligne jaune. L’influence française à Bruxelles va disparaitre et plonger le fonctionnement de l’UE dans le chaos.

Si jamais le calme revient, et que les élections législatives peuvent se tenir aux dates prévues, il n’est pas dit que le RN les gagnent, une partie des électeurs de Marine Le Pen ayant eu une démonstration, grandeur nature et devant chez eux, des problèmes qui pourraient se poser. Et cela portera sur du très quotidien. Il suffit qu’il y ait des ruptures d’approvisionnement (alimentation, carburant…), des retards de paiement de pensions et de salaires et que leur vie quotidienne soit affectée, pour qu’ils soient moins sûrs de leur vote.

Si, malgré tout cela, Marine Le Pen arrive à avoir une majorité à l’Assemblée, ses marges de manœuvre seront très limitées. Elle sera sous la surveillance étroite des marchés financiers, de ses partenaires européens, avec une résistance plus ou moins sourde d’une partie de l’appareil d’Etat. Sans parler du verrou de la Justice, qui pourrait l’empêcher de prendre des mesures illégales et inconstitutionnelles. En cas de bras de fer, Marine Le Pen ne s’en sortira que par un coup d’Etat, qui détruirait la légitimité démocratique de sa victoire dans les urnes. Sans compter un climat social exécrable, l’extrême-gauche continuant à provoquer le désordre. On aurait un gouvernement composé de seconds couteaux et d’affairistes, encadrés par quelques ralliés de la haute fonction publique conservatrice, qui mènent une politique à la petite semaine, loin des grandes ambitions affichées.

Le vrai risque de l’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen n’est pas la mise en œuvre d’un programme xénophobe, mais que notre pays se disloque encore un peu plus, et ne devienne une Nation du Tiers-Monde, réaffirmant avec force une fierté et un rang qu’elle a encore moins les moyens de tenir.

10 réponses sur « Le Pen et le Chaos »

Bonjour,
j’ai l’impression de relire ce qui avait été écrit en 1981, quand Mitterrand c’était retrouvé au second tour. On y annonçait aussi la guerre civile, l’arrivée des chars rouges à Paris, etc. Et, en dehors de la nervosité des marchés financiers, rien de tout cela ne s’était déroulé.

Maintenant, effectivement, 2022 n’est pas 1981. Depuis la société c’est radicalisée. Le PS de l’époque n’était pas non plus le RN. Il avait un peu plus de respect pour les institutions et la démocratie.

Donc nous verrons bien, si elle est élue ce qui se passera réellement. Pour ma part je refuse de faire de la SF sur cette question. Sauf sur un point. Et si au contraire son élection était bénéfique pour notre Démocratie? Supposons que les élections législatives se passent normalement. Le RN a très peu de chance d’avoir la majorité à l’Assemblée. J’émets même des doutes quand à sa capacité à avoir un groupe parlementaire. Au vu des défections au sein de LREM, et du nombre de leurs députés ne se représentant pas, nous pourrions alors avoir une Assemblée sans qu’aucun parti n’ai de majorité absolue. Ce qui forcerait la création d’un gouvernement regroupant plusieurs tendances. Et par la même, l’Assemblée reprendrait son rôle dans notre Démocratie, et cesserait d’être cette chambre d’enregistrement qu’elle était jusqu’à présent.

La situation est différente, en 1981, la gauche comptait dans ses rangs des anciens ministres et de nombreux parlementaires aguerris, et n’avaient aucune intention de toucher aux institutions. La société était autrement plus solide. Ce que je crains, c’est une poursuite de la dislocation sociale, avec un verrou qui saute, celui de la légitimité des urnes. La gauche pourrait ne pas reconnaitre la légitimité du pouvoir du RN, et se considéré comme libéré d’un certain nombre de règles du jeu. On peut glisser encore un peu plus vers la guerre civile. Le pays est déjà un poudrière, on l’a vu avec les Gilets jaunes.

Que ce soit Macron ou Le Pen, la poursuite de la dislocation sociale est certaine. Avec la conditionnalité du RSA, et la retraite à 65 ans, Macron a en effet montré qu’il comptait continuer sur sa lancée. Ce qui créera encore plus de précarité et de ressentiment.

Quand à la légitimité des urnes, elles n’existe plus depuis longtemps. Et sur ce point les médias y sont pour beaucoup. Quand on voit qu’au lendemain d’élections, avant même que le Président ne soit en place, ils commencent déjà à publier des sondages « et si vous votiez aujourd’hui qui serait président? ». Cela instille l’idée que le résultat d’une élection n’est jamais légitime.

En fait, pour moi, en cas d’élection de Le Pen, le plus gros risque provient de l’extrême-gauche. Si, comme vous le craigniez, ils partent en manifs permanentes, là, il y a un risque que l’Assemblée vire RN « au nom du maintien de l’ordre et de la nécessité d’un pouvoir fort ». Et dans ce cas les institutions seront en danger.

Dans tous les cas, première réponse dimanche soir.

L’extrême gauche est déjà en manif permanente. Cela n’a pas arreté pendant 5 ans.

Sous la présidence Macron, nous avons bien eu une situation proche du chaos avec le long épisode « Gilets jaunes » et les violences qui en ont résulté de part et d’autre, sans parler de toutes les mesures autoritaires et liberticides prises pendant la crise du covid et décidées directement depuis l’Élysée… Alors rien ne dit que le pire est à venir…

Gilets jaunes orchestré en sous main pas ses opposants. 15 jours avant le début de l’opération des groupes distribuait des tracts aux principaux ronds points de mon agglomération. Les spontanées ne sont pas resté longtemps. Ce qui a duré, ce sont les factieux qui estimaient être le peuple et qui au final était une minorité. Quand aux mesures liberticides pendant le covid, j’en reste pantois. Rien n’aurait été fait, on aurait criée à l’assassin. C’est sur que si on avait du attendre qqchose de l’assemblée entre les pro et anti raoult, les pros et anti masques, les ro et anti vaccins, etc… On y serait encore…

Ceux qui se plaignent des mesures « liberticides » prises par Macron pendant la pandémie auraient dû essayer celles adoptées en Italie! Comme d’habitude, les français ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont!

A vous lire le plus gros risque pour la France n’est PAS l’élection de Marine Le Pen mais bien :
1/ le refus éventuel de l’extrême gauche d’accepter le résultat de l’élection
2/ la volonté des marchés de prendre le contrôle des gouvernements

Même si un candidat de l’extrême gauche était bien pire que Marine Le Pen je doute que vous puissiez écrire un tel article, ce qui montre bien que ce n’est pas la candidate le problème…

La situation serait différente avec Mélenchon. Il a quand même été ministre, sait ce que c’est l’exercice du pouvoir, et aurait des alliés « raisonnables » comme le PS et EELV, les trotskistes et autre fous furieux gauchistes resteraient à la porte. Coté Marine Le Pen, tous les fous furieux d’extrême droite seraient autour de la table, avec quelques supplétifs LR qui n’apporteraient finalement pas grand chose comme expérience du pouvoir (Ciotti n’a jamais été ministre). On aurait sans doute un petit moment d’inquiétude des marchés financiers, le temps de voir où le nouveau gouvernement voudrait vraiment en venir. Si jamais cela se confirme qu’ils veulent renverser la table, ça va faire mal (pour le gouvernement français) et ça reviendra à la normale, les réalistes de la coalition de gauche reprenant le contrôle.

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