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Penser les chocs externes

Nous vivons dans un monde de plus en plus inquiétant, avec le retour d’une instabilité forte, génératrice de chocs externes. Sur le temps long de l’histoire, c’est une situation plutôt normale, mais dans le temps court de notre occident post-seconde guerre mondiale, c’est un peu déstabilisant de penser que notre quotidien puisse être lourdement impacté par un évènement, imprévu, ou sur lequel nous n’avons aucune prise.

La pandémie de Covid a été un premier avertissement, sur la capacité perturbatrice d’un évènement à dérégler notre économie et notre vie sociale. Nous avons finalement pu encaisser le choc, notre résilience étant forte. Le problème pourrait devenir autre si les chocs venaient à s’enchainer, ou à frapper sur nos faiblesses, questionnant sérieusement nos capacités de résistance.

A ce jour, des menaces, pour l’instant non réalisées, peuvent survenir plus ou moins vite, et constituer de nouveaux chocs déstabilisants. Je pense notamment à la menace d’invasion militaire russe en Ukraine, dont les conséquences peuvent être délicates à gérer. Nous sommes en plein hiver, et si le gouvernement russe décide de couper les approvisionnements en gaz de l’Europe, nous serions face à une sérieuse crise énergétique. Dans le même ordre d’idée, si la tension continue à monter entre la Chine et Taïwan, au point d’interrompre le commerce international dans cette zone, nous pourrions connaitre une pénurie critique de semi conducteurs (l’usine située à Taïwan fournit une part substantielle de la production mondiale). Le choc peut aussi être climatique, un tsunami dévastant cette usine produirait les mêmes effets.

Nos sociétés occidentales devraient davantage intégrer ces aléas, qui vont se multiplier avec le dérèglement climatique, dans leur réflexion autour de leur organisation. Y compris sur le quotidien. Le premier confinement a été un révélateur que, du jour au lendemain, on peut se retrouver bloqué chez soi. Si demain, ou la semaine prochaine, nous nous retrouvions avec un black-out énergétique, avec de l’électricité seulement 12 heures par jour, et/ou plus de gaz ?

Le problème est que si notre société est encore solide, elle m’apparait moins résiliente qu’on ne pourrait le penser. On commence seulement à voir les conséquences psychologiques et les séquelles, de long terme, des confinements et restrictions sociales. Nous avons réussi à passer ce cap, économiquement, au prix d’un endettement qui nous met à la merci d’une remontée des taux d’intérêts qui pointe le bout de son nez.

Il faut absolument que la réflexion publique, politique et au-delà, retrouve un regard prospectif, avec l’élaboration de scénarios permettant de dérouler les conséquences (économiques, sociales, politiques…) d’un choc externe. Je pressens que nous entrons dans une période où les décisions politiques se feront beaucoup plus en fonction des réponses à apporter à des chocs, qu’en fonction de projets de société construits sur des souhaits ou des désirs de la population.

Il faut se garder de penser que nous serons toujours résilients. Beaucoup de sociétés qui se pensaient solides (et l’étaient) se sont effondrées du fait d’un choc externe auquel elles n’ont pas su répondre.

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Orpea, révélateur de nos choix de société

Une entreprise gérant des maisons de retraite, Orpéa, est dans la tourmente à la suite du livre d’un journaliste, dénonçant la manière indigne dont son traités les personnes âgées résidant dans les établissements de ce groupe. Les révélations ne sont malheureusement pas une surprise pour ceux sont déjà allés visiter des parents ou grands-parents dans des maisons de retraite. Même quand ils y sont bien traités, cela reste un peu sordide, et souvent, on est soulagé d’en sortir, une fois la visite terminée, en souhaitant « ne jamais finir comme ça ».

La question va bien au-delà de la simple maltraitance physique, le problème de fond, c’est la place que notre société réserve au grand âge. Nos modes de vie et l’augmentation du nombre de personnes lourdement dépendantes, ne permettent plus aux familles de prendre en charge les parents âgées. Il y a également un refus de regarder en face la déchéance physique et intellectuelle, qui nous rappelle notre condition mortelle. Il y a un immense problème dans notre société, qui développe une médecine formidable pour augmenter l’espérance de vie (et donc sa durée), tout en étant incapable de traiter politiquement la question de la fin de vie et en refusant de se donner les moyens financiers et sociaux de s’occuper dignement des personnes très âgées.

Le grand âge n’est pas, ou mal pris en compte, car c’est le moment de la fin de la vie sociale et de l’isolement. Entre ceux qui sortent de la société, car ils n’ont plus toute leur tête, où ne sont plus assez valides pour aller vers les autres, cela fait beaucoup de « morts-vivants » dont la voix n’est plus audible, avec personne pour les représenter. Les quelques uns qui restent encore en forme vivent une forme d’isolement, car ils voient partir tous ceux de leur génération et se sentent bien seuls. De ce fait, le financement de leur dépendance dépend largement de leur fortune personnelle, du soutien de leurs enfants (voire petit-enfants) et des structures mises en place, soit par les collectivités locales, soit par le secteur privé lucratif.

Le scandale Orpea est juste un dépassement de ligne jaune, mais est le fruit du choix collectif de reléguer les personnes âgées invalides dans des lieux clos, loin de nos regards et à l’écart de la société. Car de ce choix, découle une allocation de moyens qui ne peut être que « juste à la limite de ce qu’il faut » voire un peu en dessous, tant que ça tient et que ça ne se voit pas trop.

Le livre les fossoyeurs a mis cela en lumière. C’est heureux que cela mette mal à l’aise, mais je crains que cela ne change finalement pas grand chose, sinon réduire un peu la rentabilité financière des entreprises privées dont l’activité est de gérer des Ehpad. Le choc n’est pas suffisant pour questionner, et encore moins remettre en cause, les choix de société autour de la longévité et du grand âge. Car il faut être lucide, jamais les jeunes et les valides n’accepteront de supporter les sacrifices financiers nécessaires pour assurer une fin de vie vraiment digne pour tous. Les lois sur la dépendance, tant promises, ne sont jamais venues. Le pouvoir politique se contente de remettre quelques financements supplémentaires, quand c’est vraiment nécessaire. Et tout le monde s’en accommode…

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Édouard n’est pas un amateur

La vie politique française vient de vivre un évènement, qui parait anecdotique, mais qui pourrait se révéler important, voire fondateur. Édouard Philippe, ancien premier ministre ne cachant pas ses ambitions pour 2027, entend s’en donner les moyens en créant son nouveau parti, Horizons. Partant de rien, il n’a pas de structure, pas d’argent, et a besoin de croitre rapidement, pour être opérationnel pour les législatives de juin.

Il s’apprêtait donc à absorber Agir, petit parti de centre-droit de la majorité (et en particulier ses salariés et son trésor de guerre). Cette structure a été montée par Franck Riester, pour accueillir d’anciens LR ralliés à Macron, et occupe exactement le segment où se trouve Édouard Philippe. Au point que certains ont vu dans Agir, la simple préfiguration du futur parti d’Édouard Philippe, qui n’avait pas le temps de s’en occuper depuis Matignon, poste qui occupe beaucoup et ne laisse pas la latitude politique de créer une nouvelle structure.

Cette fusion-absorption apparaissait donc naturelle, voire quasiment actée, quand soudain, à la surprise générale, Franck Riester, président d’Agir, la fait échouer, sur ordre direct d’Emmanuel Macron. Une manière pour le chef de l’État de rappeler brutalement à son ancien second, que c’est lui le patron, et qu’il ne faudrait qu’il pense avoir les mains totalement libres. Macron entend bien être réélu en 2022 et exercer la plénitude de ses fonctions le plus longtemps possible. Pas question qu’un dauphin émerge trop vite, et le relègue à l’inauguration des chrysanthèmes.

La réaction d’Édouard Philippe n’a pas trainé, créant un rapport de force appelé à durer. Il a annoncé la suspension de sa participation de sa formation à la « maison commune », cette confédération de la majorité qui a déjà eu bien du mal à voir le jour. Il a accompagné ce coup de semonce (il n’est pas parti, il a juste « suspendu sa participation ») d’un message très clair à destination du président-pas-encore-candidat : « Emmanuel, la candidate la plus dangereuse pour toi, c’est Valérie Pécresse, et je suis le seul, dans ta majorité, à être en mesure de la contrer. En m’affaiblissant, tu t’affaiblis aussi ». Tout cela a donné une telle belle opération de communication politique, avec une attaque bien dosée, avant la redescente progressive de la tension, car personne n’a intérêt à aller à la rupture.

Maintenant tout le monde est prévenu, au sein de la majorité : Édouard Philippe n’est pas un amateur de la politique. Il sait ce qu’il veut, où il va et n’entend pas se laisser marcher sur les pieds. Il n’a pas peur d’aller au clash, y compris avec le Boss.

Tout est en place pour le feuilleton des investitures aux législatives, qui sera le vrai moment clé pour la majorité. L’enjeu n’est pas tellement la réélection d’Emmanuel Macron, assez probable, mais la taille et la composition exacte de sa majorité à l’Assemblée.

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Le journalisme n’en finit plus de se faire discréditer

La télévision n’est pas un média d’information, mais un lieu de promotion, que ce soit de produits dits « culturels » ou de personnalités politiques. La récente prestation du chanteur Stromae, au « JT » de 20 heures de TF1, en est une illustration supplémentaire. Je partage complètement l’analyse consternée qui est en faite sur l’Obs. Ce n’est pas de l’information, mais du spectacle, cela ne fait pas appel à la raison, mais à l’émotion. Le tout au profit d’un but clairement promotionnel. Aucune surprise donc, cela fait des décennies que la télévision est comme cela.

Cela met clairement en abime la prétention des personnes travaillant à la télévision à être qualifiés de « journalistes ». Du moins dans le sens que la profession donne au mot et à la fonction, à savoir le mythe d’Albert Londres « qui met la plume dans la plaie » ou des grandes stars américaines qui font tomber les présidents après des enquêtes dantesques. Pour qui connait un peu le monde de la télévision, il y a bien longtemps (si jamais il l’ont fait un jour) que les « journalistes » enquêtent et se penchent sur la recherche des faits. Ils se contentent de lire Le Parisien, ou d’autres, et reprennent leurs infos en les mettant en scène pour que ça passe bien à l’image. C’est l’un des drames de « l’info télévisuelle », c’est que s’il n’y a pas d’image, il n’y a pas d’info. En fait, tout n’est que mise en scène et spectacle, les faits (donc l’information) n’étant qu’une matière première à arranger pour que ça fasse de l’audience.

Comment s’étonner, ensuite, que les « journalistes » de télévision soient pris à partie par des manifestants, qui estiment qu’ils ne font pas leur travail, voire pire, désinforment ? Sans partager la violence de la réaction, je partage pleinement le constat. Là où les manifestants Gilets jaunes sont encore dans l’illusion, c’est de croire que « l’information télévisée » est sauvable. C’est foncièrement faux, et plutôt que de s’en prendre physiquement à des personnes qui souvent, ne pensent pas à mal et font le boulot pour lequel on les paie, ces gilets jaunes devraient tout simplement éteindre leur télévision et cesser d’avoir BFM et Cnews allumés en permanence dans le salon.

C’est cela qui fera réfléchir et inquiètera ce petit milieu de la télévision-spectacle. La seule chose qui compte, c’est la recette publicitaire. Tant qu’elle est là, le reste n’a aucune importance et tant pis pour les dégâts collatéraux…

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Systèmes de pensée et vie politique

La vieille opposition sociologique, entre bourdieusiens et boudonniens, même si elle commence à être un peu datée, offre tout de même une clé de lecture intéressante pour essayer de discerner les maux qui frappent actuellement la politique française.

En résumé, d’un coté les bourdieusiens plaident que l’individu est déterminé par la société dans laquelle il se trouve, de l’autre, les disciples de Raymond Boudon estiment que l’individu est beaucoup plus maitre des choses, et est capable de choix individuels, parfois complexes, qui ont des incidences collectives.

Je ne vais pas ici clore le débat, car les deux ont des arguments solides et ont sans doute raison en partie tous les deux. Les bourdieusiens ont raison dans le sens que des systèmes de pensée complets et complexes irriguent les sociétés humaines. Ils disent ce qu’est la norme socialement acceptable, ainsi que les limites à ne pas franchir pour rester membre du collectif et ne pas finir exclu, avec tout ce que cela peut comporter de désagréments. Mais là où les boudonniens ont raison, c’est que l’homme est doué de libre arbitre, et peut faire des propres choix, qui ont des incidences sur le système de pensée, à partir du moment où un nombre significatif de personnes partagent une appréciation nouvelle des choses.

C’est grâce à cela que les systèmes de pensée évoluent, en fonction des époques, parfois du fait de changements lents et profonds, ou au contraire, de l’action d’une personne, qui ouvre une nouvelle voie, suivie par les autres.

La politique, dans nos démocraties libérales, est un outil pour faire coexister pacifiquement des systèmes de pensée et de valeur différents. Sans organisation des affrontements, cela tourne à la bagarre et au déchirement de la société, donc à la guerre civile. C’est cette obsession de l’éclatement qui a amené, dans le passé, de nombreuses sociétés à promouvoir l’existence d’un seul système de pensée, et à imposer l’adhésion de tous. Ceux qui s’y refusent sont exclus, traités de tous les noms (hérétiques étant celui donné à ceux qui refusent le système de pensée religieuse dominant) voire éliminés. Dans ces époques anciennes, le choix n’était guère possible, car les outils de régulation n’existaient pas pour permettre à des systèmes de pensée très différents de coexister. Plus une entité politique se sentait menacée et fragile, plus elle avait recours à ce dispositif de système de pensée unique. C’est la grande innovation de la modernité européenne que d’avoir réussi à imposer comme norme l’existence d’un pluralisme de systèmes de pensée.

Cette évolution libérale n’est pas allée de soi, et un système de pensée que l’on peut qualifier de « conservateur » s’y est opposé, restant crispé sur des idéaux d’unité, d’ordre et d’autorité. Longtemps puissant, ce courant est devenu marginal, mais s’exprime encore du coté de l’extrême-droite, dont il est l’un des substrats. Il a été très largement étudié. L’émergence politique de Zemmour est construite sur ce courant conservateur, qui coche à peu près toutes les cases dans la grille du bingo ultra-conservateur.

Le débat politique actuel, si on le regarde sous cet angle, est intéressant, car il remet sur la table des sujets sensibles, qui, comme tous les sujets sensibles, ont besoin d’être périodiquement rediscutés, pour conforter ou modifier les consensus politiques. L’émergence de Zemmour remet en question cette norme libérale du pluralisme.

Cela ne surprendra personne, je suis profondément « anti-conservateur » et je récuse avec force cette vision « unicitaire » de la société, qui refuse le pluralisme et prétend maintenir des cadres autoritaires à tous les niveaux.

Je suis au contraire, partisan d’une société ouverte, où sous réserve du maintien d’un cadre général permettant la vie en société, tous les courants de pensée puisse s’exprimer, et que les gens puissent adopter des comportements individuels conformes à leurs systèmes de pensée (sous réserve que cela ne heurte pas le cadre global). Le « communautarisme » ne me pose pas de problème, tant que la loi est respectée. Si des tensions existent entre systèmes de pensée, le débat politique est là pour les régler.

Si nous avons un problème politique, ce n’est pas le communautarisme, qui est présent partout (les catholiques traditionalistes sont une communauté), mais la difficulté de la classe politique à faire son travail, qui est d’expliciter les demandes des courants de pensée et de construire des compromis solides et largement acceptés.

Le moment est donc propice, pour tous les courants, de revoir leurs propres positions sur ces questions d’acceptation du pluralisme, sur les conditions et limites à l’existence de « communautés ». Aucune occasion de faire un travail de fond ne doit être négligé, car le débat politique démocratique impose que les termes en soient posés clairement.

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Faut-il revenir sur le cumul des mandats ?

La petite musique autour d’une réforme des règles sur le cumul des mandats commence à se faire entendre. Les parlementaires en poste, qui ont compris qu’ils sont les perdants du non cumul, font pression depuis longtemps. Ce qui est nouveau, c’est que le Premier ministre, et même le Chef de l’Etat, donnent eux aussi des signaux d’ouverture.

Il est clair que cette réforme a été faite n’importe comment en 2014, pour faire plaisir à l’opinion, avec des élus qui n’en voulaient pas, et n’ont donc pas fait correctement leur travail législatif. Même si le sujet était sur la table depuis très longtemps, la réflexion a été assez indigente, et une foule d’effets secondaires n’ont pas été analysés. De plus, la réforme a été faite à moitié, puisque seul le cumul vertical (mandat national et mandat local) est concerné, alors que le cumul horizontal (deux mandats locaux) reste autorisé.

Le sujet mérite donc d’être repris, mais pas pour faire n’importe quoi (en période électorale, le risque existe). Je n’ai pas d’avis tranché sur la question. Ce qui m’inquiète n’est pas tellement la solution qui sera retenue, mais les mesures d’accompagnement qui seront prises, pour assurer l’équilibre global du système politique français, chose qui n’a pas été faite en 2014.

Il faut être conscient que le cumul des mandats est une modalité de fonctionnement de l’organisation politico-administrative française. Le cumul vertical est la réponse au centralisme parisien. Pour exister et porter ses dossiers, un élu, au delà d’une certaine taille de collectivité, doit être régulièrement à Paris, et de préférence avec un titre ou une fonction lui permettant d’être reçu dans les ministères. Au niveau local, le cumul est une solution pour faire fonctionner un système kafkaïen, où les compétences sont tellement entremêlées que personne ne s’y retrouve. Avoir des élus siégeant dans deux strates différentes assure un minimum de coordination et de cohérence des décisions entre le bloc communal, les départements et les régions. Interdire strictement le cumul implique de trouver d’autres manières de gérer le système français (le réformer en profondeur est trop lourd et compliqué). Je n’ai, jusqu’ici, pas vu de pistes de travail sérieuses là dessus. Il y aura, quoi qu’il arrive, des effets de bord et des adaptations qui peuvent avoir des conséquences lourdes et créer des problèmes encore plus graves que ceux causés par le cumul des mandats.

Un autre point, qui n’a pas été bien appréhendé (ou du moins, dont on n’a pas tiré les conséquences) est le bouleversement des carrières politiques. Le non cumul des mandats rend les carrières plus précaires. Avoir deux mandats, c’est l’assurance, en cas de défaite, de rester dans le jeu politique, et de pouvoir se refaire, à une autre échéance. Quand on n’a qu’un mandat et qu’on le perd, il est plus compliqué de se maintenir, car il faut manger, et tout le monde n’est pas rentier ou retraité. Une véritable réflexion est à mener sur la manière d’insérer un moment « mandat politique » dans une carrière professionnelle, voire dans un parcours de vie.

Si c’est relativement bien géré pour les mandats locaux (qui permettent mieux le temps partiel), la question est entière et délicate pour les mandats nationaux. Les réformes de 2014, en plus d’interdire le cumul des mandats, ont aggravé la situation, en restreignant les possibilité d’avoir une activité professionnelle en même temps que le mandat parlementaire. Un autre problème se pose, par ricochet, celui du temps nécessaire pour accéder à un mandat national. On ne va plus passer 15 ans dans des fonctions subalternes, pour espérer décrocher le graal, si celui-ci se révèle précaire et décevant. Les filières d’accès et de formation politiques sont donc à revoir, car on a bien vu, en 2017, ce que cela donne d’avoir des novices débarquant dans l’hémicycle !

Un autre point est l’équilibre des pouvoirs. La fin du cumul d’un mandat national avec un exécutif local a modifié la répartition du pouvoir, affaiblissant les parlementaires, dont une partie du pouvoir était du au fait qu’ils avaient aussi un mandat exécutif local. C’est particulièrement visible localement, où par endroits, le député est la cinquième roue du carrosse, et passe en dernier dans le protocole. Cette réforme a également rehaussé le poids collectif des maires de grandes villes et des présidents de région, qui sont désormais les seuls interlocuteurs politiques du gouvernement central, par le biais de leurs associations représentatives, ou d’organisations plus politiques. Le choix d’Édouard Philippe de construire son nouveau parti, Horizons, sur son réseau de maires, est emblématique.

J’oublie certainement des sujets et des angles, mais ces trois exemples que je viens de donner montrent bien que cette réforme du cumul des mandats est en fait un jeu de domino. Les effets sont bien plus vastes qu’on ne peut le penser, et nous sommes encore loin d’avoir complètement évalué les effets de la réforme de 2014. Prudence, donc, avant de jouer, une nouvelle fois, aux apprentis sorciers. Je sais bien que les réformes institutionnelles sont souvent des objets de communication politique, destinés à satisfaire la défiance de l’opinion publique vis-à-vis de ses élus (sans que ce ne fasse remonter la confiance). Mais cela n’interdit pas de réfléchir aux conséquences, voire même de les prendre en compte !

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Le rétrécissement socialiste

La candidature à la présidentielle d’Anne Hidalgo est à la peine. Elle ne dépasse que rarement les 5% dans les sondages, et est largement inaudible dans les médias. Et pourtant, elle devrait avoir un boulevard. Elle dispose d’une certaine notoriété, le Parti socialiste l’a investie et met son réseau à son service, et le reste de l’offre politique, à gauche, n’est pas très affriolante.

Ce début de naufrage n’est pas tant celui d’une personne, que d’une posture d’enfermement d’une certaine gauche sur les seules problématiques sociétales.

Une anecdote, en introduction d’un article du Monde, est emblématique. Un militant de gauche, qui prône une candidature unique, demande à Anne Hidalgo, à brule-pourpoint, pourquoi elle ne fait pas équipe avec le candidat de gauche le mieux placé. La maire de Paris lui répond : « Quand je les vois faire, je ne pense pas que les autres soient capables de rassembler… Et puis, se retirer derrière un mec, c’est fini ! ».

L’explication, en deux temps, est révélatrice des impasses du Parti socialiste. Elle commence par une considération tactique, à savoir qu’aucun autre candidat n’est en mesure de faire la différence, et donc de mettre tout le monde d’accord. En cela, elle n’a pas tort mais elle oublie de s’inclure dans le lot des candidats qui ne sont pas en capacité de rassembler.

Mais c’est surtout la seconde considération qui me frappe. « Pas question, pour elle qui est une femme, de se retirer derrière un homme « . Affirmer que le simple fait d’être une femme justifie le maintien de sa candidature me laisse pantois.

C’est là qu’on prend conscience à quel point les socialistes (du moins ce qu’il en reste) ont complètement basculé dans le sociétal et intégré ces questionnements (légitimes et intéressants par ailleurs) comme l’alpha et l’omega de leur action politique. Il n’y en a que pour les droits des femmes et des minorités, les luttes contre tous les « truc-phobie ». Quand l’Unef, organisation dans la mouvance socialiste, pratique la « non mixité » et le langage dit « inclusif » (celui avec des points médians et des pronoms inventés de toutes pièces), ils ne font que traduire, de manière caricaturale, une évolution qui touche toute la mouvance.

Il y a bien longtemps que le social, la défense des précaires, a été abandonné en rase campagne par les socialistes. Par le reste de la gauche réformiste également, mais au moins, les Verts ont derrière eux des positions philosophiques et idéologiques plus construites et plus en phase avec l’esprit de l’époque. Les socialistes n’ont même plus d’armature idéologique, la social-démocratie étant en état de mort cérébrale depuis pas mal de temps.

En fait, seuls quelques petits groupes de gauche radicale s’indignent encore du sort fait aux travailleurs de la logistique et du service à la personne, qui sont les nouveaux prolétaires de notre temps. Pourtant, les sujets de l’emploi, du pouvoir d’achat, de la qualité de vie, de la Santé sont en tête dans toutes les enquêtes concernant les préoccupations des français. Quand on arrive sur le terrain des inégalités, ce sont les inégalités dans la répartition des richesses qui préoccupent le plus les français. L’économique encore !

Comment expliquer cet aveuglement, qui pousse tous les partis de gauche à abandonner ce qui est leur ADN politique, pour se jeter sur le sociétal, au point d’en arriver presque à faire de ce choix une forme d’impensé ?

Je n’ai pas véritablement de réponse, je ne peux juste que constater les dégâts. C’est d’autant plus triste et alarmant qu’un programme économique et social pleinement de gauche, existe avec le pacte du pouvoir de vivre. Des acteurs de la société civile ont fait le travail que le PS aurait dû faire (et n’a pas fait). Il suffirait à Anne Hidalgo de l’endosser explicitement et de le mettre en avant pour répondre aux attentes de son électorat « naturel ». Elle n’en semble même pas capable…

En politique, les structures qui n’écoutent plus qu’elles-mêmes et leurs proches, sont vouées à disparaitre. La Démocratie à cela de bon, qu’elle élimine impitoyablement ceux qui perdent le lien avec les citoyens et les préoccupations qu’ils expriment. Si les socialistes ne réagissent pas, cette présidentielle 2022 sera peut-être la dernière où ils sont en mesure de présenter un candidat.

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Bolloré et Reworld, nettoyeurs de cadavres médiatiques

Depuis quelques temps, les médias français sont rachetés par dizaines, par Reworld et Bolloré. Tels des vampires, ils les vident complètement de leurs journalistes et en font des outils de communication, soit pour la publicité commerciale, soit pour accroitre l’influence politique de leur propriétaire. Autant dire qu’une fois repris en main, ces médias n’ont plus que de journalistique que le nom.

Il semblerait qu’après Europe 1 et le JDD, Le Figaro serait la prochaine cible de Bolloré. Je suis triste pour les journalistes qui travaillent dans ces titres, mais en même temps, j’ai du mal à éprouver un sentiment de perte devant ce mouvement.

En effet, cela fait maintenant longtemps que j’éprouve un malaise devant la manière dont travaillent les médias en matière d’information. Je ne remets pas en cause la bonne foi et la volonté de bien faire de la majorité des journalistes. Mais il s’avère que le résultat final de leur travail ne répond pas à aux attentes et aux promesses. La plupart des titres de presse ne sont plus fédérateurs, mais se replient sur des communautés, dont ils flattent les certitudes et les travers. Trop souvent, ils privilégient, sans s’en rendre toujours compte, leur point de vue parisiano-centré dans le choix des sujets et les angles de traitement, privilégiant le récit anglé, sur l’information pure.

La journalisme arrive à un moment de mutation, où la forme du « titre de presse » avec plusieurs dizaines, voire centaines de journalistes, qui entend couvrir l’ensemble de l’actualité, n’est plus pertinent. Pour réaliser ce travail exhaustif, il faut une masse critique que bien peu de titres ont. En France, il n’y en a pas, mis à part l’AFP (et encore…). Pour couvrir leurs coûts fixes, ils se mettent entre les mains des annonceurs, mais aussi de leurs lecteurs. Ils doivent donc répondre à des demandes qui ne relèvent pas de l’information, au sens « journalistique » mais de la confirmation d’opinions préétablies. Médiapart, qui assume complètement ce modèle (seuls nos lecteurs peuvent nous acheter) est un journal ultra-militant, qui n’a qu’une faible crédibilité en dehors des milieux d’extrême-gauche.

Les quelques fois où je vais sur une page d’accueil de site de presse, j’en repart rapidement et passablement agacé. Ce qui m’est proposé est très partiel, et parfois très partial. Alors que j’attends des informations et des analyses (si possibles intelligentes et pointues) je n’y trouve que des narrations et des plaidoyers pour une cause précise (chaque titre de presse ayant ses marottes). De plus en plus, j’ai l’impression que l’ambition des journalistes des médias nationaux se résume à « raconter le monde tel que le voit le journaliste » et à être un influenceur du débat public.

Ils rejoignent en cela les télévisions dites « d’information en continu » qui ne sont, depuis très longtemps, que des machines à faire le show, sans la moindre pudeur ni déontologie. Je ne suis donc pas étonné de l’état dans lequel se trouve le débat public.

Emmanuel Macron depuis son élection, et les Gilets jaunes, de l’autre coté du spectre ne disent finalement pas autre chose : les journalistes et les médias d’information ne font plus correctement leur travail et sont largement discrédités.

Derrière ce constat un peu désespérant, il y a quand même de l’espoir. Il reste encore la possibilité de s’informer, pour celui qui souhaite faire l’effort (ce qui n’est pas le cas de tout le monde). En tant qu’internaute, j’ai accès à une multitude de contenus intéressants, via internet. Les articles écrit par des journalistes y occupent une bonne place, et certains sont très intéressants et instructifs. Mais à chaque fois, ce sont des articles de journalistes dont je connais le travail, et qui ont gagné ma confiance par leur seule signature, et certainement par le média pour lequel ils travaillent. Mais il y a aussi des sources très diverses, des articles universitaires, des posts de blogs (si si, ça existe encore) et des fils twitter qui racontent des choses ou produisent des analyses de qualité. C’est moi qui fait ma propre « curation », avec des sources que je considère fiable (ou recommandées par des gens de confiance).

Certes, cela demande de l’argent (beaucoup de choses intéressantes sont payantes) et une capacité de discernement et d’analyse que tout le monde n’a pas (ou ne veut pas prendre le temps de développer). L’une des solution repose sur un format en plein essor, celui des newsletters, où des professionnels de la curation de l’information font ce travail, chronophage, de repérage des sources pertinentes sur leurs sujets. Cette voix me semble prometteuse, à condition que ce travail soit fait dans le respect d’une déontologie scrupuleuse (qui est devenue à éclipse dans les médias mainstream) et qu’ils puissent ainsi obtenir et gagner la confiance de leurs lecteurs.

Finalement, Bolloré et Reworld ne sont que les fossoyeurs d’un système déjà moribond, qui doit disparaitre car il n’est plus récupérable ni réparable. Un autre écosystème plus fluide, doit prendre la place, en travaillant différemment. Cela ne sera pas simple, prendra du temps, mais c’est la seule voie pour retrouver une qualité d’information et donc un débat public à la hauteur d’une grande démocratie.

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Le wokisme, nouvel eldorado des débats stériles

Notre débat public français est trop souvent pollué par des querelles stériles, basées sur des constructions imaginaires et fantasmées. Elle permettent à des personnalités politiques et/ou médiatiques de prendre des postures valorisantes, sans trop travailler le fond. La nouvelle croisade de Jean-Michel Blanquer contre le « wokisme » en est un nouvel avatar.

Ce mouvement dit « woke », venu des États-Unis, est présenté comme un nouvel épouvantail idéologique, propre à faire peur aux lecteurs du Figaro, qui fait au moins deux articles ou tribunes sur le sujet par semaine. Tous défavorables, bien entendu. A les entendre, ce mouvement est une attaque violente contre l’universalisme à la française, prônant la non mixité, la déconstruction des genres et utilisant (Vade retro satanas) l’écriture inclusive avec point médian.

Une telle vision n’est pas totalement dépourvue de fondements, mais jette allègrement le bébé avec l’eau du bain, en assimilant un mouvement de fond aux excès de certains de ses partisans, et à l’expression culturellement anglo-saxonne de ses manifestations.

La base de ce mouvement est la prise de conscience des discrimination, et le refus radical des rapports de domination que sous-tendent ces discriminations. Nous sommes là sur l’expression d’une tendance de fond de nos sociétés, celle de la valorisation de l’individu. Par là, j’entends l’importance accordée à la valeur de chaque personne, qui ne saurait subir de brimades ou de dominations injustifiées. Cette logique amène assez naturellement à remettre en question les hiérarchies sociales et les positions de pouvoir, pour davantage d’horizontalité et un combat contre toute forme de domination et de violence interpersonnelle. Cela peut déranger les conservatismes, et ce n’est donc pas si surprenant que cet épouvantail du wokisme fonctionne aussi bien auprès des lecteurs du Figaro.

Ce combat contre le wokisme tient beaucoup de la charge de don Quichotte contre les moulins à vents. Il existe tout de même un point où les partisans de cette idéologie Woke présentent une faiblesse, c’est quand ils se livrent à des actions de violences (même symboliques), pour affronter leurs adversaires, ou faire avancer leur cause. C’est assez paradoxal de prôner le refus des discriminations et des dominations, et de provoquer la perte d’emploi de personnes qui ne vont pas dans votre sens, comme on le voit parfois dans les universités américaines, voire françaises…

Pour autant, il ne faut pas se tromper de combat. Ce sont les méthodes violentes pour entraver les débats qu’il faut combattre, d’où qu’elles viennent. En assimilant une pensée aux méthodes contestables de certains extrémistes, on ne fait pas avancer le débat, on le stérilise. C’est très dommageable, car pendant qu’on s’écharpe sur des totems artificiels, on passe à coté des évolutions de fond, celles qui modèlent réellement la société.

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Le rapport Sauvé n’est pas une surprise

La commission sur les abus sexuels sur mineurs dans l’église catholique vient de rendre son rapport. La seule surprise, c’est l’ampleur : 3000 prêtres et religieux pédophiles, près de 300 000 victimes, sur 70 ans, c’est bien plus qu’on ne pouvait le craindre. Pour le reste, on savait, depuis bien longtemps, que le problème est structurel, et tient à la théologie catholique elle-même. C’est bien pour cela que la « repentance » de la hiérarchie catholique n’ira pas loin, même si les évêques sont sans doute sincères à titre personnel.

Le cœur du problème vient du cléricalisme, un mouvement que l’on retrouve dans toutes les religions, à des degrés divers, qui consiste à faire du prêtre et de l’institution, le centre de tout. La personne du prêtre y est considérée comme « sacrée » donc à part du reste de la société, et devant faire l’objet de révérence, et bien entendu, d’obéissance.

L’église catholique, aujourd’hui encore, est très touché (je dirais même gangrénée) par ce cléricalisme, avec des prêtres qui marquent leur différence, notamment dans le vêtement, et suivent des règles « à part » (le célibat par exemple). Cela est bien entendu associé à un pouvoir au sein de l’institution, où les « non clercs » sont écartés du pouvoir et chargés des tâches matérielles, voire un peu plus, quand on ne peut vraiment pas faire autrement, du fait de la pénurie de prêtres que connaît la France, notamment rurale.

Ce facteur est aggravé par d’autres éléments propre à l’institution catholique, comme le célibat obligatoire, qui fait du statut de prêtre un « placard » à homosexuels de familles bourgeoises, voire pire, à des déviants sexuels graves. En laissant ainsi des prédateurs sexuels, dotés d’un statut d’autorité, en contact régulier avec des enfants, en ayant l’assurance d’être « couverts » en cas de problème, on ne pouvait qu’arriver à ce désastre.

C’est à la fois un désastre pénal et humain, avec des vies brisées, mais aussi un désastre théologique. Une telle déviance au sein d’une institution, en totale contradiction avec le message qu’elle est censée porter, ne peut que discréditer le message. Le risque du cléricalisme, qui est de faire passer la protection et les intérêts de l’institution, avant le message et la cause à porter, s’est ici réalisé.

Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Au XVIe siècle, la rupture protestante est née d’un refus de l’instrumentalisation du message évangélique au profit des intérêts matériels et financiers de l’institution, et de sa quête de pouvoir et d’emprise sur la société. L’un des fondements du protestantisme, qui n’a jamais faibli (du moins dans sa version classique, luthéo-réformée) est le refus du cléricalisme. Le pasteur n’est pas une personne sacrée, dotée d’un pouvoir supérieur à celui des fidèles. Les institutions protestantes sont les plus décentralisées possibles : l’unité de base, chez les calvinistes, c’est la paroisse, et il n’y a pas d’évêques. Les synodes, qui sont les organes collégiaux de décisions, sont composés pour moitié de laïcs. Même si les pasteurs sont très présents, car ils sont à temps plein, là où les laïcs ont souvent une vie professionnelle, ils sont sous surveillance. Un verrouillage autour d’un scandale d’ampleur n’aurait que très peu de chances de réussir chez les protestants.

Ce rapport Sauvé risque malheureusement d’être juste un jalon de plus dans la descente aux enfers de l’église catholique, ce scandale des agressions sexuelles qui a déjà provoqué des départs de fidèles, et va encore amener encore. Même s’ils ne perdent pas pour autant la foi, des fidèles partent, car outre le scandale en lui-même, ils perçoivent l’écart monstrueux entre le message d’amour et de fraternité professé en haut de la chaire et la réalité des pratiques de ceux qui prêchent.

La vraie solution est un changement radical de paradigme de l’église catholique dans son fonctionnement, à savoir la fin du cléricalisme. Cela ne se fera pas, car il est déjà trop tard. L’institution catholique, très fragilisée puis 50 ans, est trop fortement structuré autour de cette place centrale du prêtre, et ne survivrait pas à une révolution. Et comme les fidèles qui sont encore là, semblent attachés à cette manière de fonctionner, rien ne pousse, finalement, l’institution à se réformer.