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Je ne suis pas de gauche

« Le rétablissement de l’ISF ne pose pas de problème économique, mais soulève un enjeu moral : on n’est jamais superriche ou à la tête d’une grande fortune de manière tout à fait innocente. Il faut le dire : la classe des superriches est un problème politique et social ».

Hadrien Clouet, député LFI, 17 octobre 2022

De temps à autre, il est intéressant de suivre les débats parlementaires. On y entend des prises de position politiques qui permettent de savoir où on se situe. Cette tirade d’un député LFI m’a littéralement hérissé le poil et m’a fait sentir combien je ne suis pas de gauche (ce qui ne surprendra pas mes lecteurs habituels). Il y a trois obstacles majeurs à ce que je puisse me dire « de gauche », que l’on retrouve dans cette tirade du député Clouet.

Le premier est la prégnance du marxisme, qui analyse la société sous l’angle de « classes sociales » et de luttes. Si la pensée de Marx est intéressante, elle est datée, et ses suiveurs en ont tiré beaucoup de délires, surtout quand il s’est agit de chercher à mettre en œuvre concrètement leurs théories fumeuses. J’ai du mal à comprendre qu’on puisse continuer à s’en réclamer.

Sur le fond, cette manière caricaturale et simplificatrice de penser et de voir la société me dérange. L’économique est certes une clé de lecture pertinente, mais c’est loin d’être la seule, et s’en tenir uniquement à elle entraine des erreurs majeures d’analyse. L’autre problème est cette mise en avant de la violence et des antagonismes. Il en ressort une culture politique qui monte les uns contre les autres, qui favorise le négatif par rapport au constructif.

Le deuxième point qui me choque est la course à la posture morale. La gauche est spécialiste de la posture, du happening où il faut rendre visible un « engagement », de préférence par une démonstration médiatique. Dans les cas les plus gentillets, c’est une photo de groupe, sur les marches d’un perron, avec chacun qui porte un petit carton de soutien « à la bonne cause ». Au pire, ça tourne au vandalisme, comme par exemple lancer de la soupe sur des œuvres d’art. C’est une culture politique qui se veut « morale » où il faut se poser en « plus-vertueux-que-moi-tu-meurs » et donc pointer des ennemis symbolisant le mal. L’important est de toujours être dans le camp des « gentils » contre des « méchants ». D’où une course effrénée vers le sociétal, où tout est prétexte à dénonciation d’un truc-phobie, au détriment du réel, car bien souvent les « causes » défendues sont en partie idéalisées (en occultant ses cotés sombres), et instrumentalisées, pour répondre au besoin de narcissisme militant.

Cela tourne souvent rapidement (c’est le troisième point) à la dissonance cognitive, quand les pratiques réelles vont à rebours de la vertu affichée. Se dire attaché à l’égalité, au féminisme, écrire en écriture inclusive, et, en même temps, gifler son épouse. Et ce n’est qu’un exemple parmi tellement d’autres. J’ai toujours trouvé très drôle d’entendre les mouvances d’extrême gauche se dire « démocratiques », prôner l’inclusivité et la communication non-violente. Pour ne surtout pas les pratiquer, ou uniquement avec ceux qui pensent comme eux (et encore…). Ce n’est pas comme cela qu’on peut donner confiance dans la classe politique.

On ne peut pas construire un projet pour la « res respublica » sur de telles bases. On ne peut pas prétendre diriger un pays en montant les uns contre les autres, en attisant les fractures, pour, en fait, servir son propre ego et faire finalement pire que les autres forces politiques que l’on prétendait dépasser et mettre aux « poubelles de l’histoire ».

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Le vide sidéral de la « refondation » macronienne

Depuis le lancement de l’opération « refondation », avec comme point d’orgue la création du Conseil national de la Refondation (CNR), je reste perplexe devant ce nouvel objet politique. J’attends les annonces sur les axes de travail, les « points d’atterrissage » et je ne vois rien venir. Après plusieurs séquences et prises de parole, je reste toujours sur ma faim. Je ne comprends à quoi Emmanuel Macron veut en venir.

Ou alors, je crains, malheureusement, de comprendre qu’il se moque complètement de nous. Et là, ce serait extrêmement dangereux pour la démocratie.

Quand je lis les déclarations, je ne vois que des questions de méthodes, avec des vieilles recettes éculées, sur des enjeux du quotidien, des débats éclatés, avec une équipe de permanents de quelques personnes. Les groupes de parole, les plateformes de consultation, ça existe depuis bien longtemps, et ce ne sont que des outils. Ce qui importe, quand on mobilise des gens, c’est de leur indiquer le point d’arrivée et ce qui sera fait de leur travail. J’ai beau scruter, je ne vois strictement aucun débouché, aucune promesse de reprise. Il n’y a que des débats au niveau micro-local, animés par on ne sait qui, sur des problèmes connus et sur lesquels les élus et responsables planchent depuis déjà longtemps. On cherche depuis longtemps à résoudre la baisse du niveau scolaire ou les déserts médicaux. Je ne vois pas comment cette nouvelle « méthode » pourrait apporter des solutions et des moyens qui n’ont pas déjà été trouvés et expérimentés.

Lors du premier mandat, avec le Grand Débat et la Convention citoyenne pour le Climat, il y avait au moins une feuille de route, un point d’horizon et un engagement d’en tenir compte (même si rien ou presque n’a été tenu). Là, on n’a strictement rien, ce qui est profondément déroutant pour moi. Il est vrai qu’il est difficile de réaliser deux fois la même entourloupe, et que le bilan du premier mandat, sur ce sujet, ne donne pas beaucoup de marges de crédibilité au président.

De l’autre coté, je constate que l’hypercentralisation de la décision s’est encore accentuée. Après avoir servi pour le Covid, le conseil de défense est à nouveau détourné de son objet, pour être le lieu des décisions concernant la gestion de la crise énergétique. Les décisions fondamentales se prennent après des repas « de la majorité » où le nombre de convives s’est encore restreint. Les exemples sont nombreux de cet enfermement du pouvoir, que l’on voit davantage en fin de mandat. Tout cela s’ajuste mal à l’existence d’une majorité relative à l’Assemblée nationale, et d’une absence totale de majorité au Sénat, qui empêche le gouvernement de faire voter ce qu’il veut, sauf à passer en force ou à dealer des compromis boiteux avec LR, au cas par cas.

J’ai énormément de mal à voir en quoi une opération de « refondation » aussi creuse, pourrait créer les conditions politiques pour surmonter cet écart entre une volonté et un exercice aussi centralisé et solitaire du pouvoir, et l’absence de leviers techniques. J’ai peur que tout cela ne soit qu’un nuage de fumée, lancé par un pouvoir politique aux abois. Cela ne peut pas fonctionner, cela ne peut qu’aggraver la situation politique et l’exaspération des citoyens face à un pouvoir qui se révèle incapable de fixer un cap lisible.

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Le boomerang de la violence en politique

Après Eric Coquerel, mis en cause pour agression sexuelle, c’est aujourd’hui Adrien Quatennens, et demain, possiblement Julien Bayou, qui se retrouvent au cœur d’une tempête, pour des faits de violence conjugale. Des affaires qui pourraient leur couter leur carrière, ou du moins, briser une ascension en cours.

C’est assez saisissant de voir à quel point le boomerang que cette frange de la gauche avait lancé contre l’éphémère ministre, Damien Abad, leur est revenu à la figure. Mais c’est tout sauf surprenant, car la violence (sexuelle ou pas) est omniprésente en politique. Attaquer ses adversaires sur cette base, c’est prendre le risque d’attirer les projecteurs sur un sujet où l’on n’est pas, soi-même, très clair (si ce n’est franchement pas beau à voir) et qui est de plus en plus sensible dans l’opinion.

Cela pose, plus globalement, le sujet de la violence, et de sa gestion, par les formations politiques. On entre là au cœur d’une problématique majeure de l’exercice du pouvoir, dont la conquête et l’exercice sont fondamentalement violents, car induisant des rapports de domination. Les progrès de la « civilisation » ont amené une amélioration dans les processus de dévolution (on n’exécute plus en place publique les chefs déchus) et dans l’exercice des fonctions. Mais cette gestion est moins évidente dans le cadre des formations politiques, où on coupe toujours (symboliquement) des têtes et où la culture politique rend parfois légitime cette violence, voire la met en scène. C’est assez visible sur les extrêmes du champ politique, où la violence et la domination sont régulièrement valorisés (de manière différente, mais le résultat final est aussi violent).

Cet épisode permet d’entrevoir le choc que représente l’arrivée dans le champ politique des demandes d’égalité homme-femme et de refus des rapports de domination qui l’accompagnent. C’est même très impressionnant à la gauche de la gauche, où les mouvements politiques sont violents dans leur culture et leur fonctionnement interne, tout en se faisant les porte-drapeaux de ces demandes d’égalité. Cela provoque des dissonances cognitives redoutables : c’est compliqué de rester crédible sur la lutte pour l’égalité et contre les violences faites aux femmes, quand les leaders de ces partis battent leurs propres conjointes.

Cet épisode montre qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, pour que cette demande politique de refus de la violence et des rapports de domination, soient réellement portée par des dirigeants politiques qui se l’appliquent. Pour l’instant, c’est avant tout un outil électoral, pour capter des voix, et accessoirement, pour se débarrasser de ses rivaux en interne. Car il ne faut se leurrer, si des affaires du type Abad et Quatennens sortent, c’est rarement un hasard et ça vient en général de l’intérieur.

Je ne peux donc que recommander la plus grande prudence, à tous les responsables politiques qui voudraient instrumentaliser ces affaires. Tant qu’ils ne seront pas, personnellement et effectivement en phase avec le message, ils risquent de se prendre un retour de flamme et creusent ainsi encore un peu plus, l’écart entre la population et ses dirigeants.

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La sociologie bullshit

Les Echos viennent de publier un papier qui est une caricature de cette pseudo-analyse sociologique qui pollue tant les médias, en occupant de l’espace, au détriment des analyses de fond.

Il parle du « quiet quitting », cette tendance chez les jeunes salariés, à ne pas en faire trop, juste ce qui est écrit dans le contrat de travail, et ne surtout pas se crever à la tâche, en répondant aux mails à des heures indues, ou en faisant des heures supplémentaires non payées, sur ses jours de congé.

Ce qui est pour moi une saine attitude, semble passer, dans le papier, comme un quasi-scandale, au point de se demander si ce « quiet quitting » n’est pas une forme soft de la « grande démission », autre concept bullshit dont raffolent les médias. J’ai un peu l’impression de lire des articles commandés par les employeurs, pour tenter de culpabiliser les salariés de réclamer des changements à leur avantage.

Derrière tout cela, il y a surtout une évolution du rapport de force entre salariés et employeurs. Depuis plus de 30 ans, du fait du chômage de masse, le rapport de force était en faveur de l’employeur, qui pouvait imposer ses conditions (et ne s’en est pas privé). Depuis 2020, la situation se retourne, avec une pénurie de main d’oeuvre qualifiée, et des salariés qui sont en situation de force, les employeurs ayant du mal à recruter. Il n’y a aucune raison que les salariés ne profitent pas, eux aussi, pour imposer leurs conditions en termes de salaires, mais aussi de qualité de vie au travail, et d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Visiblement, tout le monde n’a pas perçu tous les effets de cette bascule sur les mentalités, et donc l’organisation des entreprises. Celles qui ne tenaient que grâce à un surinvestissement plus ou moins gratuit de leurs salariés, vont devoir se bouger, car il est de moins en moins possible d’obtenir ce niveau d’investissement par la contrainte, voire de l’obtenir tout court. Ce n’est pas juste quelques augmentations salariales et quelques gadgets sur le lieu de travail qui vont régler la situation. Et ce n’est pas les analyses à la mord-moi-le-noeud en mode développement personnel, à base de concepts fumeux, qui vont les aider à comprendre ce qui leur arrive, et comment évoluer.

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La dissonance cognitive macronienne

Ce deuxième mandat d’Emmanuel Macron débute de manière étrange, avec des injonctions contradictoires. Ou du moins, avec des pratiques qui sont en énorme décalage avec les annonces et promesses de consultations et de « décider autrement ».

Alors même que s’ouvre le conseil national de refondation, dont on ne sait toujours pas ce qu’il va produire, et ce qui va en être fait, Macron laisse entendre qu’il pourrait faire passer en force sur la réforme des retraites dès ce mois d’octobre. En effet, des rumeurs, pas démenties par l’Elysée, indiquent que l’allongement de la durée de cotisation, et surtout le recul de l’âge de départ en retraite pourraient figurer dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).

La mesure est techniquement possible, cette réforme ayant une incidence évidente sur l’équilibre du budget de la sécurité sociale. Le gouvernement ayant le droit de passer en force, par le biais de l’article 49 alinéa 3 de la constitution, sur les textes financiers, tous les observateurs pensent qu’il va le faire. Le vote sur le projet de loi de Finances étant hautement politique (c’est un marqueur de l’appartenance à la majorité ou à l’opposition), Emmanuel Macron n’aura sans doute pas de majorité pour le voter, et devra donc passer en force. On ne voit pas pourquoi les choses se passeraient différemment pour le PLFSS, discuté en même temps que le budget. On peut alors se dire, cyniquement, que si on est obligé d’utiliser cette procédure d’adoption sans vote, qui a un coût politique évident, autant l’amortir en chargeant la barque au maximum.

Sauf que les deux démarches sont complètement orthogonales, et que pour réussir la première (le renouveau démocratique), il faut bâtir une relation de confiance avec ceux que l’on sollicite pour participer aux concertations et nouvelles instances de décision. Autant dire que si Macron passe en force sur la réforme des retraites, il fracasse le peu de confiance qui reste, et l’action de « renouveau démocratique » va s’arrêter (si jamais elle avait commencé réellement), toutes les réunions et rencontres n’étant plus qu’une vaste mascarade.

Entre ce qui est promis, et ce qui est effectivement fait, on a vite compris que le second mandat de Macron est la parfaite continuation du premier (y compris dans le foutage de gueule), et qu’il n’y a finalement ni nouveau récit, ni inflexion à attendre. Tenter de le faire croire, c’est prendre les français pour des imbéciles et c’est profondément désagréable. Cela va accroitre la détestation, déjà vive, d’une part importante des français pour Macron. Cela va surtout aussi provoquer une amertume de ceux qui soutenaient cette majorité, et qui vont finir par se rendre compte (si ce n’est pas déjà fait) qu’ils ne seront jamais que des idiots utiles, au service d’un petit groupe de technocrates qui n’ont aucune intention de partager le pouvoir.

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La politique pure, au risque de décevoir

La machinerie politique a repris, en cette rentrée, sur la « taxation des superprofits ». Tout est réuni pour faire le buzz, et donc avoir un gros impact sur le débat public. Prendre de l’argent aux « super-riches » (surtout quand ce sont des « super-méchants » comme Total) pour le donner aux citoyens, c’est un cocktail magique pour la gauche.

On a donc une pression politique qui monte, sur un message très politique, donc très simple à comprendre. Sauf que techniquement, c’est beaucoup plus compliqué à mettre en œuvre, d’où l’embarras du gouvernement. Si Bruno Le Maire résiste autant, c’est probablement autant parce qu’il est un libéral pro-business, que parce qu’il est conscient de la difficulté à mettre en place concrètement cette taxation.

En effet, les lois fiscales ne s’écrivent pas à coup de slogans, mais avec des éléments objectifs et mesurables d’assiette, de taux, en respectant quelques principaux constitutionnels. La dernière fois qu’un gouvernement a tenté d’appliquer techniquement un slogan démagogique sur la taxation, c’était en 2012, avec la taxe à 75% de François Hollande. On a vu comment ça a fini…

La grosse difficulté va être de déterminer la base taxable. C’est quoi un « super-profit ». Pour les entreprises pétrolières, c’est assez simple, ils revendent très cher du pétrole, du fait de la hausse spectaculaire des cours, alors que les coûts d’extraction n’ont pas augmenté. Là où cela devient délicat, c’est de savoir quelle autorité nationale a le droit de taxer ces superprofits, celle du pays du siège social, ou celle du pays où se déroulent les opérations d’extraction ? Pour la France, mieux vaut que ce soit le pays du siège social, vu qu’il n’y a aucun activité d’extraction de pétrole sur le territoire français. Cela permettra au moins de faire payer Total. Autre sujet, quelle assiette exacte ? Les bénéfices globaux de l’entreprise, toutes activités comprises, tels que déclarés dans les comptes annuels ? Juste un différentiel entre les gains « en temps normal » et ceux effectivement réalisés en période de crise ? Là encore, on prend le résultat global, ou juste le produit de certaines activités particulièrement impactées ?

Il va falloir trouver le mécanisme juridique (bon courage aux juristes) C’est d’autant plus compliqué que suivant les entreprises et les secteurs, les « super-profits » peuvent venir de différentes activités ou mécanismes. Il faudrait sans doute autant de taxes qu’il y a de secteurs concernés, pour remplir l’objectif politique annoncé, qui est de prélever une partie des « sur-profits » provoqués par la crise. Le piège est redoutable, car le conseil constitutionnel sera sans doute saisi, et vérifiera que les dispositions de la loi de Finances sont bien proportionnées et conformes à l’objectif visé.

Le risque de censure constitutionnelle est réel, et derrière, si jamais ça passe, il y aura des contentieux devant les tribunaux ordinaires pour les modalités de calcul des chiffres à retenir pour le calcul de l’assiette et autres détails d’application. Ces entreprises ont ce qui faut en avocats fiscalistes pour lancer la bataille (et éventuellement la gagner). Bref, légiférer, à la va-vite, sur une matière aussi technique, face à des entreprises qui ont les moyens de se défendre, c’est monter une usine à gaz qui explosera à la gueule du gouvernement, sans rapporter grand chose au Trésor public.

Pour l’opposition, ce n’est pas grave. Si ça marche, ils en réclameront à cor et à cri le bénéfice politique, et si ça ne marche pas, ce sera la faute de l’incompétence ou de la mauvaise volonté du gouvernement.

Pourquoi, dans ce cas, se préoccuper de la faisabilité de ce qu’on propose ? Pourquoi se comporter en opposition responsable, quand on peut faire de la démagogie et gagner à tous les coups ?

Comment s’étonner du discrédit de la classe politique, qui s’amuse à donner des espoirs aux Français, en leur faisant miroiter des actions et des objectifs que l’on sait irréalisables, ou très compliqués à atteindre. A la fin, il ne peut y avoir que de la déception, et un fossé qui se creuse encore un peu plus entre les citoyens et leur classe politique (opposition comprise).

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Le danger du vide politique pour la Macronie

Les médias se préoccupent beaucoup, en ce moment, de la « refondation » du parti présidentiel, qui s’appellerait désormais « Renaissance ». Il n’y est question que de mécano institutionnel, comme de savoir comment la machine va fonctionner, avec qui à sa tête, le tout discuté dans un bureau à l’Elysée, donc très loin du moindre militant.

Dans tout cela, à aucun moment, il n’est question d’idéologie, ni de positionnement « politique ». C’est même le vide sidéral sur ce sujet, et cela commence à devenir un problème majeur. En effet, Emmanuel Macron a réussi sa conquête du pouvoir en 2017, avec une vague teinture « centriste-humaniste », détaillée dans un livre gentillet écrit pour lui par deux communicants, et surtout, une posture de dégagisme. Ce qui a fait gagner Macron en 2017, c’est cette promesse (très vide de contenu) d’un « nouveau monde ».

Une telle opération, fondée sur le dégagisme, est beaucoup plus compliquée à mettre en œuvre, le coup suivant, quand on est le sortant. Et encore plus lorsque l’on a clairement échoué à tenir cette promesse de « révolution » et de renouveau. Tout au long de son premier mandat, Emmanuel Macron a géré la France (plutôt bien d’ailleurs), comme un technocrate pragmatique, mais il n’a esquissé aucune ligne politique, aucun projet de long terme, aucune projection sur ce que sera la France en 2030 ou 2050. Aucune vision de la France, tout court, diraient les méchantes langues.

Résultat des courses, il a été incapable de donner une impulsion politique à sa candidature pour un deuxième mandat. Les Français l’ont reconduit à la présidence, comme on prolonge le mandat d’un syndic qui a bien géré la copropriété, et parce que l’offre alternative n’était pas à la hauteur. Cette élection présidentielle est une victoire d’Emmanuel Macron sur sa seule personne, et absolument pas sur un projet politique, totalement inexistant.

Si on peut éventuellement passer l’obstacle à la présidentielle, c’est plus compliqué, à l’étape suivante des législatives, de demander aux Français de lui donner une majorité, sans leur dire pour faire quoi. Devant ce vide, Emmanuel Macron a tenté la « non-campagne », espérant refaire le coup de la présidentielle, espérant que, mécaniquement, les Français prennent les Législatives pour une formalité administrative. Malheureusement pour lui, la gauche a fait campagne et il s’est retrouvé avec une majorité relative à l’Assemblée nationale, qui lui complique la tâche.

A l’aube de la rentrée de septembre, on attend encore qu’Emmanuel Macron nous dise où il veut aller et nous emmener, et je pense que l’on attendra longtemps, car lui même ne le sait pas et n’a rien préparé. Car ce n’est pas un politique, et c’est là sa faille majeure.

Il a cru qu’il devenait possible de diriger le pays, sans avoir à être « politique », juste en étant bon gestionnaire. C’est mal connaitre le pays, et surtout, mal connaitre ce qu’est réellement l’exercice du pouvoir. Faire de la politique, c’est donner une vision de là où veut aller, du cadre intellectuel et de valeurs dans lequel on s’inscrit (avec une cohérence entre les deux). Sans cette vision et cet élan, on ne peut pas mobiliser. De Gaulle avait une vision de la France, qu’il avait largement exprimé dans des livres (par ailleurs bien écrits, et par lui). Il a été capable, après sa prise de pouvoir dans un contexte de crise, de construire un projet politique, avec un parti capable de mobiliser. On ne peut pas en dire autant du parti macroniste, qui est en état de mort cérébrale depuis sa création, et le restera sans doute au cours du deuxième mandat.

Si Emmanuel Macron n’arrive pas à faire de la politique, c’est à dire à donner un cap au pays, articulé autour d’un corpus idéologique identifié et cohérent, sa présidence ne sera qu’une parenthèse. Le problème pour lui, c’est qu’en général, les parenthèses, on cherche à les refermer au plus vite et à passer à la suite, une fois qu’on se rend compte qu’il n’y a rien à attendre, et qu’on perd son temps.

La Macronie n’est pas à un tournant, elle est au pied du mur. La France est un pays très politique, qui est en manque. Si le président actuel n’est pas en capacité de remplir ce manque de politique et d’idéologie, d’autres le feront à sa place (la gauche a commencé) et les Français se tourneront vers eux. Le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron sera politique, ou ne sera pas. Et malheureusement, c’est la deuxième option qui apparait la plus probable.

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Et si la gauche gagnait aux prochaines présidentielles ?

La fondation Jean-Jaurès vient de sortir une étude intéressante sur les convergences entre militants des différents partis composant la Nupes. Il en ressort que, globalement, ces militants sont assez en phase sur les grands sujets « de gauche » et que les différences portent plus sur des nuances (qui justifient le fait qu’il y ait plusieurs formations politiques) que des fractures béantes. En tout cas, rien qui de rédhibitoire pour un programme commun.

C’est un élément de plus dans une réflexion que j’ai, depuis cet été, sur le fait que la Nupes pourrait bien l’emporter aux prochaines élections présidentielles (qu’elles soient en 2027 ou avant).

Le fait d’avoir réussi cette union de la gauche en 2022 est en soi, un petit exploit, vu les haines et les fractures parfois très anciennes. Ce qui pouvait passer, au départ, pour un simple cartel électoral, destiné à sauver des postes de députés, s’est progressivement mué en embryon de véritable union politique, avec une base programmatique commune. Le deuxième petit exploit est que cette Nupes ait survécu à la période électorale, et que les trois gros partis (LFI, EELV et PS) jouent loyalement le jeu. Il n’y a pas d’entourloupe ou de faux-semblants chez les dirigeants. Les quelques socialistes hostiles à la Nupes sont sur le départ du PS, pour créer un groupuscule qui finira par sombrer ou rallier la macronie, faute d’espace politique et de masse critique.

On a donc une confédération politique assez solide et partie pour durer, avec une articulation au niveau parlementaire qui semble (à première vue) assez efficace. Il y aura sans doute des disputes et des coups d’éclats, mais la gauche est habituée à ces psychodrames idéologiques et sait les gérer (notamment à l’approche des élections). Pendant cinq ans, des gens qui jusque là, restaient soigneusement chez eux, vont apprendre à se connaitre (éventuellement à s’apprécier) et des équipes vont se créer. Il est à noter que des personnalités très intéressantes ont été élues députés à gauche. La plupart ont déjà une solide culture politique et militante, et ils vont, pendant cinq ans, apprendre le fonctionnement du Parlement, de l’Etat, et seront mûrs, en 2027, pour des fonctions plus importantes. Le « banc de touche » apparait plus profond que celui de la Macronie.

Finalement, la seule inconnue, et elle est de taille, c’est le nom du candidat de gauche à la présidentielle. Il est évident qu’il y aura candidature unique au premier tour, l’expérience de 2017 et 2022 ayant montré que la dispersion entraine l’élimination du second tour. Et c’est dans la logique de la Nupes. Ce candidat ne peut pas être Jean-Luc Mélenchon. Il est trop clivant et à 71 ans, il a atteint la limite d’âge, ne serait-ce que pour encaisser, physiquement, le marathon d’une présidentielle. Il semble en être conscient et a envoyé des signaux allant dans le sens d’un retrait progressif (même s’il ne quittera vraiment la vie politique qu’à sa mort). L’enjeu est de taille, car un mauvais casting peut faire perdre tout le bénéfice de l’union politique. Pour le moment, je ne vois aucune personnalité de gauche, qui s’imposerait naturellement.

La gauche pourra également bénéficier du soutien (bien involontaire) de la Macronie. La constitution interdit à Emmanuel Macron de se représenter et il est impensable que les oppositions lui offrent une réforme des institutions pour le lui permettre. Or, depuis 2017, tout repose sur la seule personne d’Emmanuel Macron, et dès qu’il faiblit un peu, c’est tout l’édifice qui se lézarde. Depuis 2017, c’est son entourage très proche qui est aux manettes, sans le moindre renouvellement. Des élus de 2017 qui ont appris et sont montés en puissance, sont soit retournés dans le privé, entrés au gouvernement ou aux postes supérieurs de l’Assemblée. Quand je regarde le groupe Renaissance de la XVIe législature, je cherche désespérément les poids lourds et le « sang neuf », et je ne trouve rien. Les quelques nouvelles têtes sont en fait des apparatchiks de la Macronie, qui sont sortis de la coulisse pour monter sur scène.

Au sein de cette Macronie élargie, seul Édouard Philippe a la carrure pour être un candidat crédible en 2027 et cherche à se donner les moyens. Malheureusement, Il ne pourra pas y arriver sans le soutien de l’ensemble de son camp. Vu le passif grandissant entre les deux individus, on peut craindre qu’Emmanuel Macron fasse tout pour l’empêcher d’y arriver et qu’au final, Édouard Philippe échoue, par manque de soutien de son propre camp, à la troisième place du premier tour de la présidentielle, derrière le candidat de la gauche et Marine Le Pen.

Si Marine Le Pen se retrouve au second tour, contre un candidat de gauche suffisamment « acceptable » pour les modérés de la Macronie, l’issue du scrutin ne fait aucun doute. Et derrière, les législatives suivront, car la gauche (contrairement à la Macronie) a du métier et, quoi qu’il arrive, fait campagne.

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Une XVIe législature qui démarre bien

On pouvait avoir des craintes sur l’ambiance à l’Assemblée nationale, et la capacité de la XVIe législature à être à la hauteur de la tâche. Le premier mois de travail lève les craintes. La cuvée est bonne, meilleure que la XVe, et jusqu’ici, aucun blocage n’a été observé. Je dirais même que l’Assemblée fonctionne bien et trouve plutôt rapidement son rythme, même si quelques réglages sont encore nécessaires.

L’équilibre politique de l’hémicycle est plus conforme à la situation dans le pays, avec un résultat de « proportionnelle » où les trois grands blocs politiques (Gauche, Macronie, RN) sont représentés à un niveau leur permettant d’avoir les moyens et le temps pour s’exprimer dans le cadre du travail parlementaire. C’est démocratiquement important que chaque force politique qui pèse réellement, se considère comme correctement représentée, et donc s’inscrive dans le cadre de la discussion parlementaire, plutôt qu’en dehors. Je sens, à travers la manière dont les députés communiquent (notamment sur Twitter) une acceptation très large et un investissement dans ce cadre parlementaire, y compris au RN. Malgré les dramas (déjà oubliés) de la semaine de mise en place des instances de l’Assemblée, l’institution fonctionne, et personne ne conteste la légitimité des vice-présidents RN ou LFI à présider les débats. Au passage, je trouve que globalement, les séances sont bien menées, ce qui contraste avec les débuts, plus chaotiques, de la XVe législature.

Le niveau et la représentativité « sociale » des nouveaux parlementaires me semble aussi meilleure. Le sévère écrémage vécu par la majorité présidentielle a connu son lot d’injustices, de battus méritants, mais a aussi permis de sortir un certain nombre de députés qui « n’ont pas fait leurs preuves » au cours des cinq dernières années, ou pire, qui ont montré leur incompétence. Il y a quelques défaites sur lesquelles je n’ai pas pleuré. Dans le lot des entrants, il y a quelques beaux profils, notamment chez LFI. Même si je suis en désaccord assez radical avec leurs postures et leurs positionnements politiques, je dois reconnaitre qu’un certain nombre d’entre eux « ont le niveau » pour faire de bons parlementaires. Je ne dirais pas autant du RN, où les profils aguerris sont moins nombreux, et où beaucoup partent d’assez loin sur le plan « parlementaire ». Mais la montée en compétence se fera, il faut juste leur laisser le temps et certains apportent une « diversité » sociale. Même si l’Assemblée reste largement dominée par les classes supérieures, diplomées, il y a davantage de « profils atypiques » dans cette assemblée. Espérons qu’ils arriveront à s’exprimer.

On recommence également à faire de la politique dans l’hémicycle. Même si devoir écouter les prêches militants où certains députés enchainent les poncifs et les clichés est parfois pesant, c’est une bonne chose qu’il y ait une expression de visions idéologiques à l’occasion de l’examen des premiers textes. Le travail parlementaire, ce n’est pas juste de la légistique, c’est aussi, et surtout, de fixer des caps politiques, d’expliciter des visions politiques qui donnent du sens aux textes législatifs examinés. La Nupes joue à fond cette carte, de la politisation et de la réidéologisation, qui va, je l’espère, obliger les autres camps à suivre, et à expliciter, eux aussi, leurs visions. Le discours technocrate de la majorité, aux débuts de la XVe législature, est bel et bien enterré, et c’est une bonne nouvelle pour la démocratie.

Cela se fait sans paralysie du travail législatif. Même s’ils font beaucoup de bruit dans l’hémicycle, les oppositions restent dans le cadre et les discussions avancent. L’hémicycle est un théâtre politique, le lieu où s’expriment, parfois de manière un peu excessive, les lignes et oppositions politiques. Jusqu’ici, la séance joue pleinement son rôle, y compris dans les « désordres » et les chahuts. Je n’ai pas vu de dépôt massif d’amendements hors sujet, comme les LFI le faisaient en 2017, ni de stratégie d’obstruction. Si les débats autour de certains textes, comme la loi de finances rectificative durent plus longtemps que prévu, c’est peut-être parce que le gouvernement n’a peut-être pas prévu assez de temps, et a imposé un calendrier irréaliste. Comment croire qu’en démarrant ce PLFR un vendredi après-midi, après avoir siégé toute la semaine sur une autre loi importante, tout aurait été bouclé dans la nuit de samedi à dimanche ? Les débats qui ont eu lieu à l’occasion de ces textes sur le pouvoir d’achat n’étaient pas « à coté de la plaque » et se sont révélés d’assez bonne tenue sur le plan technique et politique. Il y a globalement eu « débat », c’est-à-dire échanges d’arguments, et pas des tunnels de monologues entre groupes politiques ne s’écoutant pas.

L’absence de majorité absolue n’a pas été, jusqu’ici, un problème. Le gouvernement a été battu sur certains sujets, mais à chaque fois, ce n’était pas vraiment une surprise. Cela n’a pas empêché les textes d’être adoptés, et en nouant des compromis, à peu près comme le gouvernement le souhaitait. Certes, il y a eu des petits loupés, des manières de faire à perfectionner, mais l’adaptation a été rapide et tout le monde, y compris les oppositions, ont joué le jeu. L’Assemblée va vite trouver sa vitesse de croisière, sur les rythmes (le gouvernement vient de lâcher du lest en renonçant à la session extraordinaire de septembre) et sur l’organisation de la préparation, en amont, des textes législatifs. Le spectre de la dissolution s’éloigne sérieusement (sauf crise politique grave).

Finalement, cette XVIe législature s’annonce passionnante, et pourrait redonner un peu de baume au cœur à tout ceux qui aiment cette maison, et ont été meurtris de la voir tomber aussi bas entre 2017 et 2022.

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On ne devrait pas être nommé ministre après 70 ans

Caroline Cayeux, ancienne LR ralliée à la macronie, est aux prises avec une polémique sur ses propos tenus au moment de l’examen de la loi sur la mariage des personnes du même sexe.

Comme beaucoup dans la droite classique, elle partage sans doute cette réticence face à l’affirmation publique de l’identité homosexuelle, sans pour autant être homophobe. Comme beaucoup d’élus et de militants LR, elle s’est laissée emportée par l’ambiance de l’époque à tenir des propos excessifs et ineptes contre cette loi, et profondément blessants pour la communauté homosexuelle.

Que la polémique éclate au moment de sa nomination fait partie du jeu normal. L’opposition est là pour aller chercher les casseroles des membres de la majorité (et vice-versa) et cette polémique n’a rien de choquant. Caroline Cayeux aurait pu s’en sortir sans trop de dommages avec un mea culpa clair et immédiat, en affirmant que ses propos de l’époque ont été tenus dans un contexte particulier, qu’elle les regrettent profondément, et que sa position a évolué depuis sur le sujet. Dans un tel contexte, le choix des mots et des formules ne doit surtout pas être laissé au hasard.

Elle n’a visiblement pas su, ou pu, prendre conscience assez vite de la nécessité d’opérer ce virage avant que les choses ne se cristallisent contre elle. Elle s’est lancée dans une justification de sa position de l’époque, montrant qu’au fond, elle ne renie rien et qu’elle n’a pas changé. Elle n’a pas compris qu’à ce niveau d’exercice du pouvoir, il faut savoir se renier pour survivre. Une attitude qui est de plus en plus difficile à tenir, au fur et à mesure qu’on vieillit. Pour commencer à subir les effets de l’âge, je me rend compte qu’on a tendance, en vieillissant, à montrer moins appétence pour les postes et la carrière, et surtout, qu’on a plus de mal à évoluer radicalement sur des positions qu’on a depuis toujours. D’où cette tentation de se justifier, de préserver l’intégrité de ce que l’on est profondément, là où la nécessité politique imposerait une amputation immédiate, si on veut survivre.

Elle n’a sans doute pas été aidée par le fait que les réseaux et affinités que chacun a, sont ceux de sa génération. On vit toute sa vie avec les amis et relations qu’on s’est fait dans notre jeunesse, ou avec des personnes globalement du même âge (d’où la très grande solitude pour ceux qui atteignent un grand âge). On continue vivre avec l’état d’esprit de notre jeunesse, et on ne connait finalement pas grand chose à ce qu’apprécie la génération suivante, celle de nos enfants, voire petit-enfants. En politique, être ainsi coupé de la perception des attentes, des positions, des goûts des « jeunes générations » est un vrai problème. On peut y remédier, à condition de s’y prendre assez tôt. Devoir tout rattraper, après 70 ans, c’est un effort énorme, si ce n’est insurmontable.

Quand on est plus ou moins déconnecté des attentes d’une partie de la population, on ne « sent » plus instinctivement, ce qu’il faut dire ou pas. On se rend moins compte de ce qui, dans notre comportement et notre attitude, ne passe plus. Et là, c’est le drame…

Ces dernières années, on a eu quelques exemples de personnalités qui sont arrivées à des fonctions ministérielles pour la première fois, autour de 70 ans. On ne peut pas dire que Gérard Collomb ou Jacques Mézard, qui étaient pourtant des sénateurs aguerris, aient laissé de grands souvenirs dans les ministères où ils sont passés. Pareil pour Jean-Pierre Delevoye, revenu aux avants-postes à plus de 70 ans, après une coupure de 15 ans. Il ne s’est pas rendu compte que pendant son absence, les choses ont changé, et que le sujet des conflits d’intérêts est devenu important. Remplir par dessus la jambe, et au dernier moment, ses déclarations d’intérêts et de patrimoine, relève de la faute politique. Il ne l’a pas saisi, et l’a payé plein pot. Pareil pour Alain Griset, lui aussi devenu ministre sur le tard, tombé pour la même chose.

Être ministre est une tâche complexe, qui demande à la fois une souplesse et un flair que l’on perd progressivement en prenant de l’âge. Plus on entre tard dans ces fonctions, plus on s’expose à des difficultés, qui font qu’au final, les choses se terminent mal, ou mieux, de manière mitigée.