La gauche française est toujours aussi désespérante. Alors qu’elle est profondément divisée, voire fracturée, sans leader, sans projet solide, elle continue à ressortir les vieilles rengaines. Depuis juillet 2024, absolument rien n’a évolué à gauche.
Avec Lucie Castets, on atteint le summum. Alors qu’elle n’est politiquement rien ou presque, qu’elle n’a servi que de leurre médiatique, la voilà qui resurgit, par le biais éculé de la tribune dans Libération, où elle appelle à une candidature unique, avec tous les clichés et la liste complète des mots-clé d’un bullshit bingo de gauche. Il ne manque plus que le meeting de Montreuil, et on a tous les clichés.
Une fois de plus, alors que les citoyens demandent des idées, un programme, des réponses à leur angoisse (de préférence rédigés en français courant), on leur ressert de la tambouille interne en langage codé. A deux ans de la présidentielle, alors que le monde est entrée dans une phase d’instabilité inquiétante, je doute que la question intéresse grand monde, à part le microcosme militant de gauche.
Quand une mouvance politique ne fait que se parler à elle-même, en ressortant toujours les mêmes clichés éculés, avec les mêmes réactions pavloviennes, c’est qu’elle est morte. La lourde défaite de Kamala Harris, à la présidentielle américaine, ne semble pas avoir servi de leçon. Pourtant, les mécanismes étaient similaires. Des « élites » éduquées et « sachantes », focalisées sur des sujets sociétaux, se faisant en interne la course au purisme radical, se sont pris une grosse claque de la part de leur électorat, qui est resté à la maison, malgré le danger, réel, d’une nouvelle élection d’un barjot.
Ce dont la gauche a besoin, c’est d’écouter ce qui lui est demandé, et de reparler aux gens « normaux » un langage qu’ils comprennent. Dis comme ça, ce n’est pas compliqué, mais pourtant, j’ai l’impression que la seule à faire réellement cela, c’est Marine Le Pen.
Je suis persuadé que ce qui compte, désormais, n’est plus le programme, mais la vision du monde, la clé de lecture avec laquelle on donne du sens à un monde qui semble en avoir de moins en moins. Si les complotistes pullulent, c’est parce qu’ils comblent un vide, fournissent un imaginaire, avec des références et un langage audible pour le public. L’exactitude et la « rationalité » n’ont qu’une importance secondaire, tout comme les effets réels des politiques proposées. Trump est en train de nous offrir un spectacle grandiose, où après avoir fait le clown-tueur, déstabilisé l’économie mondiale, il va finir par retomber sur ses pieds, en réécrivant le récit, et en arrosant son électorat pour qu’il remette le bon bulletin dans l’urne en novembre 2026, lors des mid-terms.
Face à cela, ce ne sont pas des appels tactiques à la mise en place d’une modalité de désignation d’un candidat qui vont avoir un effet. Alors qu’il faudrait qu’elle soit disruptive et innovante, Lucie Castets se comporte comme la pire des apparatchiks, occupant le terrain médiatique au détriment de ceux qui auraient quelque chose d’intéressant à dire.
2 réponses sur « La gauche française continue à foncer dans le mur »
Est-ce que ce ne serait pas là la faute de Libé (et plus généralement du système médiatique français), qui privilégie la petite phrase et les « bons clients » que sont des Sandrine Rousseau ou Eric Zemmour, en dépit du fait qu’ils montrent de manière répétée qu’ils ne représentent pas grand monde? Idem pour les invités de plateau d’ailleurs, ce qui ne manque pas de choquer quand on pense au vivier potentiel de « vrais » experts. J’avoue que cela m’a toujours surpris.
Il est courant en Suisse quand un politicien prend sa retraite (quelque chose qu’on ne publicise pas en France, où j’ai l’impression qu’on est remplacé dans le débat plus qu’on ne le quitte) de demander à ses adversaires politiques de faire un commentaire positif sur celui ou celle-ci.
Contrairement à vous, j’estime que Lucie Castets était parfaitement légitime en tant que candidate du NFP pour diriger le gouvernement.
Le problème, c’est que le NFP n’est plus derrière elle aujourd’hui, donc se légitimité est maintenant nulle.
La situation de la gauche aujourd’hui, c’est que (sauf s’il est mort ou inéligible) rien n’empêchera Mélenchon d’être candidat, et que le reste de la gauche soit pense qu’il ne peut pas gagner, soit pire préfère qu’il perde.
Et si la gauche doit perdre, il faut se placer pour récupérer les miettes.
Donc tout le monde va y aller.
Il y aussi cette idée stupide dans une quasi majorité du PS qu’on peut gagner sans LFI, ce qui est impossible.
Pour sortir de tout cela, il faudrait qu’une ligne unitaire remporte franchement le congrès du PS, et que Mélenchon n’y aille pas. C’est mal barré.
Pour ce qui est des États-Unis, en supposant que l’état de droit ne s’effondre pas d’ici-là, les démocrates vont mécaniquement gagner les midterms. La question, c’est 2028. On sent un frémissement en ce moment, avec un clivage qui n’est pas entre ceux qui sont plus ou moins à gauche, mais entre les institutionalistes et ceux qui veulent se battre contre tout ce que fait Trump.
L’épisode des élections où les leaders démocrates alertaient contre un danger fasciste, puis appelaient Trump pour le féliciter et insistaient sur la transition pacifique du pouvoir les a décrédibilisés.
Il y a un appétit pour des politiciens qui mènent le combat et Musk donne une occasion en or de rallier le peuple contre les milliardaires.
Le prochain candidat démocrate n’aura pas besoin d’être très à gauche sur les sujets sociétaux, mais il sera très certainement populiste sur le plan économique.