Depuis la suppression par Twitter et Facebook des comptes de Donald Trump, on entend tout et n’importe quoi sur la « puissance » de ces plateformes. On entend même certains les accuser de décider, qui peut ou pas s’exprimer, sur le ton du « droit de vie ou de mort ». Encore une belle polémique « de bulle », comme on voit tant sur les réseaux sociaux.
Cela fait maintenant deux ans et demi que j’ai quitté Twitter (je n’ai jamais été actif sur Facebook) et je ne le regrette absolument pas. Je n’ai pas le sentiment que ma liberté d’expression en ait été atteinte, bien au contraire.
Je dispose toujours d’un lieu, ce blog, où je peux dire à peu près tout ce que je veux, tant que je reste dans le cadre de la loi. Des lecteurs viennent régulièrement, parfois commentent. Même si je n’ai pas de compte twitter, mes billets de blogs y circulent parfois. Leur audience est souvent confidentielle, et il arrive, si le propos est jugé intéressant et pertinent, d’avoir plus d’impact. En tout cas, je n’ai pas du tout le sentiment d’avoir été « censuré » quand Twitter a suspendu mon compte, en tentant de m’extorquer mon numéro de téléphone portable pour le récupérer.
Si une personnalité politique ou un groupe a des choses intéressantes et pertinentes à dire, ils seront entendus et écoutés. Leurs messages circuleront sur les réseaux sociaux, car ils seront partagés par les utilisateurs. Les médias « traditionnels » peuvent aussi s’en faire l’écho. La télévision conserve encore une belle force de frappe, pour diffuser des messages à un grand nombre. Je n’ai aucun doute que Donald Trump, même sans compte Twitter ou Facebook, saura se faire entendre.
Le souci, pour beaucoup, n’est pas d’être « censuré » dans leur liberté d’expression, mais dans leur ego. Ce qu’ils recherchent, sur les réseaux sociaux, c’est de l’exposition personnelle, de la visibilité facile, à coup de petites phrases et de clash.
Il faut donc savoir faire la part des choses, dans les emportements et émotions collectives. Ne pas être sur les réseaux sociaux n’empêchera jamais quelqu’un qui a des choses intelligentes à dire d’être entendu. Car cela ne l’empêche pas de s’exprimer, cela rend juste un peu moins facile la diffusion de sa parole (et encore).
Ce que tout cela révèle, c’est que finalement, au delà de 280 caractères, un certain nombre de personnes n’ont rien d’intéressant à dire. En tout cas, rien de suffisamment intéressant pour que d’autres prennent la peine de les lire, et de faire les deux clics nécessaires pour copier-coller le lien web, au lieu de simplement faire un retweet. Et ils en sont vexés, accusant les réseaux sociaux d’être coupables de la frustration qu’ils ressentent.
6 réponses sur « Les Gafa ne sont pas les gardiens de la liberté d’expression »
« au delà de 280 caractères, un certain nombre de personnes n’ont rien d’intéressant à dire »
Un excellent résumé de la situation, en 90 caractères.
Plus sérieusement, le niveau de réflexion de la classe politique est un sujet de grande perplexité : si l’intelligence scolaire ou manoeuvrière des élites administratives et politiques restent élevée, je suis étonnée de la baisse de la qualité de la réflexion qui dépasse rarement la question de l’amelioration incrémentale du système dont nous avons collectivement hérité quand elle ne se borne pas aux moyens de la perpétuation du « petit bout du système » dont l’intéressé a la charge en faisant le moins de vague possible en vertu de la croyance inavouée ou cynique qu' »il n’y a pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout »…
Ce qui laisse le champ politique à des discours dont la répétition incantatoire assure une existence sans lien avec le réel et des idées puériles que plus personne ne sait ou n’ose discuter posément.
N’empêche votre compte manque à Twitter. Son pendant ne le remplace pas.
Bonjour Authueil,
Je me permets de vous solliciter pour vous signaler que l’association citoyenne Anticor, qui lutte contre la corruption, risque de perdre prochainement l’agrément avec le ministère de la justice qui lui permet de se constituer partie civile. De nombreuses instructions en cours risquent de s’arrêter à cette occasion : les affaires Ferrand, Kohler, Alstom etc. Si le sujet vous intéresse n’hésitez pas à relayer l’info, c’est le seul moyen que nous avons pour que le dossier soit traité par le premier ministre qui a tous pouvoirs dans cette affaire.
Merci beaucoup,
Pierre
Ah oui en effet!!!
« Ce que tout cela révèle, c’est que finalement, au delà de 280 caractères, un certain nombre de personnes n’ont rien d’intéressant à dire. En tout cas, rien de suffisamment intéressant pour que d’autres prennent la peine de les lire ».
Ce point de vue est quelque peu méprisant envers les personnes qui n’ont pas l’habitude ou le talent suffisant pour s’exprimer aisément par écrit. Vous ne vous intéressez ici dans le contenu scriptural qu’à sa fonction informative et non pas à la fonction émotionnelle que le rédacteur cherche parfois, même maladroitement à exprimer. Son écrit peu aussi simplement s’interpréter comme une preuve d’existence » je pense ( difficilement) donc je suis ( toujours difficilement) ».
Merci de vos chroniques dont j’apprécie souvent le fond et la forme, avec l’éclairage bien particulier d’un observateur proche, impartial et libre. Mais de grâce ne nous faîtes pas le coup de la « supériorité » dans l’expression.
Pour moi, le problème n’est pas le mode d’expression, mais l’absence de réflexion et de pensée politique. On peut très bien avoir des idées et positions construites, sans forcément maitriser totalement l’expression écrite. Les deux ne sont pas liées. Mais le débat démocratique est basé sur la délibération éclairée, pas sur l’émotion et les éructations.