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Macron renverse la table

Une heure après la fermeture des derniers bureaux de vote pour les élections européennes, Emmanuel Macron annonce une dissolution de l’Assemblée nationale, avec des élections législatives les 30 juin et 7 juillet. Une annonce sidérante et incroyablement risquée.

Vu la montée en puissance du RN, il était évident que plus on attendait, plus on risquait une nette victoire de ce parti, l’attente n’étant alors qu’une longue agonie du pouvoir en place. Avec un score aussi mauvais aux européennes (à peine 15%, contre 32 au RN), le gouvernement Attal risquait de ne pas aller beaucoup plus loin que l’examen du budget, en octobre prochain. Quitte à devoir dissoudre, autant le faire tout de suite, en profitant de l’effet de surprise, pour avoir une chance d’éviter le désastre annoncé.

Mais c’est loin d’être gagné pour autant !

Une dissolution ne peut être un succès, pour celui qui y procède, que si elle a un sens, que les électeurs comprennent l’enjeu. En 1962, De Gaulle a dissous après l’adoption d’une motion de censure, en 1968, il l’a fait après mai 1968. Mitterrand l’a fait en 1981 et 1988, après son élection. La raison de la dissolution était limpide, et les français ont acquiescé, en donnant une nouvelle majorité au président. A rebours, en 1997, personne n’a compris pourquoi Chirac avait dissous, et il s’est retrouvé avec une cohabitation.

J’ai un peu de mal à saisir le sens de la décision d’Emmanuel Macron. Pourquoi dissoudre ? Qu’attend-t-il des Français ? Pourquoi faudrait-il lui redonner une majorité ? Son message était assez succinct et peu explicite. Ce que j’en retire (à chaud) c’est qu’il a reconnu s’être pris une grosse déculottée électorale, qui le disqualifie politiquement et en tire les conséquences. C’est politiquement très honnête et courageux, mais ça sonne aussi comme une forme de démission, et une transmission de relais à Marine Le Pen. En tout cas, cela peut être interprété comme cela, si Macron n’en dit pas plus, ou se contente d’un « c’est moi ou le chaos RN » sans programme politique de fond.

Ces élections se font dans un contexte très particulier. Le délai est extrêmement court, prenant tout le monde par surprise. Chaque parti a moins d’une semaine pour désigner ses candidats. Les déchirures de la gauche risquent d’empêcher la reconstitution de la moindre alliance entre LFI et le reste de la gauche, d’autant plus que le résultat des européennes change la répartition du rapport de force en faveur du PS. Si la gauche part désunie, elle va se faire défoncer, en étant éliminée dès le premier tour dans beaucoup d’endroits.

La camp macroniste tente un coup de poker, en annonçant dès ce soir, donner l’investiture à tous les députés sortants, les siens, mais aussi ceux de LR, Liot, PS et Verts. Une main tendue pour une coalition « républicaine » qui sera nécessaire pour trouver une majorité en cas de forte poussée du RN. Encore faudrait-il que les députés d’opposition concernés répondent positivement à l’appel. Si ce n’est pas le cas, et que les macronistes sortants se retrouvent avec des PS et des LR contre eux, en plus du RN, ça va être un carnage.

L’onde de choc va peut-être fissurer la majorité actuelle. Un certain nombre de députés macronistes sortants sont usés, et risquent de ne pas rempiler. Joel Giraud, par exemple, vient d’annoncer son départ en retraite de la politique. Combien comme lui ? Autre fissure potentielle, quelle place laissée aux « alliés » Modem et Horizons ? Vont-ils y gagner ou y laisser des plumes ? Vont-il accepter de ne pas envoyer de candidats là où ils ont des chances sérieuses ? C’est bien de vouloir élargir sa majorité, c’est encore mieux d’arriver à y garder ceux qui y sont déjà.

Très rapidement, la campagne va tourner autour du spectre de voir Marine Le Pen obtenir une majorité à l’Assemblée, et donc diriger le gouvernement. Cette perspective ne doit pas être écartée. Mais ce serait une arrivée au pouvoir en mode cohabitation, avec un président qui a encore trois ans de mandat, et qui pourra à nouveau dissoudre à partir de juillet 2025. Un gouvernement RN serait loin d’avoir les mains libres, et c’est très différent d’une arrivée au pouvoir après une victoire à la présidentielle suivie d’une dissolution (et d’une victoire aussi aux législatives).

On peut se demander si, quitte à avoir le RN, mieux vaudrait cette configuration, qui limite la casse, et pourrait permettre de discréditer Marine Le Pen. Ce serait très cynique, car cela veut quand même dire au moins une année de combat politique violent, où c’est le pays qui trinquera.

Malheureusement, ce moment du choix démocratique qui nous saisit par surprise devait arriver, tôt ou tard. Espérons que la pièce qu’Emmanuel Macron vient de lancer en l’air retombe du bon coté. J’ai bien peur que ça ne soit pas le cas. Quand l’extrême droite arrive au pouvoir, en France, c’est toujours par surprise, et je crains que beaucoup, dans les lieux de pouvoir, ne s’en accommodent, une fois la sidération passée.

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Sur l’IA, l’urgence est d’attendre

Il y a parfois des rencontres qui ouvrent des perspectives, remettent de l’ordre dans un chaos informationnel. J’ai récemment écouté Daniel Andler parler de son dernier livre, « Intelligence artificielle, intelligence humaine, la double énigme« . Je n’ai pas encore lu le livre (il a l’air assez costaud) mais le propos de l’auteur était limpide et fait grandement progresser mon appréhension de l’intelligence artificielle.

Il commence par exposer que le concept, et la promesse « politique » derrière, n’a rien de nouveau. Dans les années 60-70, certains en rêvaient, avant que les échecs techniques ne mettent fin aux financements. Mais l’utopie d’arriver à égaler, voire dépasser l’intelligence humaine, est toujours là, prête à resurgir, car elle questionne notre humanité. Nous ne sommes pas dans la pure technique, mais davantage dans le questionnement philosophique et éthique, voire anthropologique.

Il pose ensuite quelques concepts et constats assez simples. Ce que l’on appelle « Intelligence artificielle » peut être de deux formes. C’est soit une reproduction exacte, par des voies technologiques, d’un cerveau humain, tel qu’il fonctionne, soit un développement technologique, qui permet d’obtenir un même résultat, mais par des processus radicalement différents. Il fait une comparaison éclairante, avec les hormones et enzymes. On en trouve dans la nature, que l’on peut synthétiser, et reproduire, mais dans beaucoup de cas, on ne fait que produire des substances qui se contentent d’avoir les mêmes effets.

Ce que nous appelons actuellement « intelligence artificielle » n’est en rien une reproduction, à l’identique, d’un cerveau humain. C’est juste un produit de substitution, qui permet d’obtenir le même résultat qu’un cerveau humain, sur des secteurs très particuliers. Il reconnait volontiers que pour la résolution de problèmes mathématiques ou les synthèses documentaires, les résultats sont épatants, et dépassent les capacités du cerveau humain.

Mais ces « exploits » sont limités et ne sauraient prétendre occuper le même espace que l’intelligence humaine. Il note par exemple que l’intelligence artificielle est bien incapable de faire face à une situation inédite, sans entrainement, là où l’homme y arrive plutôt bien, grâce à d’autres ressources que l’intelligence pure. Une intelligence artificielle n’aura jamais d’intuition ni d’émotions, qui sont pourtant des composantes essentielles de l’intelligence humaine. L’intelligence humaine a une conscience de lui-même et une capacité de réflexivité que n’aura jamais une machine. On est devant deux phénomènes, à qui on donne le même nom « intelligence », mais qui n’ont finalement pas grand à voir.

Il résume très bien la limite, en indiquant qu’une intelligence artificielle est très forte pour résoudre un problème dont les termes sont posés et clairs, mais qu’elle est incapable de poser les termes d’un problème. Tout simplement parce que la définition d’une question, les termes d’un problème, sont avant tout une construction subjective et sociale. La bonne photographie n’est pas dans la nature ou le modèle, mais dans l’œil du photographe.

Il en conclut que ce que l’on appelle actuellement « Intelligence artificielle » ne rattrapera jamais l’intelligence humaine, et ne prendra pas sa place. C’est juste un outil, superpuissant, qui peut grandement aider sur certaines tâches, à condition d’être bien paramétré, et utilisé à bon escient. C’est juste un effet multiplicateur d’une action pensée et voulue par les hommes. C’est bien pour cela que les questions éthiques et philosophiques ne peuvent pas, et de doivent pas être écartées, car elles sont fondamentales, vu la puissance de l’outil.

Cette vision en surplomb m’a offert un grand bol d’air intellectuel, et surtout, relativise beaucoup de discours « bullshit » sur l’IA, que l’on entend un peu partout. Non, l’IA n’est pas un clone de l’humain, et vouloir le faire croire, en lui donnant par exemple la voix de Scarlett Johansson, ne fait que mettre du trouble, et brouille la compréhension de la réalité de l’IA. Il faut absolument en finir avec le délire quasi-religieux autour de l’IA. ChatGPT n’est qu’un supercalcultateur qui parle !

Cela m’a aussi fait prendre conscience de l’immense irresponsabilité de certains chefs d’entreprise et start-uppers. En créant une bulle médiatique et un sentiment d’urgence à acheter leurs produits, ils ont précipité la mise sur le marché d’outils qui ne sont pas aboutis. Cela ne pourra que provoquer des dégâts, comme si on vendait massivement au public, un prototype de voiture à peine sorti du labo, et qui n’a même pas encore passé le moindre test de résistance au choc.

J’ai acquis la conviction que l’IA peut être un formidable outil, mais qu’il est surtout urgent d’attendre que le produit soit fiable avant de l’utiliser dans la vie courante. Exactement le contraire de ce que l’on est en train de faire, sous le coup d’un emballement hallucinatoire, dont on se demandera, plus tard, comment on a fait pour y succomber.

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Le cirque médiatique de la campagne des européennes

Deux incidents, impliquant à chaque fois le service public de l’audiovisuel, m’interpellent. A la fois sur ce que deviennent les campagnes électorales, mais également sur l’attitude des télévisions. Il s’agit de la décision d’organiser un débat Attal-Bardella, et de l’épisode où Gabriel Attal débarque sur le plateau d’un débat, en humiliant sa tête de liste. Dans les deux cas, le candidat LR, François-Xavier Bellamy a eu la parole juste sur ces incidents. Dommage qu’il soit LR, sinon, j’aurais bien voté pour lui.

La politique, même pendant les périodes de campagne électorale, est juste devenu un spectacle, un prétexte pris par l’audiovisuel pour faire de l’audience. Qu’est-ce qui justifie que le Premier ministre, qui n’est pas candidat aux élections européennes, débatte en face à face avec une tête de liste (quand bien même c’est la liste qui est placé en tête par les sondages) ? Il n’y a aucune raison pour que cette configuration soit retenue, mis à part la volonté des journalistes d’organiser un débat dont il rêvent, la fameuse affiche « le duel des héritiers ». L’agressivité de la journaliste, lorsque François-Xavier Bellamy le lui dit, est assez révélateur du fait qu’il a visé juste.

Le deuxième incident est encore plus choquant. Alors que les têtes de listes participent à un débat, le Premier ministre débarque sur le plateau, prend le micro de la main de la tête de liste de son camp, et s’exprime à sa place. C’est tout d’abord profondément grossier et insultant pour Valérie Hayer, qui est juste humiliée et dévalorisée. Politiquement, ça n’apportera rien de bon à la liste présidentielle, car le problème n’est l’incarnation, mais l’absence de projet et de ligne politique du parti présidentiel. Mais en revanche, cela fait un « rebondissement » et donc du buzz, qui semble être l’effet recherché. La responsabilité des journalistes est encore grande, car même si on est Premier ministre, on ne pénètre sur un plateau que si on y est autorisé. Si Gabriel Attal a pu intervenir, c’est qu’on l’a conduit jusque l’entrée du studio, et qu’on l’a laissé faire. A quand le retour d’un ministre de l’information, qui vient lui-même en plateau, présenter la nouvelle formule du journal télévisé ?

Cela en dit long sur l’état de déliquescence des médias audiovisuels, et en particulier du service public, dans leur traitement de vie politique et démocratique. A l’heure où le gouvernement cherche à reconstituer l’ORTF, par la fusion de tous les médias publics dans une seule entité, de telles pratiques discréditent l’argumentation des opposants sur la préservation de l’indépendance. On a vraiment l’impression que les chaines publiques ont servi la soupe au gouvernement en place, et au parti qui pourrait bien le remplacer. Au détriment de la démocratie et du respect des règles de l’équité du temps de parole. La mise en demeure de l’Arcom, contre France Télévision, prononcée le 30 mai, ne semble pas imméritée. Même si elle a été prononcée pour un cafouillage sur les horaires de diffusion des clips de la campagne officielle, cela aurait pu être pour l’ensemble du traitement de la campagne !

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La réforme de la décentralisation ne se fera pas

En ce moment, les rapports sur la décentralisation arrivent en rafale continue. Après celui de Boris Ravignon, sur le coût de l’enchevêtrement des compétences locales, voici celui d’Eric Woerth sur le réforme de la décentralisation. Que va-t-il sortir de tout cela. Sans doute pas grand chose, comme d’habitude ! Les conditions ne sont franchement pas réunies pour avoir une véritable réforme du labyrinthe coûteux et inefficace qu’est devenu notre organisation territoriale.

Les conditions politiques générales ne sont pas là. Avec une assemblée éclatée, où le gouvernement n’a pas de majorité absolue, aucune grande réforme un peu clivante ne peut passer (sinon au 49.3). Avec un Sénat hors du contrôle du gouvernement, c’est encore plus compliqué, car jamais Emmanuel Macron ne voudra laisser les sénateurs mener le bal de la réforme territoriale (et inversement). D’ailleurs, Eric Woerth prend acte qu’un « grand soir » n’est pas possible, et propose surtout des ajustements techniques et techno, avec un beau cadeau au Sénat, le retour du cumul des mandats, pour tenter de dealer. Il n’y a aucune ambition, dès le départ.

La clé d’une vraie réforme est ailleurs, dans un accord politique sur de grands principes, qui relèvent de la Constitution et du consensus politique. Cela doit porter sur la différentiation des compétences (et donc accepter de s’asseoir sur le principe d’uniformité), sur l’acceptation d’un véritable pouvoir réglementaire (voire quasi-législatif) local, avec une véritable autonomie fiscale (recettes propres, où les collectivités contrôlent le taux et l’assiette). Bref, il faut que l’Etat accepte de lâcher prise, et de laisser chaque territoire vivre sa vie, dans un cadre où il est possible de réaliser localement de véritables choix politiques.

La Corse est le lieu d’expérimentation de ces questions de fond. On voit à cette occasion à quel point le processus est lent, laborieux, car l’Etat central rechigne vraiment à lâcher prise. Imaginez ce que cela peut donner face à des régions qui n’ont aucune « particularité » culturelle ou géographique à mettre en avant ?

Si le gouvernement accepte plus ou moins le principe de différenciation entre territoires, c’est à condition que les adaptations locales relèvent exclusivement du préfet. C’est le « pouvoir de dérogation » des préfets, sur les normes, qui est pour l’instant une porte ouverte à une différentiation locale arbitraire et sous tutelle. Cela ne fait juste que rajouter du bazar dans un labyrinthe. Cela permet à la fois de mettre un peu d’huile, localement, quand ça coince vraiment, sans que l’on puisse en faire une règle pérenne et applicable sur tout le territoire. Cela rend le droit encore plus illisible, et surtout, cela donne encore plus de billes aux préfets dans leurs négociations (opaques) avec les élus locaux. La démocratie locale n’en sort pas grandie.

Le fond du problème est que les administrations centrales et les élites parisiennes n’ont jamais vraiment accepté le principe de la décentralisation. Depuis 40 ans, les réformes n’ont eu de cesse de rogner les pouvoirs des élus locaux. Aujourd’hui, l’essentiel de leur budget vient de dotations de l’Etat, les communes n’ont plus la main que sur la taxe foncière, les départements les plus fragiles financièrement sont devenus de simples opérateurs de l’Etat, gérant pour lui l’aide sociale et le grand âge. Il suffit ensuite de laisser se développer les rivalités entre élus locaux, entre territoires, de rajouter de nouvelles strates (intercommunalités) et on crée un monstre que personne ne contrôle. Sauf l’Etat, qui reste reste le maitre du jeu, en faisant les lois, en tenant les finances, en gardant un pied dans beaucoup de compétences locales, via les préfets et les administrations déconcentrées. On a donné aux élus locaux un pouvoir de faire, l’Etat gardant un pouvoir d’empêcher ou de gêner. Le rapport Ravignon est éclairant sur cet imbroglio, qui fait perdre un temps fou (et un pognon de dingue) en concertations et coordinations.

Les différents rapports sur lesquels le gouvernement prétend fonder son actions ne sont pas du tout au niveau nécessaire, celui de la vision politique et de l’acceptabilité d’une véritable autonomie locale. On aura donc, au mieux, une « grande loi » sur les collectivités locales qui ne portera que sur des points marginaux, bougera quelques curseurs, mais pas plus. Un peu comme la précédente « grande loi » sur les collectivités, dites « loi 3DS », du 21 février 2022, qui entendait traiter ces mêmes questions de différentiation et de simplification.

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Quitter Paris ?

Cela fait pas loin de 20 ans que je suis parisien, et pour la première fois, j’en viens à me demander s’il ne faudrait pas envisager de quitter Paris, tellement la vie quotidienne va en se dégradant. Je fais le constat très personnel (donc hautement subjectif) que ma qualité de vie est en baisse, et que cela ne va pas aller en s’arrangeant. Plusieurs sujets sont source d’inquiétude.

Le premier est la question de l’approvisionnement. C’est moi qui fait les courses du foyer, et comme beaucoup, j’ai subi une inflation, dont le ressenti va au delà des chiffres « officiels ». Faire les courses à Paris coûte cher, plus qu’en province. A coté de cet aspect prix, je constate aussi une dégradation et une uniformisation du choix offert par les enseignes de la grande distribution dans mon environnement proche. Quelque soit l’enseigne, le choix de produits est de plus en plus restreint, avec une progression des marques distributeurs, et ce sont exactement les mêmes produits que je retrouve partout. Le supermarché de province, proche de ma maison de campagne, est bien mieux achalandé que n’importe quelle supérette parisienne.

Le deuxième sujet, c’est le transport. Les transports en commun, le métro notamment, a connu une baisse de qualité, et une hausse de tarif. Je le prend de moins en moins, effectuant beaucoup de trajets à pied. Vu la hausse des tarifs, quand on sort peu de Paris, prendre un abonnement mensuel n’est plus du tout rentable. Je fonctionne par tickets, et je suis donc attentif à l’utilité d’un déplacement, question qu’on ne se pose pas quand on a une carte mensuelle. C’est quand même un peu étrange d’en arriver là, car quand je suis arrivé à Paris, la carte orange était autour de 40 euros, et la prendre était rentable, sans avoir à se poser la question.

L’autre point noir des transports, c’est le quasi bannissement de la voiture à Paris. Je soutiens complètement la politique visant à revoir l’allocation de la chaussée, en réduisant la place de la voiture, et en augmentant celle des vélos et des piétons (et accessoirement des bus). Même si je ne suis pas cycliste et que je n’entends pas le devenir, c’est un mode de déplacement qui a pleinement sa place et son utilité à Paris. Si Anne Hidalgo en était resté à cela, rien à dire. Malheureusement, depuis maintenant deux à trois ans, le plan de circulation de Paris est devenu ubuesque, avec des sens interdits partout, des voies uniquement réservées aux bus, alors qu’avant, les voitures y passaient aussi sans que cela ne provoque d’encombrements. Aujourd’hui, cela devient vraiment difficile de circuler à Paris en voiture, avec de moins en moins d’itinéraires possibles et des trajets inutilement tarabiscotés. C’est problématique, car même si je prend peu la voiture, quand je le fais, c’est que c’est le seul moyen de transport possible pour le trajet (aller à la campagne notamment). Quand j’entends que les arrondissements centraux vont devenir quasiment inaccessibles en voiture, et qu’il est envisagé de passer le périphérique à 50km/h, j’ai vraiment peur. Cela va devenir infernal de vouloir entrer et sortir de Paris, au point d’être un frein à l’activité économique.

Le troisième point est le mouvement de piétonisation de rues « secondaires ». C’est ce qui est arrivé à ma rue, qui est devenue une sorte de square, donc bruyant. Les propriétaires de chiens ont pris l’habitude d’y venir promener leurs bestioles, vers 18h30, afin qu’ils puissent « socialiser » avec leurs congénères. Concert d’aboiements tous les soirs. Autant dire que je regrette les voitures, qui faisaient moins de bruit.

Tous ces éléments accumulés me rendent la vie parisienne bien moins agréable. C’est peut-être aussi parce que je vieillis. De toute manière, tant que je suis dans la vie professionnelle, l’organisation politico-administrative de la France m’impose d’être à Paris. Mais j’y trouve de moins en moins d’intérêt, de plaisir, et donc d’attachement à Paris. Au point d’en arriver à penser en partir.

Je serais élu d’une ville dont une partie de la population n’est là que par obligation, et souhaite en partir, je me poserais des questions.

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Le Monde glisse dans le populisme ?

Un article du Monde, présenté comme une « enquête » prétend épingler le gouverneur de la Banque de France pour ses frais de déplacement. Cet article est d’une indigence crasse, et mériterait d’être dépublié, tellement il est indigne.

Le gouverneur de la Banque de France a donc passé 36 nuits en déplacement sur l’année, ce qui est pas mal, avec trois déplacements lointains (Tokyo, Bangalore, New York). C’est un rythme assez soutenu, preuve qu’il travaille et ne ménage pas sa peine. Au total, on a 50 000 euros de frais sur l’année, ce qui est plutôt correct, vu le niveau d’activité. On se demande déjà pourquoi une « enquête » serait nécessaire.

Surtout que les « révélations » qui prétendent dévoiler un « scandale » de gaspillage d’argent public (alors même que les salariés seraient contraints à des restrictions) montrent en fait une bonne gestion. Une moyenne de 300 euros la nuit d’hôtel, c’est franchement très raisonnable. On ne va quand même pas loger le gouverneur de la Banque de France dans un Formule 1. Les règles globales de l’institution sont respectées, et il est amusant de noter que « l’enquête » ne pointe qu’un seul dépassement, au plafond pour une chambre d’hôtel en France : 273 euros pour un chambre à Marseille, alors que le plafond est à 200 euros. Une veille de match de la coupe du monde de Rugby, on peut comprendre qu’il n’y ait pas trop le choix, et qu’il faille faire avec ce qu’on trouve.

Pour les transports, pareil. Le principal lieu de déplacement, c’est Francfort, où se trouve la banque centrale européenne. Totalement logique. Le gouverneur de la banque de France y va en train, et ça parait assez légitime qu’il soit en première classe. L’essentiel du coût de ses billets d’avion vient des long courriers. Pour ceux qui ont déjà fait des longs voyages, 6000 euros pour un aller-retour à Tokyo, ça n’a rien d’excessif. Et là encore, qu’il soit en classe affaires n’a rien d’illégitime.

En résumé, il n’y a rien à gratter et le droit de réponse du gouverneur de la Banque de France n’en est que plus cruel.

Que le Monde ait pu publier un tel article montre bien la dégradation de la qualité de ce journal. N’est pas Médiapart qui veut, et on a une fois de plus l’illustration de la fable du corbeau qui se prenait pour l’aigle. Il serait temps que les journalistes et dirigeants de presse se posent des questions, et comprennent que de tels loupés journalistiques et déontologiques sont catastrophiques. Le populisme est de plus en plus répandu, avec une tendance lourde à vilipender les élites. Rajouter des pièces dans la machine, de la part d’un journal qui se prétend de référence, c’est assez déprimant pour ceux qui espèrent encore que la qualité de l »information soit un pilier de la démocratie libérale.

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L’étrange campagne des européennes

Je dois avouer avoir beaucoup de mal à m’intéresser aux élections européennes. Ce scrutin est complètement bâtard, car on vote pour désigner des élus à un niveau européen, tout en faisant campagne à un niveau strictement national. C’est une forme de dissonance cognitive qui ne peut que nuire à l’Union européenne.

J’ai par exemple beaucoup de mal à prendre au sérieux les « programmes » proposés par les différentes listes. Une fois arrivés à Bruxelles, ces élus vont se retrouver dans des groupes transnationaux, où ces « programmes » vont se diluer, et n’être que des briques d’une ligne politique faite de compromis. Au final, il peut ne rien en rester, et cela ne peut que décevoir les électeurs.

Un autre point d’achoppement, tient à la construction institutionnelle européenne, où on vote pour des députés qui n’ont pas de pouvoir d’initiative législative. Le Parlement européen vote sur des textes législatifs proposés par la Commission. Il n’y a pas de proposition de loi, et si les eurodéputés peuvent s’exprimer sur pleins de sujets, par le biais de « rapport d’initiative », ils n’ont pas valeur législative. Les vrais débats européens devraient donc se faire sur la base de ce que propose la Commission. Or, celle-ci est renouvelée en même temps que le Parlement, avec un mode de désignation un peu baroque, où ce sont les chefs d’États qui décident et nomment, et où les députés ratifient (ou pas), après coup.

Le degré d’information sur ce que veut vraiment faire le PPE, principal groupe politique au Parlement européen (qui devrait donc récupérer la présidence de la Commission), est proche de zéro. On ne sait même pas quelle sera la configuration exacte à droite, entre le PPE (droite classique conservatrice), l’ECR (droite dure, limite facho) et ID (carrément facho) et quelles sont les possibilités de coalition. Vu les projections en siège au niveau européen, cela change tout si PPE et ECR arrive à s’entendre dans une coalition.

Faute d’avoir les informations pertinentes, on se retrouve à un scrutin « national » où l’électeur se fait idéologiquement plaisir, en sachant parfaitement que cela n’aura pas de conséquence nationale directe. Pas de gouvernement renversé ni de villes qui basculent. Cela me désole, car l’échelon législatif européen est le plus important, le droit européen s’imposant aux droits nationaux. Dans beaucoup de sujets essentiels (en particulier l’économie), tout se décide à Bruxelles, sans qu’il n’y ait de véritable « rendez-vous » électoral, pour valider ou sanctionner des choix politiques passés, et valider des lignes. D’où un réel déficit démocratique qui va en se creusant, et mine l’Union européenne.

Si on veut vraiment relancer l’Europe, il faut revoir complètement ce dispositif et forcer à l’européanisation des listes, et donc des programmes et des débats. En 2019, Emmanuel Macron avait demandé la possibilité de faire des listes transnationales, qui auraient permis d’européaniser un peu la campagne et les programmes. Rien n’a avancé sur ce plan. Il faut aussi clarifier la responsabilité politique de la Commission européenne, dont le poids dans le dispositif institutionnel est trop important pour se passer d’une quelconque forme de légitimation électorale directe. A défaut d’une désignation directe par les électeurs du président de la Commission, qu’il y ait au moins une obligation de rendre des comptes aux citoyens à l’occasion des échéances électorales. On en est très loin, et les quelques éléments d’information existant là-dessus passent sous le radar des médias français, mis à part quelques titres très spécialisés.

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Enfants, écrans et impasse politique

Un groupe d’experts scientifiques vient de rendre un rapport à Emmanuel Macron, sur l’exposition des enfants aux écrans. J’ai pris le temps de le lire, et sur le fond, il n’y a pas grand chose à redire. On savait déjà que l’exposition excessive aux écrans n’est pas bon pour la santé, physiologique et psychologique des enfants. Voire que c’est carrément nocif dans les premières années.

Des mesures sont d’ores et déjà proposées, comme par exemple d’enlever les écrans dans les crèches et chez les nounous (une proposition de loi a été déposée, et permettra de faire de la mousse médiatique) ou encore de peser sur les réseaux sociaux pour qu’ils soient moins toxiques. Même si cela va dans le bon sens, c’est accessoire, voire anecdotique à coté de l’enjeu majeur. En effet, cela implique avant tout d’agir sur un acteur majeur de l’éducation des enfants, si ce n’est essentiel : les parents.

Si on lit bien le rapport, ce qu’on demande aux parents, c’est d’éteindre et de cacher leurs écrans en présence de leurs enfants, et de s’occuper d’eux, en jouant et en passant du temps avec eux. Dans l’absolu, je vois bien l’intérêt et la justification de cet objectif, dans la réalité, c’est de l’ordre de l’inaccessible, et aucune loi n’y pourra rien. Quand bien même on voterait des lois, comment les appliquer, si cela implique de s’immiscer dans l’intimité des familles ? C’est une impasse complète, et je suis surpris que les experts scientifiques, certainement compétents dans leur domaine, n’ait pas pu se rendre compte qu’ils s’engageaient dans une impasse politique.

Tous les parents savent que s’occuper d’enfants (pire, d’adolescents) est un investissement compliqué, chronophage et épuisant. Tous cherchent des accommodements, des moments où ils peuvent souffler. A toutes les époques, dans toutes les couches de la société, les parents ont pu laisser, plus ou moins, leurs enfants à eux-mêmes, ou sous la garde d’autres. L’école est en partie faite pour ça, même si on n’ose pas trop le dire. Les choses n’ont pas franchement changé, et la période où on élève des enfants est également celle où on est en ascension professionnelle. Dans nombre de familles, les écrans sont l’élément central de l’équilibre psychologique des parents, et de la paix sociale dans le foyer.

Si on veut limiter (drastiquement ou pas) l’usage de cet outil, il va falloir proposer autre chose aux parents que la culpabilisation, sinon, il risque de ne pas se passer grand chose. C’est d’autant plus vrai dans les classes populaires, qui n’ayant pas trop de moyens économiques, ont moins le choix et se rabattent plus facilement sur les écrans comme nounous. C’est d’autant plus marqué que ceux qui arrivent, ou vont arriver à l’âge d’être parents, ont grandi avec les écrans (jeux vidéos, réseaux sociaux et vidéos à gogo via Youtube). Comment leur expliquer qu’ils font mal, et qu’il faut faire autrement, sans leur dire ce qu’est cet « autrement » et surtout, leur donner les moyens d’y accéder.

Je crains donc que les suites de ce rapport, ça soit beaucoup d’injonctions plus ou moins culpabilisantes, beaucoup de comm’, mais finalement pas grand chose de concret. En tout pas suffisamment pour être à la hauteur de l’objectif fixé, qui est un absolu scientifiquement justifié, mais politiquement inaccessible.

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L’irresponsable Guillaume Meurice

Le « journaliste » et « humoriste » Guillaume Meurice vient d’être convoqué pour un entretien préalable à un licenciement. La direction de Radio France lui reproche d’avoir sciemment récidivé sur ses propos qualifiant le premier ministre israélien de « nazi sans prépuce ».

Le licenciement pour faute grave est parfaitement justifié, juridiquement. Il y a eu un avertissement, la première fois, il est évident que la réitération consciente ne peut que provoquer une sanction disciplinaire.

Le licenciement est également justifié politiquement et moralement. L’humour ne justifie pas tout, et si la première fois, on peut accorder le bénéfice du doute (une blague mal calibrée, ça peut arriver), la deuxième fois, c’est de la provocation. Quand on participe à l’animation du débat public d’actualité, dans une émission à grande écoute, sur une radio de service public, on fait attention à ce qu’on dit. Le fait d’avoir une carte de presse ou pas n’y change rien.

Vu le climat incandescent autour du conflit israélo-palestinien, en France (mais aussi dans le monde), remettre une pièce dans la machine relève soit d’une volonté de rajouter un jerrican d’essence sur le brasier, soit de l’inconscience. Dans les deux cas, c’est une faute lourde, quand on se prétend journaliste, et qu’on participe à l’animation du débat public. Personne, à ce niveau, ne peut prétendre s’exonérer ses responsabilités, quand le situation est aussi délicate, ou alors, il faut assumer d’être militant, position incompatible avec celle de journaliste ou de chroniqueur, qui plus est dans un média de service public.

Les journalistes ont une responsabilité sociale et sociétale importante, qu’ils savent très bien mettre en avant quand ça les arrangent (pour demander des subventions par exemple). Ils sont les animateurs du débat public, quand il devient aussi tendu qu’actuellement, ils doivent être prudent dans leur couverture des sujets brulants, et éviter de se comporter en militants d’une cause ou d’une autre. Éviter les provocations, telles que celle de Guillaume Meurice, est une évidence que l’on ne devrait même pas avoir à rappeler.

Il est donc normal que la direction du média sur lequel ces propos ont été tenus prenne des mesures, pour se désolidariser, et montrer une désapprobation claire de cette faute. La liberté de la presse doit nécessairement s’accompagner d’une responsabilité de ce qui en est fait.

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Ménages, collusions et ambiguités d’Achilli

Le journaliste Jean-François Achilli vient d’être licencié pour faute grave par son employeur, Radio France. Le journaliste avait été suspendu en mars, après la révélation qu’il aurait aidé Jordan Bardella à écrire un livre politique. Un mélange des genres qui semble structurel chez ce journaliste, selon Libé.

Cette affaire est emblématique du flou déontologique dévastateur que l’on rencontre dans le haut du panier de la presse parisienne, dans ses relations avec le pouvoir, la communication et l’argent.

Nous avons donc un « journaliste vedette », c’est-à-dire connu du public, et en principe reconnu pour ses compétences professionnelles, mais aussi accessoirement pour son entregent, ainsi que son réseau professionnel et extra-professionnel. Bref, un homme « de pouvoir » qui est à la croisée de beaucoup de chemins. Il y en a un certain nombre comme lui, qui se sont fait une place au soleil, et jouent ensuite sur plusieurs tableaux, avec de beaux numéros d’équilibristes.

Ce qui lui est reproché est d’avoir mis sa réputation professionnelle, et donc sa crédibilité de journaliste, au service d’intérêts politiques et/ou économiques, et de personnes qu’il fréquente par ailleurs, à titre professionnel, et dont il est censé rester indépendant. Le bénéfice qu’il en tire peut-être financier (il a monté une société pour facturer ses prestations) mais aussi égotique (le sentiment d’être un puissant de ce monde). Pour leur défense, certains expliquent que leur métier de journaliste implique une distance, mais aussi une forme de proximité avec leurs sources et les sujets qu’ils doivent couvrir. Mais dans ce cas, mieux vaut s’abstenir d’en tirer un bénéfice personnel, et rester dans une « rémunération » à usage purement professionnel. Dans le flou déontologique, il y a un coté obscur où il est très facile de glisser.

Concernant Achilli, le dérapage est documenté et semble assez ancien. Un souvenir m’a personnellement marqué, celui de son « interview » avec Jérôme Cahuzac, en 2013, où l’ancien ministre s’exprimait pour la première fois, après avoir démissionné. La séquence sentait l’opération de communication à des kilomètres à la ronde, et j’avais été scandalisé qu’un journaliste professionnel de l’envergure de Jean-François Achilli s’y compromette. Depuis cette date, il était déontologiquement « carbonisé » à mes yeux. L’accident de carrière dont il est aujourd’hui victime ne me surprend donc pas. Ce qui est en revanche plus surprenant, et révélateur, est que cela n’arrive que maintenant. Selon Libération, ce journaliste étant coutumier des ménages et du mélange des genres, ce ne sont pas les occasions qui ont manqué de mettre en lumière sa dérive déontologique.

Outre le fait d’avoir conseillé le chef d’un parti politique, sur l’écriture d’un livre autobiographique, d’autres faits lui sont reprochés. Il aurait ainsi travaillé, pendant une dizaine d’années, comme média-trainer, pour un cabinet de lobbying. Une prestation de coach, sur le papier purement technique, mais qui se révèle problématique. Cela créé une proximité particulière avec les personnalités politiques/économiques qu’il entraine, et donc, un rapport différent avec eux, sur un « vrai » plateau, si jamais il est amené à les interviewer. Il fait également le jeu du cabinet de lobbying, qui sait pouvoir vendre plus cher cette prestation, car faite par un « vrai » journaliste vedette » avec lequel il est possible de sympathiser, et d’obtenir, éventuellement (si affinités) autre chose qu’un simple entrainement à l’interview radio ou télévisée. Signe d’une certaine déconnexion avec l’éthique, il lui est arrivé de recevoir, en tournée promo sur son plateau, sa compagne, venue parler de son dernier livre, sans évoquer leur lien. On peut aussi se poser la question sur les choix d’inviter telle ou telle personne, sur les plateaux d’émissions qu’il anime. Le soupçon est terrible, car crédible.

Tout le problème est dans ces non-dits, dans les liens amicaux qui peuvent se créer, dans les éventuels renvois d’ascenseurs, non seulement entre le journaliste et ses « clients » (politiques et chefs d’entreprise), mais aussi avec les communicants et lobbyistes. Rien de mieux pour miner la confiance des citoyens dans les médias !

Le traitement de l’affaire laisse toutefois un arrière-goût désagréable. Jean-François Achilli est tombé, car il a engagé des discussions avancées (qui ne se sont finalement pas concrétisées) avec Jordan Bardella, le patron du RN. La réaction aurait-elle été la même, s’il s’était agi d’un autre politique, plus dans « l’axe républicain » ? La pratique de l’aide à l’écriture pour les livres politiques est généralisée (comment un ministre peut avoir le temps d’écrire un bouquin ?) et bien des journalistes se sont plus ou moins impliqués dans cette activité de ghostwriter, sans qu’il ne leur arrive jamais rien. Cela pourrait donner l’impression qu’Achilli était sous surveillance, mais a finalement été sanctionné pour avoir dépassé une ligne rouge plus « politique » que déontologique.

Reste à voir s’il arrivera à rebondir. Après tout, d’autres avant lui ont réussi à passer sans trop d’encombre un passage délicat, causé par une faute déontologique. Ce serait sans doute cela le plus désastreux. Après, on peut faire autant d’Etats Généraux de l’Information qu’on veut pour rebâtir la confiance, cela ne servira à rien si la profession elle-même refuse de s’auto-réguler.