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Enfants, écrans et impasse politique

Un groupe d’experts scientifiques vient de rendre un rapport à Emmanuel Macron, sur l’exposition des enfants aux écrans. J’ai pris le temps de le lire, et sur le fond, il n’y a pas grand chose à redire. On savait déjà que l’exposition excessive aux écrans n’est pas bon pour la santé, physiologique et psychologique des enfants. Voire que c’est carrément nocif dans les premières années.

Des mesures sont d’ores et déjà proposées, comme par exemple d’enlever les écrans dans les crèches et chez les nounous (une proposition de loi a été déposée, et permettra de faire de la mousse médiatique) ou encore de peser sur les réseaux sociaux pour qu’ils soient moins toxiques. Même si cela va dans le bon sens, c’est accessoire, voire anecdotique à coté de l’enjeu majeur. En effet, cela implique avant tout d’agir sur un acteur majeur de l’éducation des enfants, si ce n’est essentiel : les parents.

Si on lit bien le rapport, ce qu’on demande aux parents, c’est d’éteindre et de cacher leurs écrans en présence de leurs enfants, et de s’occuper d’eux, en jouant et en passant du temps avec eux. Dans l’absolu, je vois bien l’intérêt et la justification de cet objectif, dans la réalité, c’est de l’ordre de l’inaccessible, et aucune loi n’y pourra rien. Quand bien même on voterait des lois, comment les appliquer, si cela implique de s’immiscer dans l’intimité des familles ? C’est une impasse complète, et je suis surpris que les experts scientifiques, certainement compétents dans leur domaine, n’ait pas pu se rendre compte qu’ils s’engageaient dans une impasse politique.

Tous les parents savent que s’occuper d’enfants (pire, d’adolescents) est un investissement compliqué, chronophage et épuisant. Tous cherchent des accommodements, des moments où ils peuvent souffler. A toutes les époques, dans toutes les couches de la société, les parents ont pu laisser, plus ou moins, leurs enfants à eux-mêmes, ou sous la garde d’autres. L’école est en partie faite pour ça, même si on n’ose pas trop le dire. Les choses n’ont pas franchement changé, et la période où on élève des enfants est également celle où on est en ascension professionnelle. Dans nombre de familles, les écrans sont l’élément central de l’équilibre psychologique des parents, et de la paix sociale dans le foyer.

Si on veut limiter (drastiquement ou pas) l’usage de cet outil, il va falloir proposer autre chose aux parents que la culpabilisation, sinon, il risque de ne pas se passer grand chose. C’est d’autant plus vrai dans les classes populaires, qui n’ayant pas trop de moyens économiques, ont moins le choix et se rabattent plus facilement sur les écrans comme nounous. C’est d’autant plus marqué que ceux qui arrivent, ou vont arriver à l’âge d’être parents, ont grandi avec les écrans (jeux vidéos, réseaux sociaux et vidéos à gogo via Youtube). Comment leur expliquer qu’ils font mal, et qu’il faut faire autrement, sans leur dire ce qu’est cet « autrement » et surtout, leur donner les moyens d’y accéder.

Je crains donc que les suites de ce rapport, ça soit beaucoup d’injonctions plus ou moins culpabilisantes, beaucoup de comm’, mais finalement pas grand chose de concret. En tout pas suffisamment pour être à la hauteur de l’objectif fixé, qui est un absolu scientifiquement justifié, mais politiquement inaccessible.

11 réponses sur « Enfants, écrans et impasse politique »

Les enfants ne sont plus comme avant ! Et les parents non plus ne sont plus comme avant ! Même les écrans ne sont plus comme avant ! A mon époque on allait au ciné-club une fois par semaine, les séances du septième art donnaient lieu entre nous à des échanges d’un haut niveau intellectuel et culturel. Aujourd’hui les jeunes sont abrutis par leurs jeux vidéos et leurs séries débiles. Et on avait intérêt de bien travailler à l’école si on voulait y aller ! Sinon en plus privé de dessert, voire envoi au pensionnat ! L’investissement des parents n’était pas aussi compliqué, chronophage et épuisant que maintenant, et tout aussi efficace (la preuve étant l’honnête homme que je suis devenu), donc bien plus efficient. Il n’y a plus d’autorité, tout fout le camp. Aurons-nous assez de poigne pour déconnecter les jeunes, avant qu’ils ne deviennent tous des zombies avachis et incapables, comme dans certains pays d’Asie que je ne nommerai pas ? Les adultes sont-ils déjà contaminés ? L’Apocalypse approche !

Merci pour cette position… nuancée… équilibrée… solide… et constructive…

*Mode ironie off*

Bien des évolutions sociales posent question, mais votre « c’était mieux avant » avec tous ses jugements sans nuances ne nous font pas trouver une solution… Que nous cherchons tous.

@Adrienhb : la solution est simple, et je la défends depuis toujours. Puisque le problème des jeunes est la faute des parents, il faut prendre le mal à la racine et collectiviser les enfants de 3 à 16 ans en les plaçant dans des institutions publiques non-ouvertes. Les enfants ne sont pas les créatures de leurs parents, mais de futurs citoyens que la collectivité doit éduquer à l’exercice de la liberté. L’Etat leur mettra des uniformes, confisquera leurs portables et leurs consoles, leur fera manger des fruits et des légumes bios français, faire du sport, lire des livres de grands auteurs, leur inculquera les saines valeurs républicaines et la politesse, et les bordera pour les mettre au lit de bonne heure. Ce grand service public sera l’autre face de l’éducation républicaine, afin qu’elle soit totale : de 8h à 18h, puis de 18h à 8h. Il n’y a qu’ainsi que nous arracherons la jeunesse française de sa torpeur numérique, afin que, grâce à cette nouvelle agôgè, elle soit enfin digne de ses aînés. Le vrai réseau social des jeunes, c’est la France.

Ah un boomer.
La génération du « il faut interdire d’interdire », cocasse.

En tant qu’enfant, j’ai été bercé par les écrans avec la NES, le club do et ça ne m’a pas empêcher de sortir et de mener une vie équilibrée.
En tant que parent, j’autorise mes filles aux écrans. Parce que c’est de la culture, les enfants discutent autour de ce média. Les priver de cet accès c’est les exclure socialement. Le tout est de bien gérer le temps et les accès.

Jouer à la NES devant une télé reste moins addictif qu’un portable qui est toujours présent…

Bonjour.
Rappelez-moi une chose. Les scientifiques qui ont pondu un rapport sur les dangers des écrans ACTUELS, ont bien été soumis toute leur enfance à l’écran qu’était la télévision. C’est à dire à des visionnages très éducatifs tels que les « Inspecteur Harry » ou « Rambo » avec viols, meurtres, etc. Et leurs parents étaient bien ces scientifiques qui pondaient des rapports sur les danger de la télévision sur les enfants.

Parents qui eux-même avaient été nourris aux bandes-dessinées qu’on achetait dans les bureaux de presse, pour 1 Franc. Et qu’on se passait sous le manteau dans les cour de récréation, du fait de leur contenu à base de sexe et de violence. Et qui étaient déjà pointés par des rapports de scientifiques sur les danger de cette presse sur le développement des enfants. Etc.Etc.Etc.

Et si, finalement, au lieu de pondre des rapports servant à écrire des lois à but exclusivement répressif, on se décidait à ce que l’éducation (enfin je devrais plutôt écrire l’Education, avec une majuscule) cesse d’avoir 50 ans de retard sur la société, et permette une réelle formation, sans tabou, à l’usage des technologies. Plutôt que de laisser la technologie faire l’éducation des enfants.

C’est d’autant plus marqué que ceux qui arrivent, ou vont arriver à l’âge d’être parents, ont grandi avec les écrans (jeux vidéos, réseaux sociaux et vidéos à gogo via Youtube). Comment leur expliquer qu’ils font mal, et qu’il faut faire autrement, sans leur dire ce qu’est cet « autrement » et surtout, leur donner les moyens d’y accéder.

Vrai sujet
Idem pour la transition énergétique écologique qui semble un inpensé pour la génération voiture individuelle gasoil et compagnie

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