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Sainte-Soline, erreur stratégique de la gauche

A peine quelques jours après le passage en force du gouvernement sur la réforme des retraites, voici qu’un nouveau sujet de polémique surgit, et pourrait occuper beaucoup d’espace médiatique : la manifestation contre la construction d’une méga-bassine de rétention d’eau dans les Deux-Sèvres.

Ce week-end, ont eu lieu à Sainte-Soline des manifestations violentes, avec des blessés, parfois graves, des deux cotés. Elles pourraient être un magnifique cadeau fait au gouvernement par la gauche. Alors que la Macronie était prise dans la nasse, sur la réforme des retraites, avec un front uni (en apparence) des oppositions, voilà qu’une planche de salut se présente pour Emmanuel Macron.

A peine une semaine après ce moment difficile, alors que la gauche aurait tout intérêt à maintenir la pression sur la réforme des retraites, voilà qu’ils ouvrent un deuxième front, permettant de déplacer le centre de gravité du débat politique de la question sociale vers la question sécuritaire. Elle permet également de retomber dans le bon vieux clivage droite/gauche, et donc desserrer l’étau de la « convergence des luttes » qui est le principal souci du gouvernement.

Alors que gauche et extrême-droite se rejoignent pour contester la réforme des retraites, la contestation violente contre les méga-bassines ne rassemble que la gauche radicale. En s’attaquant aux agriculteurs et en contestant leur modèle économique, les écologistes ne risquent pas de s’attirer la sympathie de la droite et du RN, pour qui les agriculteurs et le monde rural sont une cible électorale de première importance.

Le danger politique est réel pour la gauche. Dans les médias, en particulier des chaines d’information en continu, il n’y a qu’un sujet par jour, tout le reste n’existe pas. Or la violence des manifestations contre les méga-bassines, avec des blessés et des images spectaculaires, attire mécaniquement des médias avides de violence et de colère. Et donc, cela pourrait détourner en partie ces mêmes médias de la contestation contre une réforme des retraites, où les débats sont terminés et où des manifestations, finalement assez classiques, ont pris le relais. Il va être difficile, pour des leaders LFI ou écologistes, interrogés sur Sainte-Soline, de faire le lien avec la réforme des retraites.

Le deuxième danger est une radicalisation excessive des contestations, ceux qui demandent le retrait de la réforme des retraites. Pour continuer à attirer l’attention des médias, il ne reste guère comme ressource que des violences urbaines, des grèves, et des tentatives de blocage des institutions. Autant d’éléments qui sont de nature à effrayer s’ils dépassent certaines limites, et donc à remettre le gouvernement dans la posture du gardien de l’ordre face à des risques de débordements dont finalement, peu de français veulent. La gauche réformiste et les syndicats risquent de se retrouver pris en étau, dans un dilemme où ils ne peuvent que perdre. On peut être certain qu’avec Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur, la partition du garant de l’ordre sera bien jouée, voire surjouée.

Les journalistes politiques nous expliquaient, lors de la réforme des retraites, qu’Emmanuel Macron préparait la suite, avec des sujets comme la fin de vie ou l’écologie. Finalement, c’est la gauche radicale qui pourrait lui imposer une séquence « sécurité et maintien de l’ordre » qui pourrait, paradoxalement, rnforcer ses positions chez les électeurs LR…