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La campagne n’est pas qu’un catalogue de mesures

La campagne présidentielle qui s’amorce me déçoit et me frustre. Quand les candidats déclarés s’expriment, il ne proposent que des catalogues de mesures ciblées, souvent insignifiantes et parfois inconstitutionnelles ou inapplicables (et ceux qui les formulent le savent parfaitement). Bien peu échappent à ce travers, et certains y tombent complètement, au point d’être incapables d’esquisser la moindre ligne politique, ni le moindre embryon de pensée un peu construite.

Ce n’est pas ce que j’attends d’un candidat à la présidence de la République. Bien entendu, il faut quelques mesures emblématiques et être précis dans ses promesses. Mais en France (et depuis longtemps), il manque le premier étage de la fusée, celui du système de valeur set de l’idéologie donnant la cohérence et le cap. Avant de dire comment on y va et de quelle couleur sera la voiture, il faut commencer par dire où on va. Bref, faire de la politique et pas juste de la tambouille électoraliste.

J’attends également d’un candidat à la présidence, qu’il me montre qu’il a une pensée structurée, avec une culture politique et une cohérence. Je souhaite voir qu’il connait le pays en profondeur, qu’il a compris les mutations de la société, ses fractures mais aussi ses lignes d’évolution. La France a beaucoup évolué en 10 ans, que ce soit dans ses attentes, son organisation et sa manière de se projeter dans l’avenir (et c’est pas brillant). Allez prendre la pose avec les différents groupes de pression organisés, en leur racontant ce qu’ils ont envie d’entendre, ne démontre rien. C’est une façon de faire de la politique « à l’ancienne » qui, plus qu’inefficace, est un repoussoir pour de plus en plus de français.

En 2017, Emmanuel Macron avait tenté cette voie, avec un certain succès, il faut le reconnaitre. Il lui sera toutefois plus compliqué de renouveler l’opération en 2022, car ses promesses et engagements seront lus au regard de sa pratique de pouvoir depuis son élection. Son principal problème sera la distance qui s’est creusée entre ses postures et promesses de 2017, et sa pratique du pouvoir, assez diamétralement opposée sur la forme.

Une présidentielle se joue, non pas sur le programme, mais sur la personne, sur le message politique qu’il délivre, l’envie et la confiance qu’il suscite sur sa manière d’exercer le pouvoir. Si Nicolas Sarkozy et François Hollande n’ont fait qu’un seul mandat, ce n’est pas tellement à cause de leur bilan de fond, mais à cause de leur manière d’être (Casse-toi pov con, ou « un président ne devrait pas dire ça » en sont des exemples).

La place de président est tellement centrale (ce que l’on peut déplorer, mais il faut faire avec) qu’il faut vraiment faire attention à la personne. Une erreur de casting se paie très cher.