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Jean Castex n’est pas un Premier ministre au rabais

Le nouveau premier ministre a marqué le coup pour sa première grande journée politique, celle de son discours de politique générale. Sur le fond comme sur la forme, et sur le vote final, il s’en tire honorablement, vu les contraintes qui pèsent sur sur lui.

Sur le fond, il colle aux propos, tenus la veille par le Président de la République, dans son « interview » télévisée (plutôt mieux conduite que d’habitude par les journalistes). C’est le système institutionnel qui veut cela, tous les chefs de gouvernement y passent, encore plus avec Emmanuel Macron qu’avec les autres. Pas de surprise à attendre du contenu du discours, donc pas vraiment de déception à la sortie.

Sur la forme, j’ai trouvé Jean Castex assez bon. Il ne s’est pas laissé intimider, et n’était pas désagréable à écouter, même si c’est compliqué de passer après Edouard Philippe, pétillant d’humour et de culture. Le nouveau Premier ministre a assumé, accent du Sud-Ouest compris, son coté Terroir et « terre-à-terre ». Sur le style, pas d’escroquerie ou d’esbroufe, on a eu le « vrai » Jean Castex à la tribune, et ça fera l’affaire pour les 600 jours qui restent avant la présidentielle.

Le vote, enfin, 345 pour, 177 contre et 43 abstentions, est conforme à ce qui est attendu. La majorité est un peu réduite, par rapport aux scores obtenus par Édouard Philippe. Mais avec une majorité absolue à 289 voix, il passe largement la barre, et ne devrait pas avoir de problème majeur d’ici la fin du mandat.

Le vrai évènement du jour n’était pas à l’Assemblée, mais au Conseil des ministres, qui a décidé le remplacement au secrétariat général du gouvernement, de Marc Guillaume par Claire Landais. La chute de Marc Guillaume est un véritable séisme, tant l’homme était présenté comme puissant et indéboulonnable.

Marc Guillaume était quasiment un premier ministre bis, qui exerçait un pouvoir qui dépassait largement ses attributions administratives. Après avoir été secrétaire général du conseil constitutionnel (où le président de l’époque, Jean-Louis Debré, ne faisait que signer les décisions rédigées par Marc Guillaume) il était au coeur du pouvoir. Le secrétariat général du gouvernement est la tour de contrôle de toute la mécanique administrative français. En plus de cette position centrale, il était aussi le « parrain » de la haute fonction publique, celui qui fait et défait les carrières, place ses protégés.

Son départ brutal, sur demande expresse du nouveau premier ministre, est la marque que Jean Castex a compris où est le véritable pouvoir. Il n’est pas à l’Assemblée nationale, qui n’est que l’ombre d’elle-même, mais dans la machinerie administrative. C’est en prenant le contrôle de ce lieu de pouvoir, qu’il est en mesure de faire avancer les réformes, et donner les résultats concrets et visibles, dont Emmanuel Macron va avoir besoin, pour espérer être réélu.

Une chose est sure ce soir, Jean Castex n’est pas un Premier ministre au rabais. C’est un homme de pouvoir qui a montré qu’il sait tuer ses rivaux pour se donner un espace politique.