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La réformette des retraites

Depuis quelques semaines, la vie politique et médiatique française se focalise autour de la réforme des retraites. J’ai un peu de mal à comprendre cet engouement, car quand on regarde sur le fond, c’est une petite réforme, purement financière et paramétrique. Elle n’est en rien systémique, comme pouvait l’être celle de 2020 avec la basculement vers un système par points.

Quand on regarde ce que propose le gouvernement Borne, c’est essentiellement de décaler l’âge de départ, afin d’assurer un équilibre financier. L’argument s’entend, notre système par répartition étant très sensible aux évolutions démographiques. Si le nombre de bénéficiaires augmente (la durée de vie est plus longue) et que derrière, du fait d’un creux démographique dans les naissances, on risque d’avoir moins de payeurs, il faut bien réajuster le système. C’est d’ailleurs pour cela qu’on a régulièrement des « réformes des retraites ». Cela peut certes être désagréable de voir sa charge financière augmenter, ou sa pension de retraite s’éroder, mais il n’y a aucune surprise pour ceux qui connaissent un tant soit peu le système (qui ne peut pas avoir que des avantages pour tout le monde). En tout cas, il n’y a rien à mes yeux qui ne justifie vraiment d’aller jusqu’à bloquer le pays, à moins que tout cela ne soit le prétexte à l’expression d’une opposition purement politique et idéologique (mais c’est un autre sujet).

Mais on ne touche pas (pour l’instant) aux fondamentaux du système, et en particulier sa base, son caractère universel et obligatoire. Oui, notre système de retraite est une pyramide de Ponzi, mais elle tient car elle est obligatoire, et maintient à la marge les systèmes de retraite par capitalisation. Vous pouvez parfaitement vous faire votre complément de retraite, à coté du système par répartition (on peut même prévoir quelques aides fiscales) mais c’est en plus, et en aucun cas en remplacement du système par répartition. Tant que ce verrou tient, je ne suis pas inquiet pour l’avenir, et je sais que j’aurai une retraite dont le montant dépendra uniquement de la situation de la démographie (le rapport cotisant/ayant-droit) avec quelques corrections financières pour équilibrer la répartition de la charge.

Contrairement à 2020, les modalités de calcul des droits à pension ne sont pas concernés. Ce débat est intéressant, car il ouvre celui des inégalités de carrières, et propose des formules permettant une souplesse dans les rattrapages de ceux qui n’ont pas pu, pour une raison ou une autre, cotiser suffisamment à un moment de leur carrière, pour atteindre les critères leur permettant de toucher une retraite à taux plein. Cette fois-ci, on n’a même plus de ce débat.

J’ai donc suivi ce sujet avec une assez profonde indifférence, et un paquet de popcorn, car tout cela relevait beaucoup plus du spectacle que du débat de fond. S’il y a pu y avoir des débats de fond intéressant sur l’emploi des séniors et la souffrance au travail ou encore les choix de vie, tout cela ne valait pas le grand barouf politique et médiatique qui a été fait.

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La tartufferie politique française

Hier soir, à l’occasion de la réforme des retraites, Adrien Quatennens a pris la parole dans l’hémicycle. C’est la première fois, depuis son retour, après sa condamnation pour violences conjugales.

Comme il fallait s’en douter, vu l’ambiance survoltée causée par cette réforme des retraites, cela a provoqué un incident de séance, les députés de la majorité ne manquant pas de remuer ce couteau dans la plaie de LFI, surjouant l’indignation.

Cet incident fut aussi l’occasion de voir que malgré cette condamnation, obtenue sur reconnaissance de culpabilité, le groupe politique de la France insoumise continue à soutenir Adrien Quatennens et à le considérer comme l’un des siens. Même s’il a été officiellement exclu du groupe, il continue à siéger à la même place dans l’hémicycle, et bénéficie du soutien moral de ses camarades. Et dans quelques semaines, il réintègrera officiellement le groupe. Tout comme Julien Bayou, qui vient de terminer hier, discrètement, une période de « mise en retrait » provoquée par des faits similaires.

Cela permet de constater que la politique en France, c’est de la tartufferie, où chacun à tour de rôle, joue les vierges effarouchées ou la tortue, façon légion romaine en position de défense. Ces mêmes qui s’indignent qu’Adrien Quatennens n’ait pas démissionné, faisaient bloc autour de Damien Abad, il y a quelques mois, quand il était sous le coup des attaques de la France insoumise, pour des accusations de violences sexuelles.

Au final, on se rend compte qu’en politique, ce qui prime, c’est la conquête des places, du pouvoir, et que la défense du clan est une priorité. Quand bien même la faute est patente, voire en contradiction flagrante avec les « valeurs » défendues, il faut quand même faire bloc, et lancer les opérations pour « sauver le soldat X ».

Les valeurs, c’est accessoire. Et c’est là qu’est le problème, car les citoyens qui s’engagent en politique pour des idées, sans objectif de carrière ou d’exercice direct du pouvoir, ne peuvent qu’être écœurés par de telles attitudes. Comment être surpris de la désaffection des citoyens pour leur classe politique, quand ils voient que non seulement, ils ne sont pas capables de « faire le ménage » dans leurs rangs, mais qu’en plus, ils n’en ont, en fait, aucune envie.