La commission mixte paritaire vient de conclure positivement, ce mercredi 19 décembre, sur le projet de loi relatif à l’immigration. Une version qui sera votée en séance par LR et le RN, assurant ainsi à Emmanuel Macron une majorité confortable évitant d’avoir à recourir à l’article 49.3.
Un texte durci, pour satisfaire la droite et l’extrême-droite est le dénouement attendu. Dès le départ, l’alliance ponctuelle avec la droite est l’option privilégiée. L’opération s’est faite, un peu dans la douleur pour Darmanin, car LR et le RN lui font payer le prix fort, tant sur le fond que sur la communication, la méthode brouillonne qui a été utilisée.
L’apprentissage politique des accords de coalition reste encore largement à faire en France. Il est évident que lorsqu’on veut le soutien d’un bloc politique, sur un texte, il faut lui donner une part du gâteau, pas juste quelques cacahuètes, et surtout, il faut toper avant. La phase parlementaire n’est que la mise en œuvre et la mise en scène de la décision prise en amont. Ce n’est pas le lieu où le partage s’élabore. Le gouvernement ne l’a visiblement pas compris, et a espéré garder le contrôle de la décision finale, en concédant ce qu’il voulait. Tactiquement, cela s’est soldé par une déroute prévisible. Le Sénat étant passé en premier, avec une version dure, la droite à l’Assemblée était en position de force. En faisant adopter (de justesse) la motion de rejet préalable, ils ont empêché un adoucissement du texte par les députés, qui aurait donné une base de départ plus équilibrée pour la CMP. Au final, le gouvernement risque de se retrouver à lâcher plus qu’il ne le voulait, et surtout, plus que ce qu’il aurait donné, dans le cadre d’une négociation préalable, avec en prime, du sang sur les murs.
10 réponses sur « Loi Immigration, le difficile apprentissage des coalitions »
Il faut déjà mettre votre billet à jour… les votes RN ne seront pas prises en compte par l’exécutif
Un texte voté avec les voix du RN donc, malgré les contorsions rhétoriques de Darmanin et de la majorité.
C’est de la posture politique, qui ne trompe personne. Le RN le dit, et ça se voit pour qui sait lire, le texte final contient une partie du programme du RN.
» Le Sénat étant passé en premier, avec une version dure, la droite à l’Assemblée était en position de force. En faisant adopter (de justesse) la motion de rejet préalable, ils ont empêché un adoucissement du texte par les députés, qui aurait donné une base de départ plus équilibrée pour la CMP. »
Si je comprends bien, il y a eu une erreur majeure de la NUPES qui, en votant le rejet préalable, a permis in fine un texte encore plus dur que ce qu’ils rejetaient?
Complètement ! en voulant faire un coup politique à courte vue, ils sont devenus les idiots utiles du RN.
Il reste que ce n’est pas la Nupes qui a présenté cette loi, qui l’a défendue ou qui l’a votée.
Gilles
Elle a juste fait ce qu’il fallait pour qu’elle soit écrite par la frange la plus droitière du Parlement.
Oui. Et il il y eu une majorité pour considérer que cela leur convenait parfaitement.
Le texte aurait pu être moins dur, mais la gauche a préféré faire un coup politique, sacrifiant le fond à la comm’. Un travers malheureusement de plus en plus commun et partage au sein de la classe politique.
Paris ne s’est pas fait en un seul jour.
Ne pensez-vous pas que ce genre d’épisode ne soit qu’une étape du processus d’apprentissage, par les institutions politiques françaises, des mécanismes et méthodes de la politique parlementaire ?
Je précise que je suis partisan d’un plus grand parlementarisme, avec notamment une part de députés élus à la porportionelle.