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On rejoue le match dans un an

Depuis le mois de juillet, je suis atterré par la classe politique française (élus et militants compris). Les élections législatives du 7 juillet se sont soldées par un match nul, où le RN aurait dû gagner, mais bien qu’arrivé en tête en nombre de voix, n’est que troisième en nombre de sièges. Si quelqu’un est légitime à crier au déni de démocratie, c’est bien le RN. Et certainement pas le Nouveau Front populaire.

L’union de la gauche, même si elle a obtenu un bon score, ne peut pas prétendre que c’est sur son programme. Comme la Macronie, elle doit son score en sièges au front républicain qui s’est mis en place pour empêcher le RN d’arriver au pouvoir. Le prétention du NFP a dire qu’il est la coalition arrivée en tête se heurte aussi à un obstacle. Si c’était le cas, c’est André Chassaigne qui serait à l’hôtel de Lassay, pas Yael Braun-Pivet.

Dans le même temps, la Macronie ne peut pas dire qu’elle a gagné, car elle perd une centaine de députés, et l’élection de Yael Braun-Pivet est due à un deal avec LR, dont rien ne dit qu’il sera perenne, et que ce « coup d’un soir » puisse se transformer en mariage durable. Wauquiez ne semble pas avoir envie d’aller plus loin que du « au cas par cas », un accord de gouvernement avec la Macronie étant exclu à ce stade.

Bref, personne n’a gagné, personne n’est en mesure de former un gouvernement disposant d’une majorité suffisamment stable pour survivre à la première motion de censure. Ou alors cela implique la bienveillance du RN, qui accepterait de ne pas censurer, ce qui ressemble au baiser de la mort, et ne serait qu’un sursis. Car il est évident que, vu la configuration politique, il arrivera un moment où une motion de censure sera adoptée. On ne va pas tenir 5 ans, ni même 3 ans, comme ça.

Dans ces conditions, deux options sont possibles.

On admet qu’on est dans une impasse et qu’il faudra revenir rapidement aux urnes. Une dissolution n’étant possible qu’à partir de juillet 2025, cela laisse un an aux différents blocs pour, soit changer les règles (instaurer la proportionnelle) soit maintenir le mode de scrutin, et se préparer avec un programme et des candidats qui tiennent la route. Dans ce cas, l’honnêteté serait de dire qu’on va avoir, pendant un an, un gouvernement gérant les affaires courantes, mais sans mandat pour faire de grandes réformes, pendant que les partis font campagne. C’est très probablement le scénario vers lequel on se dirige (sans qu’il soit explicitement assumé).

Le deuxième scénario est la recherche d’une coalition, entre les différentes forces représentées à l’Assemblée, permettant de former un gouvernement majoritaire stable, sur la base d’un programme négocié. C’est ce qui se passerait dans la plupart des démocraties parlementaires, où une fois la composition du Parlement connu, les partis discutent, élaborent un programme, et forment un gouvernement. Dans ces pays, il n’est pas du tout assuré que le parti arrivé en tête le soir du scrutin, se retrouve au gouvernement. C’est par exemple le cas en Pologne, où le PiS, arrivé en tête, est dans l’opposition, ou encore l’Espagne, où le Premier ministre PS sortant, distancé par le PP de droite, est toujours au pouvoir. A chaque fois, ce résultat a été obtenu par une coalition formée après le résultat du scrutin, sans que personne ne crie au déni de démocratie. Il faut les français prennent conscience que c’est leur fonctionnement de type « Ve république » qui est atypique et démocratiquement contestable.

Pourquoi donc la coalition qui a obtenu 193 sièges (sur 577) prétend à cor et à cri être la seule légitime à former le gouvernement, alors même qu’elle n’a pas été capable de faire élire son candidat à la présidence de l’Assemblée, et surtout, qu’il existe une majorité pour renverser cet éventuel gouvernement ? On ne verrait ça dans aucune autre démocratie parlementaire.

La classe politique française montre qu’elle n’est clairement pas à la hauteur de l’enjeu. Elle refuse complètement la deuxième option, sans assumer qu’elle opte pour la première. Le bloc de gauche comme le bloc central cherchent à biaiser, avec une mauvaise foi et/ou un déni de la réalité qui ne les honorent pas, car aucun des deux n’est légitime à gouverner. Finalement, seul le RN offre une forme d’honnêteté, en reconnaissant qu’ils ont été battus et en ne la ramenant pas. Depuis le 8 juillet, on entend peu voire pas du tout, les dirigeants du RN, et c’est sans doute la meilleure attitude qu’ils puissent avoir, alors que c’est eux qui ont le plus de raisons d’avoir « le seum ».

Attendons de voir ce qui va advenir, mais je vois mal autre chose qu’un « gouvernement intérimaire », composé de retraités de la politique et de la haute fonction publique. Un peu comme des « managers de transition », qu’on trouve dans les entreprises où les dirigeants se sont fait brutalement révoquer, et où il faut quelques mois avant de recruter et « onboarder » leurs remplaçants. Tout autre scénario ne serait que fantasme et mensonge, qui ne ferait qu’abimer encore un peu notre démocratie, déjà mal en point.

40 réponses sur « On rejoue le match dans un an »

Certes, un gouvernement NFP subirait probablement une motion de censure.
Mais vous occultez totalement le principal problème : Macron refuse de nommer un premier ministre.
C’est au premier ministre de faire de travail de construction d’une majorité, pas au président de la République.
La situation actuelle, c’est qu’un camp politique défait dans les urnes s’accroche au pouvoir par tout les moyens.
C’est digne de Trump ou de Maduro.

Attendez la fin de l’histoire avant de lancer des accusations. Pour l’instant, l’attente imposée par Macron n’est pas déraisonnable (regardez ce qui se passe dans les autres pays) et il n’y a aucun mode d’emploi pour ce genre de situation dans notre culture politique. D’ici un mois, si rien n’a bougé, là, effectivement, il y aura un problème et un manquement de Macron à ses obligations.

Un gouvernement battu et démissionnaire prépare le prochain budget, sur une ligne politique rejetée par le pays.
C’est pour le moins un problème démocratique.
Macron semble parti pour gouverner comme ça et sans doute passer le budget par ordonnances (puisque pas de vote dans les temps).
D’autre part, si ça ne passe pas, il pourra s’appuyer sur les circonstances exceptionnelles et l’absence de contrôle du décret de dissolution pour redissoudre à la fin de l’année.
Ayant dégoûté les électeurs de gauche de voter, il pourra espérer avoir un résultat plus conforme à ses attentes.

Le principal problème actuellement, c’est que Macron veut continuer à décider tout seul. Or, il faut le faire descendre de son piédestal. C’est pour ça qu’il faudra absolument voter une motion de censure quand il se décidera enfin à nommer son premier ministre. Ce sera surtout un moyen de lui montrer qu’il n’a plus la main et qu’il doit s’ouvrir aux négociations.
Mais pour l’instant, effectivement, en dehors du PS, personne ne semble prêt à négocier un accord de gouvernement. Quant au coup de poker de Mélenchon, il a permis de prouver que c’était bien Macron, de même que LR, qui refusaient les négociations.

C’est à un camp de construire une majorité en amont, avant sa nomination, et pas ex post, texte par texte, tout en ayant les coudées absolument libres sur les décrets (par ex le SMIC). Dans les autres démocraties parlementaires, le chef de l’état peut nommer n’importe qui PM, sans vote d’investiture rien ne se passe. En France la nomination suffit pour gouverner, au moins 48h.

Macron aurait dû faire ces consultations mi juillet et ensuite faire la trêve olympique pour laisser les partis réfléchir. Mais fondamentalement, c’est au NFP de négocier en amont les parties de son programme LFI qu’il est prêt à abandonner pour gouverner.

Et comme il (le nfp ou Melenchon) ne veut pas negocier: « le programme tout le programme »…
En fait en faisant barrage au RN les partis de gauche et du centre ont oublié que cela impliquait qu’ils allaient devoir gouverner ensemble. Chose qu’a priori ils ne souhaitent pas… dans ce cas qu’elle etait le sens de faire barrage ?

« Tout le programme, rien que le programme » c’est juillet 2024, de l’eau a coulé sous les ponts depuis. Aujourd’hui on entend plutôt « soutien sans participation » de LFI et « nous devons chercher des compromis sinon censure » de la part de Lucie Castets.

Je vois plutôt une ouverture et une prise de conscience à gauche alors que tous les autres camps sont passés de « pas de ministre LFI » à « pas de programme inspiré par LFI osef des hommes ». Curieuse radicalisation au moment où on devrait chercher des compromis non ?

Pas persuadé que la colère doive s’abattre sur la gauche quand le bloc central et de droite refuse catégoriquement le moindre compromis et ne discutera que des contours d’une union des droites.

Vous êtes encore dans un sacré déni en vous accrochant à des bouts de phrases. Dans la réalité, le NFP refuse tout compromis sur la composition du gouvernement, et renvoie à plus tard de trouver des majorités texte par texte (une majo avec le RN pour abroger la réforme des retraites pas de problème ?). Bref, il veut tout le pouvoir exécutif, et diriger le travail législatif. Ils ne veulent même pas discuter d’un gouvernement élargi (cf réunions du jour). Bien sûr que le problème c’est le programme. Le centre a perdu, le NFP aussi. Si les Français voulaient leur programme ils auraient une majorité absolue, ce n’est pas le cas et ils font comme si de rien n’était.

Il y a une telle ouverture de LFI qu’il y a 15 jours ils ont menacé de destituer Macron si leur candidat n’etait pas nommé premier ministre…

Je suis tellement d’accord avec ce billet. Et enfin, pour faire écho à un autre commentaire sous un autre article, il manque un angle sur les journalistes qui ne savent pas non plus gérer cela et se font les porte-voix sans critique sérieuse des éléments de langage de chacun, et du NFP en particulier. Il est insupportable d’entendre parler de déni de démocratie à longueur de journée sans une vraie contradiction.

Les partis politiques et les élusfont n’importe quoi, et ce n’est pas nouveau. Mais une chose m’inquiète particulièrement : le pouvoir du Président dans la 5eme République est particulièrement puissant, mais les présidents précédents ( Miterrand et Chirac) avaient eu l’intelligence de se restreindre. Macron utilise ce pouvoir très brutalement, créant ainsi un précédent pour le RN quand il arrivera au pouvoir.

Or il me semble que c’est la seule idée qui a gagné l’électon : le Front Républicain, c’est à dire la protection de notre démocratie et notre République face au RN.

Il faut écouter et répondre aux problèmes des électeurs du RN, et renforcer les contre-pouvoirs pour protéger l’avenir. Pour l’instant c’est le contraire qui est fait.

Le PR est tout puissant tant qu’il n’a pas de majorité absolue contre lui à l’assemblée, c’est ce qui fait (pour le moment) la différence entre la situation actuelle et celle de Chirac et Mitterand. On l’avait oublié vu que la situation ne s’était jamais produite jusqu’ici.

En fait le PR n’a pas tant de pouvoir que ça, on l’a bien vu pendant les périodes de cohabitation. Tout le monde s’imagine que le PR est tout puissant parce qu’on a l’habitude qu’il s’arroge une majorité absolue dans la foulée et que les députés sont élus sur la base de son programme présidentiel et sa figure. On découvre ici que la 5e donne beaucoup de pouvoir à l’Assemblée, qui pour la première fois n’a pas de réelle majorité, et la classe politique n’a pas la maturité suffisante pour en tenir compte.

A mon avis, la racine du problème est l’élection directe du chef de l’Etat, et les pouvoirs que la constitution lui donne. Les politiciens ne pensent qu’à « ça », c’est leur obsession et ils ne font rien qui puisse contrarier leur ambitions présidentielles. Et comme l’élection présidentielle ressemble à un combat de coqs, cela n’aide pas à trouver des compromis.
La 5e a rendu des bons et loyaux services, mais elle a fait son temps. C’est bien le seul point sur lequel je suis d’accord avec JLM.

Je suis d’accord avec l’essentiel de ce que vous dites dans ce billet, à une nuance près: sauf erreur de ma part, dans les autres démocraties le chef de l’Etat donne un mandat au chef du parti arrivé en tête pour tenter de former un gouvernement, et le reprend et peut le passer à un autre parti en cas d’échec de formation d’une coalition.

En ce moment j’ai un peu l’impression que Macron essaie de s’octroyer ce rôle, avec ses biais personnels qui font qu’il n’a probablement jamais cherché à faire émerger une solution avec la gauche – son but semble être une coalition avec le centre droit qui lui permettrait de continuer dans l’ensemble à appliquer sa politique, d’où les noms de Xavier Bertrand ou Jean-Louis Borloo qui ont circulé cet été.

Non, en général le chef de l’état donne mandat à qui il il veut pour former une coalition, et ce n’est pas nécessairement fait au lendemain des élections.

Je suis d’accord avec le fait que Macron a un double rôle, mais cela s’explique : le rôle de négociateur n’existe pas chez nous, et il reste le chef de son parti, même affaibli.

Par contre c’est la gauche qui a d’emblée refusée toute coalition et qui continue de le faire, malgré les nombreux appels du centre.

@ Nick Carraway
LFI (ou plutôt Mélenchon, parce que c’est faire beaucoup d’honneur à Bompard, Panot & cie que de leur prêter une pensée autonome) ne veut pas gouverner. Ils veulent rester « les purs ».

Alors, le soir des élection, où, mauvaise surprise, ils sont arrivés en tête, c’était « tout le programme, rien que le programme » pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’accord avec le centre.
Ensuite, c’était proposer Huguette Bello.

Et quand le centre a finit par dire au NFP : « vu que visiblement, LFI ne veut pas faire partie d’une coalition, il faudra vous entendre avec une partie de la droite pour avoir une majorité », là, LFI redevient magiquement modéré, revoit ses ambitions à la baisse, et Lucie Castet sort du tiroir. Le but n’est pas de rendre la coalition possible, c’est, encore une fois, de passer pour les gentils qui ont fait des concessions alors que les trop méchants en face n’en font aucune. Avec, comme vous le soulignez, le discours « Nous étions inflexibles, mais attention, ça, c’était il y a LOOONGTEMPS. Il y a presque plus d’un mois. Qui peut s’en rappeler ? Depuis de l’eau a coulé sous les ponts, alors merci d’oublier ce qu’il s’est passé avant les JO ! »

Le problème dans cette affaire, c’est que même une coalition avec le NFP hors LFI semble impossible. Les socialistes et les écologistes ont les yeux rivés sur les municipales. Or, pour ces élections, le pouvoir de nuisance de LFI est bien supérieur à celui des macronistes. Ce qui explique qu’ils semblent plutôt suivre la ligne LFI du « pas de gouvernement »

On peut difficilement reprocher à la gauche d’avoir d’abord voulu jouer la carte du « tout ou rien » vu que c’est le jeu démocratique et sachant que l’hypothèse d’un éclatement de la macronie en deux ailes était possible et que ça aurait pu permettre d’obtenir une majorité en comptant les LIOT. Bon là-dessus, excès d’optimisme sans doute.

Le problème de fond c’est que :
– La gauche veut gouverner si elle peut appliquer son programme
– La droite et l’extrême droite ne veulent pas gouverner tout court, mais ne seraient pas gênées en cas de statu quo politique
– La Macronie veut continuer à gouverner même si les Français leur ont dit « dehors »

A partir de là chacun des blocs produit naturellement des éléments de blocage pour les autres qui rendent une coalition impossible. L’attitude de LR qui fait réélire YBP tout en refusant une coalition est peut-être l’acte de blocage le plus sidérant politiquement.

Je constate que nous sommes d’accord au moins sur un point, à savoir que la gauche a joué au « tout ou rien » en juillet. Dont acte.

Je pense que nous sommes également d’accord pour dire qu’il lui manquait 96 députés pour avoir « tout ».

D’où il s’ensuit logiquement qu’en conséquence de sa propre stratégie, elle n’aura…

Le NFP et LFI ne peuvent pas gouverner seul. Tout le monde le sait. C’est aussi le cas des deux autres blocs ( Droite et Extreme Droite). Donc Macron demande un coalition. Dont acte. Jusque la on est dans une situation démocratique normale.

Le problème est que Macron décide soudain d’exclure LFI des négociations. Et il ne le fait pas en tant que chef de parti ( ce qui est parfaitement son droit, chacun ses lignes rouges) mais en tant que Président (lettre officielle). Et c’est la, le scandale démocratique (similaire à l’élection legislative précipitée) : il essaie des coups politiques pour rester au pouvoir: soit le NFP se scinde, et Macron est le centre de la coalition, et donc garde le pouvoir, soit le NFP reste uni et le gouvernement de Macron démissionnaire reste aux affaires, et donc garde le pouvoir.

Il est la le déni de démocratie : prendre seul la décision d’exclure des négociations. un parti de la coalition arrivée en tête des élections.

Le pire est qu’il prends les partis et les français pour des cons : c’est ‘coup de poker’ sont aussi subtil que des coups de marteau. Et a chaque fois il abime un peu plus notre démocratie.

Mélanchon aussi joue aux cons, en ayant bloqué le choix d’un candidat PM non LFI pendant la campagne législative, et par ses nombreuses provocations le transformant en repoussoir pour une partie de la gauche, et pour le reste du pays. Mais au moins c’est cohérent avec sa posture politique.

Enfin, je ne crois pas à une amélioration de la situation dans 1 an : sans changement notable des institutions (suppression du pouvoir du Président) on aura le même résultat, avec un peu plus d’élu RN.

Macron ne fait qu’expliciter ce que les autres ont dit, ils censureront un gouvernement et un programme LFI. LFI a une majorité contre lui, c’est assez clair. Il faut donc trouver une majorité ailleurs.

@Lecteur Visiblement vous êtes dans le secret des dieux, c’est pratique pour argumenter… Hashtag rolleyes.

La réalité c’est qu’aucun des blocs centraux et de droite, quel que soit le contour programmatique, ne veut d’une quelconque mesure de gauche, et n’est prêt à renoncer à quoi que ce soit, il n’y a qu’à voir toutes les déclarations haineuses et hors-sol depuis juin. Ce n’est pas pour rien que LR a fait élire YBP alors même qu’ils veulent siéger dans l’opposition.

Reste qu’au 27/08 seul le NFP a montré publiquement une posture ouverte, que cela vous plaise ou non, que vous en interrogiez la sincérité ou non. La balle est dans le camp du centre et de la droite.

C’est simplement faux. Les partis du centre et même de droite ont partagé leurs grandes lignes programmatiques comme base de négo et les ont présentées comme telles. La gauche n’en a rien fait car elle refuse de jouer le jeu d’une majo partagée.

Les 2 contrats programmatiques de la droite mettent comme ligne rouge de défaire ce qui a été fait par la macronie, alors même que, rien que sur la réforme des retraites, les Français ont toujours été massivement contre et qu’on a même pas pu aller au vote.

A partir de là, comment pouvez-vous imaginer une seule seconde qu’il puisse y avoir une ouverture ? Les contrats programmatiques de la droite sont aussi une stratégie pour empêcher toute coalition.

Si j’étais méchant, je dirai que même le bloc de gauche ne veut pas d’une quelconque mesure de gauche.

Oublions un instant la blague du « en même temps » la retraite à 60 ans et « en même temps » Aurélien Rousseau et François Hollande, pour se concentrer sur les négociations actuelles. Je vais même pousser le jeu d’esprit jusqu’à admettre votre théorie selon laquelle la LFI du mois d’août est sincèrement ouverte et n’a plus rien à voir avec la LFI « tout ou rien » de juillet. Et même que l’histoire de la destitution (qui elle, ne date pas de juillet…) n’était qu’une aimable plaisanterie sans conséquence, que le centre devrait s’empresser d’oublier.

Vous considérez que LFI veut faire passer le programme du NFP. Soit. Comme ils n’ont que la moitié des députés nécessaires, ils ne pourront faire passer que la moitié du programme, et accepter en contrepartie la moitié du programme des macronistes.

En réalité, comme ils n’ont pas d’autres possibilité d’alliance que le centre, leurs options sont encore plus réduite, alors que les macronistes, eux, peuvent tout à fait décider de se tourner à droite si la gauche est trop gourmande.

Dans votre hypothèse d’une vrai volonté de faire passer leurs mesure, ont devrai les voir, comme cela se fait dans les pays où les chercher dans leur programme les « points non négociables », ce qui enverrait le message que le reste peut être négocié.

J’aimerai beaucoup que vous m’indiquiez ces points. Quels sont les réformes, exactement, que LFI aimerait faire passer en priorité ?

Le problème est « qui est assez fou pour monter dans le Titanic alors que l’Iceberg est juste devant »? Une coalition Ensemble + LR ne tiendrait qu’avec une politique « RN compatible ». Sauf que le seul message à peu près clair de ces élections c’est « Pas de RN, au moins pour l’instant ». Et qu’en plus les électeurs LR n’y comprendraient plus rien. Pourquoi en effet s’être opposé à l’alliance des droites de Ciotti, si c’est pour que Wauquiez la réalise de facto?

La coalition voulue par Macron avec le PS et peut-être aussi le PCF, mais sans LFI ni les écolos? Là, le PS se trouverait avec l’étiquette « Macroniste » aux prochaines élections. Ce qui risque de poser problème à ses électeurs.

D’autant que, plus que les membres de la coalition, ce qui importe ce sera son programme. Or ce point est le grand absent des informations qui filtrent vers le public. Macron rêve que, quel que soit la coalition, ce soit SON programme qui s’applique. Il ne veut pas comprendre que dans la situation actuelle il doit au contraire « sortir de l’arène ».

Donc, je ne vois pas comment nous échapperons à un gouvernement minoritaire qui devra faire accepter ses lois par la discussion, une grande première pour la France. Tout comme la possibilité, pour les groupes parlementaires de faire passer leurs propositions de loi.

Alors? Il reste la question de la censure. Mais c’est aussi une arme à double tranchant. Bien sûr cela fera tomber le gouvernement. Mais le parti qui la proposera pourrait passer auprès de ses électeurs comme anti-démocratique. Et cela risque donc de donner plus de poids à l’électorat RN.

Pour terminer, j’ai une question. On parle toujours du délai d’un an avant la prochaine dissolution. Mais si, demain, tous les députés et suppléants RN ou NFP démissionnaient en bloc. Est-ce que cela donnerait autant de législatives partielles? Ou est-ce que cela forcerait à une législative totale?

Petit rappel historique : aux dernières législatives, « le NFP a renoncé à présenter 129 de ses candidats sur les 415 qualifiés pour le second tour » (Le Monde), « 81 candidats [macronistes] se sont retirés, dont 59 lorsque le RN est en tête et 21 quand il est deuxième… 14 candidats se maintiennent, bien qu’en troisième position, là où seulement six NFP ne se sont pas désistés dans des triangulaires avec l’extrême droite ». Les LR, on n’en parle même pas (ça c’est de moi, pas du Monde).
Pour ce qui concerne le choix des électeurs, je n’ai pas retrouvé l’article du Monde, mais c’est du même tonneau : barrage massif de la part des électeurs de gauche, barrage mou de la part de la macronie, et barrage à à peu près 50% pour les électeurs LR.
Ma conclusion : la droite et la macronie n’ont pas gagné les élections. S’ils s’imposent quand même, et excluent la gauche, il y aura un prix à payer très bientôt, il faudrait tout de même ne pas l’oublier.
(Pour ceux qui bavent de rage à l’évocation de Mélenchon, je rappelle quand même que le type qui vient de nous plonger dans le merdier s’appelle Macron, pas Mélenchon).

Si le NFP retiré plus de candidats c’est tout simplement car il était plus souvent dernier…
Et vous oubliez que LFI nie l’existence du front républicain.

Merci d’avoir rappelé que la première chose qu’à fait le NFP après l’annonce des résultats a été de nier l’existence du front républicain et affirmer sa volonté de gouverner sans Parlement. Soit bien pire que ce qu’ils reprochaient hypocritement à leurs opposants depuis plus de 20 ans.

Rappelons aussi que la première chose qu’a faite la Macronie, après avoir largement bénéficié du Front républicain, a été d’exclure LFI et/ou le NFP selon les déclarations, d’el famoso « arc républicain ». Vue la composition de l’assemblée, c’était du pain bénit car cela leur permettait de rester faiseur de rois.

Tapons sur les vrais responsables de tout ce merdier, qui au lieu de chercher une issue à la crise, manoeuvrent de façon dangereuse. Le manque d’humilité et l’absence de profil bas de la Macronie radicalise tout le monde.

Il n’y a qu’un seul responsable de ce foutoir et chacun sait qui il est.
C’est toujours très ennuyeux et/ou scabreux, voire dangereux pour le pays d’avoir au sommet du pouvoir un type qui surestime sa propre intelligence.
Et qui ne parvient pas non plus à placer l’intérêt général au dessus de ses ambitions/lubies.
En attendant heureusement qu’il reste du pop corn, des cacahuètes, quelques boissons fraîches et un bon siège pour profiter du spectacle.

il n’y a qu’un seul responsable à ce merdier… c’est l’electeur. (et un peu les politiques qui en jouant au front républicain on dénaturé les résultats de cette élection)

Merci pour ce bon moment de rigolade matinale.
Belle journée à vous.

Merci. Comique., je me rends compte que c’est un metier. Difficile d’etre aussi drole que la gauche ! 😉

C’est étonnant qu’un parti a tiré publicain, raciste et soutenant systématiquement les criminels contre l’humanité et les ennemis déclarés de la France ne soit pas inclus dans l’arc républicain.
Moi je m’étonne plus de la mansuétude dont bénéficie ceux qui s’allient avec ce parti. À droite c’est plus clair : ceux qui s’allient aux RN sont virés.

Pouvez-vous nous dire à quoi ressemble la vie dans le multivers ? Vous semblez apprécier vivre dans cette réalité alternative et je suis curieux.

Vous avez parfaitement le droit de tordre la vérité dans tous les sens. Il reste une chose : les candidats LFI se sont retirés.

Il faut arrêter de monter sans cesse au cocotier et de tout dramatiser. Les médias ont certes besoin de cette posture pour vendre des clicks et du papier, mais c’est tout.

Il faut également distinguer la Constitution formelle, qui n’est qu’un texte écrit, avec la Constitution réelle, qui résulte de la pratique des acteurs. Dans la Constitution réelle, nous avons un Premier ministre, qui s’appelle Emmanuel Macron, et un gouvernement démissionnaire qui s’occupe des affaires courantes et des urgences, c’est-à-dire qu’il continue à tout gérer.

Emmanuel Macron est dans la même situation qu’un président américain faisant face à une majorité opposée à la Chambre des représentants et au Sénat. Compromis, discussions et coconstruction de majorités de projet (cobuilding of project majorities) deviennent alors de rigueur.

Les partis politiques sont dans leur rôle en faisant valoir leurs prétentions à tour de rôle, tout en contestant les prétentions des autres. Ces tours de piste sont nécessaires pour poser les jalons d’une situation inédite.

Le nombre de textes publiés au Journal officiel chute en flèche.

Bref, tout va bien. Au-delà de la petite bulle politico-médiatique, les Français, sereins et apaisés, semblent apprécier la situation.

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