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L’irresponsable Guillaume Meurice

Le « journaliste » et « humoriste » Guillaume Meurice vient d’être convoqué pour un entretien préalable à un licenciement. La direction de Radio France lui reproche d’avoir sciemment récidivé sur ses propos qualifiant le premier ministre israélien de « nazi sans prépuce ».

Le licenciement pour faute grave est parfaitement justifié, juridiquement. Il y a eu un avertissement, la première fois, il est évident que la réitération consciente ne peut que provoquer une sanction disciplinaire.

Le licenciement est également justifié politiquement et moralement. L’humour ne justifie pas tout, et si la première fois, on peut accorder le bénéfice du doute (une blague mal calibrée, ça peut arriver), la deuxième fois, c’est de la provocation. Quand on participe à l’animation du débat public d’actualité, dans une émission à grande écoute, sur une radio de service public, on fait attention à ce qu’on dit. Le fait d’avoir une carte de presse ou pas n’y change rien.

Vu le climat incandescent autour du conflit israélo-palestinien, en France (mais aussi dans le monde), remettre une pièce dans la machine relève soit d’une volonté de rajouter un jerrican d’essence sur le brasier, soit de l’inconscience. Dans les deux cas, c’est une faute lourde, quand on se prétend journaliste, et qu’on participe à l’animation du débat public. Personne, à ce niveau, ne peut prétendre s’exonérer ses responsabilités, quand le situation est aussi délicate, ou alors, il faut assumer d’être militant, position incompatible avec celle de journaliste ou de chroniqueur, qui plus est dans un média de service public.

Les journalistes ont une responsabilité sociale et sociétale importante, qu’ils savent très bien mettre en avant quand ça les arrangent (pour demander des subventions par exemple). Ils sont les animateurs du débat public, quand il devient aussi tendu qu’actuellement, ils doivent être prudent dans leur couverture des sujets brulants, et éviter de se comporter en militants d’une cause ou d’une autre. Éviter les provocations, telles que celle de Guillaume Meurice, est une évidence que l’on ne devrait même pas avoir à rappeler.

Il est donc normal que la direction du média sur lequel ces propos ont été tenus prenne des mesures, pour se désolidariser, et montrer une désapprobation claire de cette faute. La liberté de la presse doit nécessairement s’accompagner d’une responsabilité de ce qui en est fait.

29 réponses sur « L’irresponsable Guillaume Meurice »

Il est journaliste Guillaume Meurice ? Avec une carte de presse ?

Carte de presse ou pas, ça n’a aucune importance. Quand on a son impact dans le débat public, on fait attention à ce qu’on dit, ou alors, on assume les conséquences sans broncher.
Pour votre information, la carte de presse s’obtient quand on touche plus de 50% de ses revenus d’une entreprise de presse. Un certain nombre d’animateur de radio et de télévision, qui sont aussi producteurs, touchent plus de revenus comme producteurs, donc ne sont pas éligibles à la carte de presse. Il y a quelques années, Pascale Clarck en avait fait une crise de nerfs en direct.

Sauf erreur, il n’est pas journaliste. Votre billet évoque plusieurs fois le rôle des journalistes et leurs limites dans son exercice. Ils ne s’appliquent pas à lui puisqu’il ne l’est pas. Et mes informations datent peut-être un peu mais il ne s’est jamais prétendu journaliste (au contraire même).

Je suis plus sensible à vos arguments sur le fait qu’un tant qu’animateur du débat public, il est tout de même soumis à certaines responsabilités. La provocation est utile mais il faut effectivement faire attention au contexte.

Derrière l’humour de GM, il y a la nazification des juifs (et oui, nazifier Nétanyahu c’est nazifier l’ensemble d’Israël voire des juifs). On peut critiquer Israël et son gouvernement sans tomber, systématiquement, dans la reductio ad hitlerum. Cette nazification vient de 75 ans de propagande arabe et soviétique (cf la « thèse de doctorat » de Mahmoud Abbas à Moscou).

GM pouvait plaider l’erreur et le dérapage la première fois, tant pis pour lui s’il persiste. Il aura toujours un fan club pour venir l’écouter en spectacle faire des variations sur le prépuce…

Nazifier Nétanyahu c’est nazifier tous les israëliens ? Donc, dans la même logique, dire que le Hamas est une organisation terroriste, c’est dire que tous les gazaouis, voire tous les arabes, sont des terroristes ?

@sobriquet:
1/ quand certains militants répètent ad nauseam que Israël fait pareil ou pire que les nazis, oui ça devient assez synonyme de traiter les Israéliens ou leur PM de nazis
2/ si le Hamas était régulièrement réélu par les gazaouis (plus d’élections depuis janvier 2006), ou si ses méthodes sont largement approuvées par eux, oui ça veut dire qu’ils approuvent un mouvement et des méthodes terroristes

Attention, l’abus d’amalgames est dangereux pour la démocratie.

Vous avez tort, et c’est d’ailleurs la raison de sa relaxe judiciaire il me semble.

Il y a une tendance de plus en plus prégnante, où la critique d’Israël et de ses dirigeants est interprétée comme visant tous les habitants du pays, et par extension tous les juifs, jusqu’à être taxée d’antisémitisme. A ce jeu tout le monde est perdant car les mots perdent leur sens.

Vous n’allez pas aussi loin dans votre commentaire, mais je pense que la pente est glissante. Pour avoir abondamment écouté GM, la « nazification » que vous évoquez fait partie de sa façon de critiquer les politiques qu’il perçoit comme fascisante et vise tout le spectre politique de droite à partir de Darmanin, en France comme à l’étranger : tout le monde est logé à la même enseigne et traité de fasciste et/ou nazi. Cela ne date pas d’hier et n’a rien de spécifique à Netanyahu. Je vous accorde qu’ajouter la référence à la circoncision, j’imagine pour créer une opposition « comique » avec le terme « nazi », rend la « blague » nulle et de mauvais goût. Cependant la référence à la propagande arabe et soviétique ne tient pas à mon sens.

Il n’y a pas eu de relaxe. Il y a eu classement sans suite d’une plainte pour infraction insuffisamment caractérisée. En clair, l’élément intentionnel (antisémitisme assumé) manquait clairement, pour qu’on ouvre des poursuites. Cela ne légitime en rien le propos, qui reste une blague mal calibrée et pas drôle.

@ Aurélien: « Et si les Juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. » (Jankélévitch, 1971)

La nazification des juifs, c’est un procédé rhétorique et révisionniste qui a une histoire arabo-soviétique (la thèse de doctorat de Mahmoud Abbas à Moscou par ex), et c’est un discours très présent dans l’ultra droite et l’ultra gauche.

Guillaume Meurice traite tout le monde de nazi, Darmanin comme Netanyahu, donc c’est pas grave? Bah si. Personne n’aurait rien dit s’il l’avait comparé à Milosevic ou Bachar al Assad. Par inadvertance, il a repris un discours antisémite. Mais bon c’est comme les quenelles ou les photomontages douteux montrant des juifs et financiers maitres du monde, on peut en avoir fait une fois sans savoir la signification, quand on réitère ça pose des questions sur la personne.

Bonjour. Une petite précision (j’étais à l’écoute à ce moment là), il a dit « le Procureur vient de statuer qu’il n’était pas illégal de dire … »

Après, il y aurait beaucoup à dire sur le traitement journalistique de la guerre entre Israël et la Gaza, ne serait-ce qu’en notant que tout le monde journalistique parle de guerre Israël/Hamas et ce alors que la quasi-totalité des victimes, côté palestinien, n’ont rien à voir avec ce mouvement terroriste.

Ce n’est pas parce qu’un procureur a considéré qu’un délit pénal n’était pas constitué, que le propos est pour autant intelligent et contribue à l’apaisement du débat public.

« L’apaisement du débat public » comme vous dites, ne pourra se faire que si l’intégralité du monde médiatique se décide à traiter cette guerre de manière équilibrée et honnête. Ce qui n’est malheureusement pas le cas. Il est par exemple intéressant de voir que nous connaissons les noms, les visages du millier de victimes de l’attaque terroriste du 7 octobre. Mais que les dizaines de milliers de victimes de la « réponse israélienne » ne sont présentés que sous forme d’une statistique. De même les viols suivis des meurtres commis le 7 octobre par le Hamas, ont eu une grosse couverture médiatique, même si c’est avec un retard inadmissible. Mais les accusations de viols suivis de meurtres dénoncés par une des commission de l’ONU comme commis par Tsahal, n’ont guère eu droit à plus de 3 lignes dans un ou deux journaux.

Au final, Mr Meurice, ne fait que « mettre les pieds dans le plat ». Et il est révélateur d’une presse qui a tellement peur d’être traitée d’antisémite qu’elle préfère se censurer plutôt que de faire un travail de qualité. Ce faisant, elle crée les situations explosives que nous voyons apparaitre dans les universités. Car à défaut d’une information de qualité, les individus n’ont d’autre solution que de se rabattre vers une « information des réseau sociaux » avec toutes les outrances, les mensonges, et les parti-pris que cela génère.

Donc ce ne sont pas les propos de Mr Meurice qui créent des tensions, mais la sanction qu’il subit. Car celle-ci sera interprétée comme un façon, pour le pouvoir, de faire taire les opinions n’étant pas « dans la ligne du Parti ». Et cette sanction aura malheureusement très certainement comme effet d’augmenter encore plus l’antisémitisme dans la population. D’une certaine manière cela générera un « effet Streisand » dont les juifs français seront victimes. Et ce alors qu’ils ne sont pour rien dans ce qui se passe actuellement en Israël/Palestine.

Les propos de Meurice n’apportent aucune information. C’est juste un humoriste vedette qui fait dans la provocation, en sachant qu’il va être sanctionné, et que ça va pourrir encore un peu plus une ambiance qui n’a franchement pas besoin de ça.

Et quelle est exactement l’utilité d’un humoriste politique qui ne provoquerait pas les puissants ? 🤔

Blaguer sur un prépuce n’est pas une faute grave.
Son licenciement n’est rien d’autre qu’une forme de censure. Je n’aime pas spécialement l’humour de ce jeune homme mais je note qu’à gauche on aime toujours couper les têtes…

Je ne comprendrais jamais cette fascination, portée par la gauche, de la mise à mort de la liberté d’expression. Il me semble au contraire que c’est un joyaux à défendre coûte que coûte. Il y a de l’indignité à vouloir faire taire toutes formes d’expression.

Non, Guillaume Meurice n’est pas journaliste, ses responsabilités ne sont pas celles d’un journaliste qui délivre des faits, des informations vérifiées, des analyses plus ou moins objectives.
Je reconnais avoir souvent bien ri lors de ses micro trottoirs diffusés sur France Inter en fin d’après-midi. Notamment lorsque Meurice tendait son micro à un bon client comme « Roger » toujours nuancé dans ses propos me faisait découvrir une certaine vision du pays. Une vision simple et réac et qui se voulait de bon sens que je ne partage évidemment pas, pas plus que je ne partage la vision de G. Meurice, gauchiste revendiqué prêt à bouffer du capitaliste et du curé à tous les repas.
Je ne le trouvais pas toujours hilarant, ni même drôle. Mais il a un côté « poil à gratter » que je pense nécessaire.
Son histoire pas drôle de « nazi sans prépuce » m’a d’emblée surpris. Le traitement que lui a réservé France Inter et sa convocation dans un commissariat de police pour ces propos m’ont étonné davantage.
Et j’ai été encore plus navré de constater que pas grand monde n’était scandalisé par cette convocation dans un commissariat pour des propos sarcastiques tenus par un humoriste.
Il n’y a pas encore de loi qui punit les blagues nulles et de mauvais goût ou bien ?
Un procureur a statué qu’il n’y avait pas matière à poursuivre. C’est encore heureux ! Mais cela durera t-il ? Difficile à dire et encore plus difficile à croire.
G. Meurice s’est cru autorisé à réitérer, s’exposant à une nouvelle sanction qui n’a guère tardé.
J’imagine que les prud’hommes trancheront, et que bien souvent dans ces cas l’employeur est débouté et le contribuable paie les indemnités.
Justifier la sanction en prétendant que G. Meurice alimente les braises d’un incendie à venir est absolument hors de proportion.

Et l’exception de vérité alors ? Parcr que tout de même, au delà des mots, Netanyahou est quand même un énorme fasciste.

En quoi est il un fasciste ? Je suis curieux de votre réponse …

Et sinon on en parle du ménage en interne qui est fait et des grosses coupes budgétaires annoncées en même temps que la mise à pied de GM ? La coïncidence est un peu grosse.

Ce n’est même plus une balle qu’Inter s’est tirée dans le pied, c’est un boulet de canon. Il y avait déjà peu d’arguments convaincants à se débarrasser de GM la première fois, il y en a encore moins maintenant.

En fait si, il y a plus de bonne raisons de virer Guillaume Maurice maintenant, qu’il n’y en avait la première fois.
Pour le reste, il faut parfois accepter que les coïncidences existent, et que tout n’est pas orchestré et manigancé par des complots 🙂

Virer un humoriste pour des propos auxquels la justice ne trouve rien à redire, alors même que les medias publics adorent agiter l’épouvantail Bolloré qui réduirait au silence les oppositions et critiques, il faut être sacrément souple sur les appuis pour éviter le claquage.

GM aurait pu/dû vouloir s’éviter les ennuis et faire profil bas, oui. Mais déjà la réaction d’Inter il y a 6 mois de ni le soutenir, ni le condamner, c’était déjà une belle preuve de lâcheté. Qu’il viennent de réitérer quand même, là.

Il a choisi la confrontation avec sa direction, c’est son choix. Mais cela s’inscrit dans un contexte global encore plus inflammable qu’il y a 6 mois, et il aurait été intelligent d’en tenir compte, et se demander si son conflit (en partie d’ego) avec sa directrice pouvait se régler autrement.

Soit il est vraiment très con et ne connaît pas la nuance entre une faute professionnelle et un délit pénal (mais son avocat lui a forcément expliqué). Soit il sait et il a choisi de mourir en martyr.

Charlie Hebdo et Pierre Desproges ont fait bien pire sans que cela n’émeuve plus que ça (y compris sur les juifs).
Il est in fine assez triste et surtout inquiétant de constater que critiquer par l’humour (même si de mauvais goût ou lourd) les dirigeants et la politique israélienne créé une telle levée de bouclier.
Tout ceci combiné à la passivité de la communauté internationale face aux exactions commises sur les gazaouis donne l’impression d’un totem d’immunité, et ne manquera pas, hélas, de donner du grain à moudre aux antisémites, qui eux doivent être combattus.

En effet Charlie Hebdo a fait pire… avec le triste résultat que l’on connait…

Charlie Hebdo et Pierre Desproges pouvaient faire ce qu’ils voulaient. Presse écrite et spectacle. Là on est à la radio, régulée par l’arcom, et a fortiori sur le service public. Et Radio France a le droit de considérer que cela ne correspond pas à la ligne éditoriale (et une autre radio pourrait avoir un avis différent)

L’arcom a mis en garde Meurice et Radio France, Meurice a reçu un avertissement, il choisit de récidiver. Dans toute entreprise, un salarié qui ignore un avertissement risque gros.

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