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Macron entre dans la zone de danger

Le vaudeville de la nomination du Premier ministre se poursuit, et devient même interminable, lassant tout le monde. Il devient surtout très dangereux pour le président de la République, qui apparait, au fil des jours, comme le vrai responsable de tout ce bazar. C’est en effet lui qui a tout déclenché avec cette dissolution malencontreuse, et il se révèle incapable de trouver une solution. Plus on avance dans le temps, plus cela devient difficile pour l’Elysée de rejeter la faute sur les autres, même si la responsabilité du fiasco est partagée.

Cela se voit de plus en plus qu’Emmanuel Macron refuse de tirer les conséquences du résultat des élections législatives de juillet 2024, et de renoncer à sa toute-puissance. Son ancienne majorité, même si elle a sauvé les meubles, a subit une saignée, et n’est plus en mesure de gouverner seule. A partir de là, c’est tout le système présidentialiste qui s’écroule, car si le président de la République est un monarque, ce n’est pas en vertu de ses pouvoirs propres, mais parce qu’il a une majorité parlementaire à ses ordres. La reconstitution d’une majorité parlementaire qui soit à ses ordres n’est pas possible, avec deux blocs qui refusent de s’allier avec l’ancien parti présidentiel (surtout si c’est pour permettre à Macron de continuer à régner). Il est donc dans une impasse.

La seule issue institutionnelle est qu’une majorité parlementaire (qui ne pourra qu’être fragile, vu la composition de l’Assemblée) se constitue autour d’une autre personnalité, à savoir le Premier ministre. Mais dans ce cas, ce serait ce Premier ministre qui serait le véritable dirigeant du pays, reléguant Emmanuel Macron à l’inauguration des chrysanthèmes, jusqu’à la survenue d’une éventuelle crise politique. Une perspective totalement inacceptable pour Macron, qui refuse de se dessaisir du pouvoir, d’où cette recherche frénétique (et vaine) d’une solution technique (comme « l’hypothèse Thierry Beaudet »). Plus le temps passe, et plus c’est ce refus de Macron de renoncer au pouvoir, qui apparait comme le nœud de la crise politique.

Cette obstination risque de mener loin dans la crise. Il peut finir par se résoudre à nommer un Premier ministre (on voit mal désormais d’autres candidats que Bertrand ou Cazeneuve émerger) tout en cherchant à lui savonner la planche pour qu’il échoue. L’hypothèse de l’adoption d’une, voire de plusieurs motions de censure, n’a rien d’absurde. Mais même dans ce cas, ce n’est pas une solution pour Emmanuel Macron, car il serait tenu pour responsable du désastre.

Au final, on pourrait finir par être obligé de « débrancher Macron », en le poussant à la démission. Il suffit que les restes de son ancienne majorité le lâchent, en acceptant par exemple d’entrer dans une coalition sans son accord. Le lâchage vient de commencer avec la déclaration de candidature à la présidentielle d’Edouard Philippe. Le président d’Horizons pose abruptement le fait que les conditions politiques d’une présidentielle anticipée existent, et ouvre le bal des prétendants. En clair, la question n’est plus « est-ce que Macron a encore les moyens d’exercer son mandat ? » mais « combien de temps peut-il encore tenir ? ».

19 réponses sur « Macron entre dans la zone de danger »

c’est vrai que les messages des urnes est simple à comprendre; les électeurs ne veulent plus de Macron, ne veulent pas du NFP et du RN… Simple !

Globalement, ce que veulent les électeurs, c’est un programme économique de gauche avec un protectionnisme aux frontières (de l’UE ou de la France) pour ne pas se faire bouffer par la concurrence internationale.
Le Macronisme, de même que le programme de la droite depuis 20 ans, c’est exactement le contraire. A chaque élection, les électeurs ont voté contre ce programme, mais à chaque fois, le gouvernement s’est arrangé pour les entuber. Et encore aujourd’hui, avec la nomination de Michel Barnier, on continue de vouloir entuber les Français. On ignore complètement la gauche avec laquelle on a pourtant fait un front républicain, et on essaie de d’accoquiner avec le RN en vantant mettant en place de l’ultra-sécuritaire à l’intérieur du pays et voulant mettre en place de l’autoritarisme de façade, quitte à aller à contre-courant (uniforme à l’école).

Merci, je souscris totalement à ce billet. Je ne vois pas comment Bertrand peut être une hypothèse crédible, il n’y a personne derrière lui et il a vraisemblablement plus d’opposants encore que le NFP. Macron voudrait donc nous inventer un Premier Ministre à 2 têtes, ou 2 supers ministères, un pour la droite, un pour la gauche, avec un arbitre au milieu ? 10 mois c’est long…

Ce qui me terrifie c’est que le RN récolte les voix lors d’une présidentielle anticipée. Le Front Républicain, ca fonctionne, mais pas à l’infini. Et le Président a beaucoup de pouvoir, comme le montre Macron, tant que son parti le suit.

Le président a du pouvoir quand il a une majorité. Or il n’a plus de majorité depuis mai 2022 et on le regarde s’enfoncer mois après mois et s’égarer toujours davantage en mettant en oeuvre des stratégies insensées, voire loufoque pour survivre politiquement.
Edouard Philippe aurait-il sonné l’hallali avec sa candidature ?
Vous le saurez au prochain épisode.

Si on veut que le Front Républicain continue de fonctionner, il faut aller jusqu’au bout de la logique et faire un accord de gouvernement avec les partis avec lesquels on a fait front. Aujourd’hui, Macron a décidé de faire le contraire.

Cet épisode met aussi en évidence que sur bien des sujets (certes pas tous), on n’est finalement pas plus mal sans gouvernement.
Ne plus avoir de ministres qui font de la surenchère dans la com c’est plutôt positif. ça peut en effet donner envie de se passer aussi du grand communiquant en chef

C’est quand il y avait un gouvernement et une majorité que le budget a été voté en déficit (pré COVID comme post COVID) 😉
Une règle de décision algorithmique aurait fait mieux si l’objectif est sérieusement d’avoir un budget à l’équilibre 🙂

Tout à fait d’accord avec Étienne. Nous représentons la ligne quiétiste, qui dit tout haut ce que la majorité silencieuse se moque d’exprimer dans cette piaillerie politico-médiatique survoltée.

Je fais le pari qu’Edouard Philippe, connaissant le caractère d’Emmanuel Macron, anticipe qu’E. Macron ne supportera pas 3 ans une situation politique où il n’a plus le pouvoir et préférera pour lui-même quitter la politique de façon anticipée 🙂
Authueil, E.Macron effectivement s’accroche, tel un parieur qui mise de plus en plus gros pour se refaire; d’un autre côté, dans la situation actuelle, ne faudra-t-il pas réellement encore plusieurs semaines de tergiversations avant qu’émerge, telle Lucie Castets précédemment, une personne qui ne fera pas la majorité contre elle ?

Il cherche une solution qui n’existe pas.
On se retrouve avec 3.5 (le 0.5 c’est anciennement LR) blocs qui n’ont aucune légitimité à gouverner et qui sont intransigeants les uns envers les autre. je voiemal les anciens macronien adhérer à une politique LFI ou RN. Personne ne veut gouverner avec le RN. Et à part le PS pour ne pas « perdre » aux prochaines municipales personne ne veut de LFI.
On est dans le jeu où celui qui bouge le premier a perdu. Personne ne veut paraitre comme étant un social traitre, un magouillage, ou un facho.. en faisant des alliances, des compromis ou un accord de gouvernement.
Et vu qu’il est évident qu’on retournera aux urnes dans un an, tout le monde espère être le gagnant du bordel…

J’ai une proposition qui permettrait à Macron de retrouver un peu du panache qui lui manque tellement : qu’il annonce dès maintenant qu’à l’automne 2025 se tiendra une élection présidentielle, et non les législatives auxquelles nous nous attendons – et dont nous savons qu’elles risquent fort de prolonger/ aggraver le désordre si Macron est toujours dans le coin… Cela permettrait à la France d’avoir une élection prévue assez longtemps à l’avance pour que les partis puissent s’organiser – en prime, il pourrait même y avoir une vraie campagne électorale, tout comme ils font dans les pays vraiment démocratiques. Ca ne permet pas forcément d’éviter le petit souci du FN en embuscade… Je retourne réfléchir.

2 mois de tergiversations pour finir par nommer un PM RN-compatible. Il faut que tout change pour que rien ne change.

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