La politique française est en crise. Entre le discrédit des « vieux partis » matérialisé par le dégagisme de 2017 et celui d’Emmanuel Macron, révélé au grand jour par le mouvement des Gilets jaunes, l’espace politique reste ouvert. Tant pour les places à prendre que pour les politiques à mener. Les choses peuvent bouger, parfois très vite, beaucoup plus vite que prévu.
Il est donc essentiel de se préparer, de réfléchir, de travailler à des alternatives, alors même que l’horizon politique peut apparaitre bouché. J’ai encore le souvenir du printemps 2018, où Emmanuel Macron fait passer sans coup férir une série de réformes abruptes sur le droit social ou encore la formation professionnelle. A l’époque, personne n’imaginait que cette magnifique machine déraillerait quelques mois plus tard, en juillet, à cause d’un conseiller de l’Elysée qui s’est amusé à aller faire le coup de poing aux cotés des CRS.
Depuis ce moment, Emmanuel Macron n’a fait que chercher à reprendre son équilibre, sans jamais y réussir, les Gilets jaunes, les grèves dans les transports et la pandémie de Covid-19 venant à chaque fois remettre une pièce dans le juke-box de la déstabilisation du pouvoir en place.
Même si la Macronie n’a jamais été réellement inquiétée pour les places, elle a été profondément déstabilisée dans l’assise sociale de son pouvoir. Devant la contestation, il a fallu trouver en catastrophe des relais politiques (les élus locaux et dans une moindre mesure, les partenaires sociaux) et surtout, des idées de mesures à même d’apaiser l’irritation sociale.
Une pareille situation bénéficie à ceux qui sont prêts, qui ont des mesures « clés en main » à proposer, et qui savent les vendre politiquement à un pouvoir aux abois. D’où la nécessité de travailler le fond, même quand l’horizon politique semble durablement bouché. L’opportunité peut arriver soudainement et il est alors trop tard pour se mettre en branle. Les fenêtres politiques se referment souvent aussi vite qu’elles se sont ouvertes.
La période politique qui s’ouvre va être particulièrement sensible, car désormais, l’élection présidentielle pointe son nez. Les écuries de candidats vont se mettre en quête d’idées nouvelles, à commencer par l’actuel occupant de l’Elysée, qui a déclaré vouloir « se réinventer ». Mais aucune de ces écuries n’a de ressources en interne, pour produire des projets de société ou même des innovations politiques. Les partis et « corps intermédiaires » ont abandonné depuis longtemps la production intellectuelle, pour se contenter d’être les gestionnaires du système (donc directement intéressés à sa préservation).
La voie est libre pour des petits groupes, qui autrefois, n’auraient pas eu voix au chapitre du débat public, mais qui arrivent avec des idées structurées et une organisation à même de porter des propositions auprès des candidats. Cela peut amener à des surprises dans les mois qui viennent.
Une réponse sur « Le temps des surprises politiques »
Le problème des petits groupes c’est qu’il n’ont généralement qu’une idée (par opposition à un projet). Tu pourrais dire que c’est le rôle d’un parti d’agréger en synthétisant, mais en quoi l’exercice (ou les propositions) seraient différents de ce qu’on a eu avec le Grand Débat ou plus récemment avec Convention citoyenne sur le climat?