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Les revers de la « presse indépendante »

Le journal en ligne Reporterre vient de publier ses résultats, et se félicite d’être « rentable » c’est à dire de couvrir ses coûts grâce aux dons et cotisations de ses membres, et donc d’être enfin « indépendant ».

Dans cette présentation, le fondateur, Hervé Kempf, se pose en alternative face aux « oligarques néo-libéraux » que sont les Bolloré et consorts, se félicitant d’être à l’abri de toute pression d’entreprises ou d’intérêts financiers.

Cette vision est très biaisée, voire fausse, car personne n’est indépendant. En fait, comme Médiapart, Reporterre dépend totalement de ses lecteurs, et doit donc leur donner satisfaction, sous peine de disparaitre. C’est donc tout sauf de l’indépendance, car les lecteurs de ces titres de presse en ligne en attendent surtout un traitement de l’information qui conforte leurs opinions.

Même si ces titres font leur travail « dans les règles de l’art » sur le plan technique, le problème se situe dans le choix des sujets et l’angle de traitement. Cela en fait des journaux militants, qui véhiculent et alimentent une certaine vision du monde (il y a de droite comme de gauche) assez tranchée. Ce n’est pas un hasard si nombre de ces titres « indépendants » de gauche sont écrits en langage dit « inclusif », qui est la marque d’un engagement politique marqué.

En cela, ils ne sont pas des médias « d’information » au sens où je l’entends. Ce que j’attends d’un journal, c’est qu’il me donne, sur le plus de sujets possibles, les faits, et expose les différentes interprétations ou lectures possibles, même si elles sont antagonistes, voire contradictoires. A moi, ensuite, de me faire mon idée.

Cela demande de gros moyens, des effectifs conséquents, et une éthique qui interdit aux journalistes de se faire les porte-paroles et les relais de leurs propres opinions. On me dit que dans des temps anciens, que je n’ai pas connus, Le Monde s’approchait de cette définition. Aujourd’hui, cela semble plus compliqué, le nombre de titres de presse « intellectuellement honnêtes » se réduit considérablement, et si quelques bons articles sont produits, la teneur générale de leur journal leur fait perdre une part de crédibilité.

Si notre société va mal, c’est aussi, en partie, parce que les médias ne font pas correctement leur travail, en ce sens qu’ils répondent (parce que ça les arrangent) à ce qu’ils croient être les attentes de leurs lecteurs.

5 réponses sur « Les revers de la « presse indépendante » »

Comme un média aura toujours un/des propriétaires, que ce soit l’État, des milliardaires, ou les lecteurs/abonnés, cela en fera toujours un média militant quoi qu’on fasse si on applique votre logique.
Pour ne pas couler, les fonds viennent des lecteurs, de l’État, du propriétaire,
de la publicité… Il y a toujours une laisse.
À moins qu’il existe une voie permettant de se passer de cette laisse.
Vous dites que Le Monde s’en est approché, mais alors comment ?
Et avec vous une idée de comment obtenir un média complètement objectif ? Il me semble que c’est impossible par construction.

L’indépendance, c’est d’avoir plusieurs sources de financement donc aucune n’est prépondérante. Les pressions existent et existeront toujours, le tout est de les neutraliser.

L’indépendance n’est pas un but pour une presse de qualité, c’est un moyen pour garantir l’honneteté vis à vis des lecteurs.
J’ai connu le Monde de la grande époque, sa réputation d’indépendance vient de ce qu’il était le seul grand média français ‘sérieux’ (le Canard Enchainé n’en fait pas partie) à critiquer le pouvoir gaullien qui avait une influence exclusive sur les media audio-visuels et une grande influence sur la presse écrite (Internet n’existait pas à l’époque je vous le rappelle).
Mais était il pour autant honnête ? Le fondateur était un anticommuniste convaincu de l’importance primordiale de l’Alliance Atlantique, et son opposition (celle du Monde) venait surtout des divergences du gaullisme avec l’Alliance Atlantique. Lorsque la politique française, sans avoir le soutien actif de l’Alliance, était tolérée par celle-ci car contenant le communisme, comme en Afrique, elle n’était pas critiquable par le Monde. L’armée français bénéficiait de cette même indulgence par extension. Le Monde de la grande époque avait une cause comme Reporterre, ce n’était pas la même mais elle n’en était pas moins primordiale.

Sur le fond, je suis assez d’accord, mais je préfère qu’il y ait plusieurs « laisses » qu’une seule : cela permet au minimum d’avoir un peu plus de choix dans l’angle des sujets traités et le choix de ceux ci : actuellement, on a le sentiment qu’un seul groupe ou entité décide de ce qui est important ou pas, des sujets, et de l’angle selon lequel il doit être traité, et que le pluralisme n’est que de façade.

Après, cela reste insatisfaisant…

L’indépendance de la presse est un mythe. A partir du moment où on émet une opinion, c’est « foutu » Les articles sont rédigés par un journaliste, il ne peut il y avoir d’indépendance. Le journaliste sera de gauche ou de droite. Mais il essaiera toujours de traduire ses idées dans ses articles. Que ce soit un journaliste encarté RN ou un lobby qui finance un article ecolo ou un groupe qui possède un journal, il y aura toujours un biais, un message caché, une sélection des articles. Le Monde en est le parfait exemple. il était indépendant… du pouvoir Gaullien mais cela ne veut pas dire qu’il l’était des autres influences possibles. Après on la accusé de cirer les pompes du pouvoir Mitterandien.. Comme quoi…

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